7 au Front

Donald Trump, dompteur de lions à l'OTAN

Par  Robert Bibeau.  Éditeur  http://www.les7duquebec.com
 

English version: Donald Trump the lion tamer at Nato

Zizanie à Bruxelles  
 
Il semble difficile de décrypter la politique internationale des puissances occidentales. D’un côté, Donald Trump, le premier de cordée – devant assurer l’enrichissement de ses alliés selon Macron – fait les yeux doux à la Russie, « l’ennemi » désigné par l’OTAN, alors qu’il vocifère contre l’Allemagne, un allié « soumis », deuxième économie de l’Alliance. C’est à n’y rien comprendre pour qui s’enferme dans le scénario alambiqué proposé par les experts, les journalistes et les intellectuels à la solde, chargés de lisser les politiques de l’empire au bénéfice des politiciens larbins et charger d’endormir la populace désabusée.
 
Pourtant, dans l’article de l’AFP ci-dessous, toute l’information requise est disponible pour démêler cet écheveau – ce nœud gordien – qui n’en est pas un. (1) Première condition pour comprendre et ne pas se laisser prendre – fiez-vous à votre raison et rejetez suspicions et allégations que proposent les journalistes à la solde.  Chacun a un rôle à jouer dans ce mélodrame – il suffit de les démasquer.
 
Poutine et la Russie sont les têtes de Turc – les repoussoirs diaboliques chargés d’effrayer les petites gens afin qu’ils acceptent sans maugréer que leurs gouvernements (26 dans l’OTAN) gaspillent 2% du PIB national en achat d’armement américain (surtout) dispendieux et souvent obsolète. Lisez le reportage qui suit – tout y est dit, chiffres à l’appui. Pensez qu’il y a parmi ces pays astreints à ce gaspillage des pays comme l’Albanie, la Lettonie, la Croatie, la Bosnie, la Roumanie et la Grèce (impudente, consacrant 1,8% de son PIB en dépenses militaires inutiles alors que les travailleurs grecs sont rationnés) qui affament une partie de leur population afin de remplir les carnets de commandes des marchands de canons américano-occidentaux (alors SVP, pour le Mundial de foot, vous repasserez).
 

 


Donald Trump
ne semble rien comprendre à ces mimiques qui instrumentalisent la nouvelle Russie alors que les Russes ne font même pas mine d’agresser l’Occident se contentant de l’approvisionner en énergie à bas prix. Comment tous ces sous-fifres politiques pourront-ils justifier cette gabegie « sécuritaire » devant leur population ébaubie et appauvrie? « Faites comme moi, et réprimez vos malfrats et vos récalcitrants » leur répond Donald le dompteur de lions (avant de se faire bouffer par la plèbe américaine en colère…).

 

Justement, qu’en est-il de cet approvisionnement européen en énergie en provenance de la Russie « ennemie » (75 milliards d’euros par année)?  Donald, le premier de cordée (celui qui veut tout avaler sans rien laisser à ses alliés) a tout prévu. Il vitupère contre l’Allemagne la première assoiffée (35 milliards d’euros par année) l’accusant de s’approvisionner chez l’ennemi plutôt que chez son mentor américain qui extirpe et exporte du gaz de schiste au prix d’un cataclysme écologique appréhendé. Alors Donald le dompteur de lions ordonne : « Nord Stream 2, le gazoduc de la Mer Baltique doit être abandonné ».
 
Depuis qu’il est au pouvoir, Donald Trump se comporte comme un commis voyageur et ils usent des tactiques d’un vendeur de bazars. Voilà expliqué ses jérémiades à propos des dépenses militaires (pour vendre plus d’armement américain) et à propos de l’approvisionnement européen en énergie (pour vendre plus d’essence américaine), reste à expliquer cette rencontre avec Poutine à Helsinki.
 

Rififi à Helsinki

 
Rappelez-vous à Singapour, le mois dernier, la Chine a monté une arnaque aux Américains. Kim Jong un leur a servi d’appât et le Yankee a avalée l’alevin, l’hameçon et le filin. (2)  Aujourd’hui, l’Amérique tente de remettre la monnaie de sa pièce à Xi Jinping – le mandarin malin –. Donald, tel un parrain mafieux, après avoir calmé le jeu avec les pays européens, souhaite proposer de relancer les affaires entre la Russie nouvelle et les USA, espérant ainsi briser « l’alliance de Shanghaï » – pékinoise. Le colporteur apprendra vite qu’à l’ombre du Kremlin mille ans d’histoire regardent Vladimir « Ilitch » Poutine. Une fois que les Russes ont choisi leur camp, c’est pour longtemps.


 

NOTES

 

  1. Voici l’article que l’AFP a diffusé pour embrouiller la prochaine rencontre de l’OTAN « Virulente charge de Trump contre l’Allemagne au sommet de l’OTAN » Source : https://www.msn.com/fr-ca/actualites/monde/virulente-charge-de-trump-contre-lallemagne-au-sommet-de-lotan/ar-AAzUDtL?li=AAanjZr&ocid=spartanntp

 
Donald Trump a lancé mercredi, au premier jour du sommet de l’OTAN, une attaque frontale contre l’Allemagne, accusée d' »enrichir » la Russie et de ne pas contribuer suffisamment aux efforts militaires de l’Alliance. Très remonté, le président américain est resté sourd aux tentatives d’explications du secrétaire général de l’Otan Jens Stoltenberg qu’il a rencontré avant l’ouverture officielle du sommet à Bruxelles.
 
« L’Allemagne est complètement contrôlée par la Russie (…) elle est prisonnière de la Russie », a-t-il tonné dans une longue diatribe contre la première puissance économique de l’UE.  « Elle paie des milliards de dollars à la Russie pour ses approvisionnements en énergie et nous devons payer pour la protéger contre la Russie. Comment expliquer cela? Ce n’est pas juste« , a-t-il encore asséné. La Maison Blanche a ensuite annoncé que M. Trump, qui doit rencontrer lundi à Helsinki son homologue russe Vladimir Poutine, aurait un tête-à-tête mercredi avec la chancelière allemande Angela Merkel.
Le président américain a dénoncé à plusieurs reprises le projet de doublement du gazoduc Nord Stream reliant directement la Russie à l’Allemagne et exige son abandon.
 
L’attaque lui permet d’enfoncer un coin dans l’unité des Européens, car le projet les divise. La Pologne estime ainsi que l’Europe n’a pas besoin de ce projet. Nord Stream 2 « est un exemple de pays européens qui fournissent des fonds à la Russie, lui donnent des moyens qui peuvent être utilisés contre la sécurité de la Pologne« , a soutenu le chef de la diplomatie polonaise Jacek Czaputowicz à son arrivée au siège de l’OTAN. Les pays de l’UE importent deux tiers de leurs besoins en énergie. En 2017, ceci a représenté une facture totale de 75 milliards d’euros, selon les statistiques européennes. A ce jour, la moitié du gaz acheté est russe, mais les Européens cherchent à briser cette dépendance. Les Etats-Unis sont engagés dans une stratégie de conquête de marchés pour leur gaz naturel. Ils ont exporté 17,2 milliards de m3 en 2017, dont 2,2% par méthaniers vers les terminaux de l’Union européenne.
 

Trump s’en est aussi pris plus généralement aux membres de l’OTAN qui « ne payent pas ce qu’ils devraient » pour leurs dépenses militaires. Le chef de l’OTAN a reconnu que le président américain avait utilisé un « langage très direct » mais a assuré que les Alliés étaient d’accord sur les dossiers cruciaux: la nécessité de renforcer la résilience de l’Organisation, la lutte antiterroriste et le partage plus équitable du fardeau financier.

 
De fait, les Européens appréhendaient un sommet de l’OTAN acrimonieux et difficile.
Le président des Etats-Unis avait quitté Washington d’humeur belliqueuse, déclarant, avec le goût de la provocation qui est le sien, que sa rencontre avec le président Russe Vladimir Poutine prévue lundi à Helsinki pourrait être « plus facile » que le sommet de l’OTAN.  (…) Les Alliés se sont engagés en 2014 à consacrer 2% de leur PIB à leur défense en 2024, mais une quinzaine d’États membres, dont l’Allemagne, le Canada, l’Italie, la Belgique et l’Espagne sont sous la barre de 1,4% en 2018 et seront incapables de respecter leur parole, ce qui ulcère Donald Trump. Sa tirade contre Berlin mercredi matin s’est inscrite dans cette logique.
 
« L’Allemagne est un pays riche. Elle peut augmenter sa contribution dès demain sans problème« , a-t-il affirmé. Les Alliés souhaitent avoir des éclaircissements sur les intentions du président américain avant sa rencontre avec son homologue russe.
« Nous serons en mesure de discuter avec lui pendant le sommet de la relation entre l’OTAN et la Russie. Il est important que l’OTAN reste unie« , a plaidé M. Stoltenberg.
Toutes les décisions qui seront souscrites durant le sommet visent à renforcer la capacité de dissuasion de l’Alliance, selon le chef de l’OTAN. « Les Alliés ne doivent pas augmenter leurs dépenses pour plaire aux Etats-Unis, mais parce que c’est dans leur intérêt« , a-t-il estimé.  Dans le cadre de l’initiative américaine « 4×30 », les membres de l’OTAN vont s’engager à être en mesure en 2030 de déployer sous 30 jours 30 bataillons mécanisés, 30 escadrilles et 30 navires de combat pour pouvoir faire face à une opération militaire de la Russie, identifiée comme un potentiel agresseur.
 

  1. http://www.les7duquebec.com/7-au-front/lenigme-coreenne/ et  http://www.les7duquebec.com/7-au-front/lenigme-coreenne/

Robert Bibeau

Auteur et éditeur

6 réflexions sur “Donald Trump, dompteur de lions à l'OTAN

  • Hé, De Gaulle avait, lui, un sentiment très fort, pas exactement contre l’OTAN, mais contre le pour des Américains dans l’OTAN dont les membres n’avait que fort peu de pouvoir de décision.

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  • Salut Robert,
    oui, c’est à peu près ça.
    Mais pas seulement, du point de vue militaire, il y a quand même une pression sur la Russie, comme à l’époque de la guerre des étoiles.
    Reste à éclaircir ce mystère : d’un côté Poutine est accusé d’avoir été élu grâce aux Russes de l’autre il est l’ennemi des Russes ! Je pense que s’il est accusé d’être un ami des Russes en interne, c’est pour des raisons purement internes.
    Bien à toi,
    do
    http://mai68.org/spip2

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  • En tout cas ça prouve une chose, l’Europe est bel et bien une colonie américaine.
    Lesechos.fr, 12 juillet 2018 : Après avoir vertement critiqué les Européens et particulièrement l’Allemagne, le président Trump a changé de ton et s’est félicité de l’engagement des alliés d’augmenter leurs dépenses de défense.
    Note de do : Après que Trump ait engueulé l’Europe, celle-ci s’est inclinée. Normal, elle n’est qu’une colonie américaine. Elle a été voulue par les Amerloques avec le plan Marshall de 1947. C’est d’ailleurs pourquoi De Gaulle n’aimait pas l’Europe. « Le machin », comme il l’appelait.
    http://mai68.org/spip2/spip.php?article1915
    A+
    do
    http://mai68.org/spip2

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    • robert bibeau

      @ do
      Le monde change DO et 2018 – n’est pas 1954. Si tu souhaites militer politiquement tu dois analyser la conjoncture et les forces en présence pour chaque époque
      Ainsi j’ai produit cet article à partir d’un article de l’AFP pour démontrer justement que la conjoncture a beaucoup changé. TRUMP dirigeant d’une puissance en déclin est astreint de vilipender publiquement des chefs d’États = donc des groupes de capitalistes – ce que ses prédécesseurs n’avaient pas à faire. C’est que justement les puissances européennes prennent le large et se dissocient de l’EX-MENTOR. Comme la chose se passe sous tes yeux sans recul tu ne les vois pas
      Ainsi le fait que les chefs d’État aient fait des déclarations pour réduire la tension et calmer le jeu avec Trump ne signifie nullement qu’ils vont obtempérer cher DO. Ainsi l’Allemagne n’a aucune intention de bloquer le pipeline Russe en Baltique et continuera d’acheter le gaz Russe sans cela l’Allemagne périclitera – ce n’est pas un choix pour elle.
      Voici un article qui montre que sur tous les terrains Poutine a la main et les USA recule http://www.les7duquebec.com/actualites-des-7/double-victoire-energetique-de-poutine-en-europe-et-en-turquie/
      Même chose pour les dépenses militaires = chaque année les pays de l’OTAN annonce qu’ils visent le 2% de leur PIB mais chaque année ils reculent sur cet objectif tout en réaffirmant faire leur possible. Ils n’ont plus de crédit et même en s’endettant ils n’y parviennent pas TRUMP peut bien gueuler – ils opinent du bonnet et en font à leur tête et TRUMP ne leur vendra pas plus d’armement
      D’ailleurs 5 pays de l’OTAN au moins sont des producteurs d’armement et la Turquie de l’OTAN vient d’acheter le S400 RUSSE à la barbe de TRUMP.
      ainsi, L’EUROPE TIENT TÊTE ET REFUSE DE BOYCOTTER L’IRAN l’ennemi que TRUMP voudrait proposer en lieu et place des russes considérant que c’est un maillon plus faible et espérant maintenir le prix du pétrole en faisant du trouble dans le golfe.
      De Gaulle a ergoter mais il a été balayer et en 2018 les USA ne sont plus ce qu’ils étaient
      L’UE n’a jamais été un projet américain = jamais = C’est le projet des impérialistes européens pour se distancier des USA ce qui survient en ce moment DANS LES FAITS PAS DANS LES DÉCLARATIONS FUMEUSES DES POLITICAILLEUX
      coupe avec ton passé nationaliste – gaulliste DO et tu comprendras mieux le monde actuel

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      • « L’UE n’a jamais été un projet américain » Dis-tu ?
        Pourtant le plan américain dit « Plan Marshall » de 1947 VOULAIT l’Europe en voici la preuve :
        http://mai68.org/spip/spip.php?article11211
        « L’EUROPE TIENT TÊTE ET REFUSE DE BOYCOTTER L’IRAN » dis-tu mais les grandes entreprises françaises qui étaient présentes en Iran l’ont quitté ! par exemple Peugeot, en voici la preuve :
        https://francais.rt.com/economie/51315-tout-bien-reflechi-peugeot-aussi-va-se-soumettre-justice-americaine-quitter-iran
        Je n’ai jamais été nationaliste ni gaulliste ! Si je cite parfois De Gaulle c’est pour bien montrer à quel point la France a glissé à droite. Un site intitulé mai68.org n’est certainement pas gaulliste ! Un des slogans de mai 68 s’adressait à de Gaulle : « 10 ans, ça suffit ! »
        Amicalement
        do

        Répondre
        • Robert Bibeau

          Do
          Je crois que c’est la naiveté qui te caractérise vraiment
          1. Le Plan Marshall est la façon par laquelle le capital US a pris le contrôle (en partie) des forces productives – donc des profits (en partie) sur le sol européen. Que les politicailleux de l’époque ait deviser abondamment sur l’Europe de 7 ou des 10 ce sont des mots
          Je n’ai pas écrit que les US n’avait aucune opinion sur la grande Europe – j’ai dit que l’Union européenne est la réponse du grand capital européen dans un monde de plus en plus concurrentiel où il se font coincer
          2) Pour l’Iran tu tourne les coins ronds Renaut a dis qu’elle restait Total aussi et Peugeot pense à quitter mais c’est du chantage pour obtenir des aides de l’État Français
          La partie n,est pas jouer en Iran = attend avant de pavoiser on verra dans un an
          robert Bibeau

          Répondre

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