7 au Front

Elles ont fait avancer le monde sans armes… sans détruire, elles ont bâti

Anne Bell en 1860 auprès
de soldats lors de la Guerre de Sécession
 
CAROLLE ANNE DESSUREAULT :
Le 8 mars dernier, c’était la journée internationale des femmes. J’ai pensé retracer l’apport considérable de certaines femmes d’ici et d’ailleurs – particulièrement des femmes ayant vécu au 19e siècle – qui ont innové et enrichi le monde dans lequel nous vivons, sans le détruire. Pas d’armes ni violence, mais de la persévérance, de l’intelligence et du dévouement. Bien sûr, je n’en citerai que quelques-unes et celles choisies ne diminuent en aucune manière toutes celles dont la mémoire ici n’est pas citée.
Si la plupart de ces femmes qui se sont démarquées venaient généralement d’un milieu culturel bénéfique au développement de leur esprit et de leurs talents – ce qui les a sûrement aidées à contribuer à l’essor de la société – il y a aussi les milliers de femmes humbles et restées dans l’ombre confinées à un destin plus terne mais qui n’ont pas eu la chance d’accéder à l’instruction, aussi je voudrais mentionner l’entité sociale qu’ont formée ces femmes en mettant au monde des enfants, en les élevant, les nourrissant. Leur vie s’est passée à éteindre des feux, à battre la farine, coudre, tricoter, laver, en somme, à exécuter à répétition des tâches humbles et souvent ingrates. Elles ont tenu essentiellement un rôle de soutien pour leur famille. Plusieurs ont dû travailler à l’extérieur, en usine, en manufacture, quelques-unes dans les mines, sur la terre. Bref, sans ces femmes, les fondations de la société n’auraient pas tenu.
Maintenant, les femmes pionnières dont il est question dans cet article ont oeuvré dans plusieurs secteurs de la société, les soins infirmiers, la médecine, la politique, la littérature, le cinéma, le journalisme et le militantisme, l’enseignement… Débutons justement par l’éducation.
1) L’ENSEIGNEMENT
Pauline Kergomard

Pionnière de l’enseignement et du féminisme, fondatrice de l’école maternelle en France, elle co-fonde en 1868 la Société pour les revendications des droits civils de la femme. Certes, Madame Kergomard se définit comme une féministe, mais pas une « de celles qui singent les hommes ». En tant que représentante des institutrices, elle recommande pour les deux sexes l’égalité de l’enseignement et des droits juridiques. Son principal souci est de donner à chaque enfant une chance égale de développement. Elle défend la mixité surtout pour les enfants des classes laborieuses. Une vingtaine d’années plus tard, elle développe une pédagogie spécifique « à la maternelle », insistant sur l’éducation corporelle, le jeu, l’adoption d’un mobilier adapté, etc.
Maria Montessori

Qui n’a pas entendu parler de cette Italienne brillante et respectueuse de la liberté d’être de chaque enfant ? Encouragée par ses parents à poursuivre de hautes études, elle s’inscrit à la faculté de médecine de Rome, un choix qui la plongera souvent dans le mépris et la jalousie de ses confrères puisque cette branche était réservée aux hommes. Elle persista et devint une des premières femmes diplômées en médecine dans le pays. Elle va aussi étudier la psychiatrie et développer une méthode spéciale pour enseigner aux enfants et leur donner de l’espace et leur permettre d’apprendre dans l’accueil. Ses écoles pédagogiques sont reconnues mondialement et portent son nom.
2) LA MÉDECINE ET LES INFIRMIÈRES
Elizabeth Blackwell

Née en 1821 en Angleterre, sa famille s’installe aux États-Unis à New York en 1832.
Elizabeth Blackwell est la première femme médecin certifiée aux États-Unis en 1849 ainsi que la première femme membre de l’Ordre des médecins de Grande-Bretagne. Malgré son diplôme, elle est refusée par la suite dans la plupart des hôpitaux en raison de sa nature féminine. Elle va donc fonder son propre établissement, le New York Infirmary for Indigent Women and Children. 
Gertrude Elizabeth (dite Nora) Livingston

Garde-malade diplômée au service du New York Hospital, elle accepte en 1890 de se joindre au Montreal General Hospital à titre de surintendante sous deux conditions : deux infirmières d’expérience l’accompagneront et aucun travail domestique ne fera partie de leurs tâches. Elle occupe une place dominante au sein de l’administration des soins infirmiers de l’hôpital et ouvre l’école d’infirmière du Montreal General Hospital. L’école atteindra rapidement une grande crédibilité en raison de la rigueur du programme et des hauts critères imposés aux futures infirmières. Le General Hospital acquiert une réputation de soins de qualité.
Florence Nightingale

On la surnommait « The lady with the lamp », elle a été la pionnière des soins infirmiers et a établi les premiers fondements théoriques en soins : c’est de mettre le malade dans la meilleure condition possible pour favoriser l’action de la nature.
La lampe à huile est devenue le symbole des soins infirmiers dans plusieurs pays.
3) LES MILITANTES CONTRE LE RACISME
Mary Ann Shadd Cary (1823-1893)

Femme noire et leader antiesclavagiste et patronne de presse, Mary Ann Shadd Cary est une pionnière du journalisme, une militante, un chef de file du mouvement d’émigration au Canada. Elle fut la seule femme qui comme des hommes fut recruteur de soldats noirs pendant la guerre de Sécession. Le mouvement dont elle est à l’origine a pris le nom de « Chemin de fer clandestin » et a permis à 20 000 personnes de s’établir au Canada. Durant cette période, les personnes noires fuyaient les États-Unis en raison d’une loi votée en 1850 appelée le « Fugitive Slave Act » qui autorisait les Blancs à arrêter et à punir n’importe quel Noir soupçonné d’être un esclave en fuite.
Pour sa part, Mary Ann était née libre en 1823 dans le Delaware mais appartenait à une famille de militants abolitionnistes. Plus tard, elle s’installera en Ontario à Windsor et ouvrira une école pour les enfants d’esclaves fugitifs. Elle cacha souvent des fugitifs chez elle. Elle va fonder un journal, le Provincial Freeman. À la mort de son mari, elle poursuit des études en droit. Un hommage posthume lui fut fait pour « personne d’importance historique nationale au Canada. »
Harriet Tubman

On la surnommait la « Moïse du peuple noir ». Esclave évadée, combattante de la liberté afro-américaine, elle a travaillé comme ouvrière, bûcheron, blanchisseuse, infirmière et cuisinière. Elle a aidé de nombreux esclaves à s’évader.
4) LA LUTTE POUR LES FEMMES
Hubertine Auclert

Elle définit le féminisme comme : « l’ensemble des mouvements qui contestent la place subordonnée des femmes dans la société » et formule des revendications pour défendre leurs droits. Elle fonde en 1876 L’Association pour le suffrage des femmes. »
Idola St-Jean

Née à Montréal, Idola St-Jean enseigne à l’université McGill. Suffragette, elle fonde en 1927 L’Alliance canadienne pour le vote des femmes et oeuvre avec Marie Lacoste Gérin-Lajoie et Thérèse Casgrain.
Thérèse Casgrain

Cette femme d’exception est née au Québec en 1896 et a participé toute sa vie à des activités politiques, sociales et syndicales. Dès 1920 elle plaide en faveur de nombreuses réformes dont l’obtention du droit de vote pour les femmes, une victoire qu’elle obtiendra en 1940.
Création de groupes féministes au Québec en 1848
Suite à l’intention des parlementaires, ainsi que de Louis-Joseph Papineau, de retirer le droit de vote aux femmes, plusieurs groupes féministes se créent. Ces clubs sont rapidement interdits.
Des journaux féministes publiés en France
Des journaux féministes voient le jour : La voix des femmes d’eugènie Niboyet; L’opinion des femmes de Jeanne Deroin; La politique des femmes de Désirée Veret.
Jeanne Deroin
Une intéressante personne que cette Jeanne Deroin. Ouvrière lingère autodidacte, elle obtient le brevet d’institutrice et rédige en 1831 un plaidoyer contre « l’assujettissement de la femme ». Lorsqu’elle se marie l’année suivante, elle refuse de prendre le nom de son mari et insiste au cours de la cérémonie civile sur son statut d’égalité.
5) LE JOURNALISME
Elizabeth Cochrane alias Nellie Bly

Une journaliste dynamique qui a écrit sous le nom de Nellie Bly, une jeune femme très imaginative qui à l’âge de 23 ans se cherchant du travail à New York, décida de proposer au rédacteur en chef du New York World de se faire passer pour une folle afin d’être internée à Blackwell’s Island, un asile de sinistre réputation. Le propriétaire du magazine, Joseph Pulitzer, trouva l’idée très bonne et valida son projet. Nellie Bly passera dix jours dans cet enfer et ses articles auront un immense retentissement. Elle a secoué la conscience des gens sur les conditions de vie des aliénés. Le succès fut si grand que le gouvernement injecta de toute urgence un million de dollars pour améliorer la situation.
C’était nettement du journalisme d’immersion – Stunt journalism – destiné à attirer le grand public et à révéler vraiment ce qui se passait derrière les portes d’une institution où seuls les malades, en principe, auraient pu décrire ce qu’ils vivaient.
Joséphine Marchand-Durand

Québécoise née en 1861, elle était si vive et énergique jeune qu’on l’appelait Froufrou. Cependant, parvenue à l’âge adulte, elle inspirera la sagesse et la réserve. Son père fut Premier ministre de la province de Québec en 1897. Elle fonda Le Coin du Feu, la première revue féminine québécoise et écrivit de nombreux articles pour divers journaux. Elle s’impliqua également dans la défense des droits des femmes.
6)  LES AVENTURIÈRES
Isabelle Eberhardt

Cette femme originale, surnommée la « Rimbaud au féminin », née à Genève de parents russes devenue française par mariage, ne manquait pas d’originalité, ni de courage. Aventurière intrépide et collaboratrice au journal arabophile El Akbar en Algérie, elle couvrait en tant que reporter de guerre les troubles frontaliers marocains. Le général L. Yartey la décrivait comme une personne attirante et réfractaire; une personne qui était vraiment elle-même, hors de tout préjugé, de tout cliché. Une personne libre.
Ses écrits présentent la réalité de la société algérienne au temps de la colonisation française.
Émilie Fortin-Tremblay

Une pionnière de la dernière ruée de l’or du 19e siècle ! Première femme blanche à avoir franchi le col Chilkoot en route vers le Klondike !
Émile Fortin-Tremblay est née au Lac St-Jean mais a grandi à New York où elle fit la connaissance de son mari qu’elle suivit au Yukon à Miller Creek. Elle fut la seule femme à cette époque à avoir suivi son mari. Vivant dans une cabane sans confort ni services, elle devint rapidement l’infirmière, la sage-femme, le prêtre de service, ainsi que la responsable de l’accueil des missionnaires. Elle fut présidente de L’Association des femmes pionnières du Yukon ».
7) LES ARTS
Alice Guy Blaché

Elle a vécu à la fin du 19e siècle. Cette femme est la première réalisatrice et productrice de cinéma au monde. Elle est la première à avoir filmé autre chose que la réalité et a ainsi fait entrer la fiction dans le cinéma en 1896 avec La fée aux choux. Même si le terme de « cinéaste » ne fut attribué qu’en 1920 à Louis Delluc, elle reste la première vraie cinéaste.
 
Sources : Radio-Canada – Wikipedia – Google

2 réflexions sur “Elles ont fait avancer le monde sans armes… sans détruire, elles ont bâti

  • La gynécocratie (gouvernement féminin) ou matriarcat, c’est toute l’histoire de la jeunesse de l’humanité, mythologisée mais néanmoins très réelle, qui est résumée dans les mots « Âge d’Or ».
    Ainsi, en ces temps très reculés, de toute la terre, partout la douceur de l’Enfant et la poésie de l’Adolescent ont précédé la brutalité de l’homme adulte et son règne.
    Lien : https://livresdefemmeslivresdeverites.blogspot.com/2017/07/faits-et-temps-oublies.html
    Cordialement

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  • Carolle Anne Dessureault

    Merci pour le lien, fort intéresant !

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