7 au Front

Populisme : produit de la décomposition du capitalisme

Religion, mœurs, justice, tout décade. La société se désagrège sous l’action corrosive d’une civilisation déliquescente.” Anonyme 1886

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15.10.2018Populisme-English-Espagnole-Italiano-Portugese

 

À la déliquescence économique succède la décomposition politique

 
En effet, depuis quelques années, la crise économique se traduit en instabilité politique. Le paysage politique est totalement bouleversé. L’alternance bipartite traditionnelle, en vigueur depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, a volé en éclats. La scène politique est envahie par deux nouvelles formes de force politique et ultimement de gouvernement : le populisme et le bonapartisme (1). Tous deux se voulant au-dessus des classes, mais de manière différente.
 
Le conservatisme néolibéral (responsable du krach de 2007-2008) et le Keynésianisme social-démocrate (incapable de financer son État-Providence) sont en crise. En effet, ces deux courants idéologiques ont failli  dans leurs promesses politiques d’éradiquer la misère du monde (promesse destinée aux gogo, aux bobos et aux lumpen NDLR). Les modèles économiques libéraux et socio-démocrates ont démontré leur inaptitude. Ils sont en pleine déconfiture. Corollairement, les partis classiques gouvernementaux ont perdu toute crédibilité. Et les cirques électoraux n’attirent plus la foule moutonnière pour assister aux spectacles des clowns politiques ni aux numéros des  prestidigitateurs démagogiques.
 

La crise politique est mondiale

 
Qu’il s’agisse de l’ébranlement total des États (Syrie, Somalie, Afghanistan, Irak ou Soudan), de Brexit, de l’élection de Trump, ou bien de la résurgence de l’extrême-droite, des partis islamistes, tous ces nouveaux phénomènes politiques traduisent la décomposition du système capitaliste.  Les médias menteurs et les politiques, pour analyser l’échec du système politique bourgeois, incriminent le « populisme« , ce nouvel avatar de la politique.   En effet, une large partie de ce bouleversement politique est remise sur le compte du « populisme ».  En vérité,  le populisme, sous quelque forme que se soit, a toujours occupé la scène théâtrale politique. Mais, aussi longtemps que les vieux partis  bourgeois établis pouvaient prétendre apporter de l’espoir, il fut confiné aux marges du jeu et enjeux politiques. Parfois, comme un épouvantail aux fins de mobilisations au profit des partis traditionnels « démocratiques« . (sic)
 
Cependant, la configuration politique s’est métamorphosée.   Aujourd’hui, pour la bourgeoisie  le « populisme » est synonyme de la montée des forces bourgeoises alternatives, menaçant ainsi le système que le vieil appareil politique classique contrôle. Ces forces populistes ne jouent plus le simple rôle d’agitateurs pestiférés de la politique. Mais elles sont devenues des formations agissantes auréolées de respectabilité politique et aspirant au pouvoir Étatique. Il est vrai que les forces populistes s’affirment partout dans le monde.  Effectivement, après une longue stagnation économique, la montée des organisations populistes a pris plusieurs formes (le pendant du populisme dans les pays de confession musulmane, est l’islamisme et l’irrédentisme).  En Occident, le populisme se décline en deux tendances situées sur les deux extrêmes de l’échiquier politique de la droite et de la gauche.
 

Les variantes du populisme

 
A supporter of the anti-establishment 5-Star Movement (M5S)
D’une part, le populisme de Gauche (Podemos, Syriza, le Labour Party de Corbyn, « le socialisme » de Sanders, La France insoumise,  Italie, etc), issue de l’éclatement des vieux partis de la gauche, de la déliquescence des partis staliniens et socialistes. Ce populisme tente de canaliser le mécontentement grandissant des travailleurs par l’unique moyen pacifique du bulletin de vote pourtant désavoué par les travailleurs, sur un programme totalement inoffensif, ne remettant absolument pas en cause le capitalisme.  Ce populisme, en dépit de quelques éphémères succès électoraux obtenus notamment en Espagne et en Grèce s’essouffle. De fait, son échec est inexorable.
 
D’autre part, le populisme de droite, récemment propulsé sur la scène politique à la faveur de la crise économique et de l’apparition du terrorisme islamiste  sponsorisé par les États en Europe et au Moyen-Orient. Il surfe sur la peur, la xénophobie.  Néanmoins, il ne faut pas déduire que le populisme remettrait en cause et affaiblirait la démocratie bourgeoise et son État (qui le protège, le soutien et le conserve en réserve).  En réalité, aujourd’hui, toutes les fractions de la bourgeoisie sont réactionnaires.
 

Le populisme, comme expression politique, appartient à la bourgeoisie et s’inscrit pleinement dans la défense des intérêts capitalistes. Les partis populistes (islamistes, berbéristes irrédentistes, kurdes) sont des fractions bourgeoises, des parties de l’appareil capitaliste d’État totalitaire.

 
Ce qu’ils répandent, c’est l’idéologie et le comportement bourgeois et petit-bourgeois décadents : le nationalisme (2) le régionalisme, le racisme, la xénophobie, l’autoritarisme, le conservatisme culturel et religieux. Ils catalysent les peurs, expriment la volonté de replis sur soi, le rejet des “élites” anciennes discréditées, afin de les remplacer. Ainsi, la résurgence du populisme a bousculé le jeu politique traditionnel, avec pour conséquence une perte de contrôle croissante de l’appareil politique bourgeois classique sur le terrain électoral.
 
Pour sauvegarder leurs sinécures fonctions politiques,  les partis traditionnels tentent  d’atténuer leur image impopulaire en essayant de se présenter malgré tout comme plus “humanistes” et plus “démocratiques” que les populistes. De manière générale, le populisme est le produit de la décomposition du capitalisme. Il exprime l’incapacité  des deux classes fondamentales et antagonistes, la bourgeoisie et la classe ouvrière, à mettre en avant leur propre perspective (Guerre mondiale ou Révolution).  Engendrant une situation de “blocage momentané” et de pourrissement sur pied de la société”.
 
De toute évidence,  dans cette actuelle phase de dégénérescence, la bourgeoisie n’est plus en mesure d’offrir un horizon politique capable de mobiliser et de susciter une adhésion. Inversement, la classe ouvrière ne parvient pas à se reconnaître comme classe sociale et surtout comme classe ayant une mission historique (abolir toute classe sociale). Elle  ne joue aucun rôle véritablement décisif et suffisamment conscient. C’est cela qui a conduit à un blocage en termes de perspectives politiques. De surcroît, la faillite des régimes staliniens a amplement favorisé le reflux de la conscience de classe et du mouvement ouvrier. Elle a permis à la bourgeoisie mondiale de renforcer le plus grand mensonge du XXe siècle, à savoir l’identification du stalinisme au communisme. Et d’alimenter ainsi une énorme campagne de matraquage idéologique pour proclamer la “faillite du marxisme” et la “mort du communisme”, « la fin de l’Histoire » (sic).
 

C’est ce qui a conduit à l’idée qu’il ne reste aucune alternative à opposer au capitalisme

 
C’est dans ce contexte de recul du mouvement ouvrier, de déclin des partis socialistes maximalistes, des idéaux progressistes, qu’il faut replacer la montée du populisme, des comportements antisociaux, de l’islamisme et des phénomènes irrédentistes. L’effacement de la classe ouvrière de la scène politique, la désagrégation des partis d’obédience socialiste et communiste, l’effritement de la culture ouvrière, le déclin de la « morale » ouvrière, ont laissé les coudées franches à la bourgeoisie décadente et à son idéologie mortifère.
 
En conclusion, dans cette phase contemporaine caractérisée par l’absence de toute perspective politique, la défiance envers tout ce qui relève de “la politique” s’accroît. Phénomène favorisé par le discrédit des partis traditionnels de la bourgeoisie. D’où le succès des partis populistes (islamistes) prônant comme instrument majeur de propagande le rejet des “élites”, des politiciens corrompus, mais toujours dans le cadre du maintien du système capitaliste. D’où aussi le succès des idéologies réactionnaires : sentiment répandu de « no future-rien à l’horizon« , l’explosion d’idéologies de repli sur soi (narcissisme petit bourgeois), de retour vers des modèles réactionnaires archaïques ou nihilistes (en Algérie, l’islamisme et le berbérisme irrédentiste).
 
La décadence d’une société commence quand l’homme se demande : “Que va-t-il arriver ?” au lieu de se demander: “Que puis-je faire pour y parvenir?”. Denis de Rougemont
 


NOTE

1- Le bonapartisme est un concept marxiste qui désigne une forme de gouvernement bourgeois autoritaire, qui se place en apparence au dessus des conflits de parti pour mieux maintenir un ordre menacé. La France de Macron s’apparente à une forme embryonnaire de gouvernement bonapartiste.
Mesloub Khider

Une réflexion sur “Populisme : produit de la décomposition du capitalisme

  • sileno

    merci pour vos articles , juste une remarque leurs promesse du moins pour le premier courant dominant ds l’oligarchie n’ont jamais été d’éradiquer la misère ds le monde mais d’augmenter leur profi , pas besoin de les lire entre les lignes, ils ne s’en cachent pas…

    Répondre

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