Guerre financière asymétrique et pression radicale des États-Unis – Qu’est ce que ça va donner?
L’auteur de cet article M. Alastair Crooke est venu bien près de lever le voile sur la grande guerre commerciale qui se déroule sous nos yeux ébaubis entre l’ex-puissance hégémonique américaine et la nouvelle hyperpuissance impérialiste chinoise. Parmi ses erreurs soulignons le fait que l’auteur présente cette guerre fratricide entre puissances capitalistes rivales comme une guerre entre chefs d’État, oubliant que ces guignoles ne sont que les chefs d’État-major de leur classe sociale de plus en plus mondialisée. Ce sont donc les intérêts et les prospectives des capitalistes financiers américains, chinois et autres qu’il faut considérer pour interpréter correctement les affrontements économiques, financiers, monétaires, commerciaux, politiques et finalement militaires des différents protagonistes engagés dans cette grande bataille pour le changement de la garde. Car c’est bien de cela qu’il s’agit – une superpuissance déclinante à tout point de vue doit céder le pas à une hyperpuissance montante – la première négociant férocement sa mise sous tutelle par la seconde. Historiquement, tout ceci ressemble à l’éviction de la grande puissance britannique par l’immense puissance américaine au siècle dernier. Robert Bibeau. Éditeur http://www.les7duquebec.com
Il semble que les dirigeants chinois ont conclu que l’Administration Trump est déterminée à utiliser son influence radicale tous azimuts pour entraver la Chine en tant que rivale et pour ressusciter sa propre domination mondiale – Xi Jinping semble prévoir une longue lutte pour la position dans l’avenir mondial qui sera joué géopolitiquement – dans la mer de Chine méridionale, en Corée du Nord, à Taïwan et sur l’initiative de la Route de la soie – autant que dans le domaine économique. Si tel est le cas, il existe un risque réel que la « bousculade » dégénère spontanément en conflit militaire, limité ou non.
Xi a complètement raison. Jusqu’à récemment, Washington souscrivait à la conviction culturelle occidentale du «progrès» historique linéaire, c’est-à-dire que l’introduction du marché libéral économique de style occidental, sous Deng Xiaoping, faisait partie d’un itinéraire chinois inévitable vers une plus grande liberté économique et politique – c’est-à-dire qu’ils deviendraient comme nous. Mais Washington DC a eu son «point de basculement» et a glissé vers une compréhension très différente. À savoir que les réformes économiques libérales de la Chine visaient à restaurer l’ancienne primauté économique mondiale et le pouvoir de la Chine – et à ne jamais «donner à l’individu» des moyens de penser occidentaux. Dans ce contexte, demeurer conforme et respectueux de l’ordre mondial avait du sens pour la Chine, tant qu’elle ne serait pas encore devenue le numéro un mondial d’ici 2049 (année du centenaire du PCC). (Personnellement, je ne pense pas que l’individualisme bourgeois soit le motif de la résistance américaine, et je ne pense pas que la Chine attende 2049 pour se trouver impliquée dans les grands conflits mondiaux fomentés par la puissance américaine déclinante. Robert Bibeau).
Mais, comme tous les convertis tardifs sur leur «Chemin de Damas», les élites de la politique étrangère des États-Unis sont devenues des prosélytes fervents du récit de la «menace» chinoise. Alors, la question se pose : est-il encore logique pour la Chine de poursuive sa politique instinctive consistant à ne pas affronter les États-Unis, surtout si Trump est connu pour maintenir la pression, ne jamais reculer et toujours doubler la mise ? Comment la Chine peut-elle encore s’en tenir à sa posture «apaisante» si Trump augmente la pression en mer de Chine méridionale ou en Corée du Nord, ou décide d’adopter Taïwan comme «cause pour la démocratie» ? Xi ne peut pas.
La Russie, quant à elle, voit un président américain extrêmement défensif – un défenseur de longue date des bonnes relations avec la Russie, mais que la vulnérabilité persistante à l’hystérie du «Russiagate» pousse à exhiber des attitudes anti-russes, devenant maintenant plus royaliste que le roi, c’est à dire plus «dur avec la Russie» que les russophobes, plus néocon, que les néocons. Avec des tombereaux de sanctions écrasantes contre la Russie déjà à l’ordre du jour du Congrès – sur lequel le président américain a peu de possibilités de modération – la Russie doit, elle aussi, se préparer à une longue période d’attrition économique. La profondeur de la crise américaine est telle que le président Poutine – comme tout le monde – ne peut pas deviner comment tout cela va tourner. (L’auteur a parfaitement raison de souligner – à la fin de ce paragraphe – que c’est la profondeur de la crise économique qui entraine l’Amérique par le fond qui est le moteur de toute cette rancoeur Étasunienne – le premier de classe – déclassé – vend chèrement son déclassement et l’affrontement est inévitable. Robert Bibeau)
Pour l’Europe, l’Iran, la Turquie, le Pakistan et le Venezuela, les perspectives sont similaires : ce sera une période où les États-Unis mobiliseront tous les leviers dont ils disposent pour restaurer leur primauté mondiale et l’agenda américain. Trump escalade – intentionnellement semble-t-il – pour obtenir la première capitulation, ou provoquer une fissure politique d’ici novembre. Mais si cela ne se produit pas ?
Le «marché» (à quelques exceptions près) considère que la victoire des États-Unis dans la guerre commerciale est certaine : les États-Unis sont de loin le marché de consommation prédominant et, de manière concomitante, les partenaires commerciaux des États-Unis souffriront plus car les taxes de rétorsion qu’ils pourront imposer pénaliseront moins les exportateurs américains parce que la balance commerciale est déficitaire pour les États-Unis dans la plupart des cas. (Ces assertions sont fausses, le « marché boursier » fonctionne mécaniquement – par pulsions aveugles – le dollar étant la devise omniprésente – dont chacun cherche à se départir ce qui entraine qu’aucun ne parvient à s’en dégarnir – alors superficiellement le marché lui semble favorable. L’OCDE vient de publier des statistiques indiquant que les USA n’atteindront pas 2% de croissance face à la Chine qui pointera à 6,2% l’an prochain – 2019. Robert Bibeau)
Pour un pays comme la Chine, les exportations vers les États-Unis sont au moins deux fois supérieures aux importations chinoises. Les États-Unis ont donc (vu de la Maison Blanche) le pouvoir de taxer deux fois plus les importations chinoises que l’inverse. En outre, les États-Unis utilisent l’hégémonie du dollar pour le faire monter artificiellement, ce qui affaiblit les marchés émergents et augmente de manière concomitante leur endettement, la dette et les intérêts étant libellés en dollars. (En effet, les USA taxeront pour 200 milliards d’importations chinoises mais la conséquence est déjà prévisible, les prix à la consommation augmenteront d’autant aux USA car les États-Unis ne produisent pas de produits concurrents et les concurrents européens produisent plus cher que les chinois même surtaxés. Le piège de la guerre commerciale se referme sur le dompteur de lion trumpiste. La Chine n’est pas le Canada M. Trump. Robert Bibeau)
Cette vision de la guerre commerciale par le « marché » est en quelque sorte le miroir de l’air du temps [zeitgeist] militaire américain. Les États-Unis ont de loin la plus grande armée ; ils peuvent surpasser tout le monde (sauf la Russie), alors quiconque remet en cause les États-Unis est forcément «perdant» (on le suppose). En effet, les États-Unis ont le pouvoir, et l’exercent, de commencer leurs guerres avec une démonstration de leurs capacité destructrices contre l’adversaire. Et après ? Pour la suite, l’armée américaine ne semble pas avoir de réponse aux conséquences : elle s’embourbe et se retrouve perdante face à des représailles asymétriques. Sa seule réponse est la guerre «éternelle».
Alastair Macleod, de l’Institut Mises, suggère qu’une telle consanguinité [économico-militaire] est une erreur :
« Les commentaires selon lesquels la Chine est heurtée par les droits de douane et minée par un dollar fort sont hors du sujet. La géopolitique domine ici. Les succès occasionnels de l’Amérique dans l’attaque du rouble et du yuan ne sont plus que des victoires à la Pyrrhus. Elle n’est pas en train de gagner la guerre des devises contre la Chine et la Russie. La Chine n’est pas détournée de ses objectifs stratégiques pour devenir, en partenariat avec la Russie, une superpuissance eurasienne, hors de portée de l’hégémonie américaine. »
La Russie et la Chine ont l’intention de jouer et de gagner le match sur le long terme. Les deux États sont actuellement en train de sonder Washington (d’ici novembre) pour déterminer si, selon les mots du porte-parole de Poutine, il existe un «terrain d’entente, essayer de comprendre si cela est possible – et si l’autre partie est prête». Pékin cherche aussi à savoir si Trump est prêt à faire des compromis sur une sorte d’accord pour sauver la face, avant les échéances de novembre – ou pas. Cette façon de «sentir le vent» ne doit pas être interprétée à tort comme une faiblesse ou une volonté de capituler. Ces États font simplement preuve de «diligence raisonnable» avant que les événements ne les amènent à la prochaine étape du conflit – dans laquelle les risques seront plus sérieux. (Nous endossons totalement cette vision très pragmatique de l’affrontement sino-américain. Robert Bibeau)
Ce qui est le moins remarqué – parce qu’il n’y a pas eu l’occasion d’une «proclamation publique» – c’est comment les préparatifs pour la prochaine phase se sont déroulés progressivement (depuis quelque temps). Des petits pas, peut-être, mais néanmoins d’une grande importance, car les moyens techniques pour contrer le harcèlement financier des États-Unis sont mis en place à un rythme accéléré, en particulier depuis que Trump a commencé à sanctionner «le monde».
Cet ancien axiome est la première chose à comprendre : «Chaque crise est aussi une occasion». Trump, fustigeant et sanctionnant «le monde» est en train de catalyser un puissant contre-coup. Lorsque l’Amérique sanctionne «le monde», c’est un «repoussoir» facile pour la Chine et la Russie, incitant les autres pays à la dé-dollarisation et au commerce en monnaies locales (hors dollar). Et cela se passe ainsi. C’est presque «réglé» en ce qui concerne le pétrole. L’avènement du Shanghai Futures Exchange [marché à terme pour le pétrole, adossé à l’or] a symboliquement marqué le début du bouleversement du monde de Bretton Woods – et les États du Golfe succomberont probablement à l’inévitable le moment venu. (Félicitations à M. Crooke, excellente analyse, qui positionne correctement le conflit monétaire – financier – économique donc par rapport aux autres théâtres de guerre – diplomatique – juridique – commercial et militaire. En effet, les mesures concrètes prises par la Chine pour se sortir et sortir les autres puissances de l’emprise du dollar sont des mesures de guerre bien plus puissantes que les rixes russes-OTAN au Proche-Orient. Robert Bibeau)
Le «marché» voit la vente de sa dette américaine (bons du Trésor US) par la PBOC [People’s Bank of China] comme une épée de Damoclès au-dessus des États-Unis ; mais dans le même temps, «le marché» estime que la Chine ne fera jamais une telle chose, car cela réduirait la valeur de ses avoirs. Cela irait à l’encontre des intérêts de la Chine. On ne se demande jamais pourquoi la Chine devrait vouloir conserver ces avoirs. Après tout, surtout si les États-Unis empêchent les Chinois d’acheter des actifs libellés en dollars avec leurs dollars américains. (Ici erreur de l’auteur, la Chine a déjà trouver les parades pour se sortir du guêpier monétaire US. La Chine prête ses dollars de Monopoly à tiers partis – les flouant ainsi – et la Chine achète tout ce qu’elle peut dans le monde (building, ports, aéroports, autoroutes, usines, voies ferrées, mines, en payant en dollars US – flouant ainsi ces vendeurs. Robert Bibeau).
La Chine a toujours craint de perturber les marchés – c’est vrai . Mais il se peut que le «marché» interprète mal le «plan de guerre» de la Chine. On peut s’attendre à ce que son seul recours soit la vente de titres du Trésor américain (comme la Russie vient de le faire). Mais, comme d’habitude, ce serait le «marché» qui parierait encore sur une vision à court terme des possibilités de la Chine. Celle-ci, cependant, joue clairement sur le long terme. Rappelez-vous ce que le major-général Qiau Liang a déclaré en 2016 :
« Les États-Unis ont besoin d’un rendement du capital important pour soutenir la vie quotidienne des Américains et de l’économie américaine. Dans de telles circonstances, [toute nation] qui bloque le retour des capitaux aux États-Unis est l’ennemi de ceux-ci. Nous devons clairement comprendre cette question… Pour contenir efficacement les États-Unis, d’autres pays doivent réfléchir davantage à la manière de couper les flux de capitaux vers les États-Unis lorsqu’ils définissent leurs stratégies. »
C’est une guerre financière asymétrique sur le long terme.
Ce que la Chine peut et fait avec ces actifs en dollars américains, c’est de les déployer d’une autre manière importante. Elle ne les vend pas, mais les utilise plutôt – sans fanfare – pour soutenir ses principaux alliés, dont les monnaies sont périodiquement l’objet de raids à court terme de Wall Street, concertés, pour vendre leurs monnaies : c’est-à-dire que la Chine soutient tranquillement la Turquie et l’Iran – plus par l’achat de son brut, dans ce dernier cas. Ainsi, elle subvertit discrètement et sape l’atout du dollar fort de Trump destiné à forcer la Turquie et l’Iran à capituler. C’est une guerre financière asymétrique sur le long terme.
Ces deux États – ainsi que le Pakistan – sont des pôles clés de l’initiative chinoise «Belt and Road» [Routes de la soie]. Mais plus que cela, ils sont directement des éléments stratégiques importants pour la sécurité nationale de la Chine. La Chine est très préoccupée par les musulmans, les Turcs et les Ouïghours de la province du Xinjiang, dont des milliers se battent déjà en tant que djihadistes en Syrie. La Chine ne veut pas que ces dernier reviennent, ni que les musulmans soient radicalisés en Chine ou dans les États de l’ouest du pays.
Le président Erdogan a largement contribué à leur radicalisation. Les Chinois veulent qu’Erdogan arrête son jeu avec les populations ethniques turques, en Chine et à proximité, en échange de quoi elle aidera à sauver la monnaie turque. De même, l’économie chinoise est vulnérable à la fermeture du détroit de Malacca par l’Amérique. Pour compenser cette vulnérabilité, la Chine a besoin du Pakistan et de son «corridor» jusqu’au port de Gwadar. Et l’Iran est absolument essentiel à la sécurité nationale de la Chine et de la Russie. (Pour ceux qui ne comprenne toujours pas le pourquoi de l’implication obligée de la Chine au Proche-Orient aux côtés de la Russie, de l’Iran et de la Turquie relisez ces deux derniers paragraphes. La Chine plutôt que d’attendre l’Amérique en Mer de Chine comme l’en avait menacé Barack Obama en 2015, préfère porter l’activité militaire au Moyen-Orient – elle n’a d’ailleurs pas le choix. Ceci devrait permettre aux géopoliticiens de remettre en contexte les affrontements d’opérettes contre DAESH, Al Nostra, Al Qaida, Israël et autres mercenaires otanesques. L’OTAN est progressivement chassé du Moyen-Orient et l’avenir du camp militaire américano-israélien est menacé. Robert Bibeau)
Ce que nous voyons donc, c’est que la Chine et la Russie ont discrètement tissé la toile d’une ceinture de pays dé-dollarisés, échangeant leurs devises et approvisionnés en crédits, dans toute l’Asie centrale – en opposition à la tentative américaine de la démanteler. La Russie, qui a déjà fortement dé-dollarisé son économie, a notamment pour rôle de veiller à ce que l’Europe ne soit pas perdue, en tant que marché pour l’initiative eurasienne BRI (Belt and Road), du fait des agressions de Trump, et que l’aspiration de ce dernier à dominer les ressources d’énergie ne reste que cela, une «aspiration».
Prises globalement, toutes ces mini-étapes quantitatives représentent une diminution qualitative significative de l’utilisation du dollar, en dehors de la sphère intérieure américaine. Son étendue, au-delà du territoire américain, est en cours de saucissonnage. Il ne faut pas sous-estimer l’importance de ce phénomène : les États-Unis jouissent d’un niveau de vie élevé car ils peuvent acheter des produits bon marché, payer pour leurs dettes en monnaie de singe (fiduciaire) alors que d’autres sont obligés de détenir cette monnaie pour pouvoir commercer au niveau mondial. Le niveau de vie des Américains est en fait subventionné par le reste du monde.
Les États-Unis se permettent d’étaler leur puissance militaire car ils peuvent, contrairement aux autres États, payer leurs dépenses militaires hors normes, de façon fantaisiste et sans souci, grâce aux étrangers qui (jusqu’à présent) continuent à combler leur déficit budgétaire. (Vous pourriez comparer ceci au tribut que Rome ou Byzance exigeaient des tribus soumises et qui permettaient à ces empires d’engager des légions contre les récalcitrants – jusqu’à ce que les légions et les tribus insoumises se tournent contre l’empire. Robert Bibeau)
Les États-Unis disposent en ce moment d’un levier financier radical précisément à cause du «dollar fort». Ne vous y trompez pas. Ce n’est pas seulement le résultat de la hausse des taux d’intérêt de la Fed : Trump comprend bien cela. Il a tweeté, le 16 août. «L’argent afflue comme rarement auparavant pour notre DOLLAR chéri». Bien sûr, tout est une question de rapports de force. Avec un dollar fort, les devises des partenaires commerciaux se dévaluent, leurs paiements d’intérêts et de capitaux montent en flèche – et, traditionnellement, ils sont poussés vers le FMI pour une dose d’austérité et la vente de leurs actifs nationaux. C’est un «jeu» auquel la Russie et la Chine ont l’intention de mettre fin. Ils ont mis en place des alternatives à la Banque mondiale et au FMI, auxquelles la Turquie peut avoir recours – au lieu d’être forcée à participer à un programme du FMI.
Atlasdair Macleod note la dichotomie entre le jeu à court terme de Trump et celui, à long terme de la Chine et de la Russie :
« Pour le moment, et probablement quelques mois seulement après les élections de mi-mandat aux États-Unis en novembre, le président Trump impose des difficultés de change à ses ennemis par des politiques commerciales agressives, y compris des sanctions, et en militarisant le dollar. C’est une astuce utilisée par les administrations américaines successives depuis longtemps… Les actions du président Trump sur le commerce… éloignent les pays de sa sphère d’influence. En fin de compte, cela se révélera contre-productif. Les spéculateurs achètent le court-termisme de Trump et les politiques de normalisation de la Fed poussent le dollar à la hausse pour le moment… Cela devrait conduire à la chute du dollar [à long terme]. Le dollar ne grimpe que sur des considérations à court terme, entraîné par rien de plus substantiel que des flux spéculatifs. Une fois que ceux-ci diminueront, les perspectives à plus long terme pour le dollar se réaffirmeront, y compris des déficits budgétaires et commerciaux croissants… et la hausse des prix alimentée par une expansion monétaire antérieure et des taxes supplémentaires sur les droits de douane.»
Cela pourrait bien être le «long jeu» de la Chine. Pour l’instant, le dollar fort (et la peur géopolitique) provoquent une fuite vers les actifs américains facilement négociables. Le récent projet de loi sur l’impôt aux États-Unis a amplifié ce flux de dollars «rentrant à la maison» (grâce à une amnistie fiscale pour les sociétés qui rapatrient leurs liquidités off-shore). Le rapport de force financier est actuellement en faveur des États-Unis. Tout va bien : la bourse est en hausse, les commerçants pensent que la guerre commerciale verra une «victoire» facile, et, selon la Réserve fédérale, les indicateurs économiques sont «forts». (De fait, il s’agit du sursaut du moribond à l’agonie – chaque crash boursier est précédé par une telle frénésie des indices qui montent avant de plonger – et plus ils montent – plus la descente est importante. Les commerçants – les GAFAM – les spéculateurs boursiers et les officiers financiers le savent tous mais chacun espère qu’il saura retirer ses billes avant les autres et s’enfuir avec le magot… Robert Bibeau)
Mais la Russie et la Chine peuvent être patientes. Les dollars d’outre-mer «qui affluent [vers l’Amérique], comme rarement auparavant» aspirent l’oxygène, c’est-à-dire la liquidité en dollars, partout ailleurs. Ce flux se tarira bientôt ou bien il se traduira par une crise du crédit contagieuse – l’Europe étant probablement la première victime – déclenchée précisément par le tarissement des liquidités conçu pour renforcer la main de Trump.
À ce stade, le rapport de force entre les États-Unis et le couple Russie–Chine s’inversera à l’avantage de ce dernier.
Alastair Crooke
Article original en anglais : Asymmetric Financial War and Radical US Leverage – What Will It Bring?, Strategic Culture, le 28 août 2018
Traduit par jj, relu par Cat pour le Saker Francophone
je te prend en flagrant délit quand tu écris » Car c’est bien de cela qu’il s’agit – une superpuissance déclinante à tout point de vue doit céder le pas à une hyperpuissance montante – la première négociant férocement sa mise sous tutelle par la seconde. Historiquement, tout ceci ressemble à l’éviction de la grande puissance britannique par l’immense puissance américaine au siècle dernier. Robert Bibeau. Éditeur » et que par ailleurs tu prétends que le capitalisme est sur le déclin qu’i est sénile….
Pour toi, seuls les USA seraient sur le déclin et la Chine une hyperpuissance en expansion.
La géopolitique très journalistique c’est la surface des choses, il faut comme tu le rappelles souvent rechercher les causes profondes dans l’ économie.
@ Oeil de faucon
NON je ne prétend pas que SEUL les USA sont en déclin – je prétend que l’IMPÉRIALISME COMME STADE ultime du mode de production capitaliste – est en déclin – l’ensemble du monde en l’occurrence CAR le monde entier MONDIALISÉE – GLOBALISÉE – vit sous le mode de production capitaliste-impérialiste – est en déclin
Ce déclin se manifeste différemment selon les puissances impliquées – les puissances émergentes n’ayant pas terminées leur développement industriel et post-industriel numérique et financier – ont encore des taux de croissance de 6,2%/an = CHINE alors que les vieilles puissances anciennement industrialisées-numérisées-financiarisées ont des taux de croissance NUL = 0 ou proche de zéro en attendant d’être dans le négatif (LA GRANDE DÉPRESSION À VENIR VOIR MON AUTRE TEXTE)
cE QUE CET ARTICLE MONTRE PAR SES DONNÉES mais pas par l’interprétation de l’auteur = d’ou mes commentaires fréquents = c’est ce processus général en marche mais de manière différentiée. Ainsi la Chine et j’aurais pu ajouter l’Inde – le Brésil seront forcés de prendre le relais du malade – le premier à succomber un peu comme dans une épidémie = tout le monde à le virus mais il se manifeste chez les vieux en premier et chez les jeunes adultes costaud en dernier… l’important à retenir ce n’est pas de débattre du style – de la forme de l’article mais de bien comprendre ce que les DONNÉES – LES STATISTIQUES – LES FAITS POLITIQUES DÉMONTRENT réellement.
Et d’éviter comme tu le fais de s’en tenir à la surface des choses et comme je le fais chercher la source réelle des choses qui ne peut être que dans l’économie-politique disait Marx (;-))
Merci infiniment pour ton post camarade.
Robert Bibeau http://www.les7duquebec.com