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Richard Monette: Les fenêtres aux jours de pluie (Perle-mêle)

DANIEL DUCHARME — J’ai écrit de nombreux textes ces dernières années. Des essais, des nouvelles, un roman, des critiques de lecture mais, des poèmes, seulement deux ou trois… Pour moi, cette forme d’expression représente une difficulté pratiquement insurmontable. D’ailleurs, la plupart du temps, je n’y arrive pas… À mon avis, contruire un pont représente une complexité moindre que la rédaction d’un poème chargé de sens, un poème qui échappe aux clichés et au ridicule. Demandez à l’ingénieur d’écrire un poème, voir… Bref, je reconnais d’emblée la supériorité du créateur qui sait s’exprimer avec des mots versifiés (ou pas) : le poète.

Je ne suis pas un lecteur constant de poèmes, mais j’aime la poésie. Et parfois,  dans le cours de la vie quotidienne, il m’arrive de tomber sur un texte  qui correspond exactement à ce que je ressens dans l’état du moment. Certes, je ne suis pas certain de bien comprendre le sens des strophes, à tout le moins de toutes les strophes, mais je me sens interpellé, comme si l’auteur avait voulu s’adresser à moi en écrivant son poème.

Dans le recueil Perle-mêle (lettre tant), que Richard Monette a fait paraître aujourd’hui, le poème Les fenêtres aux jours de pluie a eu cet effet-là. Pour cette raison, je me permets de le reproduire à votre intention.

 

Les fenêtres aux jours de pluie

Plus triste que toutes les fenêtres aux jours de pluie,
l’orme par songes rongé à fondre l’âme
sait faire bruire l’envol des flammes compagnes
comme un arbre débité en cendre et salement dépaysé,
plus triste que toutes les fenêtres ouvertes aux jours de suie.

Plus triste que toutes les fenêtres aux jours de pluie,
plus aigri que le cri du supplice d’un geyser gelé,
morose comme le tourment éduqué des amours mortes.
Oui, plus triste que toutes les fenêtres éteintes aux jours de nuit.

Plus triste que toutes les fenêtres aux jours de pluie,
somnambule plus loin qu’un souffle dernier
mon pied en boîte comme un crâne en bière
n’ira souffrir parmi les effleurements d’air tel le pollen libéré,
tellement plus triste que toutes les fenêtres fermées aux jours de pluie.

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Tiré de Perle-mêle (lettre tant), de Richard Monette. ÉLP éditeur, 2014. Pour lire des extraits, voir la ficher de l’auteur sur le site de l’éditeur.

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