Anita Berchenko: Les hirondelles sont menteuses

DANIEL DUCHARME    Vous aimez les nouvelles? Pourtant, de moins en moins d’éditeurs en publient. Il paraît que cela ne se vend pas. Je ne suis pas certain d’être en parfait accord avec cet énoncé. Certes, un recueil de nouvelles devient rarement un best-seller… mais les romans aussi ! Chez ÉLP éditeur, le recueil de Sinclair Dumontais – Onze nouvelles – se vend davantage que la plupart des romans. Même chose pour les Chroniques du train-train quotidien d’Antoine Lefranc. Alors, quelle conclusion en tirer?

J’aime les nouvelles, même si je préfère les romans. Les nouvelles, je les lis justement entre deux romans, comme pour me reposer. Ou même entre deux chapitres, parfois. Les nouvelles, je les lis aussi plus lentement que les romans, comme si je m’arrêtais davantage à la beauté de la phrase. Ne me demandez pas pourquoi, toutefois. C’est comme ça, c’est tout.

Justement, en parlant de beauté de la phrase, on est en plein dedans avec Les hirondelles sont menteuses d’Anita Berchenko. C’est tellement beau, ce texte qui coule comme l’eau du ruisseau, qu’on n’a qu’une seule envie : continuer, nouvelle après nouvelle, sans arrêter… Malheureusement, cela s’arrête, forcément, au bout des dix nouvelles que contient ce recueil.

En plus d’être bien écrit, dans un style sobre, élégant, parfaitement maîtrisé, l’auteure de Suite 2086 a réuni ses textes autour d’une unité de lieu : le Lauragais. Connaissez-vous cette région? Non ? Moi, non plus… Le Lauragais est une région de France située au sud-est de Toulouse, au pied des Pyrénées. En lisant le joli texte d’Anita Berchenko, vous aurez envie de vous installer… Eh bien, les dix nouvelles des Hirondelles sont menteuses se déroulent dans une petite ville de cette -région. Unité de lieu, donc, mais unité de personnages aussi. En effet, toutes les nouvelles du recueil ont pour héroïnes des femmes aux prises avec leurs illusions, notamment sur les hommes. Elles s’appellent Marthe (veuve et heureuse de l’être), Kate (qui préfère les chats), Alice (dont les fantasmes sont bien vivants), Lise (qui rêve d’écriture), Magali (qui craint comme la peste que son homme l’abandonne), Emmanuelle (qui renonce à l’amour pour des raisons bien à elle), Nadia (qui fomente sa vengeance en souvenir de sa mère), Joanna (qui comment l’irréparable pour un peu d’affection), Yvette (qui ne jure que par l’eau de javel) et, enfin, Thérèse (à la fin tragique). Ces femmes sont en général seules, abandonnées, négligées et, puisqu’il faut bien le dire, rarement heureuses. L’auteure de Suite 2086 ne se fait certes plus d’illusion sur l’avenir de l’homme… Heureusement, elle conserve l’illusion du texte, de la littérature et de sa diffusion. À nos yeux, c’est tout ce qui compte.

Anita Berchenko, Les hirondelles sont menteuses, Numériklivres, 2011, 3,49 euros ou 4,99 $. Lien vers 7switch.

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