La Librairie Philanthropique
YSENGRIMUS/Paul Laurendeau: — Alors nous avons le plaisir de rencontrer monsieur Martin Goyette, de la Librairie philanthropique. À quand remonte ce projet bénévole et en quoi consiste-t-il?
Martin Goyette: Le projet remonte à novembre 2009. La mission première de la Librairie philanthropique est de supporter des organismes à but non lucratif (OBNL) en faisant des dons monétaires financés par la vente de livres usagés. Les revenus amassés grâce au projet sont redistribués. Plus de cinquante (50) organismes ont reçu des dons, à raison d’environ trois cent dollars (300$) par mois. La mission secondaire est de distribuer à prix modique des livres, pour encourager la lecture et permettre au maximum de gens de développer un goût pour la littérature… ou d’assouvir une passion déjà présente. Le projet est modeste, mais comme nous sommes des passionnés de bouquins, il représente une forme de bénévolat très agréable.
Paul Laurendeau: Parlez-nous d’abord un peu de ces livres. Des essais? de la fiction? Survolez-nous le catalogue et pointez-nous vos coups de coeur.
Martin Goyette: Tous les livres proviennent de dons de gens souhaitant donner une seconde vie à leurs livres tout en soutenant de bonnes causes. L’inventaire est donc variable. Il y a des romans policiers/suspense, contemporains, classiques, québécois ainsi que des essais. Quand on ouvre une boîte de livres donnés, on retrouve un peu la sensation de jeunesse procurée par les sacs à surprise du dépanneur. On ne sait jamais les trésors que nous allons trouver. Mes préférés sont surtout les classiques à belle couverture. Des romans de Jules Verne, Balzac, Hugo ou Dumas. Étant un grand admirateur de Boris Vian, j’aime toujours tomber sur un des livres moins connus… Ceux-là se vendent très rapidement. Je suis également amateur de polars, il est toujours agréable de recevoir des livres connus et assez récents qui trouvent rapidement preneurs.
Paul Laurendeau: C’est très beau, ça. Bon, maintenant on va suivre concrètement la trajectoire d’un donateur. Appelons le Epsilon. Epsilon a une pile de livres à donner et il pense à vous. Il met donc les livres dans une boite et alors il…
Martin Goyette: Normalement, Epsilon fait une recherche Google et abouti sur notre site. Ensuite, il nous contacte par courriel (bouquinsusages@gmail.com) pour nous offrir ses livres. Nous sommes à Boucherville, sur la rive-sud de Montréal. Alors soit le donateur vient porter ses livres à sa convenance ou nous allons les chercher si le déplacement n’est pas une option pour le donateur. Dans les cas où la distance empêche le don, nous essayons de référer le donateur vers un organisme plus près de chez lui. Une fois les livres reçus, nous les trions pour garder ceux qui sont revendables. Le reste est remis à divers organismes ou individus qui en font bon usage.
Paul Laurendeau: Je vois, je vois. Arrive ensuite madame Lambda. Elle, c’est une bouquineuse mais elle veut aussi vous encourager comme consommatrice. Comment elle fait pour bouquiner matériellement vos titres et vous en acheter une pincée de main à main (il faudrait aussi signaler à madame les modes de paiement disponibles)?
Martin Goyette: Là c’est un peu moins simple. Nous ne sommes pas un commerce avec pignon sur rue et heures d’ouverture normales. Il s’agit plutôt de deux gars qui font ça dans leur sous-sol. On privilégie la sélection à partir de notre site Web. Les clients font leur bouquinage dans l’inventaire qui est maintenu à jour sur le site Web, puis ils nous envoient un courriel avec leurs sélections. Nous préparons rapidement la commande et prenons rendez-vous pour remettre les livres aux clients. Il se peut que nous révisions notre « système » pour satisfaire ceux qui préfèrent fureter dans des piles de livres, mais il faut s’organiser en conséquence avant. Jusqu’à maintenant, ça fonctionne très bien comme ça, étant donné que nous ne gardons que des livres en bonne condition. Et les modes de paiement, c’est majoritairement en argent comptant. Certains clients nous font un chèque. Pour les clients éloignés qui demandent une livraison postale, nous utilisons le système Paypal pour facturer les livres et le transport (nous avons déjà envoyé des livres en Belgique).
Paul Laurendeau: D’accord. Parlez-nous maintenant plus en détail des organismes qui bénéficient de votre action. Quels sont-ils et comment touchent-ils leur argent? Les « deux gars » sont-il intégralement bénévoles?
Martin Goyette: La liste complète des organismes qui reçoivent des dons est ici. Les dons sont principalement faits directement sur le site Web des organismes. Les organismes sont surtout ciblés en fonction de suggestions des clients/donateurs de livres ou tout simplement des causes qui nous « parlent » sur le moment (exemple: la Croix Rouge suite à la catastrophe à Lac Mégantic). Seules nos dépenses sont soustraites des revenus remis aux causes (exemple : essence pour aller chercher des livres ou publicités faites sur Facebook ou Kijiji afin de recruter des clients).
Paul Laurendeau: Dites-nous en maintenant finalement plus long sur les « deux gars ». Qui c’est donc ces gentils sublimes gars qui font le bien par le livre et la philanthropie caritative?
Martin Goyette: La Librairie Philanthropique est un projet résultant de ma volonté de faire partager ma passion des livres tout en aidant différentes œuvres de charité. Comme je travaille en marketing philanthropique, l’idée m’est venue un soir de vin rouge… Patrice Théberge, un travailleur autonome dans le domaine de la traduction, s’est joint en 2011 au projet parce qu’il partage les mêmes valeurs. Nous sommes des amis de longue date, unissant maintenant nos efforts pour offrir aux amateurs de lecture une façon écologique, économique et charitable d’assouvir leur passion de la lecture. Merci beaucoup pour cette entrevue et le temps que vous y avez consacré. Ce sera utile pour faire connaître le projet!
Paul Laurendeau: Grand merci à vous et bonne continuation sociale et sociétale dans le monde des livres et de la solidarité collective.
On va les porter à quelle adresse nos boîtes de livres usagés ?
Merci !
Excellente initiative ! il en faut plus….!
Et Merci pour le tuyau…. le jour ou je devrais bazarder les livres qui ne me servent a rien…. je sais maintenant ou les envoyer….
Merci habibi !