Deux émotions vaines qui rendent malheureux!
CAROLLE ANNE DESSUREAULT :
Mon article s’est inspiré du livre du Dr Wayne Dyer intitulé Vos zones erronées.
«Ce n’est pas l’expérience du présent qui rend les hommes fous, mais le remords lié à quelque chose qui appartient à HIER et la crainte de ce qui risque de se passer dans le FUTUR.»
En parcourant ce petit livre, j’ai rapidement tenu devant moi le miroir de plusieurs de mes comportements et leurs racines. Je veux parler ici de deux émotions tout à fait vaines, inutiles, détestables et destructrices, qui m’ont souvent rendue malheureuse. À ce qu’en dit l’auteur, je ne serais pas la seule, parce que selon lui, ce sont les deux émotions qui remportent le trophée dans l’art de rendre malheureux.
Quelles sont ces impostrices (désolée, mais le féminin «d’imposteur» n’existant pas, je me suis permise cette liberté de le créer temporairement), ces bouffeuses d’énergie, ces gapilleuses de la vie, pourtant si précieuse?
Les voilà : la culpabilité et l’inquiétude, ce sont les garces du jour dont il faut se méfier!
Commençons par la culpabilité
Non seulement, elle ne sert à rien, ne crée rien, mais elle est la pire des deux. La tactique de la culpabilité est de nous freiner, de nous bloquer DANS LE MOMENT PRÉSENT, et pourquoi? À cause de notre comportement PASSÉ. C’est comme si on s’enfergeait dans tout ce qui se présente, – elle est toujours dans nos jambes – parce qu’une règle familiale ou sociale n’a pas été respectée. Tout un code tissé de choses qui ne se font pas!
Le sentiment de culpabilité nous polarise sur un événement appartenant au PASSÉ qui concerne soit une chose qu’on a faite ou pas faite. Une chose qu’on a dite ou pas dite. Un regard qu’on a donné ou ignoré. S’ensuit un sentiment de culpabilité qui attrape la colère au passage en se dépêchant d’envahir la planète de notre petite personne. Après, c’est trop tard, on est enlisé dans ses sables mouvants, étouffés, incapables d’agir.
Cette colère qui vient en prime avec la culpabilité va investir complètement NOTRE MOMENT PRÉSENT. Pensons à une guerre, comment les opposants envahissent de force un territoire, l’occupe, pour le soumettre, et lui montrer qu’il n’a pas de valeur. La culpabilité fait du plagiat : elle agit de même.
Le désastre après : un champ de bataille aride, la beauté de la vie a été perdue, les jardins pleins de fleurs n’ont pas été contemplés. La sève n’a pas coulé. On a vécu une vie morte avant même de mourir, même pas une vraie mort, une imitation.
L’inquiétude
L’inquitétude est le trouble qui nous bloque ACTUELLEMENT dans le PRÉSENT à cause de quelque chose relevant du FUTUR. Une chose sur laquelle nous sommes sans pouvoir.
Le sentiment de l’inquiétude dilapide les forces et les possibilités de l’INSTANT PRÉSENT, des moments précieux qui pourraient servir à créer, mais qui nous empêchent d’apprécier la vie. Pourquoi? À cause d’une foutue inquiétude pour le futur qui ne se réalisera probablement pas! On sait tous ça, mais on fait comme si on ne le savait pas!
Je vous demande : «Vous est-il déjà arrivé de vous en vouloir d’avoir fait quelque chose que vous n’auriez pas dû faire?» «Vous est-il déjà arrivé de vous inquiéter pour des événements qui pourraient arriver mais qui ne se sont jamais produits?»
La fabrication de la culpabilisation
Il y aurait beaucoup à dire sur les sources de la culpabilisation, mais je ne le ferai pas, je serai brève. Parce que nous sommes des enfants de la culpabilisation. Combien d’entre nous ont dû subir le complot parental ou collégial, institutionnel visant à nous transformer en machine à culpabilisation. LA CULPABILITÉ NOUS SOUMET. Pour avoir la paix – pour garder leur pouvoir – beaucoup de parents (je ne mets jamais tout le monde dans le même panier) jouent sur la culpabilité sans même s’en rendre compte, reproduisant l’enfermement de leur être qu’ils ont eux-même vécu, en culpabilisant à leur tour leurs enfants. «Que vont penser les voisins? Tu devrais avoir honte de toi. Si tu recommences, papa ou maman, ne sera pas content!» «Tu as été gentille toute la journée, mais là, ça ne va plus, tu nous déçois. … il va falloir te mettre en conséquence! … Bon, je te retire tes privilèges de la soirée … » Ne sont-ce pas des tactiques qui ressemblent au dressage d’un animal? Ce sont les mêmes tactiques utilisées en entreprise qu’on peut nommer harcèlement.
La culpabilité s’infiltre partout : enfance, couple, famille, amis, travail …
Au niveau du couple, facile de culpabiliser. Une personne a-t-elle commis un écart de comportement à l’égard des principes de sa moitié? Elle pourrait en souffrir longtemps. «Comment pourrais-je à nouveau te faire confiance après ce que tu as fait?» OU «C’est la troisième fois que je vide la poubelle, j’ai l’impression que tu refuses de faire ta part.» OU «Si tu m’aimais …. »
Les sources de la culpabilisation obéissent à l’échelle sociale
Toute personne en pouvoir a le pouvoir (le chemin libre) d’insuffler à un être en position de non-pouvoir une touche de culpabilité. C’est pourquoi le pouvoir est destructeur. Il agit à la vecticale, de haut en bas.
La famille, l’école, le travail, la religion, les prisons, les conventions (celles qui nous incitent à donner un bon pourboire même si le service était pourri), etc., bien des comportements acquis qu’on exécute automatiquement sans être en harmonie avec eux.
Il faut tout mettre cela à la porte de notre être. Dans notre être, nous sommes les seuls seigneurs et décideurs de ce qui entre dans notre territoire. Je parle ici, bien sûr, aux adultes, parce que les enfants sont sous la coupe de leurs parents pour le meilleur et pour le pire.
LA CULPABILITÉ BRISE LA LIBERTÉ
L’inquiétude
Si nous croyons qu’il suffit de se tourmenter assez longtemps pour changer un événement passé ou un événement è venir, c’est que nous manquons de réalisme.
Se tracasser ne sert à rien. La réelle définition de l’inquiétude, la voici : c’est se bloquer dans le PRÉSENT à propos de choses qui se produiront ou qui ne se produiront pas dans le FUTUR.
Il est sûr qu’il ne faut pas confondre le fait de se faire du souci pour l’avenir et le fait de faire des projets d’avenir. Faire des projets, c’est préparer un avenir plus efficace, ce n’est pas s’inquiéter du lendemain.
S’inquiéter de l’avenir n’améliore pas les choses, en fait, cela tend à affaiblir notre efficacité dans le présent.
Des tactiques pour éliminer l’inquiétude
- considérer que l’instant présent est fait pour être vécu et non pour s’obnubiler sur l’avenir. Quand on se surprend à se tourmenter, on peut se demander : «Qu’est-ce que je cherche à éviter en me tracassant maintenant? Il faudrait attaquer de front la chose que nous voulons éviter. Le meilleur antidote à l’inquiétude est l’action;
- se demander : «Est-ce que me casser la tête avec ceci ou cela modifiera la tournure que prendront les événements?»
- défier ce qui nous fait peur ou ce qui nous tourmente est le moyen le plus efficace de se débarrasser de nos craintes;
- une autre tactique : s’assigner des périodes de «cassage de tête» de plus en plus brèves. S’accorder dix minutes l’après-midi pour se faire de la bile et ressasser alors toutes les catastrophes en puissance qu’on est capable de passer en revue pendant ce laps de temps;
- ensuite, faire appel à notre faculté de contrôler nos pensées et cesser de nous tourmenter jusqu’à la période de «cassage de tête» suivante
On ne tardera pas longtemps à se rendre compte de l’absurdité qu’il y a à gaspiller son temps aussi vainement et on finira par effacer complètement cette tendance à se tracasser.
À bas les masques, il est le temps de se libérer
Allez, madame la culpabilité, et madame l’inquiétude, prenez le bord, et vite. Je ne veux plus vous voir. Mes amis non plus. Je ne veux plus sentir votre parfum sur les enfants, ça me brise le coeur. Vous pouvez errer à la dérive, jusqu’à vous décomposer. Je vous assure que personne ne vous regrettera. Pas dans mon pays qui se plaît à habiter le coeur.