7 au Front

Logique dialectique de la bisexualité

Le drapeau bi d'une femme bisexuelle: j'aime les filles, je ne suis pas mélangée, j'aime les garçons
Le drapeau bi d’une femme bisexuelle: j’aime les filles, je ne suis pas mélangée, j’aime les garçons.

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YSENGRIMUS — Entendons nous d’abord sur le fait universel que l’orientation sexuelle n’est pas un choix. C’est une détermination qui s’impose à nous comme une force objective. De ce point de vue, le terme orientation est malheureux si on le décode comme «orientation-option-choix» mais heureux si on le décode comme «orientation-tendance-force». Avoir des (petites) tendances était d’ailleurs la tournure utilisée ironiquement dans mon enfance en parlant de quelqu’un qui manifestait une propension bisexuelle, ouvertement affichée ou non. La formulation était cruellement «tendancieuses» en ce sens qu’elle s’appuyait bien tranquillement sur les assises discriminatoires du temps. Mais son principe descriptif reste fondamentalement correct. L’orientation sexuelle est une tendance. Comme la rivière tend vers l’aval et le gland tend vers devenir un chêne, la solide dimension socio-historicisée de l’orientation sexuelle ne l’empêche pas, au contraire, de s’imprégner en nous comme la plus cruciale et inéluctable des fatalités.

Pour camper le modeste exercice logico-dialectique auquel je vous convie ici, rien de mieux qu’une petite description de la symbolique du drapeau étendard de la bisexualité. La bande rose symbolise l’attraction pour une personne du même sexe, la bande bleue symbolise l’attraction pour une personne de sexe opposé, la bande mauve, intermédiaire, symbolise l’attraction pour un sexe ou l’autre, sans distinction, sans exclusivité, et sans confusion du corps ou de l’esprit. Le tout fonctionne comme le yin et le yang, principes opposés, polarisés mais incluant dans la logique binaire l’idée qu’un peu du yin se retrouve dans le yang et vice-versa et son contraire. Le drapeau étendard de la bisexualité reste symétriste tout simplement parce qu’il énonce l’équivalidité en droit de tous les possibles (certains observateurs préfèrent d’ailleurs le terme de pansexualité à celui, perçu comme encore restrictif, de bisexualité). Ce drapeau n’est en rien une prise de parti descriptive sur une éventuelle symétrie factuelle de la bisexualité. Il parle de droits plutôt que de faits. Ce point est important, comme la suite devrait le démontrer.

Voyons d’abord l’exclusivisme ou unilatéralité de l’orientation sexuelle (la NON-bisexualité). On a donc des unilatéraux hétéros et des unilatéraux homos. Ils se regardent encore passablement en chiens de faïence dans la culture contemporaine mais il faut bien insister sur le fait que de nombreuses analogies se font jour dans leur situation. On peut mentionner, faute d’un meilleur terme, leur «ardeur militante». Les hétéros doctrinaires (habituellement réactionnaires – la tradition patriarcale hétérosexiste leur servant usuellement de soliveau principiel implicite) ont tendance à mépriser les homos. Plus veule qu’avant, cette haine feutrée (jadis ouverte et flamboyante, aujourd’hui plus prudente) ne se gène pas pour jouer de minauderie et de triches biaiseuses. On dira de tel homosexuel en vue qu’il aime les (petits) garçons attendu que le discriminer sur son orientation n’est plus faisable mais le traiter, ouvertement ou implicitement, de pédophile reste encore pleinement jouable. On tirera la même ficelle pour s’en prendre à un vieil hétéro fréquentant une femme plus jeune que lui. Les tactiques d’attaque anti-homo et anti-hétéro manifestent de singulières similarités et familiarités. L’hétéro ne peut plus attaquer l’homo aussi frontalement que dans mon enfance (époque où un personnage homo, réel ou fictif, était obligatoirement stéréotypé et négatif) mais cela ne rend pas la marge d’autodéfense de l’homo plus grande ou solide. Le fond de l’affaire est que, tristement, homos et hétéros ont une chose cruciale en commun: ils N’AIMENT PAS quelque chose. Les hétéros, classiquement, n’aiment pas les personnes ambivalentes sexuellement. Homos et bis sont la cible de leurs attaques, ouvertes ou feutrées. Plus fondamentalement, mais tout aussi fatalement, les homos n’aiment pas les personnes de l’autre sexe. Les hommes gays ont de la difficulté avec la femme. Ils en font ressortir les défauts: une castratrice, une contrôlante, une manipulatrice, une égocentriste. Les lesbiennes ont de la difficulté avec l’homme. Elles en font ressortir les défauts: brutal, patriarcal, phallocrate, autoritaire, égocentriste. Les observations critiques des homos au sujet de l’homme et de la femme traditionnels manifestent de très grands mérites. Mais le conservatisme ajustable de l’hétérosexisme bien tempéré a tôt fait de traiter les hommes gays de misogynes et les lesbiennes de misandres. C’est le coup, classique mais toujours actif, de l’opprimé(e) que son oppresseur fait passer pour un oppresseur parce qu’il a osé se défendre avec des armes similaires à celle de son susdit oppresseur. Le fond douloureux de la profonde identité logique entre homos et hétéros unilatéraux est qu’ils doivent se battre pour promouvoir leur droit (exclusiviste) à NE PAS AIMER quelque chose ou quelqu’un. C’est un droit qui existe fatalement mais il reste qu’il est bien triste de devoir lever des armes militantes pour défendre un tel droit, que je ne me gênerai pas pour qualifier d’aussi légitime que passablement douloureux.

De leur côté, les bis font valoir qu’ils ne sont pas contraints par cette dynamique de lutte vu qu’eux, ils aiment tout le monde. Logiquement, tous les bis aiment les hommes, les femmes, les hommes gays et les lesbiennes. Il y a d’ailleurs gros à parier que ce soit la culture bi ou crypto-bi, encore bien peu visible, qui ait contribué à une avancée des cultures homosexuelles dans nos sociétés. Un gay-friendly c’est souvent un bi qui s’ignore ou ne se dévoile pas ou pas trop. L’histoire clarifiera un jour ces choses. Ceci dit, l’omnivalence apparente des bis est loin, très loin, d’être exempte de difficultés débouchant sur des tensions conflictuelles, même au sein de nos sociétés plus libertaires. C’est le vieux principe de la souris ayant circulé dans un labyrinthe à trois dimensions et devant s’adapter au labyrinthe à deux dimension. Le principe démonstratif fonctionne ici d’ailleurs à rebours du principe actif. Les bis (souris du labyrinthe tridimensionnel) sont pris habituellement pour argumenter avec des unilatéraux (hétéros ou homos binaristes, souris du labyrinthe bidimensionnel). La logique se polarise souvent bien vite. Les bis sont pris pour des homos par les hétéros, pour des hétéros par les homos… mais cela se joue selon des modalité légèrement distinctes. Les hétéros ne reconnaissent tout simplement pas la bisexualité. Pour eux, si tu es un(e) bi, tu es en fait un(e) homo ou un(e) crypto-homo dont le masque tombe enfin. Les homos sont plus conscient(e)s de la puissante pression des postulats hétérosexistes. Ils ont donc développé la notion de mélangé(e) (mixed up ou confused), pour décrire la bisexualité. Le bi serait un(e) homo n’ayant pas encore bien compris ou assumé la fatalité de son orientation et cédant encore sous le poids conformiste de l’hétérosexisme ambiant. Il est aussi difficile pour un(e) bi de démontrer à un(e) homo qu’il n’est pas mélangé(e) (d’où un des cris de ralliement bi: I’m not confused!) que de démontrer à un(e) hétéro qu’il ne va pas se jeter sur son fils, qu’elle ne va pas se jeter sur sa fille, sous prétexte qu’il ou elle vous annonce qu’il ou elle est bi. Cela ouvre la porte sur l’autre grand problème démonstratif rencontré par les bis. Ils doivent expliquer qu’ils ne sont pas des goinfres (greedy) sexuels, des insatiables dont l’appétit libidineux les ferait se jeter sur tout ce qui bouge myopement, indistinctement (d’où un autre des cris de ralliement bi: I’m not greedy!).

À ces problèmes démonstratifs onctueux et pesants s’ajouteront, pour les bis, des problèmes plus profonds encore, procédant de la dialectique fondamentale de la logique bisexuelle. La symétrie est toujours un fait de surface qui recouvre le fait dialectique profond et inéluctable de la dissymétrie et du torve. Sous la surface du réversible se cache toujours l’irréversible et l’équilibre est toujours une transition fondamentalement mouvante des actions ou des perceptions. Comme pour le bilinguisme ou le fait de jouer deux instruments de musique, au cœur de la multiplicité des manifestations d’action tend à émerger une dominante. La bisexualité absolument symétrique est au mieux un slogan militant (un étendard bi, un drapeau), au pire un leurre logique. Dans les faits, on aura des bis hétérodominants et des bi homodominants. Et là oui, l’homodominance et l’hétérodominance d’un(e) bi pourra fluctuer au cours de sa vie adulte. Et ça aussi, c’est un droit fondamental. Le droit au changement, au flux dialectique des polarités au sein de l’enceinte bi. Le droit de ne pas se faire dire avec condescendance: c’est juste une phase

Se mettra en place finalement la crise au sein de laquelle, fatalement, les hétéros et les homos tendent de nos jours à se rejoindre contre les bis: la crise de la monogamie. Avec le mariage pour tous, droit fondamental sans équivoque, les homos parachèvent la démonstration de leur volonté et de leur aptitude à se lancer dans le beau risque sociologiquement banalisé de l’exercice monogame, avec son concert de jalousies, d’exclusivisme et de fidélités profondes, dans ce qu’elles ont de lourdingues mais de belles aussi. Par principe définitoire, les bis ne sauraient suivre les unilatéraux (homos et hétéros) sur cette voie de la monogamie forcée ou consentie. La bisexualité ne s’épanouira pleinement dans un dispositif matrimonial que si celui-ci rencontre des ajustements profonds de ses principes fondamentaux. À quand la prise en charge juridique de l’union libre pour tous? Heureusement que les faits n’attendent pas après les lois pour fleurir, dans leur complexité rhizomatique! Ils existent, ces couples bis, homodominants ou hétérodominants, qui, dans le sain et serein respect libertaire et en l’absence de toute jalousie, assument leur droit à la multiplicité de l’amour, même au sein d’un dispositif matrimonial qui, fatalement, ne peut être autre chose qu’ouvert (open, pour reprendre le mot consacré). Sauf que tout ça, ça ne se fait pas sans heurts émotionnels de multiples natures…

Some sort of flag

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Tiré de mon ouvrage, PHILOSOPHIE POUR LES PENSEURS DE LA VIE ORDINAIRE, chez ÉLP éditeur, 2021.

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Je m’en voudrais, pour bien faire sentir que je n’ai fait ici qu’effleurer la logique dialectique de la problématique bi, de ne pas faire parler la poétesse lesbienne Corinne LeVayer. Voici un de ses textes touchant ouvertement la question bi. Il nous rappelle que, comme toujours, le simple est dans le complexe, le complexe dans le simple, et que rien n’est dit tant qu’il reste des choses à dire…

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Le paradoxe bi, dans la version de Coralie

Belle comme la nuit,
La superbe Coralie
Est bi.
Ça devrait lui plaire
Mais ça l’ennuie.

Trognonne comme un cœur,
Coralie cherche l’âme sœur.
Mais bi,
Il lui en faudrait deux.
Ça lui freine ses ardeurs.

Car, un peu exclusive,
Elle veut aimer les deux
Mais sans
Que les deux ne s’aiment entre eux.
Le cas est hasardeux.

Les passades fugitives
Sont donc le lot de Coralie.
Courant
Ses deux lièvres à la fois,
Elle vit le paradoxe bi.

La mort de la monogamie
C’est une tragicomédie
Bien bi.
La combinatoire au dessus de deux,
C’est vraiment pas facile, merci.

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tiré de Corinne LeVayer (2012), Gouines coquines de ce monde, ÉLP Éditeur, Montréal, format ePub ou PDF.

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13 réflexions sur “Logique dialectique de la bisexualité

  • Exemplification du rapprochement fallacieux homosexualité/pédophilie: Alain Soral se défendant d’une diffamation aussi insidieuse qu’évidente (notamment entre 3:50 et 12:15).

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  • J’ai dans mes connaissances un camarade, ou une camarade, garçon originairement, mais qui est tellement amoureux de plusieurs filles qu’il a entamé une démarche pour devenir fille lui-même : afin de mieux les aimer, me dit-il. Voici donc un hétéro trans homo vers le sexe opposé. Ses parents sont désespérés, ce qui ne lui facilite pas la vie ; et sa soeur lui rugit dessus dès qu’il fait mine de s’approcher de la penderie de mademoiselle. En plus il est militant de gauche radicale. Heureusement que la mairie n’a pas viré au Front National (parti politique français antirépublicain, kaki dehors caca dedans, très en vogue en ce moment dans nos médias), sa vie deviendrait un peu torride.

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  • Andre lefebvre

    Personnellement, je suis hétéro. Par contre cela ne m’a jamais causé de problème. C’est pourquoi ma curiosité m’a fait lire l’article jusqu’au bout. Évidemment, j’ai ri à plusieurs reprises pour finalement me rendre compte que j’aime plusieurs choses qui m’entourent et que les seules choses que je déteste au plus haut point, ce sont les brocolis. Pour le reste je m’en fiche complètement.
    Cet article m’a beaucoup apporté. Il m’a fait comprendre à quel point certains veulent se faire reconnaître à tout prix par leur entourage. Cela semble la principale « tendance » actuellement. C’est assez tordant. 🙂
    André Lefebvre

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    • La bisexualité est moins une affaire de « reconnaissez-moi » que de « Fichez-moi la paix. Je suis ce que je suis ».
      C’est peut-être « tordant » par moments, mais il y a beaucoup de tristesse là-dedans aussi.

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  • ynrouf

    Je constate que le sujet anime surtout les intellectuels, ils provoquent ceux qui ne le sont pas et qui ne comprennent rien au sens réel de la vie. Alors comme je suis un bourru, j’y vais de mon crayon pour parler de la nature du sexe !
    Le genre humain est hermaphrodite et il est constitué de huit milliard de cellules (tient ça me dis quelque chose!) et ces cellules sont sexuées pour la bonne cause et oui il faut bien régénérer le phénomène cellulaire pour que ce brave bonhomme puisse continuer à vivre. Sans lui nous sommes mal ! Et puis voila t’y pas que les cellules intellectuelles veulent prendre le pouvoir pour imposer à ce brave homme de changer sa nature. Elles vont se référer à la constitution des droits de la cellule, qui stipulent le droit au non sens du sexe et que la vie perdurera pareillement!
    Depuis quelques temps nous pouvons constater que notre charpente hermaphrodite à des convulsions et possède des métastases de cellules mortes qui nous démontrent bien, que cet homme n’est pas en bonne santé. Alors si par hasard un intello très instruit et qui sait tout, connaîtrait un bon docteur! Il serait judicieux qu’il vienne consulter notre porteur de vie, avant d’assister à son chevet !

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  • robert bibeau

    @ Ysengrimus
    Je me permets une intrusion dans votre monde de mono, bi, multi, sexualité afin de renchérir sur l’argument qu’il y a du yin dans le yang et un peu de yang dans le yin ce que je constatais dans mon premier bouquin LE NARCISSISME NÉVROSE D’UNE ÉPOQUE
    https://www.publibook.com/le-narcissisme-nevrose-d-une-epoque.html/
    (VOILÀ je l’ai ploguer comme on disait à Sorel)
    Cependant je m’étonne que tu t’étonnes que: « Heureusement que les faits n’attendent pas après les lois pour fleurir, dans leur complexité rhizomatique! Ils existent, ces couples bis, homodominants ou hétérodominants, qui, dans le sain et serein respect libertaire et en l’absence de toute jalousie, assument leur droit à la multiplicité de l’amour,  »
    Le matérialisme dialectique est pourtant clair sur ce point – la loi entérine et codifie après le fait – les rapports sociaux de production une fois qu’ils sont bien implantés dans la société suite à une lutte de classes intense. Elles le font toujours au profit de la classe dominante … alors à quand les lois pour imposer la multisexualité libertaire ???
    robert bibeau http://www.les7duquebec.com

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    • Servir la classe dominante en matière de sexage et de vie sexuelle, cela se résume principalement en trois mots: contrat de mariage. Si la multisexualité en vient à configurer une forme de contrat de mariage bourgeois, la classe dominante la favorisera. Sinon, elle s’y objectera. La classe dominante, sous le capitalisme, aspire à extorquer, pas à forniquer (sauf si forniquer rapporte)…

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      • Robert Bibeau

        @ Tu te trompes légèrement
        1) Je réaffirme que tu inverses l’ordre quand tu écris « Si la multisexualité en vient à configurer une forme de contrat de mariage bourgeois… C’est quand un fait social est fortement établi que suit et configure des lois et des contrats et de la jurisprudence etc…
        2) Tu as raison dans cette phrase : « La classe dominante, sous le capitalisme, aspire à extorquer, pas à forniquer (sauf si forniquer rapporte)… MAIS JUSTEMENT LE SEXE rapporte énormément au point que personnellement je crois que le sexe est devenu le nouvel opium du peuple (même en pays musulman mais sous une forme – des manifestations – différentes qu’en Occident. Ici il est exubérant – ostentatoire – la-bas il est secret et silencieux et ces gens pensent qu’il doit rester ainsi pour faire ce qu’il fait.
        Au plaisir

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        • On est parfaitement d’accord sur le fait que la loi se configure suite au fait, pas le contraire.
          Quant au sexe gratuit et sans contrat… je vais quand même pas me mettre à te filer mes tuyaux. Je suis certain que tu as les tiens…

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  • Ping : Logique dialectique de la bisexualité « Le Carnet d'Ysengrimus

  • Robert Huet

    Le sexe avec des vers de terre ça doit sûrement t’exciter. La dégénérescence de la bourgeoisie québécois c’est sexuellement bandant. La décadence culturelle bourgeoise québecoise c’est orgasmique.

    Voilà tous les défauts de l’élite bourgeoise du dix-neuvième siècle qui débordent vers le bas de l’hiérarchie de domination bourgeoise libérale. Oui, le prolétariat imite le bourgeois décadent et deviens lui-même décadent.

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    • Oh, oh, pas trop bisexHuet, le faf Huet. Qui s’en surprendrait?

      Il nous fait marcher le prolétariat au pas de l’oie, en prime…

      Répondre

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