7 de garde

Pourquoi l’Europe a peur des Routes de la soie

Par Pepe Escobar    Sur Mondialisation.ca. Le  26.04.2018.
.
Pendant que « le monde » s’amuse des galipettes de Donald Trump le bouffon blond à la télévision, ou se scandalise des malversations de quelques polissons-parisiens, le grand capital international manigance dans l’antichambre pour se partager le monde des affaires, du commerce, des investissements et de la plus-value. C’est l’objet de l’article du journaliste Pepe Escobar que nous présentons ci-dessous. Article intéressant pour ce qu’il dévoile des activités de ses patrons chinois et pour ce qu’il dévoile des intentions réelles de leurs concurrents européens.
1) Emmanuel Macron, non pas le roi comme le suggère Pepe, mais le ministre des affaires étrangères de l’UE (donc de l’Allemagne),  en visite en Chine déclare : « Après tout, les anciennes Routes de la soie n’ont jamais été uniquement chinoises » manifestant ainsi l’intention européenne d’être partenaire dans ce vaste plan Marshall -chinois du XXIe siècle. Et Macron de renchérir : « Ces routes » ne peuvent pas être celles d’une nouvelle hégémonie, qui transformerait ceux qu’elles traversent en vassaux ». Malheureusement Monsieur Macron on ne peut avoir le beurre et l’argent du beurre ce que Pepe ne dit pas.  En effet, les Routes de la soie sont celles d’une nouvelle hégémonie pour remplacer celle en déclin des américains.
2) Pepe Escobar signale judicieusement que : « le grief numéro un de l’Union Européenne, à savoir comment les Chinois jouent le jeu du commerce extérieur/ investissement. »
3) Que faut-il comprendre ? Pour répondre examinons une autre allégation : « Macron a poussé la bureaucratie de la Commission européenne à durcir les règles antidumping », il faudrait lire : durcir les règles du commerce avec la Chine afin de la forcer à investir en Europe calamitée.
4) Conclusion : L’Union Européenne reçoit le nouvel empereur chinois les bras ouvert mais  exige que son ère d’hégémonie montante (en remplacement de ces misérables capitalistes américains empêtrés au Moyen-Orient qui n’est plus du tout le centre névralgique de la politique mondiale). que cette ère de Nouvelles Routes de la Soie (BRI) vienne avec des marchandises à bas prix mais aussi avec des crédits, du capital, des investissements, des yuans (pour remplacer les pétrodollars plombés).
Bref, le grand capital européen chauvin – par la bouche de Macron son ambassadeur plénipotentiaire veut lui aussi participer à la tonte des prolétariats européens « nationaux » – et surtout  internationalistes comme il sied en ce monde capitaliste mondialisé.  Robert Bibeau. Éditeur :  http://www.les7duquebec.com

 


C’était tout d’abord comme une sorte de scandale mineur – si l’on considère le  » cycle de nouvelles post-vérité 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 « . Sur les 28 ambassadeurs de l’UE à Pékin, 27, à l’exception de la Hongrie, ont signé un rapport interne critiquant les Nouvelles Routes de la Soie comme une menace non transparente au libre-échange, favorisant prétendument la concurrence déloyale des conglomérats chinois.
Le rapport a d’abord été divulgué par le célèbre journal économique allemand Handelsblatt. Les diplomates de l’UE à Bruxelles ont confirmé son existence à Asia Times. Ensuite, le ministère chinois des Affaires étrangères a calmé les turbulences, en disant que Bruxelles avait expliqué de quoi il s’agissait.
En fait, tout est une question de nuances. Quiconque connaît le dysfonctionnement de l’Eurocrate Bruxelles sait qu’il n’y a pas de politique commune de l’UE à l’égard de la Chine – ou même de la Russie.
Le rapport interne mentionne comment la Chine, via les Nouvelles Routes de la Soie, ou Belt and Road Initiative (BRI), poursuit des objectifs politiques nationaux tels que la réduction des capacités excédentaires, la création de nouveaux marchés d’exportation et la sauvegarde de l’accès aux matières premières.
C’est une logique chinoise évidente intégrée au BRI depuis le début – et Pékin ne l’a jamais nié. Après tout, le concept lui-même a d’abord flotté au sein du ministère du Commerce, bien avant les annonces officielles du président Xi Jinping à Astana et à Jakarta en 2013.
Les perceptions du BRI varient selon les diverses latitudes. Les pays d’Europe centrale et orientale sont pour la plupart enthousiastes, car le BRI est synonyme de projets d’infrastructure dont le besoin se fait cruellement sentir. Il en va de même pour la Grèce et l’Italie, comme l’a rapporté Asia Times. Les ports du Nord comme Hambourg et Rotterdam sont en fait configurés comme des terminaux BRI. L’Espagne est très intéressée par l’époque où le train de marchandises Yiwu-Madrid va passer au train à grande vitesse.
Pour l’essentiel, c’est aux entreprises de certains pays de l’UE de décider de leur degré d’intégration avec ce que Raymond Yeung, l’économiste en chef de l’ANZ pour la Chine élargie, décrit comme  « la plus grande expérience économique de l’histoire moderne ».
Regardez les ingénieurs chinois
Le cas de la France est emblématique. Le président Emmanuel Macron – maintenant en offensive géopolitique massive pour se couronner roi non officiel de l’Europe – a fait l’éloge du BRI lorsqu’il s’est rendu en Chine plus tôt cette année.
Mais la nuance, une fois de plus, s’applique : « Après tout, les anciennes Routes de la soie n’ont jamais été uniquement chinoises » , a dit Macron dans Xian au Daming Palace, la résidence de l’ancienne dynastie Tang Tang de l’Ancienne Route de la Soie pendant plus de deux siècles. « Ces routes », ajouta Macron, « ne peuvent pas être celles d’une nouvelle hégémonie, qui transformerait ceux qu’elles traversent en vassaux ».
Macron se préparait donc déjà à détourner les relations UE-Chine et à aller au-delà du grief numéro un de l’UE, à savoir comment les Chinois jouent le jeu du commerce extérieur/investissement.
Macron a poussé la bureaucratie de la Commission européenne à durcir les règles antidumping contre les importations d’acier chinois et à imposer un filtrage à l’échelle de l’UE des acquisitions dans des secteurs stratégiques, en particulier en provenance de Chine.
Parallèlement, pratiquement tous les pays de l’UE – et pas seulement la France – souhaitent un meilleur accès au marché chinois. Bien que Macron ait vanté un mantra optimiste – « l’Europe est de retour » – en termes de compétitivité de l’UE, cela masque à peine la peur primordiale européenne ; le fait que c’est peut-être la Chine qui devient trop compétitive.
Le BRI, pour Pékin, est une projection géopolitique mais surtout géo-économique – y compris la promotion de nouvelles normes et standards mondiaux qui peuvent ne pas être exactement ceux pratiqués par l’UE. Et cela nous amène au cœur de la question, non annoncé par le rapport interne qui a fait l’objet d’une fuite ; l’intersection entre BRI et Made in China : 2025.
Beijing vise à devenir un leader mondial de la haute technologie en moins de sept ans. Made in China : 2025 a identifié 10 secteurs – dont l’intelligence artificielle, la robotique, l’aérospatiale, les voitures vertes, le transport maritime et la construction navale – comme des priorités.
Le commerce bilatéral Chine-Allemagne, à 187 milliards d’euros l’an dernier, est bien plus important que les échanges Chine-France et Chine-Royaume-Uni, avec 70 milliards d’euros chacun. Et oui, Berlin est inquiet. Made in China : 2025 représente une « menace » importante pour les entreprises allemandes de qualité supérieure produisant des biens de fabrication haut de gamme.
Cette époque pourrait bien être révolue lorsque la Chine aura acheté des quantités phénoménales de machines allemandes – plus les inévitables BMW et Audi. La nouvelle normalité indique qu’une armée d’entreprises chinoises remonte la chaîne à valeur ajoutée à une vitesse fulgurante.
Comme l’a dit le PDG de Bauer Thomas Bauer à Reuters : « (La rivalité avec la Chine) ne sera pas un combat contre des copieurs. Ce sera contre des ingénieurs innovateurs. »
Naviguer dans l’économie bleue
Le rapport Blue China ; Navigating the Maritime Silk Road to Europe élargit utilement la portée du débat, en soulignant que le développement de la Route maritime de la soie peut être encore plus crucial que les corridors de connectivité terrestre.
Le rapport reconnaît que la Route de la soie maritime affecte déjà l’UE en termes de commerce maritime et de construction navale, et pose quelques questions sur la présence mondiale croissante de la marine de l’APL. Elle recommande que l’UE   « imite l’économie bleue de la Chine en tant que moteur de croissance et de richesse, et encourage l’innovation pour répondre aux politiques industrielles et de R&D bien financées de la Chine » .
L’ « économie bleue » est fortement présente dans Made in China : 2025 – surtout en termes d’innovation dans l’infrastructure portuaire et le transport maritime. Du point de vue de Pékin, il s’agit toujours de réduire les coûts du commerce maritime – mais cela dépendra toujours, bien sûr, de la poursuite de la hausse des prix du pétrole, comme le souhaitent l’OPEP et la Russie.
Dans l’état actuel des choses, la bureaucratie de l’UE doit avoir peur, sentant la possibilité d’être coincée entre la Chine de haute technologie et l’Amérique d’abord de Trump. Et cela ne tient même pas compte de l’inévitable conflit géostratégique entre le BRI et l’ « Indo-Pacifique libre et ouvert » qui doit être géré, en théorie, par les États-Unis, le Japon, l’Inde et l’Australie ; plus qu’un vaste projet d’intégration économique eurasienne, c’est une patrouille glamourisée de la mer de Chine méridionale.  (En effet, le nouveau centre géostratégique de la politique mondiale. Oubliez  le Moyen-Orient.  NDLR – Robert Bibeau)
Il y aura un sommet UE-Chine en juillet, puis un sommet Allemagne-Chine plus tard dans l’année. Des étincelles non transparentes vont voler.
Pepe Escobar
 
Source : Why Europe is afraid of the New Silk Roads, Asia Times, le 25 avril 2018.
Traduction : AvicRéseau International
 

Robert Bibeau

Auteur et éditeur

6 réflexions sur “Pourquoi l’Europe a peur des Routes de la soie

  • Je suis parfaitement d’accord avec toi Robert, Pepe Escobar analyse au scalpel et dans un style déjanté à souhait, pour autant j’ai toujours regretté qu’il croit encore possible que seule l’intégration Eurasiatique puisse sauver le monde et surtout que le Système soit réformable de l’intérieur.
    Et je l’ai souvent souligné, en critique, dans nombre de mes billets.
    Et avec Résistance 71, qui l’a souvent traduit, on s’est publiquement, très souvent fait la remarque que : s’il part d’un bon principe (Pepe Escobar), celui d’une rayonnance universelle de l’humanité, mais celle-ci si bien évidemment souhaitable étant l’avenir de l’Homme, ne pourra pas survenir dans le système que nous subissons… Nous devons transcender l’antagonisme pour embrasser la complémentarité, ceci ne pourra JAMAIS se produire dans un monde divisé et où se succède empire après empire.
    Alors il n’est vraiment pas le seul dans ce cas, n’est-ce pas ?

    Répondre
    • robert bibeau

      On ne se comprend pas bien JBL – je ne trouve pas du tout que Pepe Escobar analyse au scalpel ni de manière déjanté mais alors pas du tout. Dans la première partie de ce texte la zone en bleue je démontre plutot que Pepe Escobar est très orienté dans son analyse = orienté pro impérialisme – néo-libéral pro chinois. Je sais que tu déteste vraiment les Néo-cons expression que tu as récupéré sur le net et que tu utilises abondamment MAIS les néo-libéraux PRO-CHINOIS SONT tout aussi pernicieux que les NÉO-CONS Les impérialistes chinois tout aussi dangereux que les impérialistes américains et européens que les impérialistes russes.
      Je ne crois pas du tout que Pepe Escobar ni d’autres que je publie ici pourtant comme tu écris « partent d’un bon principe (Pepe Escobar), celui d’une rayonnance universelle de l’humanité » Ils sont au service de l’autre axe de domination – vers l’hégémonie. Reli et mon introduction et son texte deux – trois fois – les nuances sont importantes. Ainsi PEPE ment à propos des Routes de la soie ils ne sont pas le salut de l’humanité mais la poursuite du système capitaliste, la solution pour la continuation du capitalisme après l’Amérique
      En Passant c’est quoi ça : « la rayonnance universelle de l’humanité » ??????
      Alors si vous devez à nouveau diffuser Pepe prenez la peine comme moi je fais d’ajouter un guide de lecture à l’usage de vos lecteurs ce que je fais très souvent avec des tas de vedettes du petit et du grand écran que les médias de gouvernance nous offre en pâture benoitement.
      Merci pour ton post JBL1960
      Robert Bibeau http://www.les7duquebec.com

      Répondre
  • MANIFESTE

    @ Robert Bibeau
    Marrant parce que nous on ne le lit quasiment plus, pour la raison que tu invoques si justement. Il faut lire le pépé d’il y a 4-5 ans et plus, il était alors au top de sa pertinence… pépé fait une erreur commune: celle de croire que le système changera si on change le système économique en le rendant plus « juste », plus « équitable ». Ce n’est qu’un leurre, il ne peut pas y avoir de solution économique, car l’économique est une dérive de l’organisation politique et non pas l’inverse. Il faut avant tout une reprise du pouvoir non pas pour que le peuple/prolétariat s’arroge les moyens de production ce qui n’est que du capitalisme d’état à la sauce marxo-lénino-trotskiste en maintenant les institutions en place, mais en détruisant les institutions en changeant de mode relationnel et organisationnel, en embrassant les associations libres se confédérant dans leur complémentarité intrinsèque rendant ainsi les institutions obsolètes.
    De plus Pepe ne parle même pas de « changer de mode de production » mais de faire glisser un empire vers un autre avec une Eurasie devenant le nouveau cœur impérialiste de l’affaire. Bref changer pour être sûr que rien ne change…
    Le Pepe est devenu inconséquent, dommage.
    Nous remarquons une chose: bien des journalistes, penseurs, essayistes politiques, géopolitiques etc… essayant de penser et d’analyser hors du moule de la doxa font en général un bon boulot critique du système tant qu’ils s’en tiennent à la critique. Le problème commence dès que ces personnes commencent à vouloir anticiper sur les solutions et ne voient que « l’économique », immanquablement ça part en sucette quelque soit la direction prise, Pepe en est un exemple typique. Penser « économique » est un leurre et une erreur parce que l’économique n’est pas le moteur primordial de la société humaine. Il faut sortir de la boîte pour constater à quel point l’enfumage est grave…
    Nous devons nous consacrer à reprendre le contrôle du décisionnaire, le faire de manière associative complémentaire, abandonnant le côté obscur de l’antagonisme. C’est la base de ce que sera la société des sociétés, tout le reste n’est que pisser dans un violon en en attendre la 6ème de Beethoven !…
    Fraternellement

    Répondre
    • ROBERT BIBEAU

      @ Manifeste
      Je ne crois pas que vous vous en rendiez compte mais nous nous rapprochons beaucoup idéologiquement
      Quoique une grande contradiction nous oppose toujours
      1. Je suis matérialiste dialectique alors que vous êtes idéaliste métaphysicien socratique
      2. Je pense personnellement que tout repose sur le monde réel – concret – physique – tangible Tout comprenant le mode de production définit comme – suivant les époque – la manière que l’espèce humaine se reproduit socialement (en tant que société)
      3. Dis-moi comment tu produit et je te dirai dans quelle société tu vi
      4. Là où nous nous confrontons c’est sur la façon que la société (pas nous petite fourmis dans la fourmillère) comment la société constatant le non fonctionnement – la limite atteinte avec l’ancien mode de production – capitaliste en l’occurrence (dans sa forme libérale-totalitaire-étatique ou dans sa forme socialiste dirigiste-totalitaire-étatique) comment fera-t-elle pour transcender ses contradictions internes et faire émerger un nouveau mode de production libérant les forces productives pour une production accrue
      5. Ici vous détacher complètement l’infrastructure économique de la superstructure sociale, politique, idéologique et vous préconisez de convaincre les gens (les fourmis) et de leur proposer de se créer des cellules sociales à l’extérieur du système indépendant du système sans lien avec le système – bref de créer un nouveau mode de production à l’intérieur du système (car l’extérieur du système n’existe pas sur terre – il faudrait partir pour Mars en laissant tout y compris sa pensée sur Terre) en faisant semblant que le système n’existe pas. Bref, la ZAD de Notre-Dames-des-Landes ou les communes hippies des années 60.
      6. Moi je dis plutôt que le mode de production capitaliste = le système = fonctionnant économiquement et politiquement et idéologiquement et socialement de mal en pis va sécréter son anti-virus (résistance et opposition) à l’intérieur du système – dedans puisqu’il ne peut exister de dehors –
      7. Cette sécrétion naturelle d’anti-virus dans le système mais tuant le système de l’intérieur ça s’appel l’insurrection populaire qui passera après 1, 2, 3, 4, ou 5, 6, 7 essais rater (Communes, Révolution bolchévique, chinoise, vietnamienne, Mai-68 etc. etc.) à un grand bouleversement – les conditions objectives (économiques – la façon de se reproduire physiquement socialement) et les conditions subjectives (la politique, l’idéologique, le médiatique, les communications etc. ) étant alors à maturité ou presque (l’évolution se poursuivra en accéléré pendant toute la phase insurrectionnelle et aussi révolutionnaire) étant par ailleurs à maturité.
      8. Alors, et alors seulement le système étant détruit de l’intérieur = détruit je le répète = la société = la communauté des hommes sera contrainte de se restructurer – de construire un nouveau mode de production – la politique, l’idéologie, la pensée, le savoir, le savoir faire le savoir apprendre, social s’épanouira dans une grande révolution sociale qui fera émergé une société des sociétés (oui possiblement) quelque chose d’autre qui ne pourra reposer que sur ce que l’on connait déjà mais pour le dépasser – le transcender
      9. Car je demeure matérialiste et donc je crois que l’instance politique et l’instance idéologique de l’animal humain repose sur son expérience sociale concrète.
      10. DE quoi aura l’air ce nouveau système – ce nouveau mode de production = je n’en sais que peu de chose – très peu – et j’évite de présenter mes phantasme personnelle comme vérité révélée
      11. Mais j’aimerais infiniment que ce nouveau système réponde à la maxime DE CHACUN SELON SES CAPACITÉS À CHACUN SELON SES BESOINS MAIS déjà je ne suis plus sur terre
      Robert Bibeau http://www.les7duquebec.com

      Répondre
  • MANIFESTE

    oui Robert on t’avait dit que nous n’étions pas si éloignés…
    En réponse à tes 11 points:
    1- Nous provenons plus de ce fond philosophique oui avec la grande nuance que contrairement à la philosophie idéaliste commencée avec Socrate et qui connut son apogée avec Hegel, nous ne nous en remettons pas à une « raison » incarnée dans l’histoire en l’État, bien au contraire
    2- Nous pensons que beaucoup repose sur le concret, le tangible, mais que les sociétés humaines possèdent un « esprit » de cohésion et de logique qui leur est inhérente par nature mais qui diffère dans sa forme selon la culture dans laquelle elles baignent. Nous pensons « esprit » dans le sens que lui donnait Gustav Landauer et sa notion « Geist ». Nous n’avons pas la même définition de « mode de production » qui pour nous n’est qu’un aspect mécanique de l’affabulation économique qui dit être abandonnée.
    3- oui, mais ce n’est qu’un aspect et pas le primordial. Le primordial étant: dis-moi comment tu décides, qui a le pouvoir et je te dirai qui tu es…
    4- Pour nous, après longue étude anthropologique et réflexion, ce n’est pas un « nouveau mode de production » qui sera la solution. Celui-ci sera la CONSEQUENCE d’une réappropriation du pouvoir décisionnaire et de sa redilution dans le corps social. Le « changement de mode de production », l’abandon du capitalisme, sera une décision POLITIQUE car la question essentielle est toujours celle du POUVOIR. L’économique n’en est qu’une dérive et suivra. Il est vrai que depuis la fin de la seconde guerre mondiale, la capital a été capable de tout acheter y compris le politique en cela celui-ci lui est aujourd’hui assujetti, mais ce n’est que conjoncturel et en rien inéluctable. Décider de reprendre le contrôle n’est pas économique mais politique, c’est un acte de pouvoir, de décision. Qui prend les décisions aujourd’hui ? qui les prendra demain? tout est là. Le facteur « économique » suivra, de fait il devra disparaître avec l’État et l’argent.
    5- Non pas d’accord, relis-nous bien, nous ne préconisons en rien de « séparer » quoi que ce soit, nous préconisons un retour aux associations libres se confédérant entre elles en ignorant/refusant toutes interactions avec les institutions ce qui supposent des organisations autonomes sur les lieux de travail, de voisinage etc… cela voudra dire la reprise en main, l’expropriation si tu veux de ce qui devra l’être. Commencer par ce qui gênera le moins les institutions gagner en audience, fournir un modèle pratique et de la faire boule de neige, à un moment donné, désobéissance civile et confrontation seront inévitables mais si les associations libres coopérantes se liguent dans la complémentarité, les institutions seront impuissantes et tomberont d’elles mêmes en désuétude, nous te rejoignons ici. Ceci rejoint le principe énoncé par Victor Hugo, grand sympathisant de la Commune et ami de Kropotkine pour qui il pétitionna pour le faire sortir des geôles françaises, qui disait: « Aucune armée ne peut résister à une Idée dont l’heure est venue. »
    6- On est d’accord et ce virus est l’embryon de la société des sociétés, l’association volontaire et la confédération des Communes libres. Il existe déjà il n’est pas encore actif. Il est un antidote, un exogène injecté dont la souche est commune: la société… c’est pour cela qu’il sera efficace.
    7- oui, mais pas forcément violente. Les associations libres se confédérant en sont peut-être l’arme absolue. L’histoire l’a déjà prouvé même si par trop brièvement, on a eu des flashes de ce que ça pourrait donner. Il faudrait pouvoir le réaliser dans un volume suffisant qui empêcherait sa perpétuation dans une conjoncture de guerre civile… comme tu dis, ça viendra.
    8- oui, on est d’accord, on pense qu’il est possible de le faire avec un minimum de violence voire même sans violence du tout si la conjoncture s’y prête et le volume de participants aux associations libres passaient les 15% des populations . Imagine en France, 9 à 10 millions de personnes sur 65 millions, actives dans des communes libres fonctionnant hors des institutions et du système, c’est fin de partie pour l’oligarchie, l’État ne peut plus contrôler un tel volume de gens qui reprennent le pouvoir pour le maintenir au sein du corps social et reprennent le contrôle de leurs décisions.
    9- Nous pensons que tout est étroitement imbriqués et que tel ou tel facteur a été prépondérant favorisant tel ou tel situation à une période donnée, ainsi depuis 70 ans (1/1000 de goutte d’eau dans l’histoire de l’humanité) des facteurs ont amener la prépondérance économique par le moyen du capitalisme. Ce n’est que conjoncturel et peut-être stoppé, non pas de manière « économique » par un « changement de mode de production », mais par la reprise du pouvoir décisionnaire par le corps social, redonnant son « esprit », son « Geist » à une société devenue zombie et anesthésiée par la dictature de la marchandise.
    10- On te rejoins là-dessus, c’est pourquoi un débat s7en est issu entre nous après la publication de notre « manifeste de la société des sociétés » pour savoir si, comme nous le demandaient aussi des lecteurs, on n7en ferait pas une suite pour expliquer ce que pourrait être dans la pratique une telle société. L’idée est certes tentante, mais par consensus nous avons décidé que le faire serait en qq sorte imposer une sorte de « plan de marche » et nous constituer en une sorte « d’avant-garde » soi-disant éclairée, ce ne serait pas notre intention, mais bien des gens le percevraient de la sorte et nous le claqueraient sur le museau et sans doute à juste titre. Donc, oui, pas de projections dans ce qu’on ne connaît pas. On ne peut que pointer dans la direction de ce qui a déjà historiquement été fait, les brouillons en qq sorte comme la Commune de 1871 et la révolution sociale espagnole de 1936-39 en faisant remarquer les faiblesses et certaines raisons de leur échec. Pour le reste, ce sera aux gens de décider le moment venu.
    11- Nous sommes d’accord. Cela n’empêche pas de débroussailler au mieux certaines idées… ce n’est que notre modeste contribution à la grande marche vers l’émancipation finale.
    Merci des échanges Robert
    Fraternellement

    Répondre
  • Ping : Le RCEP s’arrime aux Nouvelles routes de la soie – les 7 du quebec

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

En savoir plus sur les 7 du quebec

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Poursuivre la lecture