LA GÉOPOLITIQUE DU JAPON : VU DES ÉTATS-UNIS
Par Luc Michel. Le 18.06.2018. Sur http://www.les7duquebec.com
.
La crise coréenne a remis à l’ordre du jour un des grands acteurs
géopolitiques asiatiques, la Japon, bien oublié par Trump et les
médias internationaux. Mais la Géopolitique a horreur du vide, elle
déteste aussi les perspectives tronquées. Ce qu’est la question
coréenne sans le joueur japonais. Nous entamons donc une série
d’analyses sur le « retour de la Géopolitique japonaise » sur le
devant de la scène en Mer de Chine
Résumé français d’une analyse de Luc MICHEL publiée originellement en anglais.
* Version anglaise complète (avec l’article intégral de G. Friedman) sur :
LUC MICHEL’S GEOPOLITICAL DAILY/ BACK TO THE GEOPOLITICS OF JAPAN (I): SEEN FROM THE USA
sur https://www.facebook.com/Pcn.luc.Michel/posts/1301539253313823
Le Japon est la pièce manquante du puzzle de la crise coréenne.
Où plutôt la « Stratégie nationale du Japon », qui depuis la défaite
japonaise de 1945 pour la domination du Pacifique et de l’Asie, est
étroitement, intimement liée aux USA. Comprendre comment Washington
voit la question japonaise dans la crise coréenne est donc essentiel.
George Friedman (l’ancien patron du Think Tank ‘Stratfor’, qui dirige
maintenant ‘Geopolitical Futures’) vient de publier une analyse
importante sous le titre “The Trap in Japan’s National Strategy”, qui
recentre l’analyse sur la Corée autour du point de vue japonais. La
quatrième grande puissance autour de la question coréenne, où tout le
monde parle des USA, de la Chine et de la Russie, mais oublie la
puissance japonaise. Au moment même où Tokyo est entré dans une phase
de recherche et de réflexion sur précisément sa « stratégie nationale
». Et où la puissance militaire et le militarisme, y compris dans ses
aspects révisionnistes sur l’impérialisme japonais d’avant 1945, est à
nouveau à l’agenda nippon.
LES DILEMMES QUI SE POSENT AU JAPON
J’ai esquissé pour PRESS TV (Iran) les questions qui se posent au
Japon, à la fois dans sa stratégie nationale, mais aussi quant à son
avenir, où la crise coréenne n’est qu’un des aspects des choix qui se
posent à Tokyo : Voir sur PCN-TV/
PRESS TV (IRAN) INTERROGE LUC MICHEL: LE JAPON, L’OUBLIÉ DU SOMMET DE SINGAPOUR, PREND POSITION sur https://vimeo.com/275422034
QUE DIT FRIEDMAN ?
Friedman commence par analyser le rôle des USA qui garantissent la
sécurité japonaise depuis 1945, en échange d’une souveraineté limitée.
Le Japon est en fait un porte-avion américain en Mer de Chine :
« Depuis la Seconde Guerre mondiale, le fondement de la stratégie
nationale japonaise a été le recours aux Etats-Unis pour protéger les
intérêts nationaux du Japon. Les États-Unis veillent à ce que les
voies maritimes alimentant le Japon en matières premières essentielles
restent ouvertes. Il garantit la sécurité physique du Japon – contre
les menaces de l’Union soviétique pendant la guerre froide, et de la
Chine par la suite. Et cela donne au Japon un accès aux marchés
américains, d’abord pendant sa reprise financière après la guerre,
puis dans le cadre de son développement dans la troisième plus grande
économie du monde. En retour, les Japonais ont accepté la présence des
forces américaines au Japon, fournissant une base d’opérations visant
à préserver le contrôle du Pacifique Nord-Ouest que les États-Unis ont
atteint pendant la Seconde Guerre mondiale. De ces bases, les
États-Unis pourraient bloquer la flotte soviétique à Vladivostok,
soutenir des opérations en Corée du Sud et ainsi de suite (…) La
stratégie a bien fonctionné pour le Japon pendant plus de 70 ans,
jusqu’à ce que le solde de la péninsule coréenne montre des signes de
changement. Au début, à mesure que la menace nucléaire augmentait en
Corée du Nord, les États-Unis sont devenus plus alertes et agressifs
face à la menace. Les Sud-Coréens ont soutenu une politique américaine
agressive, et l’appel pro forma aux Chinois à raisonner avec la Corée
du Nord n’a pas apporté de solution. Les États-Unis ont menacé d’une
action militaire pour détruire les armes nord-coréennes et, bien que
des bases japonaises puissent être utilisées, le Japon ne serait pas
impliqué militairement. »
COMMENT LA CRISE CORÉENNE A CHANGE LE ROLE STRATÉGIQUE DE LA PÉNSINSULE VU DE TOKYO?
Mais la crise coréenne, et paradoxalement le rapprochement – possible
– entre les deux Corée, pose un défi stratégique au Japon, car il
change le rôle stratégique que joue la péninsule pour la protection du
Japon. Et ceci que ce soit avant ou après 1945 ! Friedman expose
clairement ce changement, décisif pour Tokyo : « Mais la stratégie
japonaise a commencé à déraper récemment avec une tentative de
rapprochement entre la Corée du Nord et la Corée du Sud. Dans sa
stratégie d’avant la Seconde Guerre mondiale, le Japon considérait
depuis longtemps la péninsule coréenne comme un tampon entre lui et le
continent. Les Japonais ont occupé la péninsule pour s’assurer que ce
tampon reste. Après la guerre, la division de la péninsule et la
présence américaine au sud garantissent le tampon. Mais le
rapprochement olympique de l’année dernière s’est produit, et il a
modifié une hypothèse stratégique significative des Japonais: que le
statu quo était acquis. Il y avait soudainement un potentiel
d’accommodement entre le Nord et le Sud et même potentiellement, avec
le temps, une influence chinoise accrue. Même comme une possibilité
lointaine et improbable, c’était un problème sérieux pour le Japon. Si
les États – Unis acceptaient une entente entre le Nord et le Sud, et
si cette entente comprenait le retrait de certaines ou même de toutes
les troupes américaines de Corée, alors l ‘équilibre stratégique
changerait. «
LA FRONTIÈRE CHINE-JAPON EN MER DU JAPON OU EN MER JAUNE?
Telle est la conséquence stratégique des évolutions de la crise
coréenne pour le Japon : « Le Japon perdrait son tampon contre la
Chine. La mer du Japon, et non la mer Jaune, deviendrait le centre
naval, et avec l’intérêt décroissant des États-Unis pour la région, ce
serait la marine japonaise qui aurait pour mission principale de
contrôler la mer du Japon. La Corée du Nord pourrait abandonner ses
missiles intercontinentaux, qui menacent les États-Unis, mais garder
ses missiles à courte portée capables d’atteindre le Japon, et le
Japon devrait donc créer ouvertement sa propre force de dissuasion
nucléaire. Et en fonction de l’ampleur du recul de la région en
provenance des États-Unis, le Japon pourrait ne plus pouvoir compter
sur les États-Unis pour garantir son accès aux matières premières.«
.
LE JAPON PIÈGÉ DANS LA NOUVELLE ÉQUATION STRATÉGIQUE – POSSIBLE – EN CORÉE !
« Pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale, le Japon
doit se demander si la réalité stratégique dans sa région pourrait
évoluer dans une direction » pas nécessairement à l’avantage du Japon« ,
selon le discours de capitulation de Hirohito en 1945. Un tel
changement obligerait le Japon à repenser il se voit et son rôle dans
le monde (…) si la réconciliation se produit, le Japon n’aura
peut-être pas le temps de créer la force militaire dont il aura besoin
pour défendre ses intérêts. Le Japon ne peut pas attendre jusqu’à ce
qu’il y ait une clarté, ni ne puisse aller de l’avant sans une crise
politique. Le Japon est pris au piège entre une nouvelle réalité et sa
vieille stratégie. »
C’est cela le véritable arrière-plan du nouveau round diplomatique
autour de la crise coréenne, entre le Japon et la Corée du Nord. Le
Premier ministre japonais, Shinzo Abe, a appelé ce samedi le dirigeant
nord-coréen Kim Jong-un à surmonter ensemble leur méfiance mutuelle,
et confirmé que des efforts étaient en cours en vue d’un sommet. Dans
un entretien télévisé, Shinzo Abe a expliqué que son gouvernement
avait contacté la partie nord-coréenne « par différents canaux » afin
de mettre sur pied une rencontre avec Kim Jong-un. Lors d’un sommet
historique mardi à Singapour avec le président américain Donald Trump,
le leader nord-coréen s’était montré, selon des médias japonais, prêt
à rencontrer Shinzo Abe. « Pendant le sommet, M. Kim a dit à M. Trump
« Je peux rencontrer le Premier ministre Shinzo Abe » », a notamment
rapporté le quotidien ‘Sankei’. Le Japon était resté à l’écart de
l’intense ballet diplomatique des derniers mois …
* Voir aussi sur :
LUC MICHEL’S GEOPOLITICAL DAILY/
DEBAT : COMMENT INTERPRETER LA RENCONTRE KIM JONG UN – TRUMP ET LEURS
POURPARLERS DIPLOMATIQUES SUR LA PENINSULE COREENNE ?
sur http://www.lucmichel.net/2018/06/13/luc-michels-geopolitical-daily-debat-comment-interpreter-la-rencontre-kim-jong-un-trump-et-leurs-pourparlers-diplomatiques-sur-la-peninsule-coreenne/
LUC MICHEL (ЛЮК МИШЕЛЬ) & EODE
* Avec le Géopoliticien de l’Axe Eurasie-Afrique :
Géopolitique – Géoéconomie – Géoidéologie – Géohistoire –
Géopolitismes – Néoeurasisme – Néopanafricanisme
(Vu de Moscou et Malabo) :
PAGE SPECIALE Luc MICHEL’s Geopolitical Daily
https://www.facebook.com/LucMICHELgeopoliticalDaily/
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@ M. Luc Michel
J’AI bien lu ton article et OUI tu as raison de :
a) positionner le Japon sur cet échiquier important
b) de présenter un point de vue de la manière que les USA perçoivent le JAPON
c) cependant, tu présentes un point de vue unilatéral à propos des milliardaires japonais ne voyant que ce qui depuis 1945 les attachent aux USA
Tu oublies que
1. les USA ont changés dans leur hégémonie économique ils sont en déclin. Le sommet lui-même en est l’évidence en 1954 ils ont bombardé le pays pendant deux ans
2. que le Japon a changé en tant qu’atelier de l’Amérique (idem pour l’Allemagne incidemment)
3. Il en coute de plus en plus aux riches japonais de rester prosterner sous le joug étatsunien
4. Les USA eux-mêmes ont trahi le Japon en délocalisant non plus en Europe ou au Japon (années 60 et 70) mais en Chine et au Vietnam et en Corée du Sud et à Taiwan (années 90)
5. Les japonais ont plein leurs poches de dollars – obligations US – qui seront bientôt dévaluer et ils seront floués et comme l’Allemagne le Japon cherche une voie alternative.
Bref étudie le commerce = LES CHIFFRES DU COMMERCE = entre Japon, USA, Europe et Chine et étudie où sont allés les investissements japonais au cours des dernières années et tu verras que le Japon ne dit mot j’en conviens mais il prépare un retournement géopolitique – il ne se laissera pas couler avec le navire amiral américain échoué.
La pratique du kamikaze japonais n’est valable que pour la patrie – jamais en faveur de ses amis – concurrents ou ennemis… ce que les USA sont devenus depuis La Malbaie au Canada il y a queuques jours.
Merci pour ton étude
Robert Bibeau http://www.les7duquebec.com
Robert Bibeau