L'ALLIANCE ATLANTIQUE S'EFFRITE
Par RT. Le 23.05.2018. Sur RT-France.
Pendant que les politiciens bourgeois s’invectivent à propos des crimes avérés d’Israël, ce protectorat américain au Proche-Orient ensanglanté, le torchon brûle en Europe (Union européenne première économie mondiale). Ces disputes sont la conséquence de la crise qui perdure bien sur, mais aussi du coup de force de Wall Street qui, se retirant de l’accord sur le nucléaire iranien afin de faire monter le prix du baril de pétrole, fait aussi pression sur les puissances impérialistes européennes (Allemagne – France – Royaume-Uni) afin qu’elles emboîtent le pas, ce qu’elles ne veulent pas. L’Allemagne a décidé que Francfort tiendrait tête à Wall Street et afin de préparer sa résistance à l’Oncle Sam, les financiers allemands sonnent le rappel monétaire et budgétaire européen. Seul un euro fort pourra permettre de résister au pétrodollar et le déloger de sa position hégémonique sur les marchés mondiaux. Voilà la signification profonde de la guerre commerciale entrepris par Donald Trump, et du chassé croisé avec Berlin. En conséquence, les financiers Allemands ne veulent rien savoir de transmettre des pouvoirs supplémentaires aux pleutres administrateurs de Bruxelles (Juncker et compagnie) – ce que les financiers français se proposaient de faire comme vous le lirez ci-bas. De fait, l’Allemagne reprend les rennes de l’Union et le porte-parole français des affaires étrangères européennes n’a qu’à bien se tenir comme vous le verrez dans le texte ci-dessous. Les mauvais élèves européens (Italie, notamment) pourraient même être expulsés de la confrérie de l’Euro. Robert Bibeau. http://www.les7duquebec.com
Dans une tribune publiée par un des principaux quotidiens allemands, des économistes plaident pour une Europe de la rigueur et dénoncent le projet de réforme de l’euro du président français. Ils recommandent même une procédure de sortie de l’euro.
154 professeurs d’économie allemands mettent en garde contre la poursuite du développement de l’union monétaire et bancaire européenne vers une «union de la responsabilité» que certains médias français ont préféré traduire par «union de la dette». Leur lettre ouverte, publiée le 21 mai – jour de l’annonce de la formation du nouveau gouvernement italien – par le quotidien allemand Frankfurter Allgemeine Zeitung (FAZ) s’en prend directement au président français et à celui de la Commission européenne. Ainsi ils écrivent : «Les propositions du président français Macron et du président de la Commission européenne, Juncker, mentionnées dans l’accord de coalition présentent de grands risques pour les citoyens européens.»
En effet, l’accord de coalition, signé le 7 février à Berlin par les représentants des partis conservateurs CDU-CSU et les sociaux démocrates du SPD, commence par un chapitre intitulé «Un nouvel élan pour l’Europe». Celui-ci se réfère en partie aux propositions d’Emmanuel Macron soutenues par Jean-Claude Juncker pour réformer l’Europe et la zone euro.
Mais, pour les économistes signataires de la lettre, l’utilisation de l’actuel Mécanisme européen de stabilité (MES) en tant que garantie de dernier recours contre des faillites de banques réduirait «l’incitation à assumer le poids des créances douteuses». De plus, cela se ferait «au détriment de la croissance et de la stabilité financière». Ils estiment aussi et surtout qu’une mutualisation européenne de garantie des dépôts bancaires aboutirait à faire porter par tous le coût des erreurs commises par certaines banques et certains gouvernements. Pour les éditeurs du FAZ il ne fait visiblement aucun doute que parmi les banques et gouvernements visés, l’Italie occupe la première place comme en témoigne l’illustration choisie : une vue du Colisée à Rome accompagnée de la légende «La nouvelle source d’euro-inquiétudes».
«Ne pas récompenser la mauvaise conduite»
Les économistes ne sont pas plus enthousiasmés par la création d’un fonds d’investissement européen en appui de réformes structurelles car, pour les signataires de la lettre, ce projet aboutirait immanquablement à des transferts d’argent et prêts à des pays de la zone euro qui n’ont pas effectué de réformes structurelles et reviendrait à «récompenser la mauvaise conduite». En clair, pas question de créer une source de financement destinée à aider les pays du sud de l’Europe à se désendetter.
Quant à un ministre des Finances «disposant d’une capacité fiscale en tant qu’interlocuteur de la BCE », ils n’en veulent pas non plus, car selon eux il «contribuerait à rendre la politique monétaire encore plus politisée».
A la fin de cette lettre, les économistes montrent enfin qu’aucune politique de soutien à l’économie par la dépense publique ou l’émission monétaire ne saurait trouver grâce à leurs yeux. Ils fustigent ainsi la politique dite d’assouplissement quantitatif adoptée, sous la présidence de Mario Draghi, par la Banque centrale européenne depuis 2015.
Cette stratégie monétaire a consisté à soutenir l’accès au crédit à bas taux via un système de rachat de dettes souveraines par les banques centrales de la zone euro. Pour eux : «Les très gros achats d’obligations de la Banque centrale européenne (2 550 milliards d’euros en septembre 2018) équivalent déjà à un financement public par l’intermédiaire de la banque centrale.» Et ils estiment que cette politique doit cesser rapidement.
Une mutualisation de la dette saperait la croissance
Les économistes affirment pour conclure que «le principe de responsabilité est la pierre angulaire de l’économie sociale de marché » et que cette «union de la responsabilité sape[rait] la croissance et menace[rait] la prospérité dans toute l’Europe». Ils demandent au gouvernement allemand de «revenir aux principes de base de l’économie sociale de marché» et considèrent qu’il est «important de promouvoir des réformes structurelles au lieu de créer de nouvelles lignes de crédit et des incitations à la mauvaise conduite économique».
Ils recommandent aussi que les droits de vote au sein de la BCE soient «liés à la responsabilité». Une façon polie de demander que les gouverneurs des banques centrales de la zone euro dont les pays ne respectent pas les critères de stabilité – déficit public et dette contenus dans les limites respectives de 3% et 60% du produit intérieur brut (PIB) – soient privés de toute influence sur la politique monétaire de la BCE.
Sortie de l’euro préconisée pour les mauvais élèves
Enfin, ils estiment nécessaire la «création d’une procédure d’insolvabilité pour les Etats et d’une procédure de retrait ordonnée», autrement dit : une sortie de la zone euro pour les Etats ne parvenant pas à faire face aux échéances de remboursement de leur dette.
Difficile d’aller plus loin dans la condamnation du projet de réforme défendu en avril dernier devant le Parlement européen par Emmanuel Macron. A l’époque, le président français le justifiait par la nécessité de contrer, au nom d’«une Europe qui protège», la progression redoutée des partis eurosceptiques dans la perspective des élections européennes de 2019. Une préoccupation partagée par Jean-Claude Juncker, lui aussi mis en cause dans cette lettre des pères-la rigueur allemands.