Charte québécoise pour une image corporelle saine et diversifiée
YSENGRIMUS — Cet article est disponible en Anglais, en Italien et en Espagnol ici: Articles du 19 et 20 Janvier 2023[22784]
La Charte québécoise pour une image corporelle saine et diversifiée, adoptée il y a une quinzaine d’années (2009), dans une perspective intégralement «non cœrcitive» par le gouvernement du Québec et une poignée d’entreprises flagornoïdes, se formule, textuellement, comme suit:
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Charte québécoise pour une image corporelle saine et diversifiée
L’image corporelle véhiculée dans l’espace public et médiatique a une influence sur l’image personnelle, sur l’estime de soi et, indirectement, sur la santé de la population. Nous reconnaissons que les idéaux de beauté basés sur la minceur extrême peuvent nuire à l’estime personnelle, particulièrement chez les filles et les femmes. Nous croyons que les comportements alimentaires et les pratiques de contrôle du poids sont influencés par des facteurs tant biologiques que psychologiques, familiaux et socioculturels. Nous préconisons l’engagement des partenaires de tous les milieux, gouvernementaux, associatifs et corporatifs pour, ensemble, contribuer à faire diminuer les pressions socioculturelles au bénéfice d’une société saine et égalitaire. Nous avons la conviction que les secteurs de la mode, de la publicité et des médias peuvent assumer un véritable leadership par leur vitalité et leur créativité afin d’exercer une influence positive sur le public. Nous désirons suivre le courant international du milieu de la mode dans ses initiatives de conscientisation sur les problèmes liés à la préoccupation excessive à l’égard du poids, à l’anorexie nerveuse et à la boulimie. Nous avons résolu, à l’instigation de la ministre de la Culture, des Communications et de la Condition féminine, de participer collectivement à la rédaction de cette charte et de lancer un appel à l’action pour transmettre, dans notre collectivité, une image corporelle saine et diversifiée.
En conséquence, nous souscrivons à la vision d’une société au sein de laquelle la diversité des corps est valorisée et c’est pourquoi nous, personnes soussignées, dans le cadre de nos missions respectives, nous engageons à:
1. Promouvoir une diversité d’images corporelles comprenant des tailles, des proportions et des âges variés.
2. Encourager de saines habitudes autour de l’alimentation et de la régulation du poids corporel.
3. Dissuader les comportements excessifs de contrôle du poids ou de modification exagérée de l’apparence.
4. Refuser de souscrire à des idéaux esthétiques basés sur la minceur extrême.
5. Garder une attitude vigilante et diligente afin de minimiser les risques d’anorexie nerveuse, de boulimie et de préoccupation malsaine à l’égard du poids.
6. Agir à titre d’agents et d’agentes de changement afin de mettre de l’avant des pratiques et des images saines et réalistes du corps.
7. Faire connaître la Charte québécoise pour une image corporelle saine et diversifiée auprès de nos partenaires, de nos clientèles et de nos relations professionnelles tout en participant activement à l’adhésion à ses principes et à leur respect.
Commentaire critique d’Ysengrimus: Passable. J’ai effectivement signé. C’est timide mais honorablement méritoire et je suis plutôt pour. De toute façon, bon, une charte c’est un corps de recommandations générales qui “décolle” si (et seulement si) elles correspondent à des priorités sociales effectives. Or, ces priorités sont indubitablement dans l’air aussi, en ce moment, un peu partout dans le monde occidental. La mayonnaise pourrait donc bel et bien se solidifier adéquatement et prendre. On en parle, on en débat. On enrichit la réflexion critique, ici et là, dans les coins. Aussi, sans surestimer son impact, je crois que nos consciences seront plus stimulées sur la question avec une charte que sans… Et, maintenant qu’elle est écrite, sauf si on me prouve clef en main qu’elle déconne complètement, pourquoi s’en priver?
Évidemment les ci-devant «partenaires corporatifs» (les entreprises privées) qui s’y associent le font ici par pur opportunisme cynique. La colère des femmes face à cette lancinante tyrannie des apparences précède la Charte et l’engendre, pas le contraire. Que les entreprises qui prennent ce train en marche ne cherchent pas à nous faire croire ledit contraire a posteriori, en se lavant subitement plus blanc et en se donnant tout à coup comme dévouées corps et biens à l’élévation de la conscience esthético-diététique des masses… Leur «véritable leadership» n’est que pure fadaise. Leur implication, si tant est, n’est ici rien d’autre qu’un signe fétide, un symptôme purulent de plus du fait que ces commerçants insensibles sentent le vent tourner sur ces questions au sein de la société civile. Et… oh… il faut leur tenir la dragée haute. C’est qu’ils vont aussi ostensiblement ignorer la charte si cette dernière fait baisser leurs ventes de merdasses diverses pour maigrasses abstraites aux courbes asymptotiques. Mais bon, je trouve que l’un dans l’autre la ci-devant Charte québécoise pour une image corporelle saine et diversifiée c’est un peu comme le Guide alimentaire canadien. C’est là, c’est formulé, c’est désormais installé avec nous. On n’aura pas toujours le nez dedans mais au saura désormais qu’elle existe. Tant et tant que ceux et celles qui ignoreront cette discrète compagne de route éthique, ou la trahiront, seront bien redevables un jour ou l’autre devant leurs commettants, clients, chalands, ou victimes. On pourra leur dire qu’en misant sur nos paniques, infantiles ou dubitatives, nos tyrans du pèse-personne ne se conforment pas à la charte… On pourra ouvertement invoquer la nouvelle notion phare d’image corporelle saine et diversifiée. J’en parle d’ailleurs ici, et j’insiste sur cette modeste initiative parce que, franchement, je trouve que nos folliculaires ont chié copieux sur cette charte, notamment, et c’est parlant, dans les pages dites «féminines». Ils ne la citent pas explicitement et la criticaillent tataouineusement avec, ma foi, une mauvaise foi particulièrement revêche. J’en suis sorti avec le net sentiment que toute une industrie de l’angoisse et des peur des femmes (de concert avec les thuriféraires journaleux et journaleuses de ce totalitarisme consumériste) se sent directement menacée par l’émergence, même timide, d’une perspective critique sur ces questions d’esthétiques corporelles, bien moins superficielles qu’il n’y parait, au demeurant. C’est indubitablement une affaire ethnologique de la toute première importance. Une affaire à suivre attentivement. Le loup de garde Ysengrimus y verra.
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Décadence et dégénération en Dominion of Canada du commerce de la santé et de l’apparence. Une bonne injection Pfizer avec ça!