De la loi El Khomri en passant par le rapport Badinter via les ordonnances Macron et la loi sur le télétravail.
Voici ci-dessous un extrait de mon texte à paraître sur l’ économie collaborative, en liaison avec mes autres textes sur les GAFA et d’ autres à venir tant cette question de l’ introduction des NTIC est pour moi et pour d’ autres importantes sur divers aspects.
Rien n’est plus vrai dans la situation présente que les considérations de Schumpeter (2) sur le rôle de l’innovation et la manière dont elle s’insère dans la dynamique du capitalisme. Selon Schumpeter, le caractère cyclique de l’économie ne provient ni des transformations sociales, ni des évolutions démographiques, ni des variations de la monnaie. Il trouve son origine dans l’innovation. Schumpeter définit l’innovation comme « les nouveaux objets de consommation, les nouvelles méthodes de production et de transports, les nouveaux marchés, les nouveaux types d’organisation industrielle ».
La définition la plus simple est la suivante : l’innovation est l’application économique d’une invention, par exemple la découverte de la pression a permis d’utiliser sa force dans les machines à vapeur. Les cinq types d’innovations schumpetériennes : les innovations de procédé, les innovations organisationnelles, les innovations de produit, la découverte de nouvelles sources de matières premières, l’ouverture de nouveaux marchés.
Toutes les innovations n’ont pas le même impact sur la croissance. Seules les innovations radicales ou majeures peuvent profondément bouleverser l’équilibre économique. Elles déclenchent une série d’autres innovations de second ordre qui formeront une « grappe d’innovations » et initieront un processus de destruction créatrice. Schumpeter explique l’irrégularité de la croissance par le rythme discontinu d’apparition des innovations majeures et la concentration dans le temps des grappes d’innovations.
Description du processus de destruction créatrice
Les innovations apparaissent en grappe et non pas de manière isolée car une innovation qui réussit est vite imitée ou rachetée. Ensuite, l’innovateur qui réussit va en quelque sorte sécuriser le terrain pour d’autres entrepreneurs qui n’osaient jusqu’alors pas prendre de risques à l’aveugle. Enfin, une innovation majeure dans un secteur donné est en mesure de faire apparaître d’autres innovations dans des secteurs voisins.
Ainsi, de proche en proche les entrepreneurs vont innover chacun à leur tour mettant en difficulté les anciennes activités qui ne sont plus viables économiquement parlant. La dynamique du capitalisme réside dans le processus de destruction créatrice, lié aux grappes d’innovation
Des secteurs économiques qui n’avaient pas de rapports autrefois se retrouvent proches, travaillent ensemble et fusionnent. Tous les secteurs de l’activité humaine se trouvent concernés et accaparés d’une manière ou d’une autre par la rationalisation capitaliste. Le summum est atteint par la conquête des cerveaux : les cerveaux mathématiciens composent les algorithmes qui rassemblent, trient et contrôlent toutes les informations de base du système, les cerveaux des scientifiques cognitifs qui œuvrent dans l’intelligence artificielle, les cerveaux des généticiens pour les manipulation génétique pour des êtres humains «parfait» (clones ou sans esprit de révolte). Ce qui se passe actuellement est un véritable saut qualitatif dont il nous faudra suivre les conséquences vis à vis du prolétariat.
De la loi El Khomri en passant par le rapport Badinter via les ordonnances Macron et la loi sur le télétravail.
Dans un rapport de septembre 2015 établi par M. Bruno METTLING à l’attention de Mme Myriam El Khomri, Ministre du Travail, de l’Emploi, de la Formation Professionnelle et du Dialogue Social. Il est fait état des nouvelles formes de travail hors salariat engendrées par la transformation numérique sur le travail. Voici entre autres ce que dit ce rapport qui servira de socle à la loi El Khomri ou loi travail.
« Dans le monde entier, la souplesse, l’adaptabilité mais aussi le business model de l’économie numérique repose sur la multiplication de l’emploi hors salariat. » et de faire le constat suivant : « En France, au-delà de la symbolique du million d’auto-entrepreneurs atteint cet été, on estime qu’un travailleur du numérique sur 10 exerce déjà aujourd’hui hors du champ du salariat et cela devrait continuer à augmenter. Les freelance, personnes exerçant une activité comme travailleurs indépendants, représentaient, en 2014, 18% du secteur des services aux Pays-Bas, 11% en Allemagne et 7% en France 5, en augmentation de 8,6% sur cette même année. »
« Il importe plus généralement de ne pas laisser se créer des zones de non-droit, la question est ouverte de la représentation et de la défense des intérêts des personnes concernées par ces nouvelles formes de travail, comme les organisations syndicales allemandes ont commencé à le faire (cf. encadré §2.1.4.).
Tout est ici résumé, afin que le législateur légifère sur un droit à la personne distinct du salariat, en légiférant en faveur de la reconnaissance du statut de travailleur précaire ; le fameux auto-entrepreneur de soi. 1 C’est l’ aspect le plus important de la dite loi travail et du rapport Badinter, qui est passé complètement sous silence malgré sa dénonciation en droit par l’ inspecteur du travail Gérard Filoche :
« On caractérisera le rapport comme une tentative pour en finir avec un « code du travail » spécifique et le remplacer par un mixte avec le code civil, où les contrats commerciaux et les statuts d’indépendants sont mis sur le même plan que l’ex contrat de travail. La «personne » » remplace le salarié. Le salarié est traité comme l’indépendant. Uber peut s’y retrouver, Attali et Macron sont passés par là. La notion de subordination est disparue, remplacée par une soumission librement consentie. Le patron est le seul agent actif de droit quasi divin mais, comme il se doit chez les libéraux, hypocritement masqué. Et les contreparties à la subordination sont noyées dans un salmigondis d’improvisations libérales. Les deux parties inégales au contrat de travail sont remplacées par deux parties co contractantes mises artificiellement à égalité. »
Plus pertinente sera la critique de la revue « temps critique »
« Là où affleure une vision plus stratégique, ce n’est ni dans le projet El Khomri ni dans sa contestation syndicale et bureaucratique, ni même dans le mouvement en général, nous y reviendrons, mais dans le projet de réforme du Code de travail par la commission présidée par Robert Badinter. Un projet très peu discuté en vérité et que la plus grande actualité du projet El Khomri semble avoir masqué.
Que nous dit ce rapport ? Qu’il faut prendre acte du fait que le travail est en voie de disparition : le travail au sens qui lui a été donné dans le cadre du développement du salariat de la première à la seconde révolution industrielle et qui a été progressivement institutionnalisé dans un cadre précis donnant lieu à un code du travail régissant ce que Michel Aglietta et Anton Brender5 ont appelé la « société salariale ». Les statuts anciens qui protégeaient les salariés (comme le CDI) et le droit au travail inscrit dans la constitution de 1946 marquaient cette centralité du travail salarié dans la norme fordiste du compromis de classes. C’est ce qui ne tient plus quand le travail vivant n’est plus au centre de la valorisation, n’est plus qu’un élément de l’ensemble, quand le processus de substitution capital/travail s’accélère avec l’intégration de la technoscience dans le procès de production, etc. » (…)
« C’est de tout cela que tient compte le rapport Badinter. Donc, si le salariat se transforme, si le salarié n’est plus vraiment un « travailleur » le droit du travail doit non seulement évoluer, mais cesser d’être strictement un droit du travail pour devenir un droit du citoyen au travail, un droit de la personne qui a une fonction dans la société. C’est aussi ce que pense plus ou moins la CFDT qui est la seule centrale syndicale à assumer l’idée d’une crise du travail (mais dans une perspective réformiste) et non pas seulement d’un problème d’emploi.
Cela définit un nouveau code, non pas du travail, mais de l’individu en situation d’activité, celle ci s’étendant sur toute la vie active. C’est un peu le modèle du statut des intermittents du spectacle qui semble ici être évoqué. Mais l’étendre à tous serait forcément revenir sur des acquis des luttes de classes qui concernent particulièrement les salariés les plus protégés et où la syndicalisation est la plus forte. La plupart des syndicats refusent donc d’échanger le salaire contre le revenu estimant que c’est lâcher la proie pour l’ombre. Ils étaient pour l’abolition du salariat il y a un siècle dans le cadre d’une perspective révolutionnaire, ils sont maintenant pour un salariat aménagé, dans le cadre d’une perspective qui ne cherche qu’à maintenir la centralité du travail dans le rapport social capitaliste. C’est ce qui explique leur position actuelle sur le salaire comme juste rétribution du travail et leur défiance par rapport à tout remplacement par un revenu garanti en fonction d’une activité vaguement définie. Finalement, un syndicat comme la CGT se contenterait d’une sécurisation négociée des parcours professionnels. »
C’ est en effet ce que propose Yann Le Pollotec une éminence grise du PCF sur le numérique, très lucide sur les changements qui se préparent, il cherche une solution à la crise du travail , au précariat par une réforme et la sécurisation des parcours professionnels et le revenu universel.
« Le Numérique révolutionne toutes les activités humaines. L’éruption des réseaux « pair à pair » à très haut-débit2 conjugué avec des puissances de calcul3 et des capacités de stockage4 en très forte croissance permanente, marque le prolongement quantitative et qualitative de la révolution informationnelle des années 70/80 caractérisée par le « transfert de certaines opérations du cerveau humain vers les machines ».
« La révolution numérique tend à transférer sur les machines tous le travail codifiable ou mécanisable, ne laissant aux être humains que ce qui relève de la créativité propre à notre espèce. La quasi-totalité des études converge vers l’annonce d’une destruction de près de 50% des emplois marchands d’ici vingt ans dans les pays industrialisés. Sous pression de la multiplication des plateformes, cette destruction d’emploi ira de pair avec une forte diminution du nombre de travailleurs sous statut salarial et d’une exploitation du travail gratuit des usagers du numérique5. »
« Les plateformes numériques sur internet, c’est-à-dire un algorithme et des centres de stockage de données, permettant l’échange mondial de biens et de services à partir de l’exploitation de grands volumes d’informations. Cela concerne toutes les activités humaines : transports, santé, crédit-finance, immobilier, tourisme, culture, relations amoureuses, enseignement supérieur à les MOOC6, savoir avec Wikipédia,.. Nombre de plateformes sont des entreprises de courtage mondialisé du travail comme Uber, « Amazon Mechanical Turk », ou « foule factory » qui accaparent toute la valeur crée, privatisent les communs numériques, détruisent le salariat au profit du contractant «entrepreneur de lui-même », et organisent l’exploitation par des systèmes de notation qui affectent aussi bien le travailleur que le consommateur. Face à ces prédateurs du numérique, la résistance s’organise autour de plateformes coopératives et de la lutte des travailleurs-contractants des plateformes pour leurs droits. »
« On va vers une destruction de la « classe moyenne », des fonctions médiation et des corps intermédiaires, au profit d’une prolétarisation de masse, ce processus est déjà à l’œuvre au cœur de la Silicon Valley. Cette extinction programmée des corps intermédiaires débouche sur remise en cause de l’utilité même de la politique, de la démocratie représentative7, de l’expertise scientifique8, de l’état social au profit de l’idéologie libertarienne du solutionnisme technologique9. »
« Uber n’investit pas dans les transports en France, ni Airbnb dans l’Hôtellerie et le bâtiment, Google ne crée pas d’informations et Youtube ne fait pas de production médiatique. Il s’agit d’un modèle extrêmement parasitaire, celui du « passager clandestin » où l’on profite sans y contribuer d’infrastructures déjà existantes. Uber est basé sur le morcellement du travail, la mise en concurrence sauvage des individus. »
Sécurisons les parcours de vie
Les acteurs des fablabs les plus conscients pensent et souhaitent qu’à moyen terme le développement de la révolution numérique, avec les contradictions violentes qu’elles suscitent au sein même du système capitaliste conduira à poser la question politique de l’instauration d’un revenu universel de contribution dissocié du revenu du travail et inspiré du statut des intermittents du spectacle. Ils se réclament de la thèse de Marx dans les « Grundrisse » sur une Humanité libérée du salariat : «La distribution des moyens de paiement devra correspondre au volume de richesses socialement produites et non au volume du travail fourni.».
Pour leur par les communistes avancent leur proposition de sécurisation des parcours professionnels alors que les ultra libéraux revendiquent un revenu de base remplaçant toutes les prestations sociales et visant à perpétuer le consumérisme. Il est temps d’ouvrir le débat. Ces questions se posent avec d’autant plus d’acuité que de plus en plus de jeunes ingénieurs et techniciens veulent quitter le statut de salarié, non pas pour devenir millionnaires comme les y incite M. Macron, mais par quête d’autonomie et de sens. Et dans le même temps nous savons que dans les 20 ans à venir 50% des emplois et métiers salariés actuels auront disparu du fait de la révolution numérique dans le contexte de capitalisme financiarisé que nous connaissons.
La loi sur le télétravail
Cette loi ne tombe pas du ciel, même si les nouvelles technologies de l’ information et de la communication NTIC et les systèmes de géolocalisation pas satellites ne lui soit pas étrangers. Cela faisait déjà quelques années, que la vie privée des cadres d’ entreprises était entamée par l’utilisation de l’ordinateur portable sur lequel soir et matin ils tapotaient durant les transports. Cadres devenus autonomes, ils n’ avaient pas d’ horaire. Avec le NTIC l’entreprise va commencer à pénétrer dans la sphère privée des individus, d’ abord avec le téléphone portable, qui va jouer le rôle d’ alerte à tout heure et en tout lieu transformant l’ individu en maintenance permanente. Le téléphone portable fut relayer ensuite par l’ ordinateur portable, puis la tablette et actuellement la panoplie des smarphones.
Comme les taulards et leur bracelet, les utilisateurs des NTCI se sont mis eux même le fil à la patte qui va les tracer en permanence, la puce RFDI veille comme une étoile sur votre géolocalisation. Aussi nos gouvernants allaient découvrir, qu’il fallait gérer le « travail nomade » car tout concourait à faire du télétravail la nouvelle norme de la vie professionnelle du citoyen atomisé. Déjà des accords d’ entreprise avaient prévu que des avenants au contrat de travail pouvaient facilité le télétravail, on était sur la même trajectoire que celle qui avait fait pénétrer les Horaires mobiles ou flexibles dans les entreprises. Mais le coup par coup ne semblait plus convenir aux autorités, il fallait dorénavant une loi pour cadrer le potentiel des 64%10 de salariés favorables au télé travail ( à bosser chez eux) et faire du télétravail une grande cause nationale, avec le pour et le contre que les médias savent si bien manier, le pour à l’ encontre du salariat et de l’ écologie cette nouvelle sainte vierge des temps moderne fut de mettre en avant, le moins de temps passé dans les transports, chiffre à l’ appui, les gains de garde de nourrices, l’ éducation des enfants…On resta très discret sur le possible travail des enfants.
Pour l’ entreprise , c’ est tout bénéfice comme nous l’ avons vu sur la situation des correctrices de presse, mais pas seulement. Selon le cabinet de conseil RH Kronos le télétravail ferait chuter l’ absentéisme de 5,5 jours par an d’ arrêts maladie. Pour le cabinet conseil cabinet Greenworking
la productivité des télétravailleurs serait supérieure de 22% à celle des sédentaires en entreprise.
Et ses atouts ne s’arrêtent pas là. Le travail à distance permet également d’économiser de l’espace de bureaux (et donc de réduire le loyer), voire de diminuer l’empreinte écologique de l’entreprise. Il permet aussi de motiver le déploiement de nouveaux outils (messagerie instantanée, équipements de web-conférence, modernisation du système d’information, etc.) et donc de nouveaux modes de travail pour tous comme par exemple devenir un contractant un auto entrepreneur de soi.
Le télétravail n’engendre plus un surcoût pour l’employeur ! En effet, l’entreprise n’est plus tenue de prendre en charge tous les coûts découlant directement de l’exercice du télétravail (matériels, logiciels, abonnements, communications, électricité…). Les modalités de la prise en charge de ces frais peuvent néanmoins être prévus dans l’accord collectif ou la charte encadrant le télétravail.
Les syndicats, et c’ est la fonction qui leur est dévolue, se doivent d’ accompagner les changements dans les entreprises pour le meilleur et pour le pire. Les voilà maintenant confrontés avec le télétravail à faire sortir le droit du travail de l’ entreprise, ce qui va les faire basculer vers un « droit à la personne » dans lequel ils devront se couler ou se faire couler. Il ne faut pas oublier que la loi Travail adoptée le 8 août 2016 prévoyait pour le mois d’octobre de rencontrer les syndicats ayant pour objectif le télétravail , et au bout des négociations la publication d’ un guide pouvant servir de référence aux négociations d’ accord d’ entreprise.
A suivre G.BAD le 9 juillet 2018.
NOTES
1-Une étude de l’ INSEE de juin 2015 chiffre le nombre d’autoentrepreneurs à 982 000 fin 2014, laissant prévoir le dépassement de la barre du million au cours de l’été 2015.
2 Le débit des réseaux double tous les 9 mois (loi de Butter)
3La puissance de traitement des microprocesseurs double tous les 18 mois (Loi de Moore). Google et la Nasa sont actuellement en train de tester un prototype de calculateur quantique dont le fonctionnement suit les principes de la physique quantique. Il serait 100.000 millions de fois plus rapide que les ordinateurs classiques.
4 La capacité de stockage double chaque année (Loi de Kryder)
5massive open online course, cours en ligne ouvert et massif
6massive open online course, cours en ligne ouvert et massif
10 Une étude Randstad dévoilée en juillet 2016.On ne connaît pas avec certitude le pourcentage de télétravailleurs en France : ce chiffre varie entre 8% et 17,7% selon les sources, dixit le Commissariat général à l’égalité des territoires. En comparaison, le taux moyen en matière de télétravail affiché par l’Europe est d’environ 20%, voire
@ Gérard B
Texte passionnant, véritable compendium de la vision bourgeoise des concepts « d’innovation – inventions-rationnalisation-planification, restructuration, salariat, spécialisation, parcellisation des tâches, numérisation » et quelques autres.
Quelques extraits significatifs : « Schumpeter explique l’irrégularité de la croissance par le rythme discontinu d’apparition des innovations majeures et la concentration dans le temps des grappes d’innovations. » un autre « C’est ce qui ne tient plus quand le travail vivant n’est plus au centre de la valorisation, n’est plus qu’un élément de l’ensemble, quand le processus de substitution capital/travail s’accélère avec l’intégration de la technoscience dans le procès de production, etc. » (…) »
et la CGT DÉSEMPARÉE « C’est ce qui explique leur position actuelle sur le salaire comme juste rétribution du travail et leur défiance par rapport à tout remplacement par un revenu garanti en fonction d’une activité vaguement définie. Finalement, un syndicat comme la CGT se contenterait d’une sécurisation négociée des parcours professionnels. »
Et une éminence grise du PCF qui entonne la fumisterie de la RÉVOLUTION TECHNOLOGIQUE : « prolongement quantitative et qualitative de la révolution informationnelle des années 70/80 caractérisée par le « transfert de certaines opérations du cerveau humain vers les machines ».
Et le communiste du PCF d’avouer ce qui le turlupine en tant que réflecteur de la petite-bourgeoisie – leur nouvelle classe « révolutionnaire » Il écrit : « « On va vers une destruction de la « classe moyenne », des fonctions médiation et des corps intermédiaires, au profit d’une prolétarisation de masse, ce processus est déjà à l’œuvre au cœur de la Silicon Valley. Cette extinction programmée des corps intermédiaires débouche sur remise en cause de l’utilité même de la politique, de la démocratie représentative7, de l’expertise scientifique8, de l’état social au profit de l’idéologie libertarienne du solutionnisme technologique9. »
Est ce Marx aurait écrit sur une feuille brouillon qu’il n’a pas su bruler de telles inepties : « Marx dans les « Grundrisse » sur une Humanité libérée du salariat : «La distribution des moyens de paiement devra correspondre au volume de richesses socialement produites et non au volume du travail fourni.». REMPLAÇONS LE SALARIAT HORAIRE PAR LE SALARIAT À LA PIÈCE dont la classe ouvrière avait réussit à se libérer – et qui revient en force à la faveur des transformations (nous n’écrivons pas RÉVOLUTION) technologiques contemporaines.
Preuve que Marx peut lui aussi se tromper mais les Grundrisse n’étaient pas destiné à être publié…pauvre homme qu’on aura exploité jusque dans son intimité.
1) Premier constat – vous voyez à travers ce texte que les lois, les traités, les conventions, les codes du travail, se fabriquent après que la situation concrète – la vie réelle – ait évoluée – changée qu’elle se soit transformée. C’est pourquoi se battre contre une loi – un traité – une constitution union européenne revient à se battre pour empêcher le bateau échouer – de s’échouer.
2) L’histoire du capitalisme serait-il l’histoire de la succession irrégulière des grappes d’innovations. La « croissance » sous le capitalisme serait-elle dépendante des innovations – des inventions réalisées par des savants indépendants qu’un industriel entreprenant ose intégrer à sa chaine de production de la valeur ???
3) Serions-nous au cœur d’une « révolution technologique » qui transforme fondamentalement le mode de production capitaliste – faisant disparaitre les classes sociales – pour revaloriser le citoyen national individualisé – être tiraillé par des forces subversives – méchantes – que son État devrait l’aider à contrer ?
4) Quelles « réformes » requiert une telle adaptation du mode de production capitaliste de classe au mode de production innovant sans classe sociale ?
Nous tenterons de répondre à ces 4 questions lors de notre prochaine intervention
Robert Bibeau http://www.les7duquebec.com
Salut Robert
Toujours dans ton style journalistique et spectaculaire, tu commences par un jugement de valeur « la vision bourgeoise » des concepts « d’innovation – inventions-rationnalisation-planification, restructuration, salariat, spécialisation, parcellisation des tâches, numérisation » et quelques autres.
L’ innovation , la rationalisation recherche constante de productivité, classe ouvrière exploitée avec ou sans statut, c ‘est ce que nous appelons les Forces productives et les forces productives sont révolutionnaires, que la machinerie prenne sans cesse l’ ascendant sur le travail salarié au point que certains pensent pouvoir ce passer de lui, c’ est la logique du capital financier qui pense que seul l’ argent peut rapporter de l’ argent.
Comme tu ne veux pas prendre en compte les Grundrisses ( que Marx a oublié de brûler) je vais m’ en tenir au livre premier entièrement rédigé par Marx et axé sur la sphère de production et l’ émergence de la société industrielle et avec elle la production de la plus-value relative, ce passage est important dans le sens ou le travailleur n’ est plus au centre du système productif, la machinerie s’élève contre lui et le remplace avantageusement d’ ou cette idée de domination réelle du capital, cette idée qu’ à un certain point les forces productives se transforment en leur contraire, en force destructrice. Après avoir remplacé les bras, la machinerie de l’ IA veut devenir une prothèse de notre cerveau et procéder à l’ élimination du travail intellectuel du plus simple au plus complexe, précipitant la dite classe moyenne dans les affres du prolétariat.
Marx à toujours donné la primauté au capitalisme industriel contre le féodalisme, l’esclavagisme…parce qu’il développait son contraire le prolétariat révolutionnaire , d’ où son soutien au Nord dans la guerre civile américaine…est ce pour autant que Marx fut comme certains le pense un productiviste à tout crin, voici ce qu’il va écrire et qui est bien d’ actualité.
« Dans le développement des forces productives, il arrive un stade où naissent des forces productives et des moyens de circulation qui ne peuvent être que néfastes dans le cadre des rapports existants et ne sont plus des forces productives, mais des forces destructrices (le machinisme et l’argent), — et, fait lié au précédent, il naît une classe qui supporte toutes les charges de la société, sans jouir de ses avantages, qui est expulsée de la société et se trouve, de force, dans l’opposition la plus ouverte avec toutes les autres classes, une classe que forme la majorité des membres de la société et d’où surgit la conscience de la nécessité d’une révolution radicale, conscience qui est la conscience communiste et peut se former aussi, bien entendu, dans les autres classes quand on voit la situation de cette classe. » (L’Idéologie allemande, Editions sociales, pages 67-68 : « Feuerbach l’opposition de la conception matérialiste et idéaliste ».)
A ta question ci-dessous je répond oui.
L’histoire du capitalisme serait-il l’histoire de la succession irrégulière des grappes d’innovations. La « croissance » sous le capitalisme serait-elle dépendante des innovations – des inventions réalisées par des savants indépendants qu’un industriel entreprenant ose intégrer à sa chaîne de production de la valeur ???
Marx ne parle pas de grappes, il dit :
« Le bouleversement du mode de production dans une sphère industrielle entraîne un bouleversement analogue dans une autre. On s’en aperçoit d’abord dans les branches d’industrie, qui s’entrelacent comme phases d’un procès d’ensemble, quoique la division sociale du travail les ait séparées, et métamorphosé leurs produits en autant de marchandises indépendantes. C’est ainsi que la filature mécanique a rendu nécessaire le tissage mécanique, et que tous deux ont amené la révolution mécanico-chimique de la blanchisserie, de l’imprimerie et de la teinturerie. De même encore la révolution dans le filage du coton a provoqué l’invention du gin pour séparer les fibres de cette plante de sa graine, invention qui a rendu possible la production du coton sur l’immense échelle qui est aujourd’hui devenue indispensable [19]. La révolution dans l’industrie et l’agriculture a nécessité une révolution dans les conditions générales du procès de production social, c’est-à-dire dans les moyens de communication et de transport. Les moyens de communication et de transport d’une société qui avait pour pivot, suivant l’expression de Fourier, la petite agriculture, et comme corollaire, l’économie domestique et les métiers des villes, étaient complètement insuffisants pour subvenir aux besoins de la production manufacturière, avec sa division élargie du travail social, sa concentration d’ouvriers et de moyens de travail, ses marchés coloniaux, si bien qu’il a fallu les transformer. De même les moyens de communication et de transport légués par la période manufacturière devinrent bientôt des obstacles insupportables pour la grande industrie avec la vitesse fiévreuse de sa production centuplée, son lancement continuel de capitaux et de travailleurs d’une sphère de production dans une autre et les conditions nouvelles du marché universel qu’elle avait créé. A part les changements radicaux introduits dans la construction des navires à voiles, le service de communication et de transport fut peu à peu approprié aux exigences de la grande industrie, au moyen d’un système de bateaux à vapeur, de chemins de fer et de télégraphes. Les masses énormes de fer qu’il fallut dès lors forger, braser, trancher, forer et modeler exigèrent des machines monstres dont la création était interdite au travail manufacturier. » Marx T1 chap XV
Dans son autocrique de l’ aventure quaranthuitarde il écrit ceci :
« Les soi-disant révolutions de 1848, n’ont été que de simple incidents, de menues cassures et lézardes dans la dure écorce de la société européenne. Mais elles y découvraient un gouffre. Sous une surface d’apparence solide, elle révélèrent des océans de masse liquide qui n’ a qu’a se répandre pour faire voler en éclats des continents de roches dures. Elles proclamèrent bruyamment et confusément l’ émancipation du prolétariat, ce mystère du XIXéme siécle et de la révolution de ce siècle. En vérité, cette révolution sociale n’ était pas une nouveauté inventée en 1848. la vapeur, l’électricité et le métier à filer étaient des révolutionnaires infiniment plus dangereux que des citoyens de la stature d’un Barbès,d’un Raspail et d’un Blanqui. » Discours à l’occasion de l’ anniversaire du People »s Paper, Londres le 14 avril 1856 (Traduction:L.Janover et M. Rubel.)
Ici nous retrouvons toujours cette idée du développement positif du capitalisme contre l’ ancien régime, c’ est seulement après le passage à la domination réelle du capital qu’il parlera de force destructrice, ce qui manifeste depuis la première guerre mondiale
A ce sujet je viens de recevoir le dernier livre de Tom Thomas sur le sujet
Le titre « LA FACE CACHEE DES NOUVELLES TECHNOLOGIES »
@ Gérard
Je m’excuse si je t’ai froissé. Mais je maintiens que dans ton texte tu n’adoptes pas un point de vue – un angle d’analyse matérialiste dialectique – tu adoptes un point de vue IDÉALISTE – MÉTAPHYSIQUE ET tu récidive dans ton commentaire ALORS QUE TU VERSES AU DÉBAT UN TEXTE matérialiste dialectique puissant de Marx qui donne un échantillon de comment les choses se passent réellement
JE CITE MARX : « C’est ainsi que la filature mécanique a rendu nécessaire le tissage mécanique, et que tous deux ont amené la révolution mécanico-chimique de la blanchisserie, de l’imprimerie et de la teinturerie. De même encore la révolution dans le filage du coton a provoqué l’invention du gin pour séparer les fibres de cette plante de sa graine, invention qui a rendu possible la production du coton sur l’immense échelle qui est aujourd’hui devenue indispensable »
lIS BIEN TU VERRAS QUE L’INNOVATEUR – INVENTEUR DE GRAPPES D’INNOVATION ESST LUI AUSSI UN ESCLAVE SALARIÉ à qui le développement des forces productives réclament – commandent des inventions afin de pourquivre sa démarche de valorisation du capital.
L’inventeur – intellectuel et savant est un chainon de la chaine de production de la valeur et même pas le chainon manquant camarade
Ca c’est du grand Marx
Merci pour ton texte Gérard et pour ton commentaire et pour la référence ToM Thomas que nous allons annoncé ici même sous peu
Robert Bibeau