ÉLECTION EN RUSSIE – LE SACRE DE POUTINE

Bibeau.robert@videotrron.ca        Éditeur du webmagazine www.les7duquebec.com

L’économie détermine la politique, jamais l’inverse

 
Sous le mode de production capitaliste industriel et financier, l’économie est mondialisée ce qui entraîne que la politique et les médias sont aussi mondialisés. Notre grille d’analyse des élections « démocratiques » bourgeoises que nous venons de publier s’applique donc aisément au contexte russe comme nous allons le démontrer à partir du dernier cirque électoral moscovite. (1)
 

Le rôle d’une campagne électorale

 
Les élections démocratiques bourgeoises constituent le moyen par lequel l’histoire sélectionne les hommes politiques qui accompliront leur mission, qui mettront en œuvre les politiques économiques, sociales, militaires requises pour la perpétuation de ce mode de production. C’est la raison pour laquelle nous disons que la classe ouvrière sans pouvoir n’est nullement concernée par ces mascarades électorales qui se déroulent dans le camp adverse, afin de déterminer quelle faction de la bourgeoisie dirigera la destinée de l’ensemble de la société.
 
Quel que soit le pays où se déroule une élection « démocratique » bidon le scénario est immuable, la raison d’être de ces mimiques toujours identiques et les finalités de ce cirque électoral similaires depuis que ce système a été peaufiné, dans ses plus récentes modalités dans l’Europe victorienne du XIXe S.
 

Les élections se suivent et se ressemblent

 
Depuis deux ans nous avons étudié les élections bidon aux États-Unis, en France, au Royaume-Uni, en Allemagne, au Japon, en Espagne, en Italie, et voici que se déroulait le quatre mars 2018 la mascarade électorale en Russie ex-soviétique qui depuis l’effondrement du « Mur de Berlin » a épousé les modalités parlementaires et législatives alambiquées de l’Occident. (2)
 
Quel que soit l’État-nation concerné, une mascarade électorale a des fonctions nationales et des fonctions internationales similaires d’un pays à un autre.
 

Les quatre fonctions d’une mascarade électorale

 
La première fonction d’une élection « démocratique » (sic) est de propager l’illusion démocratique populiste citoyenne … Ce qu’Abraham Lincoln disait être : « la démocratie du peuple, par le peuple et pour le peuple » (sic). Il aura fallu des siècles à la bourgeoisie pour mettre au point ces mascarades électorales absolutistes qui émaillent la vie politique de tous les pays capitalistes (y compris de la Russie postsoviétique). Le capital ne propagea cette formule mystique qu’au moment où l’ayant rodé il eut le sentiment de bien la contrôler. Ce fut ensuite la tâche de la go-gauche et des suffragettes de mobiliser les militant(e)s afin de conquérir le privilège de se laisser berner lors d’élections truquées.
 
Les scrutins sont de brefs moments d’enfumage où l’électeur est convié à apposer une croix sur un bulletin, croyant ainsi choisir ses gouvernants, alors qu’en réalité la campagne électorale qui a précédé ne visait qu’à lui indiquer quel devrait être son choix et quels sont ceux à déconsidérer. De plus, la marge de manœuvre d’un élu se résume à si peu de chose qu’a la fin tous les candidats pourraient faire l’affaire, de gauche comme de droite ils font tous les mêmes politiques dictées par les financiers. Des centaines de millions de dollars, de roubles ou d’euros sont dépensés par les ploutocrates afin de programmer la « liberté de choisir » et si par mégarde l’électeur ne comprend pas son intérêt il sera toujours temps de contester l’élection en divulguant ses propres malversations. Contrairement à ce que prétend le mode d’emploi, dans cette mascarade l’électeur milliardaire – propriétaire de chaînes de médias à sa solde – n’a pas le même poids que l’ouvrier paupérisé. L’électeur lambda croit parfois qu’au cours de ces cirques populistes il choisit ses dirigeants. Voici ce que François Hollande, ex-Président français, disait à ce propos le jour de son assermentation : « Dans cette bataille qui s’engage, je vais vous dire qui est mon adversaire, mon véritable adversaire. Il n’a pas de nom, pas de visage, pas de parti, il ne présentera jamais sa candidature, il ne sera donc pas élu, et pourtant il gouverne. Cet adversaire, c’est le monde de la finance. Sous nos yeux, en vingt ans, la finance a pris le contrôle de l’économie, de la société et même de nos vies. Désormais, il est possible en une fraction de seconde de déplacer des sommes d’argent vertigineuses et de menacer des États » (Bourget, 26 janvier 2012). (3)
 
La seconde fonction intérieure d’une mascarade électorale est de produire du consentement, c’est-à-dire de compromettre le travailleur dans cette collusion mythique démocratique afin que chaque pèquenot muni de son crayon de votation se sente commis de respecter le choix majoritaire et d’endosser les politiques du Politique choisit, de taire ses commentaires et évidemment de s’abstenir de participer à tout mouvement de révolte non autorisé contre l’autorité programmée.
 
La troisième fonction nationale d’une mascarade électorale est d’établir le rapport de force au sein des factions internes qui se partagent le pouvoir véritable dans le pays. Cet aspect est très risqué comme nous avons pu l’observer aux États-Unis, au Royaume-Uni, en Belgique, au Japon, en France, en Espagne, en Italie, mais pas en Russie. En effet, le capital national expose ainsi ses tiraillements intérieurs, ses guerres intestines, ses faiblesses secrètes, qu’il accentue publiquement jusqu’à paralyser les institutions de gouvernance. Heureusement, l’appareil bureaucratique capitaliste, rompu aux tâches absolutistes, maintient le rafiot étatique à flot.
 
Ce qui nous amène à une fonction internationale de ces mascarades électorales : exposer sa force nationaliste chauvine, sa puissance, qui dépend largement de la cohésion et de l’unification nationaliste, et ainsi rassurer ses alliés et intimider ses concurrents. Admettons que pour la plupart des pays capitalistes occidentaux ce fut la démonstration de l’incohésion. Au milieu de la crise économique systémique en préparation les différentes factions – aux États-Unis notamment, mais pas seulement – se sont déchirées et tentent aujourd’hui de se paralyser. L’Allemagne a été sans gouvernement pendant plus d’un mois. L’Italie est sinistrée. La France a vu ses anciennes formations électoralistes, de gauche comme de droite, prendre la mesure de leur impopularité et Macron fait aujourd’hui face à une fronde sociale. L’Espagne n’a pas fini de s’autoflageller, Thérésa May voudrait enterrer le Brexit, mais cherche le moyen de se répudier…
 

Les résultats en Russie

 
Depuis l’effondrement de l’empire soviétique, la Russie capitaliste est soumise aux attaques de l’Occident, à l’endiguement diplomatique, aux sanctions économiques et aux pressions militaristes de l’OTAN. Le capital russe s’est donc rangé consensuellement derrière le candidat que l’histoire leur a forgé pour affronter ces calamités. Sur 110 millions d’électeurs 73 millions (67%) ont voté, de ce nombre, 55 millions ont voté Vladimir Poutine (76%). (4) C’est là une démonstration d’unité et de force probante, mais ce qui est très inquiétant c’est que ces votants sont obnubilés par le patriotisme nationaliste chauvin, l’ingrédient indispensable pour préparer une guerre comme l’histoire nous l’a enseigné. Aucun chef d’État occidental, c’est-à-dire aucun pion du grand capital, n’a réussi un tel exploit. Étrangement, jusqu’au jour de votation les capitales européennes, Londres en tête de peloton, attisaient les braises du chauvinisme grand russe comme s’ils souhaitaient renforcer le score de Poutine, le champion de la « résistance » qui justement quelques jours auparavant dévoilaient les nouvelles armes de l’Armée rouge. (5)
 

Les conséquences de cette mascarade électorale réussie

 
Il faut dire que le grand capital russe est soumis aux pressions constantes de ses concurrents occidentaux auxquels il dispute une zone d’influence en Europe de l’Est qui va de la Baltique à la Mer Noire, courant de l’Oder jusqu’au Danube, une région que convoite aussi l’Allemagne, la deuxième puissance économique de l’OTAN, et la première du continent. Ce n’est pas l’aveuglement des dirigeants européens, ou les politiques belliqueuses de l’OTAN qui poussent les puissances occidentales contre « Poutine le tsar du Kremlin » ce sont là des supputations de géopoliticiens. Depuis le XIXe siècle, l’Europe de l’Est est « L’espace vital » que convoite l’impérialisme allemand et le glacis qu’espère l’empire russe. L’Europe unifiée ne peut que se ranger du côté de la puissance qui détient les cordons de la finance européenne.
 
L’élection de Vladimir Poutine pour un 4e mandat signifie que le grand capital russe, s’appuyant sur des matières premières importantes – des valeurs sures contrairement à des actions « évaporées » sur des bourses malmenées – continuera de tenir la dragée haute au capital occidental, mais il cessera de tenter de négocier son entrée dans la communauté européenne et le capital russe développera son commerce en direction de la Sibérie, de l’Asie, de ses anciennes colonies et de la Chine empruntant la  Route de la soie. (6)
 

Il est évident que la contamination des ouvriers russes par l’idéologie petite-bourgeoise nationaliste et réformiste, ainsi que par les idées archaïques religieuses et patriotiques, est profonde, mais n’oublions pas que 37 millions de prolétaires russes n’ont pas participé à cette parade électorale ce qui signifie qu’en moins de 30 ans une bonne proportion des travailleurs ex-soviétiques ont déjà percé la fumisterie des mascarades électorales ou la main gauche du capital bataille contre sa main droite. (7)

 


 

NOTES

 
 

  1. Robert Bibeau (2018). La démocratie aux États-Unis. Les mascarades électorales. L’Harmattan. Paris. 156 pages. http://www.les7duquebec.com/7-au-front/la-democratie-aux-etats-unis-les-mascarades-electorales/
  2. http://www.les7duquebec.com/actualites-des-7/les-elections-russes-etaient-arrangees/
  3. René Naba (2017). http://www.les7duquebec.com/7-au-front/merci-pour-ce-mandat-francois-hollande/
  4. http://www.les7duquebec.com/?s=guerre+mondiale
  1. http://www.les7duquebec.com/actualites-des-7/elections-russes-blanche-neige-et-les-sept-nains/
  2. http://www.les7duquebec.com/?s=route+de+la+soie
  1. http://www.les7duquebec.com/7-au-front/italie-la-main-gauche-du-capital-bataille-contre-la-main-droite/

 

Robert Bibeau

Auteur et éditeur

5 réflexions sur “ÉLECTION EN RUSSIE – LE SACRE DE POUTINE

  • 25 mars 2018 à 11 h 51 min
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    @ Robert
    Les terroriste ne sont pas les peuples victimes des bombardements .
    Les terroristes c’est ceux qui bombardent les peuples.
    Des tonne de munitions d’URANIUM APPAUVRI radio actives ont été déversé en Iraq elle rendent le monde malade de cancer, les enfants naissent difforme car dans le ventre des mères ils sont bombardé de radiations Alfa qui perturbent leur ADN….POUR 4 milliard d’années le temps de perdre leur radiation.

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  • 25 mars 2018 à 12 h 11 min
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    EXCELLENTES REMARQUES BERNARD
    1) Les prolétaires russes (rappel toi que pour moi LES RUSSES en général ça n’existe pas chaque russe fait partie d’une classe sociale comme les canadiens et les américains) doivent préparer le renversement de leur oligarchie Gorbatchev ou Eltsine l’ivrogne ou Poutine le milliardaire c’est pareil en terme de rapports de production capitalistes
    2) Sachant que les l’éclatement de l’Occident est en marche cela je te l’accorde et sachant que les ÉMERGENTS S’APPRÊTENT à déloger les vieilles puissances hégémoniques.
    3) Non je ne sui pas d’accord « qui veut la paix ne prépare pas la guerre » – ce sont des conquérants guerriers qui disaient cela pour justifier les malversations que l’histoire leur intimait de commettre – et effectivement ils ont – comme Napoléon – détruit des millions de vie de sans-culottes – de culs blancs et dans toute l’Europe revêche à se mettre sous la botte de la bourgeoisie française.
    4) Les guerres n’éclatent pas quand un pays a acquis une supériorité militaire = les guerres éclatent quand les rapports de production entravent le développement des moyens de production dont les forces sociales productives – entrainant sous le mode de production capitaliste du moins – l’incapacité de VALORISER – LE CAPITAL. La concurrence intercapitalistes les amènent – pour relancer la valorisation du capital – à s’armer – après une période de guerre commerciale (qui est amorcer justement) – afin d’acquérir un avantage – et de placer leur concurrent sous leur domination en lui arrachant ses marchés.
    5) L’histoire nous enseigne que tout est économique d’abord. Ainsi Japon et Allemagne vaincu militairement en 1945 – ont aussitôt recommencé à exploiter leur prolétariat et se sont reconstitué une industrie plus florissante que les États-Unis vainqueur militaire pourtant et donc en pointe dans le développement des contradictions capitalistes.
    6) Les USA tomberont les premiers parce qu’ils sont les premiers de cordée suivit par tous ceux qui font partie de leur cordée Allemagne – France – Canada – Royaume-Uni (le Japon c’est déjà commencer)
    7) Pour ce qui est de LA CHINE – LA RUSSIE ET de L’IRAN TU AS RAISON JE L’OBSERVE COMME TOI – CES TROIS PAYS ONT UN TON PLUS CONCILIANT apparemment plus pacifique que le vieil Occident – USA-France-Allemagne-Royaume-Uni mais cela tient strictement au fait que ces derniers sont engagés sur la voie du déclin – de la décadence – économique d’abord et sous les autres formes ensuite – alors que les précédents sont engagés sur la voie de l’émergence – ce sont les aspirants qui dépouilleront les premiers de leur statut hégémonique – ils le font avec retenue c’est vrai plutôt qu’avec la vielle arrogance occidentale… au début de leur règne du moins
    8) Ce que tu dois tenter d’anticiper c’est quelle sera leur attitude une fois qu’ils seront au faite – hégémonique à leur tour ??? L’Histoire leur cherchera des remplaçants de type TRUMP-BOLTON chinois – russe – iranien pour remettre à leur place les puissances transnationales prétendantes à l’hégémonie – et une autre guerre commerciale appellera une autre guerre mondiale etc.
    9) À propos de la Crimée tu as raison – un fait divers sur le parcours mondial vers la guerre nucléaire VOILÀ CE QUI ME PRÉOCCUPE – pas de trancher qui agresse qui et donner les bons et les mauvais points aux survivants…
    Merci infiniment pour ton post Bernard
    Robert Bibeau

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  • 26 mars 2018 à 2 h 47 min
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    Alors Robert, toujours dans le matérialisme vulgaire et non dialectique quand tu affirmes: « L’économie détermine la politique, jamais l’inverse » Il te faut lire Pannekoek
    et son »Lénine philosophe » et Karl Korsch « Marxisme et philosophie » pour sortir du matérialisme vulgaire l’ être ne marche pas qu’ avec ses jambes il marche aussi avec sa tête. sue le plan économique Marx et Engels avaient tellement insisté sur le primat de l’ économie qu’ils allaient devoir s’ expliquer:
    « D’après la conception matérialiste de l’ histoire, le facteur déterminant dans l’ histoire est, en dernière instance, la production et la reproduction de la vie réelle. Ni Marx,ni moi n’ avons jamais affirmé davantage. Si, ensuite, quelqu’un dénature cette proposition pour lui faire dire que le facteur économique est le seul déterminant, il la transforme en une formule vide , abstraite, absurde. La situation économique est la base, mais les différents moments de la superstructure- formes politiques de la lutte de classes et les résultats de celle-ci -constitutions établies une foie la bataille gagnée par la classe victorieuse, etc,- formes juridiques, et même à leur tour les reflets de toutes ces luttes réelles dans le cerveaux des participants, théories politiques, juridiques, philosophiques, conceptions religieuses, et leur développement ultérieur en système de dogmes, exercent également leur action sur le déroulement des luttes historiques et, dans beaucoup de cas , en déterminent de façon prépondérante la forme. ».( Engels à Joseph Bloch, Londres, 21 septembre 1890.)
    Il y a camarade une lutte idéologique a mener

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    • 26 mars 2018 à 12 h 53 min
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      @ oeil de Faucon
      Excellente remarque que tu fias ici et je suis totalement d’accord avec cette mise au point
      VRAI l’évolution – le développement de la lutte de classe est dialectique ce qui signifie tu as raison de le souligner que sur l’infrastructure économique – les moyens de production dont les forces productives – s’érige une superstructure de rapports de production des instances politique et idéologique tels qu’Engels les décrit.
      Alors pourquoi avoir écrit ce sous-titre réducteur ????
      Pour plier la tige au-delà du raisonnable, afin de lui faire reprendre sa droite ligne en exagérant le mouvement dans l’autre sens car à mon humble avis depuis les méfaits de la go-gauche depuis les bolchéviques plus précisément la barre d’acier de la lutte de classe a été totalement gauchi et s’est répandu l’idée que la lutte de classe n’était que besogne POLITIQUE – Dans le sens idéaliste bourgeois – kantien et hégélien du mot politique – et aussi IDÉOLOGIQUE – LES INTELLECTUELS petits-bourgeois adorent les joutes idéologiques et cherchent le mot – la phrase ou la paraphrase pour prendre l’adversaire en défaut … faisant avancer en quoi la lutte de classe ????
      Je crois sincèrement que nous devons FORCER LE TRAIT VERS L’ÉCONOMIE COMME DISAIT LÉNINE – PAR LES TEMPS QUI COURS où la go-gauche totalement ignare des choses économiques philolosophes et devises sur les qualités et défauts des marionnettes politiques que le capital en détresse lui jette en pâture
      Poutine est sans importance sinon celui d’être le fonctionnaire du capital russe qui fait du bon boulot pour sa classe et pas pour la classe prolétarienne russe = LE SENS PROFOND DE MON ARTICLE
      MERCI CAMARADE
      ROBERT BIBEAU http://WWW.LES7DUQUEBEC.COM

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