Ce que traduire veut dire (Hommage à Paul Laurendeau)

DANIEL DUCHARME — Que ce soit sur son blogue, sur celui d’ÉLP éditeur ou sur le webzine Les 7 du Québec, Paul Laurendeau offre différentes traductions à ses lecteurs, toutes aussi percutantes les unes que les autres. En voici quelques exemples.
L’ère du verseau, traduction d’Aquarius (texte de James Rado), hymne d’ouverture à l’opéra-rock Hair (1967) – un moment clé de la contre-culture américaine.
Le corbeau, le poème d’Edgar Allan Poe (The Raven), que Paul Laurendeau, après Baudelaire et Mallarmé, a traduit en français. Après d’aussi illustres poètes, personne n’avait osé traduire en français le célèbre poème de Poe. Laurendeau écrit : « Ces deux poètes français majeurs, en utilisant le vers libre et de fines altérations du sens, ont tiré ce texte vers le fantastique et/ou le symbolisme en en sacrifiant la musicalité d’origine. Aussi le résultat procède d’eux bien plus que de Poe. La traduction proposée ici est due pour la première fois à un francophone d’Amérique, intime avec le sens du grotesque et de l’autodérision inhérents à la sensibilité intellectuelle de Poe, et exempt de la typique sensiblerie sacralisante européenne. Le rythme et le sens sont scrupuleusement respectés. À réciter à haute voix. »
Ensuite, Paul Laurendeau a entrepris de traduire en français des chansons des Beatles, dont Quelque chose en elle, traduction française de Something, écrite par George Harrison. Dans le même esprit, il a également traduit Obladi Oblada (Lennon-McCartney) qu’il mettra bientôt sur son blogue.
Et il y a bien entendu Casey au bâton, poème d’Ernest L. Thayer consacré au baseball que seul, en fin de compte, un Québécois, imprégné de la culture francophone du baseball, aurait pu traduire avec justesse. Paul Laurendeau en explique le contexte : « Écrit il y a plus de cent-vingt ans, ce poème mi-lyrique mi-satirique, très connu aux USA, attendait encore sa traduction française. Et pour cause. Le problème qu’il pose est moins linguistique qu’ethnoculturel. Il s’agit de traduire le baseball, jeu et institution culturelle strictement américains dont la terminologie française n’existe qu’en un endroit au monde : le Québec (et le Canada francophone). Ce texte, version américaine de la leçon universelle véhiculée depuis Ésope dans Le lièvre et la tortue, est doté d’une chute qui en fait en soi une petite rareté de la littérature continentale. Beaucoup d’américains et de canadiens anglophones connaissent d’ailleurs par cœur la si triste dernière strophe de la version originale de ce poème. La présente traduction de ce délice insolite se veut un hommage à tous ces commentateurs sportifs qui ont bercé les langueurs radiophoniques estivales de notre enfance dans la belle langue de chez nous, qui peut tout dire et trouve toujours les mots pour le dire. »
On a beaucoup dit que traduire c’est trahir. Paul Laurendeau, lui, dit que traduire, c’est aimer. Il se concentre sur la traduction littéraire, surtout poétique en fait. Bien sûr, il trahit… pour des raisons de rythme et d’euphonie, il change la couleur des coussins du fauteuil de l’hôte du Corbeau, il modifie le résultat de la partie de baseball des neuf hommes de Mudville (dans Casey au bâton), etc. Il n’en demeure pas moins que traduire, d’abord et avant tout, c’est aimer une œuvre au point de l’offrir en cadeau à ses pairs linguistiques, un présent à la Francophonie.
Quand j’ai connu Paul Laurendeau à la fin des années 1970, il m’avait envoyé par courrier une traduction de Johnny B. Goode, la célèbre chanson de Chuck Berry écrite en 1958. Il n’avait pas vingt ans alors… et déjà il s’amusait à rendre en français des œuvres d’une sonorité toute différente en langue d’origine.
Je l’invite publiquement ici à sortir de ses tiroirs cette traduction de la chanson de Chuck Berry afin de la diffuser sur le Web et ce, pour le plus grand plaisir des amateurs francophones de l’histoire du rock.
À Paul et à Daniel,
Je reste ébahie par l’immense talent de Paul.
J’aime cette pensée « Traduire, c’est aimer ».
Félicitations à Paul et merci à Daniel pour avoir admirablement mis en lumière cette qualité de notre collaborateur.
J’attends la traduction de la chanson de Chuck Berry.
Carolle Anne
Elle y est (le dernier hyperlien).
La contre-culture américaine, c’est déjà la décadence de l’empire. Paul est doublement colonisé, par la culture impérialiste britannique et par la culture impérialiste américaine, une banalité post-moderne populiste québécoise. Paul n’est qu’un baby-boomer banal et conformiste, seul le vrai révolutionnaire méritera mon estime et mon admiration.
banalité post-moderne populiste… Oh, la mauvaise bête. En voilà un qui préfère l’inoriginalité classique élitaire et n’ose pas le dire ouvertement. Méchant…
Qu’ont en commun le baseball, Chuck Berry, les Beatles; la société de consommation de culture de masse et son industrie de la distribution contrôler par l’élite anglo-américaine. Quant à la contre-culture américaine, c’était avant tout la consommation de drogues, de vinyle rock, de vêtements excentriques, de posters en tout genre, d’objet symbolique pornographiques exacerbant une sexualité devenue perverse, donc de la surconsommation par objets symboliques d’une fausse liberté. Ce n’était en fait qu’une abdication à l’idéologie de consommation de masse à l’américaine de la part des baby-boomers québécois. L’élite bourgeoise anglo-américaine ont bien colonisé l’imaginaire des baby-boomers par la culture de masse même si les baby-boomers refusent de l’admettre. Ce que tu pourrais faire de vraiment original Paul c’est de composer un chant révolutionnaire pour la cinquième Internationale.
Je rends hommage à ta médiocrité populiste de gauche.
Et moi à tes modestes qualités de meneur subversif…