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LES NOUVEAUX PROLÉTAIRES INTERNATIONALISTES

Source :   Les micro-travailleurs du numérique français. Le 25.07.2017.  Sur Le Figaro.
 
On les appelle les micro-tâcherons. Ils et elles accomplissent des petites tâches digitales et numériques : classer des photos, analyser des images pour les algorithmes, traduire un petit texte… Payés au clic ou à la tâche, ils sont les petites mains d’une économie numérique en plein essor.
 
Les petites mains du digital
 
Les micro tâcherons, ce sont toutes le petites mains de l’économie numérique. Ils accomplissent des micro tâches, pour lesquelles ils perçoivent des micro rémunérations… lorsqu’ils sont payés. Ils font les tâches les plus ingrates, du détourage de photo pour entraîner les algorithmes de reconnaissance d’image à la transcription de fichiers audio… Un secteur en plein essor, observé de près par les acteurs du numérique français. Daniel Benoilid, co-fondateur de la start-up française Foulefactory a vu dans cette masse de petites mains potentielles la possibilité de cadrer une activité collaborative.
 
Les contributeurs ne travaillent pas pour nous. Nous avons plutôt, avec la plateforme Foulefactory, le rôle du middle manager qui distribue les tâches. Nous rémunérons à la tâche, sous forme de virements bancaires, dans la limite de 3000 euros par an et par personne. Nous faisons attention à ne pas faire travailler toujours les mêmes contributeurs sur les mêmes tâches pour éviter la lassitude, et nous limitons le nombre de contributeurs pour qu’il puisse espérer des gains substantiels.
 
Des millions de micro tâcherons à travers le monde
 
Des préoccupations que n’ont pas MTurk et CrowdFlower, deux des plateformes principales qui mettent en relation les pourvoyeurs de tâches et ceux qui vont les exécuter aux quatre coins du monde. Et encore moins les « fermes à clics. » Entre le web café et l’open-space bondé, des hommes et des femmes sont rivés à leurs écrans, chargés de « liker » des pages Facebook ou Twitter, d’écrire des commentaires dithyrambiques sur des restaurants qu’ils n’ont jamais vus… le tout pour quelques centimes, sans protection sociale. Entre le Chine, la Thaïlande le Nigéria ou encore la Malaisie, on estime que les ouvriers de l’économie numérique sont près de 90 millions dans le monde.
 
Un marché du digital à plusieurs milliards de dollars
 
La Banque Mondiale estimait à 2 milliards de dollars le marché du digital labor en 2013, et projette qu’il atteindra entre 15 de 25 milliards de dollars en 2020. C’est donc un marché colossal, car il permet d’épargner du temps de travail qualifié en déléguant à des contributeurs souvent peu ou pas diplômés, parents au foyer, retraités, travailleurs modestes ou étudiants.
 
Nous ne sélectionnons personne sur diplômes ou compétences. En fait, cela se voit dans la pratique, nous donnons de petites certifications aux contributeurs qui accomplissent les tâches les plus complexes, et nous aimerions bien que cela soit possible d’en délivrer des qualifiantes à l’avenir. Daniel Benoilid, co-fondateur de la start-up française Foulefactory (voilà le nouveau prolétariat en marche, 90 millions en 2018, combien en 2025 ? Ici ce sont les facultés intellectuelles davantage que les facultés physiques qui sont aliénées et exploitées ce qui ne change rien à leur statut de prolétaire ni au rapport de production d’exploitation de classe. NDLR).
 


 

  1. http://www.lefigaro.fr/secteur/high-tech/2017/04/14/32001-20170414ARTFIG00223-ces-millions-de-travailleurs-invisibles-du-numerique.php

 
 
 

Robert Bibeau

Auteur et éditeur

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