États et économie en déroute. Misère et guerres en route

Par Mesloub Khider.   Le  20.02.2018.  Pour  www.les7duquebec.com
 
L’Occident a bon dos ! On peut, à bon compte, le rendre comptable de tous les crimes perpétrés dans le monde, l’accabler de tous les péchés. Et particulièrement aux heures sombres de l’histoire. Surtout comme actuellement, quand les pays vivent des moments de crises politiques et économiques graves. La “bouc-émissairisation” va bon train. Chaque pays du Sud, pour se dédouaner de sa gabegie et son impéritie, incrimine L’Occident.
 
Et les intellectuels organiques officiant au service de leur États respectifs du Sud se chargent servilement et fructueusement de cette basse besogne d’embrigadement idéologique menée à l’endroit des masses populaires pour les arrimer et les asservir davantage à leurs potentats inamovibles.  Et à force de matraquages doctrinaux  et de maquillages de la réalité, nos plumitifs de service réussissent grandement leur entreprise de conditionnement mental.
 
Par ces récurrents réquisitoires portés uniquement contre l’impérialisme occidental,  on parvient ainsi  à blanchir l’État de son propre pays.   À cautionner par cécité ou complicité les pires massacres commis par l’État de son pays contre son peuple.  Ainsi, on aboutit à  soutenir ses politiques belliqueuses. À justifier son armement outrancièrement indécent eu égard à la misère de l’immense majorité de la population. À couvrir ses entreprises idéologiques d’endoctrinement nationalistes et  chauvines.  À légitimer sa domination dictatoriale sur le pays. À l’aider à obtenir l’adhésion des masses opprimées à ses politiques antisociales.  À dédouaner ses sanglantes répressions  exercées  contre sa population. À valider ses  falsifications historiques du récit national. À soutenir ses entreprises de négation identitaire culturelle et linguistique des membres minoritaires de ses concitoyens souvent réprimés pour cause de revendications permanentes de leurs droits.  À passer sous silence son rôle au service des dominants, les puissances impérialistes.
En résumé,  à entretenir l’illusion de l’État neutre au service de toute la société, au service des intérêts généraux de toute la population. En réalité, de tous temps, par ses fonctions intrinsèquement répressives et oppressives, l’État est toujours au service de la classe dominante.
 
Comme tous les pays du monde, l’Algérie n’échappe pas à cette configuration politique.
Pour preuve de sa nature de classe, le pouvoir étatique algérien est concentré depuis l’indépendance entre les mains des mêmes dirigeants civils et militaires inamovibles, transformés en véritable classe bourgeoise  gérant  le pays comme leur propriété privée cessible à leurs progénitures par voie héréditaire. Même la présidence est susceptible de se muer en monarchie républicaine, pour user d’un oxymoron.
En outre, contrairement à ce qu’on croit, dans cet univers dominé par le capitalisme mondialisé, tous les pays sont impérialistes. Ils sont tous portés par  la même logique impérialiste. Particulièrement dans cette période de crise économique aiguë.  Chaque pays, grand ou petit, est travaillé par cette irrépressible et impérieuse nécessité d’envahir un autre pays plus faible (le Vietnam a envahi le Cambodge, l’Irak a envahi le Koweït, aujourd’hui la Turquie se livre à des incursions en Syrie, etc.), pour résoudre à sa manière les contradictions de classes, le besoin de capital et d’espace vital. La résurgence du nationalisme et du populisme ne s’explique pas autrement que par les menées guerrières actuelles et futures. Chaque État blinde idéologiquement sa population pour la préparer aux confrontations armées. Et l’augmentation exponentielle  des dépenses militaires dans tous les pays nous  conforte amplement dans notre analyse. Les budgets de l’armement explosent au même rythme que nos conditions de vie implosent. Certes, le capital se livre une guerre économique  inter-impérialiste exacerbée. Mais la guerre qu’il mène contre nos conditions de vie est encore plus cruelle et sanglante. Et le premier à la diriger contre nous est notre propre État, notre gouvernement national, succursale du capital mondial. Chaque État fait intégralement  partie  du gouvernement capitaliste mondial.
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Chaque décision économique est l’émanation directe de la direction collégiale du capital international. L’indépendance économique est une illusion, une imposture. D’ailleurs, pour ce qui est de l’Algérie à économie mono-industrielle, le pays est totalement tributaire de ses exportations pétrolières. Ce n’est pas l’État algérien qui fixe ni la quantité de barils à vendre ni son prix. Ces paramètres sont déterminés par le marché qui dicte ses lois.
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Intégrée dans une économie capitaliste mondialisée, l’Algérie est confrontée aux mêmes enjeux stratégiques de l’offre et de la demande en œuvre dans tous les pays. Sa marge de manœuvre en matière de développement économique est fortement limitée, restreinte.
Aujourd’hui, plus que jamais, aucun État ne mérite notre confiance. Jamais dans l’histoire contemporaine les pays n’ont été gouvernés par des dirigeants aussi irresponsables que dangereux, aussi incapables qu’inutiles, aussi ridicules qu’insignifiants, aussi incultes qu’immatures.
 
Jamais ils n’ont sabordé leur pays avec tant de cynisme, au nom de la raison économique capitaliste soucieuse seulement  de sacrifier tous les acquis sociaux, exception faite des capitaux acquis par nos dirigeants, toujours insuffisants selon ces requins de la finance, adorateurs du billet vert (et non du Livre Vert). De surcroît, ils sont tous, du Nord au Sud et d’Est à l’Ouest,  à divers titres et à différents échelons, responsables de la misère actuelle, des famines, de la crise économique, du chômage, du délitement des liens sociaux, de la déliquescence des valeurs morales, de la décomposition de la société à l’échelle de la planète, des Terrorismes, de leurs financements, des guerres permanentes, des exodes massifs, de l’émigration, des génocides humains (Rwanda, Yougoslavie, etc.) et culturels (massacres et disparitions des diverses et variées cultures millénaires)  .
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Partout les puissants despotes politiques nous infligent leurs dictatures tentaculaires. Les seigneurs de l’économie et les maîtres de la finance nous imposent le dénuement, la misère, la clochardisation de nos conditions d’existence. D’Alger à  Caracas, en passant par Athènes et Dakar, nos dirigeants dictent les mêmes mesures d’austérité, imposent des réformes inhumaines. Jamais ils n’ont été autant unis et solidaires dans leur détermination à nous faire payer leur crise. Et jamais, nous les prolétaires nous avons été autant désunis que divisés dans notre inexistant combat pour riposter aux attaques dirigées contre nos conditions de vie ou plutôt de survie.
 
 

Robert Bibeau

Auteur et éditeur

Une réflexion sur “États et économie en déroute. Misère et guerres en route

  • 16 février 2018 à 10 h 20 min
    Permalien

    @ L’AUTEUR
    1) Nous prolétaires devons toujours prendre garde de ne pas utiliser le point de vue et le vocabulaire de la bourgeoisie et oublier la lutte de classe qui détermine tout en société capitaliste. EXEMPLE : tu écris ceci : « L’Occident a bon dos ! On peut, à bon compte, le rendre comptable de tous les crimes perpétrés dans le monde, l’accabler de tous les péchés. … quand les pays vivent des moments de crises politiques et économiques graves. La “bouc-émissairisation” va bon train. Chaque pays du Sud, pour se dédouaner de sa gabegie et son impéritie, incrimine L’Occident. »
    2) Ce n’est pas L’OCCIDENT QUI COMMET CES CRIMES MAIS LES CAPITALISTES OCCIDENTAUX = PAS LE PROLÉTARIAT VIVANT EN OCCIDENT. IDEM POUR « CHAQUE PAYS DU SUD » CE SONT LES CAPITALISTES VIVANT AU SSUD QUI CHERCHENT À LEURRER LE PROLÉTARIAT DU SUD AFIN DE LE MOBILISER DE SON CÔTÉ EN SE DÉDOUANANT.
    3) Pour la suite je suis totalement d’accord avec toi : ceci entre autre: « En résumé, à entretenir l’illusion de l’État neutre au service de toute la société, au service des intérêts généraux de toute la population. En réalité, de tous temps, par ses fonctions intrinsèquement répressives et oppressives, l’État est toujours au service de la classe dominante. »
    4) Tu écris ceci : « Certes, le capital se livre une guerre économique inter-impérialiste exacerbée. Mais la guerre qu’il mène contre nos conditions de vie est encore plus cruelle et sanglante.  » Tu as raison mais je te fais remarquer que la première forme de guerre « inter-impérialiste » est la forme particulière – IMPÉRIALISTE – de la seconde – « guerre contre les conditions de vie du prolétariat » les deux guerres n’en font qu’une au sein de l’économie impérialiste mondialisée comme tu le décris si bien
    5) Il faut prendre soin de ne pas « moraliser » cette guerre : les capitalistes ne détestent pas les prolétaires individuellement ou collectivement. Les capitalistes attaquent les conditions de vie et de travail des prolétaires car c’est seulement ainsi qu’ils peuvent gagner chacun la guerre concurrentielle « inter-impérialiste » qu’ils se mènent pour leur survie –
    6) D’où la question des compétences à gouverner d’une clique ou d’une autre n’a rien à voir dans le sujet. Compétents ou incompétents c’est exactement – ce serait exactement – la même chose. De Gaulle a semblé compétent car il était poussé par des capitalistes en pleine croissance. Les derniers présidents français paraissent incompétents car ils sont poussés par des capitalistes en décadence.
    7) Une classe sociale a toujours les polichinelles qu’elle mérite. En Algérie également.
    8) Enfin un dernier point Tu écris ceci : « Jamais ils n’ont été autant unis et solidaires dans leur détermination à nous faire payer leur crise. Et jamais, nous les prolétaires nous avons été autant désunis que divisés dans notre inexistant combat pour riposter »
    C’est faux JAMAIS LES CAPITALISTES IMPÉRIALISTES DU MONDE ENTIER N’ONT ÉTÉ AUSSI DIVISÉ – EXCUSE JAMAIS DEPUIS 1939 – et c’est la raison pour laquelle – à cause de leur division car chacun se bat pour la survie de son conglomérat multinational – ils sont en compétition inter-groupe impérialiste – sont divisés – MÊME SI LE FAIT QU’ILS ADOPTENT TOUS LES MÊMES POLITIQUES DONNET L’IMPRESSION QU’ILS FONT COHUE – EN RÉALITÉ C’EST QUE LE SYSTÈME LES POUSSENT TOUS DANS LE MÊME CUL DE SAC. Bref, ils sont très divisés entre eux et c’est tant mieux ça donne du temps à la classe prolétarienne.
    9) Traitons maintenant de la question de L’UNITÉ DE LA CLASSE PROLÉTARIENNE. LA GO-GAUCHE a solidement implantée dans la tête des gauchistes que l’unité de classe était le résultat du prêchi-prêcha – du prosélytisme de leurs sectes gauchistes. Et il essaiment leurs militants le journal à la main pour prêcher la bonne parole communiste ou marxiste-léniniste jusqu’à plus soif. RIDICULE. L’unité dans la classe ne pourra venir que de la lutte fraternelle – commune – sur la ligne de piquetage et sur la barricade = l’unité viendra en combattant pas en prêchant. L’unité est faible parce que le combat est faible, et plutôt que de pleurnicher sur le manque d’unité percevons et diffusons les combats en marche EXEMPLE LES MÉTALLOS ALLEMANDS QUI ONT OBTENU DES GAINS EN PLEINE CRISE SYSTÉMIQUE DU CAPITALISME = ILS ÉTAIENT TRÈS UNIS malgré les bureaucrates syndicaux pourris.
    Merci pour ton excellent texte et bravo camarade
    robert bibeau http://www.les7duquebec.com

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