Sarkozy, l’agitation n’est pas l’action… elle est le reflet d’un temps

YSENGRIMUS — Et, patatras, voici qu’on reparle de Sarkozy. Il vient refaire du bruit, de la démagogie. Nicolas Sarkozy se trémousse, certes. Bienvenue dans le siècle. Le digne successeur de De Gaulle, de Pompidou, de Mitterrand, de Chirac montre sa dimension cruciale de petit populacier fruste. Sauf que, ce n’est pas lui, c’est tout le Politique qui racotille. Il n’est pas brutal ou impropre. Il est vrai. La classe politique occidentale est rendue aussi bas et il l’incarne sans complexe aucun. Il est Icare dans La chute d’Icare de Brueghel l’Ancien, tant et tant que le technicien qui lui accroche son micro-cravate ne le salut tout simplement pas… Ces figures institutionnelles ne sont plus des Décideurs mais des Souffre Douleurs. Et un souffre douleur, bien par moments, cela se crispe sur son petit sort restreint… Ce sont les entarteurs de politiciens qui ont un ample avenir… Il est aussi un peu tristounet de se dire que cela va lui passer, en plus. Il suffit de revoir en détail les 500 premier jours des présidences de Mitterrand, Giscard, Chirac et alii pour constater des moments d’humanisation de la fonction similaires, fonction des personnalités de chacun, qui sont des indices du fait que l’homme est encore pour un temps touriste dans le monumental domaine de ladite fonction. C’est maintenant au tour de Sarko de jouer le Roy D’Argot. Or Sarkozy a une longue feuille de route de soupe au lait. Cela déborde sur la fonction et la teinte temporairement de ses couleurs personnelles. Cela ne durera pas. Il se momifiera. La fonction le bouffera. Il la vivra pleinement, sa présidence Sarko-phage… Il deviendra lui aussi un président de la république complètement austère et robotisé, comme Chirac et Mitterand en fin de règne, et on regrettera un jour tous ensembles ces petits moments refoulés de tressautement humains, trop humains.

Erreur hexagonale usuelle, on approche souvent le personnage par le canal torve et non avenu de son épouse. Bof… moi, en tant que canadien, je n’ai pas de problème particulier avec l’ancienne première dame de France. Je la trouve articulée, sensible, élégante, discrète et intelligente. Elle fait paraître la France passablement bien à l’étranger. Les Fanfans Latulippe locaux, qui érigent justement systématiquement et sans nuance les figures politiques en têtes de turc, devraient plutôt élire des gens qu’ils respectent. Ça ne serait pas plus efficace socialement, mais au moins ça décrasserait joyeusement les bandes passantes de tous ces commentaires misogynes, défoulatoires, périphériques, d’utilité nulle. Ne tirez pas sur le pianiste… ou sur la guitariste. Comprenons-nous. L’individu Carla Bruni m’indiffère passablement. Mais le principe général insidieux de ce genre de comportement (le roitelet, sa femme, son fils, ses chiens) m’afflige. C’est une variante de la jolie blonde instrumentale qui dit des sottises (soit belle et déconne). Ici c’est, avec l’égérie et les toutous du président qu’on fracasse, la culminement du politique à petit tarif. Et du coup on retombe dans le bon vieux positionnement circonscrit des femmes: soit belle et prend les beignes pour ton bonhomme… Je dis et redis, c’est insidieux… et parfaitement hors d’ordre…

Non, il faut en fait s’en tenir au Sarkozy tout simple, fondamental, principiel… Déchirement contemporain du symbolisme de la personnalité politique. Barack Obama transmutait l’homme politique transitionnel et le remythologisais. Nicolas Sarkozy confirme le politicien traditionnel dans son statut contemporain de tête de turc honnie de ses citoyens… Cela les distingue passablement, comme cela distingue un petit pays provincial crispé d’un gros état impérialiste, ralenti, poussif mais toujours alerte…

Ne tirez plus sur le pianiste... c'est l'homme politique (ou politicien) qui prend les pruneaux sociaux, de nos jours...
Ne tirez plus sur le pianiste… c’est l’homme politique (ou politicien) qui prend les pruneaux sociaux, de nos jours…

3 réflexions sur “Sarkozy, l’agitation n’est pas l’action… elle est le reflet d’un temps

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *