Heureux d’un printemps (Piché)
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Heureux d’un printemps (Paul Piché, 1977)
Heureux d’un printemps qui me chauffe la couenne,
Triste d’avoir manqué encore un hiver.
J’peux pas faire autrement, ça me fait de la peine.
On vit rien qu’au printemps.
Le printemps dure pas longtemps.
Assis su le bord de mon trou, j’me creuse la tête.
J’pense au bonheur des gens, j’sais ben qu’ça va pas durer.
Ça l’air qu’ça prend des sous pour faire la fête.
À qui appartient le beau temps l’hiver, l’été durant?
L’été c’est tellement bon quand t’as la chance
D’avoir assez d’argent pour voyager sans t’inquiéter.
Pour le fils du patron, c’est les vacances.
Pour la fille du restaurant, c’est les sueurs pis les clients.
On dit que l’hiver est blanc comme un nuage
Mais ça. évidemment, dans le chalet près du foyer.
Dans l’fond c’est salissant pour aller skier. L’chauffage,
Y a pas pire moment de l’année quand t’es pris pour t’endetter.
Faut que je m’en retourne dans mon trou, creuser ma peine,
J’ai vu le surintendant, j’peux rien t’dire en attendant.
Le jour où ce sera nous qui feront la fête,
Imaginez le printemps quand l’hiver sera vraiment blanc.
Heureux d’un printemps qui me chauffe la couenne,
Triste d’avoir manqué encore un hiver.
J’peux pas faire autrement, ça me fait de la peine.
On vit rien qu’au printemps.
Le printemps dure pas longtemps.
Les droits d’auteurs de ce texte appartiennent aux instances concernées. Il est publié ici, sur un espace citoyen sans revenu et libre de contenu publicitaire, à des fins strictement documentaires et en complète solidarité envers son apport intellectuel, éducatif et progressiste.
Une des protest songs québécoise les plus connues des années 1970…
@Paul Laurendeau
La lucidité de Piché enveloppe bien la réalité composée d’oppositions et d’une diversité de points de vue.
«Le printemps ne dure pas longtemps et on ne vit qu’au printemps». On ne vit qu’au printemps de nos élans.
CAD
Pauvre Piché. Son seul album significatif fut son premier. Après, il s’est mis à ronfler (et nous aussi)…
Il marmottait n’importe quoi, ce Paul Pichenotte. Pas sérieux du tout, cette affaire.
Cette chanson est sur son album « A qui appartient l’beau temps? ». Un beau slogan anti-capitaliste!
Il y a d’autres perles sur ce disque dans lesquels il aborde les questions brûlantes de l’époque, comme celles des familles expropriés de Mirabel et Forillion. Ce fut un album original et marquant, autant politiquement que culturellement.