Vie de cheminot
ALLAN ERWAN BERGER Retweet d’une image-message de LilSeg : « Que des experts certifient que le réseau ferré français est en état de délabrement avancé et les médias en font leur Une. Que des milliers de cheminots disent la MÊME CHOSE et les médias les traitent d’horribles terroristes privilégiés preneurs d’otages, sans droit de réponse. Cherchez l’erreur… »
19 juillet 2014 :
Préparation du matériel depuis 05h00. TER pour Valence. Une journée plutôt courte, je termine à 09h38…
08h43 : Arrivée bien à l’heure malgré quelques aventures en route…
10h14 : Finir le boulot à 09h38, c’est bien. Mais il va falloir une bonne sieste quand même, parce que j’y retourne cette nuit à 00h17. Moins bien…
Un camarade lui répond : « Pareil, FS à 10h55 et je reprend à 23h11… » (FS = fin de service) Ce qui n’empêche pas un peu d’humour, de la part d’un troisième : « Tu m’étonnes que l’on ne soit pas rentable avec des pauses déjeuner pareilles ! »
20 juillet :
Circa 00h00 : Mon meilleur copain pour la nuit ! Prise de service 00h17 pour finir à 04h25.
Bon, on y va ?
Sachant que je termine ma journée de travail à l’heure où je me suis levé la veille, et à celle où je vais me lever demain…
Comme on le voit, les gens qui conduisent les trains ont une vie assez peu réglée. Certes le pourcentage d’heures de repos est assuré, mais elles apparaissent un peu n’importe quand. En conséquence, conduire des trains s’apparente, pour l’organisme, à sauter aléatoirement d’un bord à l’autre de l’Atlantique. On doit dormir quand il fait grand jour, puis grande nuit, et l’on se retrouve à manger non pas régulièrement mais dans les interstices d’un planning qui n’est même pas aussi régulier que celui des gens soumis aux 3×8. Il y faut de la santé, et l’estomac doit savoir être docile. Voici maintenant, en grand format, un segment d’existence de CED, alias Vertignasse.
VIE DE CHEMINOT
26 juillet, 02h25 : Prise de service. J’ai les yeux qui piquent un peu.
Circa 04h20 : En attendant pour la mise en tête du 5813 de Valence à Briançon.
Circa 07h20 : Gap…
21h00 : Briançon (20h29) – Valence (00h29) avec le 5828…
…pour terminer à 01h45 dimanche matin. Je suis en repos jusqu’à mercredi 09h52.
30 juillet, 10h23 : J’espère qu’à Briançon il fera meilleur…
12h38 : Ça s’arrange un peu…
13h00 : Hé hé hé ! À Gap, il fait super beau !
21h39 : Demain, j’attaque à 04h40… Alors dodo !
31 juillet, 05h21 : Prêt au départ avec le Briançon -Romans. Bizarrement, Briançon c’est beaucoup moins beau à 5h du matin…
09h04 : La tour de Crest, plus haut donjon d’Europe.
Fin de service à 11h08.
01 Août, 02h51 : Arrivé au dépôt. Ça pique les yeux…
03h30 : En sortie dépôt.
Et là, vous me demandez : « Mais pourquoi il lui faut presque quarante minutes pour sortir sa machine du garage ? » Moi je trouve qu’il y est allé plutôt vite. Allumer les différents bouzins, vérifier que tout fonctionne, suivre les check-lists, appeler ici, signaler ça… Malgré toutes ces précautions, il arrive que votre grosse bête vous fasse une crasse inattendue alors que vous êtes en plein service. ET… tout est à deux doigts de se dérégler. Alors, il est un peu normal de prendre son temps pour vérifier que les choses, au moins en apparence, prétendent vouloir fonctionner comme elle le doivent.
04h12 : Mise en tête, essai de frein… Prêt au départ ! De Valence à Briançon.
06h29 : Veynes, pause café…
Fin de service à 09h30. Reprise à 18h32 pour terminer à 01h45 le 02 août.
Etc.
Bonus :
Contrairement à ce qui se passe au Canada, où les trains poussent la neige des voies sans se poser de question et soulèvent de véritables tsunamis, en France nous n’aimons pas que les rails soient recouverts de blanc. Raison pour laquelle nous avons des chasse-neiges équipés de mignonnes petites hélices.
Et ici, un petit exposé sur la réforme ferroviaire française, réforme consistant à fusionner les deux pôles du train, SNCF et RFF, pour en faire… trois. C’est l’arithmétique des communicants.
Des informations complémentaires viendront peut-être en mise à jour de ce billet, si CED arrive à trouver du temps pour nous raconter des choses.
FIN
La vie d’un conducteur dans toute sa splendeur. Métier très difficile s’il en est.
Mais pas inintéressant. Les blogues lancés par ces gens regorgent d’infos ; on les sent amoureux des trains, ou des divers métiers que recouvre le terme de cheminot. Cependant, f
C’est ce que j’ai pensé: ce monsieur aime son travail. C’est impressionnant et c’est toute une responsabilité.
Mais pas inintéressant. Les blogues lancés par ces gens regorgent d’infos ; on les sent amoureux des trains, ou des divers métiers que recouvre le terme de cheminot. Cependant, faut pas espérer avoir une vie de famille exemplaire, et la santé s’effiloche…
@ Merci à l’auteur pour cette démonstration précise – exacte – de l’aliénation du travail ouvrier (les cheminots sont des prolétaires pur jus pour ceux qui croient encore à la disparition du prolétariat) –
Ces horaires inhumains ne sont pas une fatalité – une obligation de la job. Ces horaires sont le mode d’organisation de l’exploitation de la force ouvrière – transport par train – nous pourrions faire la même démonstration avec les camionneurs – Le mode d’organisation imposé par la classe capitaliste pour tirer le maximum de plus-value de ces ouvriers du transport.
Un autre mode d’organisation du travail est possible – demandez-le aux cheminots eux-mêmes… mais pour cela les cheminots devront s’emparer de leurs moyens de production – de transport et les faire servir à la société toute entière – hors de la loi du profit.
+100.
Pour ma part, je dis que les concucteurs de trains et cheminots sont comme les pilotes de ligne et le personnel naviguant, ils ont tous certes un métier très difficile, des horaires contraignants, et très peu de qualité de vie, ou de temps pour leur fqamille, les pilotes et les conducteurs de trains sont très compétents et c’est au niveau ingénieur qu’ils sont pris…. mais…. tout ce beau monde, sont tout de même des prolos privilégiés depuis toujours, leur métier les transforme en bourgeois, en enfants gâtés, et on ne compte plus leur privilèges, clubs de loisirs et de vacances privés, avantages en nature, primes et primes au rendement, salaires élevés… et tout ça, tant mieux pour eux, le seul problème est depuis que tout ça ssucite convoitises et compétition pour accéder a ce milieu fermé ! les gens recourent a des pistons et des passe-droits la-dedans, et eux-mêmes sont autorisé a embarquer leur rejetons dans ces métiers ! et donc tout ça n’a rien de transparent ou de démocratique, a une époque, au bled, les cheminots se construisaient des ensembles résidentiels et d’immeubles de très grand luxe, et des armées de chauffeurs, de gardiens et de bonnes devaient les servir ! des apparts ou le marbre et les hauts plafonds sont de mise, entre 170 et 240 m2 et plus, et ça c’est juste les cadres intermédiaires et les travailleurs, pas les pilotes de train qui sont doté de villa et de villas secondaires… bref, des balcons et terrasses immenses, a profusion, des armées de concierges, des limousines stationnées dans le garage ! impossible pour le commun du peuple d’acceder a ces jobs ! :))) ils ont depuis certes reduit la voilure, et peuvent tourner avec du personnel sous-payé, mais cette vache a lait est toujours la pour engraisser les privilégiés d’entre eux !
Je ne suis pas contre les hauts salaires et les privilèges de ces entreprises prospères qui peuvent appartenir a l’etat chez nous ou au privé en amérique du nord, pas du tout, mais je suis contre le monopole de ces jobs, la collusion, l’arrogance de ces milieux et leur privilèges qui s’héritent de génération a génération ! c’est encore pire que la monarchie !
d’autres offices de l’État, d’autres services, même l’armée ou les corps des ingénieurs n’ont pas tout ça, et c’est le contribuable qui a rendu cette industrie si prospère, le commerce de marchandises aussi… mais c’est pas une raison pour en faire un monopole d’emploi et de privilèges ! je parles pas pour moi, car cela ne m’a jamais intéressé, mais je parle des enfants du peuple qui peuvent jamais y accéder !