Paradoxalement, elle se drape dans une phraséologie longtemps employée par le mouvement ouvrier bourgeois adepte du réformisme. Ce concept politique ennemi de la révolution et visant à contrer la révolution.  Cette arme idéologique dépourvue de balles révolutionnaires réelles. Pour qui il n’est nullement question d’attenter à la vie du capitalisme, mais seulement de le braquer avec des armes factices (la démocratie parlementaire, l’électoralisme crétiniste) pour lui subtiliser quelques miettes sociales éphémères. Pour lui quémander quelques améliorations sociétales.

  

Cette politique de collaboration de classes a été désignée sous le nom de réformisme. Car elle prônait l’amélioration des conditions de vie par les réformes mais en demeurant sous la dictature capitaliste. Réformer était donc synonyme d’évolution favorable de la situation sociale et économique du peuple. Néanmoins, la réalité actuelle nous le prouve, ces réformes concédées par l’État dans le cadre du capitalisme n’ont jamais eu un caractère pérenne. Ce qu’il accorde la veille, il le récupère le lendemain. Au sein du mode de production capitaliste tout est éphémère, transitoire, comme l’existence historique de ce mode de production appelé à disparaître.  

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Aujourd’hui, Macron, ce faussaire de la politique, a réussi le tour de force de falsifier ces deux concepts fondamentaux : Révolution économique-politique et Réforme sociale. Dans les deux acceptions, ces deux termes revêtaient des conceptions foncièrement progressistes, des connotations politiques positives. Sous la plume et la gouvernance de Macron, ces deux idéaux « socialistes » se métamorphosent en leur contraire : réaction politique et destruction sociale. En effet, la Macronie est parvenu à (nous) vendre la réaction politique sous l’emballage de la Révolution. Et à (nous) faire croire que ses mesures de destruction massive sociale et économique constituent des réformes.  

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Voici ce que le pouvoir de Macron désigne sous le nom de réformes : l’augmentation des impôts indirects concomitamment à la suppression de l’ISF, le transfert de l’argent public vers le secteur privé par la politique d’aide aux trusts et aux banques, accentuation des mesures antisociales, baisse des salaires et des revenus, suppression des aides sociales, ponction sur les retraites, démantèlement des hôpitaux publics, démolition des transports publics, destruction de l’école publique. Toutes ces « Réformes » sont décrétées, selon la propagande de Macron, pour sauver, sans rire, la planète (sic). Serait-ce sauver la planète ou sauver le capital français ? 

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Le gouvernement de Macron prétend œuvrer pour la sauvegarde du climat. Aujourd’hui, la véritable hantise du pouvoir de Jupiter, ce n’est pas la climatologie dont il se fiche souverainement, mais le climat politique et social subversif. Car l’explosion de colère est en train de fédérer toutes les révoltes, d’unir les luttes, de coordonner les énergies subversives, d’organiser le combat collectif du mouvement des Gilets jaunes.  

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Macron, qui a fait, par mépris intellectuel, de la Révolution son ouvrage de fiction politique, a redonné à la Révolution sa réalité. La Révolution est sortie de son livre pour se livrer réellement au peuple en lutte.  La réalité révolutionnaire dépasse toute la fiction macronienne. Macron, face à la révolte du mouvement des Gilets jaunes, a le dos au mur. Il s’est lui-même embourbé dans sa politique sablonneuse : s’il recule, il démontre à la classe ouvrière qu’en se mobilisant par l’action directe dans la rue, en dehors des encadrements habituels professionnels stipendiés politiques et syndicaux, elle peut arracher des victoires glorieuses. S’il ne recule pas, le mouvement va s’approfondir, se radicaliser, s’enhardirEt le peuple va devoir ainsi s’organiser en vue d’un affrontement assurément dangereux pour les classes possédantes.

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Soyons clair cependant, Macron et son gouvernement ne sont pas maître de leur destiné. Le mandarin prestidigitateur est redevable à ses sponsors qui lui ont accordé ce poste honorifique accompagné d’un cahier des charges très strict auquel le spadassin ne peut échapper. Macron ne gouverne pas pour Macron mais pour une oligarchie de milliardaires prête à le sacrifier sans hésité comme elle le fit de Hollande et de Sarkozy avant lui.

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Ainsi, ce tour de prestidigitation politique réformiste destructive a débouché sur l’agitation sociale subversive. Au reste, paradoxalement Macron a été imposé par le capital pour démolir tous les acquis sociaux. Par un retour de boomerang, sous l’instigation du mouvement populaire des Gilets jaunes porteur d’une plate-forme subversive, il est acculé à devoir appliquer des revendications sociale, économique et politique « socialistes-réformistes » jamais instaurées depuis la Commune de Paris. En d’autres termes, un programme apparemment révolutionnaire que les gauchistes et les syndicalistes n’auraient pu ni imaginer, ni imposer.


Les 42 revendications envoyées par les Gilets jaunes aux députés et aux médias. Tout d’un programme politique progressiste,
mais utopique puisque l’État capitaliste ne peut obtempérer et en cela ce programme devient « révolutionnaire »

 

  1. Zéro SDF : URGENT.

  1. Impôt sur le revenu davantage progressif (plus de tranches).

  1. SMIC à 1300 euros net.

  1. Favoriser les petits commerces des villages et centres-villes. (Cesser la construction des grosses zones commerciales autour des grandes villes qui tuent le petit commerce) + de parkings gratuits dans les centres-villes.

  1. Grand Plan d’Isolation des logements. (faire de l’écologie en faisant faire des économie aux ménages).

  1. Que les GROS (MacDo, Google, Amazon, Carrefour…) payent GROS et que les petits (artisans, TPE PME) payent petit.

  1. Même système de sécurité social pour tous (y compris artisans et autoentrepreneurs). Fin du RSI.

  1. Le système de retraite doit demeurer solidaire et donc socialisé. (Pas de retraite à point).

  1. Fin de la hausse des taxes sur le carburant.

  1. Pas de retraite en dessous de 1 200 euros.

  1. Tout représentant élu aura le droit au salaire médian. Ses frais de transports seront surveillés et remboursés s’ils sont justifiés. Droit au ticket restaurant et au chèques vacances.

  1. Les salaires de tous les Français ainsi que les retraites et les allocations doivent être indexés à l’inflation.

  1. Protéger l’industrie française : interdire les délocalisations. Protéger notre industrie c’est protéger notre savoir-faire et nos emplois.

  1. Fin du travail détaché. Il est anormal qu’une personne qui travaille sur le territoire français ne bénéficie pas du même salaire et des mêmes droits. Toute personne étant autorisée à travailler sur le territoire français doit être à égalité avec un citoyen français et son employeur doit cotiser à la même hauteur qu’un employeur français.

  1. Pour la sécurité de l’emploi : limiter davantage le nombre de CDD pour les grosses entreprises. Nous voulons plus de CDI.

  1. Fin du CICE. Utilisation de cet argent pour le lancement d’une Industrie Française de la voiture à hydrogène (qui est véritablement écologique, contrairement à la voiture électrique.)

  1. Fin de la politique d’austérité. On cesse de rembourser les intérêts de la dette qui sont déclarés illégitimes et on commence à rembourser la dette sans prendre l’argent des pauvres et des moins pauvres mais en allant chercher les 80 milliards de fraude fiscale.

  1. Que les causes des migrations forcées soient traitées.

  1. Que les demandeurs d’asiles soient bien traités. Nous leur devons le logement, la sécurité, l’alimentation ainsi que l’éducation pour les mineurs. Travaillez avec l’ONU pour que des camps d’accueil soient ouverts dans de nombreux pays du monde, dans l’attente du résultat de la demande d’asile.

  1. Que les déboutés du droit d’asile soient reconduits dans leur pays d’origine.

  1. Qu’une réelle politique d’intégration soit mise en œuvre. Vivre en France implique de devenir français (cours de langue française, cours d’Histoire de la France et cours d’éducation civique avec une certification à la fin du parcours).

  1. Salaire maximum fixé à 15 000 euros (mensuel).

  1. Que des emplois soient créés pour les chômeurs.

  1. Augmentation des allocations handicapés.

  1. Limitation des loyers. + de logement à loyers modérés (notamment pour les étudiants et les travailleurs précaires).

  1. Interdiction de vendre les biens appartenant à la France (barrage aéroport…)

  1. Moyens conséquents accordées à la justice, à la police, à la gendarmerie et à l’armée. Que les heures supplémentaires des forces de l’ordre soient payées ou récupérées.

  1. L’intégralité de l’argent gagné par les péages des autoroutes devra servir à l’entretien des autoroutes et routes de France ainsi qu’à la sécurité routière.

  1. Le prix du gaz et l’électricité ayant augmenté depuis qu’il y a eu privatisation, nous voulons qu’ils redeviennent publics et que les prix baissent de manière conséquente.

  1. Fin immédiate de la fermeture des petites lignes, des bureaux de poste, des écoles et des maternités.

  1. Apportons du bien-être à nos personnes âgées. Interdiction de faire de l’argent sur les personnes âgées. L’or gris, c’est fini. L’ère du bien-être gris commence.

  1. Maximum 25 élèves par classe de la maternelle à la Terminale.

  1. Des moyens conséquents apportés à la psychiatrie.

  1. Le Référendum populaire doit entrer dans la Constitution. Création d’un site lisible et efficace, encadré par un organisme indépendant de contrôle où les gens pourront faire une proposition de loi. Si cette proposition de loi obtient 700 000 signatures alors cette proposition de loi devra être discutée, complétée, amendée par l’Assemblée Nationale qui aura l’obligation, (un an jour pour jour après l’obtention des 700 000 signatures) de la soumettre au vote de l’intégralité des Français.

  1. Retour à un mandat de 7 ans pour le Président de la République. (L’élection des députés deux ans après l’élection du Président de la République permettait d’envoyer un signal positif ou négatif au président de la République concernant sa politique. Cela participait donc à faire entendre la voix du peuple.)

  1. Retraite à 60 ans et pour toutes les personnes ayant travaillées dans un métier usant le corps (maçon ou désosseur par exemple) droit à la retraite à 55 ans.

  1. Un enfant de 6 ans ne se gardant pas seul, continuation du système des aides PAJEMPLOI jusqu’à ce que l’enfant ait 10 ans.

  1. Favoriser le transport de marchandises par la voie ferrée.

  1. Pas de prélèvement à la source.

  1. Fin des indemnités présidentielles à vie.

  1. Interdiction de faire payer aux commerçants une taxe lorsque leurs clients utilisent la carte bleue.

  1. Taxe sur le fuel maritime et le kérosène.

 

Macron prétendait incarner le mouvement de l’histoire. Le mouvement des Gilets jaunes lui a rappelé que c’est le peuple qui fait l’Histoire.  

 

Mesloub Khider