7-de-lhexagone

La guerre des toilettes

Par Israël Adam Shamir. Le 24.09.2018. Sur Entre La Plume et L’Enclume.
 
Les garçons et les filles, c’est différent. Autrefois, on  s’en félicitait. « Vive la petite différence »[1], disaient les Français, et bien d’autres nations renchérissaient. Maintenant ça donne lieu à des tas de problèmes, sur mer, en ville et jusque dans l’espace, comme vous allez le découvrir.
Les hommes et les femmes ne pissent pas de la même manière, pour commencer. Ça n’a pas posé de problème pendant les six mille ans d’histoire dont l’humanité ait le souvenir, mais désormais, pour l’Occident éclairé, c’est dramatique. C’est une différence insupportable pour les féministes, qui veulent faire tout ce que font les hommes. Dans les années 1970, les premières affiches du MLF montraient fièrement une dure-à-cuire en action dans un urinoir, médusant quelques spectateurs variés, dont certains quelque peu jaloux. Eh oui, c’était comme ça, jadis. Mais depuis, les féministes ont décidé qu’il serait bien plus chouette de forcer les hommes à utiliser les commodités féminines et de saccager celles des mâles.
Le tout nouveau porte-avions américain USS Gerald R. Ford n’a point d’urinoirs. Tout y est neutre, de sorte que les quelques dames qui y font leur service pourront aller pisser où elles auront envie. Ces nouvelles toilettes dégenrées prennent bien plus de place, ne sont pas très propres parce que les hommes pissent bien souvent à côté du trou, et ça prend bien plus de temps. Mais pour obtenir la soumission de mâle et exorciser l’esprit patriarcal, ces menus inconvénients ne comptent pas. Pour pisser dans un édicule public en Suède, il va vous falloir un smartphone et une carte de crédit : et non seulement ça coûte un max, mais rien n’est prévu pour les êtres qui n’auraient que ferraille ou  billets sur eux.
En Allemagne, le pays le plus écrasé de culpabilité au monde, un homme qui utilise un urinoir, c’est un nazi. Un Allemand non-nazi devrait s’asseoir, comme une dame. Même chose en Suède. Rien d’étonnant, Allemands et Suédois sont les gens qui se réjouissent le plus au monde de l’avalanche des réfugiés depuis le Moyen Orient dévasté. Les femmes allemandes et suédoises sont toutes pour l’importation massive de Pashtounes et de Kurdes virils, car leurs propres bonshommes sont devenus trop efféminés, à force d’essayer de rentrer dans l’agenda féministe. Les autochtones mâles se contentent d’approuver ce que leurs bonnes femmes décident, ils ont bien trop peur de les contrarier ; même si celles-ci sont notoirement inconstantes et sujettes à rejeter ce qui était d’abord leur premier choix….
Eh bien il y a des hommes qui ont trouvé une solution. Les Berlinois pissent contre les stèles de leur mémorial de l’Holocauste. Pas moins de trois mille blocs de ciment, plaques ou stèles, une ombre propice, et une odeur qui ne laisse aucun doute sur la solution imaginée par les hommes du cru face au manque d’urinoirs. Mais toutes les villes n’ont pas la chance d’avoir de si gracieux et utiles sites mémoriels…
Les écoles américaines sont devenues une arène dans la longue guerre pour les toilettes, avec quelques enfants mal dans leur genre jouant les chefs de bande. Si Jack se sent plutôt Jill, va-t-il pouvoir aller pisser chez les filles ? Il n’y a pas de réponse satisfaisante, à moins d’éliminer les toilettes, tout simplement.
A Paris, un véritable monument, les pissoirs ou pissotières, avait été inventé, au XIX° siècle, en matière de mobilier urbain, et rendait la vie en ville fort commode. Les hommes pouvaient y aller gratuitement et sans honte. Seulement les féministes émirent des objections, et l’esprit du capitalisme les soutenait ardemment. Des commodités gratuites, c’est toujours le début d’un socialisme détestable. Et bientôt, le nombre de pissotières passa de 1200 à une seule. Et des cabines adaptées à la fois aux hommes et aux femmes ont fait leur apparition. Ces structures ont un prix, prennent du temps, et c’est compliqué à utiliser. Les féministes étaient contentes, les descendants de l’empereur Vespasien -celui qui disait que l’argent n’avait pas d’odeur et qui avait créé un impôt sur les toilettes- se frottaient les mains, mais les gars n’étaient pas vraiment joyeux d’avoir à payer pour quelque chose qu’ils avaient toujours fait gratuitement. Alors ils ont préféré aller pisser dehors. Et Paris s’est mis à puer comme jamais.
Coincée entre ses rues malodorantes et la fureur féministe, la mairie de Paris a créé une nouvelle espèce d’uritrottoirs : à l’air libre, finie l’inimité, tu pisses et tu te casses. Ce n’est pas très luxueux, et il n’y a pas de quoi rendre les femmes jalouses. D’ailleurs elles ne l’étaient pas, elles ont juste été furieuses. Elles ont pris d’assaut ces symboles haïssables du patriarcat avec des sacs de ciment, pour les boucher, les sabotant irrémédiablement. Je suppose que les industriels du paye-et-pisse les soutiennent chaudement, et fournissent même éventuellement le ciment à prix cassé, mais bon, ce doit être un simple délire de ma part. En tout cas, ça y est, Paris empeste à nouveau, et les féministes vont pouvoir brandir cet état de fait pour détester un peu plus les hommes.
Or voilà que cette guerre des toilettes s’est étendue jusque dans l’espace. Il y a eu un étrange incident dans la Station spatiale internationale. La pression a chuté. En cherchant où pouvait se trouver la fuite, on découvrit un petit trou de deux millimètres dans le mur du module russe Soyouz arrimé à la station. Le trou fut localisé près des toilettes et il était recouvert de façon décorative.
Les astronautes US demandèrent l’annulation de leur mission et leur retour sur terre, tandis que les cosmonautes russes se contentaient de boucher le trou avec un peu de colle, et le vol a continué. On découvrit bientôt que ça ne venait pas d’un impact de météorite, mais que le trou avait été percé. Dimitri Rogozine, commandant du Roscosm, dit que c’était probablement le fait d’un astronaute qui avait le mal du pays. Cette version fut estimée trop bizarre. Tout le monde la rejeta, et on y vit une nouvelle preuve de la maladresse russe. La version préférée attribua le coup de perceuse à un ouvrier russe au sol, juste avant le décollage, ce qui était tout à fait prévisible de la part des Russes ineptes.
Et pourtant, Rogozine avait peut-être raison. J’ai entendu raconter, de la bouche de gens de Korolyev, le Houston russe, une histoire très singulière, en attente de vérification, qui prend tout son sens dans le cadre des désordres de genre dans les toilettes américaines. Voilà le décor : l’ISS comporte un compartiment américain, un autre russe, et  un compartiment collectif, séparés mais reliés, le segment russe constituant le satellite amarré. Il y a quatre astronautes dans le secteur occidental, et deux ans le secteur russe. Parmi les Occidentaux, une femme.
Les cosmonautes sont soigneusement inspectés au départ, mais dans l’espace il peut arriver des choses hors clauses terrestres. Ce qui se dit, à Korolyev, c’est que la dame n’était pas d’accord avec leur organisation côté toilettes, elle se sentait rabaissée, et elle avait voulu réajuster les équipements selon ses besoins. Les hommes avaient fait de même, en rouspétant contre la féministe. Et bientôt, les toilettes délicates du secteur occidental ont été cassées, et irréparables parce que dans l’espace rien n’est simple, même aller au petit coin.
Et ces grands gaillards, ex-capitaines et commandants de l’US Navy et de l’US Air Force, se sont trouvés obligés de porter des couches à longueur de journée. Non seulement ce n’est pas agréable, mais il n’y a pas de rangement prévu pour cette quantité de couches sales et odorantes. Le secteur occidental se mit à embaumer comme les rues parisiennes, ou pire.
Alors les astronautes ont commencé à s’énerver contre les extravagances de la dame, et se sont plaints : « Allô Houston, on a un problème, ramenez-la chez elle ! » Houston, ou la Nasa, émit deux objections : d’abord la diversité et l’égalité devaient être maintenues à tout prix. Et puis, autre objection : ça coûterait trop cher. Car seuls les Russes ont les moyens de ramener les astronautes à la station spatiale et chez eux. Même si les US ont marché sur la lune il y a des années, ils n’ont toujours pas de navette spatiale fonctionnelle pour envoyer des gens à la station internationale. Les Russes ineptes ont toujours leur engin spatial, même si leur meilleure navette, la Bourane, et leur meilleure station Mir ont été mises au rencart pendant l’étape pro-occidentale de la politique russe, sur insistance américaine. Les Américains doivent payer une somme astronomique aux Russes pour chaque vol, et l’évacuation de la virago aurait fait un gros trou dans le budget de la Nasa, bien plus regrettable que le petit trou dans la cabine de l’ISS. Aussi Houston répondit en rigolant : « ça, c’est votre problème, les gars, essayez de faire avec. »
Dans le secteur russe, toilettes et douches marchaient bien, et les Américains ont commencé par essayer d’y avoir accès. Mais après une dispute (car malheureusement les gens obligés de cohabiter dans des espaces contigus sont sujets aux querelles), les Russes ont dit niet et ont chassé les astronautes occidentaux de leur Soyouz. La santé mentale de la dame se détériorait, les excréments flottants et sentants la rendaient malheureuse et vicieuse ; si bien que ses compagnons décidèrent d’ourdir un plan subtil. Lorsque les deux Russes sortirent dans l’espace pour le travail prévu, les Américains se faufilèrent dans le module russe (il n’y a pas de loquets dans l’ICC), et percèrent un trou, en le bouchant avec un produit collant et en le recouvrant de façon décorative. C’était une bonne idée, très créative. Le bouchon tint quelque temps, et ne sauta pas tout de suite. La pression dans la station est très basse, une seule atmosphère, de sorte que le trou ne représentait pas un danger mortel pour l’équipe. Quand on découvrirait la fuite, il deviendrait possible  d’insister pour une évacuation immédiate de l’équipage, ce qui permettrait de se débarrasser de la virago et de s’extirper de l’enfer pestilentiel, tout en accusant les balourds russes pour le retentissant échec. Et cerise sur le gâteau : le trou se trouve dans la section de la capsule Soyouz qui est expulsée lors du retour vers la terre, ce qui permettra d’éliminer toute preuve de sabotage.
Mais le plan n’a pas fonctionné. Les Ruses ont rebouché le trou avec une petite goutte de glu, et ont refusé d’évacuer. – Continuez donc à chier dans vos couches, les mecs ! Le commandant occidental s’est précipité dans le module russe, en criant : « C’est moi, le commandant, qui décide, ici ! » Et il a arraché le bouchon. Les Russes ont répondu : – tu es peut-être le commandant de la station, mais à bord du Soyouz tu n’es qu’un invité ; ils l’ont bouté dans son secteur, et ont rebouché le trou. Les cosmonautes ont fait un rapport à Korolyev, le centre de contrôle des vols russes, et Korolyev a demandé à Houston de leur montrer les enregistrements vidéo du module américain, de façon à constater qui s’était rendu dans le module russe avec lune perceuse. Le bloc sanitaire russe (c’est là que le trou avait été foré) n’a pas de caméra, pour des raisons de respect de la vie privée. Houston a refusé aussitôt.
La situation reste tendue, dans l’ISS; les Russes ont apparemment usé de la force pour chasser les Américains qui  essayaient de forer plus de trous. Les Américains sont malheureux parce qu’il faut qu’ils subissent nuit et jour la compagnie de la dame, et leurs toilettes ne marchent toujours pas. Ils espèrent maintenant que les US vont bientôt pouvoir envoyer une navette commerciale privée entièrement américaine pour les sortir de là, parce que les US rechignent toujours à payer les Russes pour les évacuer, et les Russes refusent de faire le boulot à l’œil. Les derniers rapports évoquent un vrai polar dans l’espace, et des cosmonautes russes qui envisagent d’autres examens des murs extérieurs.
Donc, si vous choisissez de croire à cette histoire, le dérangement de genre à l’occidentale a failli causer une catastrophe. Mais il y  une autre zizanie en cours, c’est la tentative féministe pour empêcher la nomination du juge Kavanaugh à la Cour suprême. On peut l’aimer ou pas ce juge, être d’accord on non avec ses points de vue, on peut souhaiter le voir siéger ou pas à la Cour suprême, mais l’empêcher d’y parvenir pour avoir envisagé de coucher avec une lycéenne, c’est dément. Eh, les mecs, les MeToo, et les Kavanaugh, moi aussi j’en ai eu, des histoires avec des filles, il y a des années (bien des années, hélas…) ! Même si tous les griefs allégués étaient fondés (ce que conteste Kavanaugh), je ne le trouverais pas coupable, et je voterais pour lui. N’oubliez pas qu’on parle de choses qui ont eu lieu ou pas des années plus tôt ; à l’époque, les filles étaient censées se rendre seulement en cas de force majeure, en quelque sorte. « Quand c’est non, c’est non », c’était une analyse complètement farfelue. J’ai envie de comparer avec le saut en parachute. Bien souvent, l’instructeur pousse dehors un parachutiste qui hésite. Si le type est monté dans l’avion avec un parachute, et qu’il a continué à avancer jusqu’à la porte, il faut le pousser, si son courage faiblit. « On ne peut pas se raccrocher au « quand c’est non c’est non », dans ces cas. Même chose avec les filles jeunes. Ces créatures merveilleuses avaient tendance à se refroidir quand le moment critique approchait, alors même qu’elles étaient dans le lit d’un garçon, après s’être déshabillées, et il fallait bien, parfois, faire un gentil  forcing.  C’était le petit jeu classique à l’époque. Mais que ces temps sont loin…. Le viol était un délit reconnu comme tel, mais c’est la définition du viol qui s’est distendue. Nous parlons bien sûr d’un usage modéré, bien compris, symbolique de la force, comme dans le cas de la plaignante contre Kavanaugh. Si ce qu’il avait fait alors relevait du viol, la fille se serait précipitée au commissariat. Si elle ne l’avait pas fait, ce n’en était pas, c’est aussi simple que ça. Les hommes et les femmes n’ont pas besoin d’une telle ingérence de l’Etat dans leurs relations. Si la femme a gardé le secret pendant trente-cinq ans, qu’elle continue à le garder trente-cinq ans de plus. Aucun homme ne devrait se voir refuser un poste pour une raison aussi mince.
La saga Trump-et-les-salopes est un autre exemple du mélange nocif de moralité puritaine et de féminisme de pure détestation masculine. Si un homme de son âge (de fait, nous avons le même âge) a assez d’énergie pour sa femme et pour des maîtresses, je ne peux que l’en féliciter. Il n’y a pas de loi qui interdise à un homme d’affaires de New York ou à un politicien de Washington de courtiser des prostituées. Dans certains pays plus avancés (du point de vue féministe) c’est interdit. En Suède, chaque client d’une prostituée risque la prison, tandis qu’elle s’en tire. Mais les US n’en sont pas là, pas encore. Et espérons que cela ne va pas finir de la sorte, car les gens qui votent pour ces élections de mi-mandat vont  prêter une oreille attentive à la position de leurs candidats là-dessus. Kavanaugh et Trump, c’est la dernière chance pour les hommes américains de se faire respecter à nouveau et de sauver les hommes américains. Personnellement, les histoires de leurs aventures avec des filles me feraient foncer dans leur camp. Parce que cela veut dire qu’ils ont encore du sang rouge vif dans les veines. Et il est temps que les hommes reprennent le terrain qu’ils ont perdu.
 
PS.  L’article annoncé, sur les bolcheviks russes, arrive bientôt, promis.
Israel Shamir can be reached at adam@israelshamir.net
Traduction: Maria Poumier
Source: The Unz Review.
 


[1] Titre d’une anthologie contrastée  de textes masculins et féminins, réunis par Filip Graliński, Rafał Jaworski, Łukasz Borchmann et Piotr Wierzchoń, publiée en polonais à Varsovie en 2016.
 

Robert Bibeau

Auteur et éditeur

Une réflexion sur “La guerre des toilettes

  • Ivernazza

    À « dégenrées » n’ajoutez qu’une simple petite lettre, qui vous donne:
    « dégénéré(e)s* »
    et vous fait apparaître le but recherché (en tous domaines utiles) avec zêle et application.
    À force de vouloir à tout prix « du passé faire table rase » … Nouzivoila!!!
    (Vilaine) Note:
    * Le (e) n’est là que par souci de polyvalence égalitaire et niveleuse.

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