Le capitalisme, un système défaillant incapable de résoudre les problèmes mondiaux

Par Tomasz PIERSCIONEK. Le 27.12.218. Sur Le Grand Soir.
 

Au webmagazine Les7duquebec.com nous raffolons des « confessions » de la go-gauche (et même de la Nouvelle gauche – sic) toujours prête à battre sa poulpe pour excuser les mauvais services qu’elle rend à ses maîtres capitalistes en étant inapte à dévoyer les luttes prolétariennes vers les marécages du réformisme et de la collaboration de classe.  Nous vous offrons ici une pièce d’anthologie en la matière,  reprise du blogue Le Grand Soir.  Lisez et méditer les propos d’un intellectuel « qui a travaillé le thème de la gauche occidentale » (sic).  Robert Bibeau. Éditeur http://www.les7duquebec.com


 

Mohsen Abdelmoumen : Vous avez travaillé sur le thème de la gauche occidentale. D’après vous, peut-on dire que cette gauche est en crise ?

Dr. Tomasz Pierscionek : La dernière décennie d’austérité, qui a vu les riches s’enrichir aux dépens de tous les autres et a montré que le capitalisme est un système défaillant incapable de résoudre les grands problèmes mondiaux offre à la gauche l’occasion de présenter des programmes alternatifs bénéficiant à la majorité plutôt qu’à une minorité riche et puissante. En Europe occidentale et aux États-Unis, touchés par des années d’endoctrinement sur les « échecs » du socialisme, les politiciens de gauche et les partis ouvriers ont fait preuve de prudence pour ne pas paraître trop gauchistes et ont été confrontés à la colère des riches et de leurs auxiliaires des médias. Ce faisant, ils ont échoué à prendre conscience du potentiel de la gauche pour expliquer et défendre les idées socialistes et défier directement le capitalisme. Loin d’être marxistes, diabolisés par les médias, les dirigeants de la gauche occidentale ont adopté les idées mal dégrossies de la gauche du centre social-démocrate, par exemple : bricolons sur les bords du capitalisme et lissons ses parties les plus rugueuses tout en laissant ses principes fondamentaux inchangés.
 
Néanmoins, même l’éventualité d’un dirigeant de la gauche du centre élu à un poste d’influence a inspiré des milliers de personnes à rejoindre le parti travailliste britannique pendant et après la campagne électorale de Jeremy Corbyn. De même, il y avait beaucoup d’enthousiasme et d’excitation parmi les travailleurs américains et les jeunes qui se sont politisés à la suite de la campagne de Bernie Sanders pour devenir le candidat du parti démocrate américain à la présidence. Pourtant, il a été écarté par Clinton et ces leaders du parti démocrate désireux de se présenter comme des gauchistes et des hommes/femmes du peuple, alors qu’ils ne sont en réalité qu’un prolongement de la classe dirigeante. Au Royaume-Uni, Jeremy Corbyn et ses partisans sont régulièrement attaqués par des députés du parti travailliste qui se sentiraient plus à l’aise au sein du parti conservateur.
 
Un autre problème auquel la gauche est actuellement confrontée est le fléau réactionnaire – et certainement pas progressiste – de la politique identitaire. Un principe fondamental du socialisme est l’idée d’une solidarité supranationale globale qui unisse la classe ouvrière internationale et prenne le pas sur tout facteur qui pourrait la diviser, comme la nation, la race ou le sexe. Les travailleurs de toutes les nations sont des partenaires qui ont la même valeur et la même responsabilité dans la lutte contre ceux qui profitent de leur cerveau et de leurs muscles.
 
Certains éléments de la gauche occidentale ont perdu l’orientation et sont devenus préoccupés par la politique identitaire. Ils passent plus de temps à attaquer leurs propres camarades que les maux du capitalisme et s’éloignent de l’état d’esprit de la gauche pour une mentalité qui favorise indirectement la ségrégation. L’un des outils habilement conçus pour diviser la gauche occidentale est la politique d’identité. Ce phénomène moderne dirigé par la classe moyenne aide ceux qui sont chargés de maintenir les masses divisées et distraites. En Occident, vous êtes libre de choisir n’importe quel sexe ou sexualité, de transition ou par caprice, ou peut-être créer le vôtre, mais vous n’êtes pas autorisé à remettre en question les fondements du capitalisme ou du libéralisme. La politique d’identité est le nouvel opium des masses et empêche la résistance organisée contre le système. L’idée que la politique identitaire fait partie de la pensée de la gauche traditionnelle est défendue par la droite qui cherche à diaboliser les mouvements de gauche, les libéraux qui cherchent à s’infiltrer, à contrôler et à détruire lesdits mouvements de gauche, et les jeunes radicaux égarés qui ne connaissent rien à la théorie politique et qui n’ont ni la patience ni la discipline pour apprendre.
 

Vous qualifiez George Soros de milliardaire « mâle blanc » et l’un des principaux bailleurs de fonds du mouvement de promotion du fantasme identitaire. Ce personnage a joué un rôle primordial dans les printemps arabes qui ont semé le chaos au Moyen Orient. George Soros est-il un idéologue ou juste un exécutant d’une feuille de route décidée par la classe dominante ?

 
Je crois que Soros et des groupes tels que le National Endowment for Democracy, créé au cours des années 1980 pour promouvoir la « démocratie » dans les pays en développement et qui reçoit environ 100 millions de dollars par an du gouvernement des États-Unis, s’emploie à déstabiliser les nations et à éliminer les dirigeants qui ne se soumettront pas à la volonté des États-Unis et de l’OTAN. Cela peut être fait de différentes manières, par exemple en soutenant l’opposition ou même des factions antigouvernementales radicales, en les incitant à manifester et en créant des problèmes pour un dirigeant ou un gouvernement qui s’éloigne de la ligne américaine. Un financement est accordé aux militants des « Droits de l’homme » ou de la « Démocratie » de l’opposition, et à diverses ONG anti-gouvernementales ou à d’autres membres de la 5e colonne qui peuvent être utilisés pour faire une révolution de couleur au moment opportun.
 
Soros est un milliardaire et il soutiendra naturellement tout système qui lui offre la possibilité de conserver et d’accroître sa richesse. Il est un allié naturel de ces dirigeants qui cherchent à renverser toute nation faisant obstacle à l’hégémonie occidentale – américaine – et à sa soif de richesse.
 

Ne pensez-vous pas que le printemps arabe a servi non pas les intérêts des peuples musulmans mais ceux d’Israël ?

 
Je crois que le Printemps arabe était un véritable mouvement populaire qui a pris le monde arabe et l’Occident par surprise. Les gens en avaient assez des leaders autocratiques, dont beaucoup étaient des alliés de l’Occident. Une étincelle – à savoir le vendeur de rue tunisien Tarek al-Tayeb Mohamed Bouazizi s’immolant par le feu en signe de protestation contre le harcèlement de la police – était tout ce qui était nécessaire pour que les griefs accumulés depuis longtemps se manifestent sous forme de protestation de masse. Cependant, comme cela s’est passé en Ukraine quelques années plus tard, l’Occident et ses alliés dans les pays arabes ont rapidement tenté d’influencer et de contrôler la direction de ces mouvements et de les utiliser comme un outil au service des intérêts américains. Certains des dirigeants des manifestations du Printemps arabe auraient par le passé reçu un financement de diverses ONG basées aux États-Unis ainsi qu’une formation sur la manière d’organiser et d’utiliser les médias sociaux.
 
À l’exception de la Tunisie, peut-être, aucun des dirigeants évincés lors du printemps arabe n’a été remplacé par de véritables démocrates. En Égypte, par exemple, la dictature militaire a simplement changé de nom et de visage – Moubarak a été remplacé peu de temps après par le Maréchal al-Sisi, qui a pris le pouvoir par un coup d’État. La philosophie du printemps arabe a également servi de prétexte pour éliminer Kadhafi et plonger le pays dans le chaos. Kadhafi a été renversé et l’un des pays les plus riches et les plus stables d’Afrique est devenu un État défaillant et sans loi contrôlé par un amalgame de groupes rebelles, certains affiliés ou sympathisants d’Al-Qaeda. Kadhafi avait prévu de commencer la vente du pétrole en dinars – une nouvelle monnaie panafricaine soutenue par de l’or – au lieu de dollars américains ou d’euros, et avait encouragé ses voisins africains à faire de même.
 

Vous avez évoqué le complexe militaro-humanitaire dans un article. Que pouvez-vous nous dire à propos de ce concept ?

 
L’ancien président américain Dwight Eisenhower avait mis en garde les citoyens américains en 1961 de ce qu’il appelait le complexe militaro-industriel, à savoir : « … la conjonction d’un immense establishment militaire et d’une vaste industrie de l’armement ». Dans mon article « Le complexe militaro-industriel-humanitaire : répandre l’hégémonie occidentale sous le couvert de la vertu » https://www.rt.com/op-ed/440336-western-military-humanitarian-democracy/, j’ai décrit l’élargissement de cette alliance aux ONG et aux soi-disant militants des droits de l’homme, journalistes et commentateurs, bien intentionnés, qui justifient que le bras militaro-industriel montre sa force et envahisse d’autres États souverains, qui ne représentent aucune menace pour les États-Unis ni leurs alliés de l’OTAN, en faisant appel à la « démocratie » et en décriant les violations des droits de l’homme – réelles ou imaginaires – pour choquer et intimider l’opinion publique en vue de lui faire accepter une intervention/invasion humanitaire (sic).
 
J’ai écrit que « Traditionnellement, les mots honorables tels que « humanitaire » et « démocratie » ont acquis un sens plus sombre et plus cynique à la suite de leur appropriation illicite pour justifier l’invasion de nations souveraines et promouvoir la propagation de la domination militaire et culturelle occidentale à travers le monde. Les principaux médias, aux côtés de certains militants des droits de l’homme, soutiennent ces aventures en contribuant à disséminer des mensonges et en exploitant les émotions de peur, de colère et de dégoût pour ramollir l’opinion publique et faire en sorte que l’agression contre un État souverain paraisse justifiée. »
 
Les militants qui soutiennent l’agenda du complexe militaro-industriel-humanitaire reçoivent beaucoup d’applaudissements et de temps d’antenne de la part des médias occidentaux et de leurs alliés politiques et sont parfois fabriqués de manière à correspondre au récit requis. Une fillette syrienne d’Alep, Bana al-Abed, âgée de sept ans, était honorée dans les médias occidentaux. Pourtant elle ne parlait apparemment presque pas l’anglais et était en mesure d’accéder à Internet dans une ville où l’électricité était limitée. Elle a été invitée aux Oscars et a reçu un Prix de la Liberté du groupe de réflexion du Conseil de l’Atlantique pro-OTAN en raison de ses nombreuses publications sur Twitter en bon anglais, appelant au changement de régime – ou même à la troisième guerre mondiale, par exemple : « Cher monde, il vaut mieux commencer la 3e guerre mondiale au lieu de laisser la Russie et Assad commettre l’#HolocaustAleppo. » Il me semble beaucoup plus probable que les parents anti-Assad de la fillette aient joué un rôle dans ses publications.
 
Quoi qu’il en soit, j’attends de voir si un enfant de sept ans du Yémen, du Donbass ou de Gaza recevra le même niveau d’attention. Pouvez-vous imaginer des politiciens, des médias et des célébrités en Occident réagissant favorablement à un enfant de sept ans en Cisjordanie ou à Gaza appelant à une intervention humanitaire et à un changement de régime en Israël ?
 

Ne pensez-vous pas que sous le prétexte fallacieux de répandre la « démocratie » et les « droits de l’homme », les gouvernements occidentaux ont répandu le chaos à travers toute la planète allant de l’Amérique Latine au monde arabo-musulman ? L’ancien ministre français des Affaires étrangères Bernard Kouchner a théorisé le concept d’ingérence humanitaire. D’après vous, ces interventions dans différents pays ne relèvent-elle pas du néocolonialisme ?

 
Bien sûr. Au cours des siècles passés, les excuses utilisées pour justifier le colonialisme incluaient la nécessité de « civiliser les indigènes » pour les sauver d’eux-mêmes, via le canon du fusil. En réalité, le capitalisme, alors à ses balbutiements, devait soumettre ces peuples pour pouvoir accéder à leurs ressources et ouvrir de nouveaux marchés aux produits européens. De nos jours, les notions de démocratie, de droits de l’homme et la nécessité de sauver le peuple d’un pays étranger d’un prétendu tyran – on ne demande jamais à ces personnes si elles veulent être sauvées – sont utilisées pour justifier les sanctions, les zones d’exclusion aérienne, les bombardements et même l’invasion dans le but réel d’obtenir un accès aux ressources, disposer d’une base militaire dans une région géopolitiquement stratégique, simplement parce qu’un dirigeant étranger refuse de se soumettre à la domination occidentale.
 
Il y a un certain nombre de pays aux records épouvantables en matière de droits de l’homme qui commettent de nombreux abus contre leur propre peuple ou des populations occupées, par exemple Israël et l’Arabie saoudite, et qui sont des alliés de l’OTAN. Non seulement ils évitent les critiques pour leur manque de démocratie et de droits de l’homme, mais ils reçoivent même de l’argent et des armes des États-Unis et de leurs alliés.
 
À votre avis, les médias mainstream n’ont-ils pas perdu toute crédibilité en étant l’outil par excellence du grand capital et de l’impérialisme ? Certaines ONG, des militants des « droits de l’homme » et certains médias ne sont-ils pas les soldats de l’impérialisme et du grand capital ? Le débat sur les Fake news n’est-il pas biaisé sachant que les médias mainstream qui sont devenus des outils de propagande désinforment le public chaque jour ? Par exemple, votre site London Progressive Journal est inaccessible ce dimanche 25/11. Les médias alternatifs qui informent les citoyens avec de l’information crédible et de qualité ne sont-ils pas la cible de l’establishment ?
 

Des membres des médias mainstream, des journalistes et des commentateurs politiques ont joué un rôle de soutien dans les invasions en Irak et en Libye et ont plaidé pour un changement de régime en Syrie en jouant sur les émotions du public et en diffusant de fausses informations. Ils sont devenus des pourvoyeurs de propagande et des collaborateurs impérialistes. Un exemple de Fake News, avant que le terme ne devienne populaire, impliquait un article écrit par l’ancienne députée travailliste britannique Ann Clwyd dans le Times deux jours à peine avant que la Coalition des Willing dirigée par les États-Unis ne commence à détruire l’Irak en 2003. Elle a affirmé que Saddam possédait une « machine à déchiqueter les hommes » dans laquelle les opposants étaient introduits les pieds devant et transformés en nourriture pour poissons. L’article, intitulé « Regardez les hommes déchiquetés, puis dites que vous n’approuvez pas la guerre », a eu le double effet de provoquer le dégoût du lecteur et de faire paraître le lobby anti-guerre insensible et indifférent au sort du peuple irakien. L’existence d’un déchiqueteur humain a ensuite été contestée et une telle machine n’a pas encore été trouvée.
 
Le développement d’Internet, notamment des sites Web d’informations alternatifs et de Youtube, a permis à certains faits d’apparaître à la lumière. Dans le passé, vous aviez besoin de beaucoup d’argent pour mettre en place, exploiter et distribuer un journal imprimé avec un lectorat important. Clairement, la plupart des gens ne pouvaient pas le faire. De nos jours, créer un blog, un site Web ou une chaîne Youtube consultée par des millions de personnes coûte très peu, ce qui remet en question les récits diffusés par les médias grand public. D’où la volonté de dénoncer un certain nombre de sites de médias alternatifs et de chaînes Youtube, de droite comme de gauche, comme étant des fake news ou de la propagande russe. Les élites occidentales perdent tout contrôle sur ce que le public voit, entend et pense et ne sont pas des fans de cette nouvelle glasnost (ndlr : transparence). Ils craignent et diabolisent ce qu’ils ne peuvent pas contrôler.  Le London Progressive Journal n’était inaccessible que parce que la bande passante avait été dépassée ce mois-ci – c’est-à-dire : trop de visites et de vues.
 

Pourquoi tous ces bien-pensants des ONG et des médias, ferment-ils les yeux sur le massacre du peuple palestinien par l’entité sioniste d’Israël ?

 
Il y a peu de capital politique à gagner et beaucoup à perdre pour tout politicien ou personnage public qui ose critiquer Israël. En raison de son emplacement géographique stratégique, de son alliance avec les États-Unis et du pouvoir du lobby pro-israélien et de ses auxiliaires chrétiens-sionistes, la moindre critique d’Israël se heurte à une agression et à la revendication rebattue d’antisémitisme. Même les militants juifs sont diabolisés pour avoir dénoncé le traitement réservé aux Palestiniens par Israël. Regardez combien d’histoires ont été publiées dans les médias mainstream pour tenter de « prouver » que Jeremy Corbyn est contre les Juifs et que le Parti travailliste a un problème d’antisémitisme.
 
Bien sûr, ces histoires sont ridicules, grattent le fond du tiroir journalistique et sont bientôt réfutées, mais le but de cette fausse nouvelle est de : a) laisser courir certaines des insultes afin de diaboliser l’individu aux yeux du public et b) adresser un message fort à ceux voudraient critiquer la politique d’Israël les informant qu’ils feront face à un barrage agressif d’attaques et de harcèlement venant d’un groupe restreint de personnes bien connectées. Cependant, la peur ne fonctionne que dans une certaine mesure et pour un temps limité. Si les gens ont peur de dire quelque chose ouvertement, ils finiront par penser la même chose en silence et de manière plus intense.
 
Ce qui est triste, c’est que celui qui crie à l’antisémitisme ne sera pas cru si le loup antisémite se présente réellement un jour. Dénoncer sans cesse les critiques de l’occupation de la Palestine par Israël comme étant antisémite banalise une idéologie odieuse et inexcusable, qui a entraîné la mort de millions de personnes dans les années 1930-1940, les gens ne prenant plus au sérieux la revendication d’antisémitisme, qu’elle soit sincère ou de motivation politique. Dans le même temps, nous voyons en Ukraine des milices d’extrême droite et néo-nazies, dont certaines adoptent les symboles et l’idéologie des années 1930-1940, opérant avec une relative impunité, perpétuant de nombreuses violations des droits de l’homme, tant contre les populations du Donbass que de l’ouest de Ukraine. Pourtant, ni l’Occident ni Israël ne semblent être trop intéressés, même si le journal israélien Haaretz a récemment rapporté que les armes envoyées par Israël en Ukraine finissaient entre les mains de milices d’extrême droite, telles que le bataillon Azov (https://www.haaretz.com/opinion/rights-groups-demand-israel-stop-arming-neo-nazis-in-the-ukraine-1.6248727).
 

Pourquoi ces ONG des « droits de l’homme » et les médias aux mains du grand capital ferment-ils les yeux sur le massacre commis par l’Arabie saoudite, alliée des Occidentaux, à l’encontre du peuple du Yémen ?

 
L’Arabie saoudite serait le favori si le prix du pire bilan mondial en matière de droits de l’homme était attribué. En Occident, certains groupes de défense des droits de l’homme dénoncent les massacres commis par l’Arabie saoudite au Yémen et son bilan effroyable en matière de droits de l’homme – c’est tellement évident qu’on ne peut vraiment pas l’ignorer. Pourtant, cela ne fait aucune différence, car les dirigeants britanniques et américains ont décidé que l’Arabie saoudite était un allié important et que tout pouvait donc être pardonné. Ils vendent des milliards de dollars d’armes à ce pays en échange de pétrole. L’Arabie saoudite a utilisé des bombes britanniques au Yémen, faisant de nombreux morts parmi les civils.
 
Il y a quelques années, un diplomate saoudien a été nommé à la tête d’un groupe d’experts du Conseil des droits de l’homme des Nations unies. En 2016, le pays a été réélu pour siéger au Conseil des droits de l’homme des Nations unies. L’année suivante, l’Arabie saoudite a été nommée à la Commission des droits de la femme des Nations Unies, qui, selon l’ONU, est responsable pour « promouvoir les droits des femmes, documenter la réalité de la vie des femmes dans le monde et élaborer des normes mondiales en matière d’égalité des sexes et d’émancipation des femmes » (https://www.independent.co.uk/news/world/middle-east/saudi-arabia-un-womens-right-commission-un-watch-middle-east-muslim-driving-clothes-a7698536.html). En raison de puissants intérêts commerciaux occidentaux et saoudiens, quoi que fasse l’Arabie saoudite, il n’y aura pas de demande de changement de régime, de sanctions ou de zone d’exclusion aérienne.
 
Crisis Group relayé par le journal Financial Times et Le Monde évoque une situation catastrophique dans laquelle se trouvera l’Algérie en 2019. D’après vous, quand ces médias et think tanks impérialistes ciblent un pays, n’y a-t-il pas un danger immédiat pour ce pays, en l’occurrence l’Algérie ? Ne pensez-vous pas que pour qu’un pays se protège mieux des interventions impérialistes, il doit consolider un front interne ?
 
Je ne sais pas grand chose de ce qui se passe en Algérie en ce moment, mais je dirais qu’il faut surveiller cet endroit. Si les médias et les groupes de réflexion visent l’Algérie, il ne s’agit clairement pas d’une préoccupation sincère pour ses citoyens. Ils sont probablement en train de ramollir le public, quel que soit le programme qui doit être joué l’année prochaine. Un front intérieur uni est essentiel, aussi longtemps qu’il tient. L’intervention impérialiste et les révolutions de couleur ne sont que la dernière étape d’un long processus qui commence par acheter le silence des membres de l’opposition, par former des militants à organiser des manifestations et des affrontements avec les forces gouvernementales, à financer une cinquième colonne d’ONG soutenues par l’Occident et même à faire fermenter la violence et la guerre civile. Une fois que les dirigeants d’un pays sont confrontés à des problèmes internes générés à l’étranger et que des pans de l’opposition reçoivent leurs ordres des États-Unis ou de l’un de leurs alliés, Il est très difficile d’agir de manière résolue pour empêcher une révolution de couleur ou toute autre forme de déstabilisation.
 

Vous avez parlé de la technologie du Deepfake dans un article très intéressant et vous avez posé des questions essentielles. D’après vous, qui est derrière cette technologie ?

 
Le capitalisme qui essaiera de trouver un moyen de commercialiser et de faire de l’argent avec tout produit ou nouvelle technologie. Lorsque j’ai écrit cet article, j’ai averti que cette technologie permettait à une personne de vivre de grandes parties de sa vie réelle dans une bulle de réalité virtuelle aux côtés d’un mannequin virtuel, sans aucune limite pour les actions qu’ils pouvaient accomplir, alors qu’ils restent totalement inconscients de ce qui se passe devant leur porte. Il a été démontré que l’utilisation excessive des médias sociaux affectait négativement la santé mentale et la communication interpersonnelle. La pornographie sur mesure en réalité virtuelle isolera davantage les gens les uns des autres et réduira leur capacité à communiquer et à former des relations sociales et sexuelles saines dans le monde réel. Cela est particulièrement préoccupant, car le taux de natalité dans les pays développés est déjà bas et continue de diminuer.
 

Que cache le programme Insect Allies par la DARPA, agence relevant du Pentagone ? L’humanité est-elle à l’abri d’une guerre biologique fomentée par l’impérialisme US pour assurer sa survie ?

 
De nombreuses technologies ont un potentiel de double usage et peuvent être appliquées à des projets civils ou de défense. Les connaissances acquises dans le cadre de projets civils peuvent être modifiées pour avoir des applications militaires, même si l’âge de la guerre biogénétique est encore à quelques années. Bien que le gouvernement des États-Unis n’approuve pas officiellement la création d’une arme biogénétique, il est peu probable qu’il exerce un contrôle complet sur l’ensemble de son vaste appareil de renseignement militaire et de son État profond insondable. Les connaissances nécessaires à la création d’une telle arme pourraient également se propager d’un État à un acteur non étatique chargé de mener à bien le sale boulot. Bien que l’empire américain soit en déclin constant, il reste fort et continuera de jouer un rôle majeur sur la scène mondiale pendant plusieurs années. Cependant, des nations telles que la Russie et la Chine sont en ascension et ont déjà veillé à ce que le XXIe siècle soit défini par un monde multipolaire plutôt que par le Projet du nouveau siècle américain. Ces dernières années, la Russie a mis en échec un certain nombre de projets américains, notamment la création d’une base de l’OTAN en Crimée, la déstabilisation des voisins de la Russie et la transformation de la Syrie en un État voyou dirigé par des terroristes. Un petit nombre d’individus immensément riches et puissants, ainsi que des alliés, Israël et l’Arabie saoudite, dont le destin est étroitement lié à celui des États-Unis, ont tout à perdre et mettront tout en œuvre pour retarder le déclin de l’hégémonie américaine et son envoi inéluctable dans la poubelle de l’histoire. Les États-Unis et leurs alliés les plus proches ont souvent démontré qu’ils n’avaient aucune inquiétude et peu de limites lorsqu’il s’agissait de commettre les pires violations des droits de l’homme dans l’intérêt de l’argent et du pouvoir. L’envie d’utiliser une arme biogénétique pour neutraliser un concurrent en devenir pourrait un jour s’avérer être une trop grande tentation pour être ignorée.
 

Vous êtes un scientifique chevronné, ne pensez-vous pas que la science entre les mains de certains lobbies impérialistes devient un outil criminel plutôt qu’un atout pour l’humanité ?

 
Voyez la réponse précédente. J’ajouterais également que le capitalisme a pour nature de tirer le maximum de profit de toute nouvelle technologie ou de trouver des applications militaires à cette technologie. Les deux vont souvent de pair. Les applications civiles ou pacifiques ont tendance à ne pas être aussi rentables.
 

Julian Assange vit depuis des années dans des conditions intolérables qui ont empiré récemment. Comment expliquez-vous l’acharnement contre Julian Assange ?

 
Sur le site Web Wikileaks, Julian Assangea contribué à révéler de nombreux secrets sombres que les bellicistes et les élites financières préféreraient voir cachés. Cela inclut la vidéo de 2007 sur le meurtre collatéral montrant l’équipage d’un hélicoptère Apache américain tuant une douzaine de civils, dont deux Irakiens employés par Reuters, et riant des meurtres qu’ils venaient de commettre. Il y a aussi les « archives de guerre afghanes », les « archives de guerre irakiennes », les « dossiers de Guantanamo », les « câbles du Département d’État » et de nombreux autres câbles diplomatiques qui illustrent le côté sombre du « pays de la liberté » autoproclamé. Ce n’est pas une surprise si le Pentagone affirme que Wikileaks constitue une menace pour la sécurité nationale, ce qui explique le désir fanatique des États-Unis de capturer Assange. Les tentatives visant à le faire extrader hors de la sécurité de l’ambassade de l’Équateur à Londres vers la Suède, ce qui aurait été un pas de plus pour le faire disparaître à jamais dans un site noir américain, ont échoué. Mais les États-Unis n’abandonneront pas si facilement.
 

Les Etats-Unis ne cherchent-ils pas une confrontation directe avec la Russie, la Chine, l’Iran et la Corée ? Ne vit-on pas un autre cycle de guerre froide avec ce qu’il se passe en Ukraine ?

 
Le coup d’État soutenu par les États-Unis en Ukraine en 2014 était une tentative infructueuse d’élargir l’influence de l’OTAN jusqu’aux frontières de la Russie afin de contenir le pays et d’empêcher qu’il ne devienne un acteur clé sur la scène mondiale. Les États-Unis essaient de faire de même avec la Chine, mais il n’est pas possible non plus d’empêcher l’émergence d’un monde multipolaire.
 
Les États-Unis ne peuvent rechercher une confrontation directe avec une puissance majeure, car l’une de ces puissances – et plus encore une alliance – pourrait tenir tête avec la guerre contre les États-Unis et cela pourrait dégénérer en guerre mondiale et en destruction de tout. Ainsi, les États-Unis préfèrent se battre par procuration via leurs agents d’influence en Ukraine, en Syrie, et ailleurs. Le 21e siècle était censé être le « siècle américain », en grande partie parce que les États-Unis étaient le seul grand pays à émerger de la Deuxième Guerre mondiale relativement indemne et possédaient donc un avantage considérable sur tous les autres pays quand il a fallu élargir leur influence au cours de la seconde moitié du 20e siècle. Cependant, nous ne sommes pas encore à la deuxième décennie du 21ème siècle et il est déjà clair que ce sera le « siècle multipolaire ».
 
J’étais à Moscou il y a quelques mois et alors que je marchais dans le parc Gorky, je me suis rappelé les paroles de la chanson Wind of Change des Scorpions qui faisait référence au parc. La chanson est sortie en 1991 alors que l’URSS était en train de s’effondrer. Les paroles fournissent un message d’espoir selon lequel, comme la guerre froide est en train de s’achever, il y aura de l’amitié et de l’unité entre les peuples de l’Est et de l’Ouest.
 
Le vent du changement souffle à nouveau, mais cette fois dans une direction défavorable aux États-Unis et à leurs alliés. À présent, c’est l’empire américain et l’UE qui sont confrontés à un déclin dans les années à venir. Peut-être que ce siècle, après l’émergence d’un monde multipolaire, verra une amitié solide et durable s’établir enfin entre tous les peuples du monde.
 

Pourquoi, d’après vous, ni Daech ni Al Qaïda n’ont jamais tiré une seule balle contre Israël ? Les gouvernements occidentaux qui ont soutenu les terroristes en Syrie, en Libye, etc. comme ils l’ont fait avec les moudjahidines en Afghanistan contre l’URSS, ne sont-ils pas en train de récolter, avec les attentats sur leur sol, ce qu’ils ont semé ?

 
Israël n’est pas une menace directe pour l’État islamique ou Al Qaïda. Ils cherchent tous à renverser Assad et à faire régner l’instabilité et la désunion au Moyen-Orient. Il est intéressant de noter que pendant le conflit syrien, Israël a fourni un traitement médical aux combattants d’Al-Nosra – des Syriens d’Al-Qaïda – et à d’autres rebelles « modérés ». Peut-être qu’un jour les dirigeants israéliens étendront-ils leur humanisme récemment découvert aux femmes et aux enfants de Gaza.
 
Bien sûr, le soutien occidental aux extrémistes libyens, syriens et ukrainiens se retournera contre eux, comme ce fut le cas pour leur soutien aux moudjahidines dans les années 1980. L’Armée arabe syrienne continue de libérer de plus en plus de territoires, soit en battant l’État islamique et d’autres groupes terroristes, soit en négociant pour que les militants quittent une région donnée et obtiennent en échange un passage sûr vers d’autres régions de la Syrie – typiquement la province d’Idlib à la frontière turque. En fin de compte, ces militants n’auront nulle part où aller et iront probablement en Turquie et, si Erdogan ne les utilise pas, ils seront poussés vers l’Europe. Certains des « rebelles modérés » soutenus par le Royaume-Uni et la France pourraient ainsi se rendre en Europe.
 

Comment expliquez-vous la déclaration stupéfiante du chef d’état-major britannique le Général Mark Carleton-Smith qui affirme dans The Telegraph du 23 novembre que « la Russie représente une menace pour la Grande Bretagne et ses alliés bien plus dangereuse que l’État Islamique et Al-Qaïda » ? À votre avis, l’affaire Skripal n’est-elle pas une machination fomentée par le gouvernement britannique pour viser la Russie ?

 
Il y a tellement de questions sans réponse sur toute l’affaire Skripal qu’il est difficile de savoir par où commencer. L’ancien diplomate britannique Craig Murray a écrit de bons articles sur ce sujet, révélant des failles dans la narration officielle du Royaume-Uni. C’est encore une autre tentative – bien loin d’être réussie – de diaboliser la Russie, mais la boue ne colle pas vraiment.
 
En ce qui concerne les commentaires du général Mark Carleton-Smith selon lesquels « la Russie représente « indiscutablement » désormais pour la sécurité de la Grande-Bretagne et de ses alliés une menace plus grande que des groupes comme Al-Qaïda et ISIS, je peux comprendre les remarques du général dans le contexte selon lequel ISIS et des groupes similaires ne constituent pas une menace directe pour les intérêts mondiaux du Royaume-Uni, et même au-delà de ces intérêts en cherchant à éliminer Assad. Cependant, du fait de l’intervention de la Russie, la Syrie ne suivra plus le chemin de l’Irak ou de la Libye et elle est sur la voie de redevenir une nation unie et stable dotée d’une identité laïque et diverse. C’est une intervention qui a empêché la destruction d’une nation et sauvé des millions de personnes du cauchemar inimaginable de la vie sous ISIS. C’est le contraire de l’approche occidentale, selon laquelle une nation unifiée est plongée dans l’anarchie et les terroristes ne se manifestent qu’après l’intervention « humanitaire ».
Il faut reconnaître que seules la Russie et l’Iran sont intervenus dans le conflit syrien à la demande du gouvernement légitime de la nation. Toutes les autres nations impliquées dans le conflit syrien contreviennent au droit international et justifient leur expulsion du territoire syrien. Les soldats russes et iraniens ont donné leur vie pour empêcher la Syrie de s’effondrer dans l’anarchie islamiste et la réussite de l’intervention de la Russie en Syrie efface un peu les souvenirs douloureux de la nation lors de son intervention – en tant qu’URSS – en Afghanistan dans les années 1980, quand elle avait échoué à empêcher les extrémistes islamistes soutenus par les États-Unis de prendre le contrôle de la nation.
 

Que pensez-vous du mouvement des Gilets Jaunes en France ?

 
Les manifestations des Gilets Jaunes ont commencé à Paris après que le gouvernement Macron a annoncé son intention d’augmenter la taxe sur les carburants, un plan abandonné depuis. À une époque où l’austérité paralyse de grandes parties de l’Europe, l’augmentation du coût du carburant aurait eu un impact négatif important sur les navetteurs, en particulier ceux résidant en dehors des zones urbaines. Les manifestations ont rapidement dépassé le prix du carburant, alors que les Gilets Jaunes continuaient de descendre dans les rues de Paris et d’autres villes françaises pour protester contre la hausse du coût de la vie et les défaillances du gouvernement Macron en général. Ils ont également réclamé, entre autres, l’augmentation du salaire minimum, l’imposition progressive, la sécurité de l’emploi, la promotion des petites entreprises, la réforme des retraites, le plafond des loyers et la réduction des salaires des politiciens. Des appels à la démission de Macron ont suivi. Un grand nombre d’étudiants et de travailleurs se sont joints aux manifestations des Gilets Jaunes alors qu’ils évoluaient d’une vague de colère générale face à la hausse proposée de la taxe sur les carburants à une critique du gouvernement Macron, de l’austérité et des échecs du capitalisme en général. Bien sûr, les protestations ont été marquées par des arrestations massives – plusieurs milliers de personnes au cours des dernières semaines – et par la violence policière, ce qui n’est pas rare lorsque les élites des sociétés démocratiques et libérales autoproclamées se trouvent sous la pression même légère des masses. Les politiciens et les médias occidentaux ne ménagent aucun effort pour montrer à quel point leurs sociétés sont démocratiques, libérales et respectueuses des droits civils, et agissent avec dédain envers les gouvernements – non alliés – qui traitent sévèrement les manifestants. Imaginez à quel point les médias d’ici décriraient différemment les événements si ces manifestations avaient lieu en Russie, en Chine ou en Iran. Dans l’ensemble, les médias ont ignoré la violence policière et se sont concentrés sur la violence d’un petit nombre de manifestants, délivrant le message selon lequel les manifestations ont été détournées par l’extrême gauche et l’extrême droite alors qu’en réalité, les problèmes soulevés par les Gilets Jaunes touchent les citoyens français de la classe ouvrière et de la classe moyenne dans tous les domaines, quelle que soit leur position politique, les participants venant d’horizons très divers et ayant des points de vue diversifiés.
 
Alors qu’à certains égards les manifestations commençaient à ressembler à la situation de 1968 en France, l’événement le plus proche d’une révolution que la France ait connue dans les temps modernes, le gouvernement Macron a été contraint de faire quelques concessions, telles que le retrait des projets de taxe sur l’essence, une augmentation du salaire minimum de 100 euros et une demande aux entreprises rentables de verser à leurs travailleurs une prime de fin d’année.
 
Lorsque les riches et leurs représentants politiques font face à la pression de la base, ils sont prêts à faire des compromis, bien que ce soit avec de petites concessions, au lieu de risquer de voir les manifestations grandir et perdre ainsi beaucoup plus. Nous voyons le succès de l’action directe. Nul doute qu’ils chercheront à l’avenir une occasion de récupérer le peu de terrain cédé à contrecœur. En signe de désespoir, nous avons vu sortir le scénario « si tout le reste échoue, blâmons les Russes » alors que des récits émergeaient selon lesquels des comptes de médias sociaux prétendument favorables au Kremlin faisaient la promotion des manifestations des Gilets Jaunes. Cette propagande ne fait que rendre Macron et ses alliés plus faibles et plus ridicules.
 
Comparez cela à l’Ukraine, où l’Occident a réellement participé aux manifestations de Maïdan en 2013-2014, qui se sont ensuite transformées en coup d’État contre un président élu. Les politiciens américains étaient à Kiev en 2014 pour parler aux manifestants et distribuer des biscuits. Les médias occidentaux ont adopté une position généralement favorable aux manifestations en Ukraine, beaucoup plus violentes et impliquant la police, attaquée et tuée par des groupes armés paramilitaires d’extrême droite.
 
Bien que cela ne se produise bien entendu jamais, ne serait-il pas amusant de voir des responsables politiques russes se présenter à Paris pour encourager les manifestants dans leur objectif de renverser Macron, tandis que les médias russes, chinois et iraniens rendaient compte en permanence de la réaction brutale et autoritaire de la police française face aux manifestations pacifiques et dénonceraient le manque de démocratie, de droits de l’homme et de stabilité du pays ?


 
Interview réalisée par Mohsen Abdelmoumen
 
Qui est le Dr. Tomasz Pierscionek ?
Le Dr. Tomasz Pierscionek est médecin et commentateur social sur la médecine, la science, la technologie et la politique. Auparavant, il était membre du conseil d’administration de Medact, une organisation caritative de professionnels de la santé qui milite contre les inégalités en matière de santé aux niveaux national et mondial. Dans le cadre des travaux de Tom au sein de Medact, il a co-rédigé un rapport fructueux sur les effets des drones armés sur la santé publique. Le rapport, Drones : the physical and psychological implications of a global theatre of war (Drones : les implications physiques et psychologiques d’un théâtre mondial de la guerre), a fait l’objet d’une couverture médiatique dans divers journaux et revues spécialisées, dont le BMJ, le Lancet et le Guardian.
Tom a obtenu une maîtrise en biosciences médicales et moléculaires et un diplôme en médecine de la Newcastle Medical School. Après avoir obtenu son diplôme, il a terminé sa formation de médecin junior avant de passer une année à voyager et à travailler comme médecin suppléant.
Aujourd’hui il est rédacteur en chef du London Progressive Journal et est apparu en tant qu’invité à l’émission Sputnik de RT et à Kalima Horra d’Al-Mayadeen. Ses articles ont été publiés dans diverses publications, dont RT Op-ed, Morning Star, Global Research, Fort Russ et Socialist Appeal.

»» https://mohsenabdelmoumen.wordpress.com/2018/12/26/dr-tomasz-pierscion…

Robert Bibeau

Auteur et éditeur

8 réflexions sur “Le capitalisme, un système défaillant incapable de résoudre les problèmes mondiaux

  • 28 décembre 2018 à 13 h 41 min
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     » ou même à la troisième guerre mondiale, par exemple:  » Tabarnak… Troisième Guerre mondiale, sti!

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  • 30 décembre 2018 à 10 h 53 min
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    Pour n’en référer qu’au premier chapitre, non seulement le capitalisme ne peut résoudre les problèmes actuels mais, c’est de lui que vient tout le mal. Le capitalisme est intrinsèquement pervers de même que le communisme l’est. Du reste, les pays communistes actuels, utilisent les mêmes outils que le capitalisme, à savoir l’indicateur de richesse qu’est le PIB et la création de la monnaie par leurs banques. Critiquer le capitalisme c’est bien, mais si c’est pour promouvoir le communisme, sans agir sur le PIB et la création de monnaie, c’est juste « péter dans l’eau ». Ça ne sert à rien.

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    • 1 janvier 2019 à 2 h 08 min
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      @ Jean-Luc
      J’ai crainte qu’une grande confusion vous habite.
      1) En effet le mode de production capitaliste a atteint son point de non retour – le paroxysme de son expansion d’où il ne peut que décliner en tant que système sociétal de production. Cette déconfiture de ce mode de production n’est pas la conséquence de l’usage de l’indicateur PIB, ni de la création de la monnaie par les banques qui tous deux à l’origine serait bien les intérêts du capital. Quand le système s’effondre ses instruments de régulation s’effondre également et il ne faut pas prendre les indices de la débandade pour ses causes.
      2) Ce que vous qualifiez de pays COMMUNISTE, ne sont que des pays vivant sous le CAPITALISME D’ÉTAT TOTALITAIRE QUI comme vous le constatez vivent exactement les mêmes problèmes économiques et usent des mêmes stratagèmes financiers pour sauver le système = aux mêmes causes les mêmes effets.
      3) Comme nous le disons abondamment ici la première révolution prolétarienne qui ouvrira la voie vers le mode de production communiste prolétarien nous l’attendons encore = mais elle viendra.
      Robert Bibeau Éditeur http://www.les7duquebec.com

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      • 1 janvier 2019 à 11 h 06 min
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        La confusion vient, certainement, du fait d’un désaccord sur ce que doit devenir la société. Cela fait très peu de temps que je connais les 7 du Québec et je n’ai pas trouvé le placement politique exact du site. Tenez-vous du communisme libertaire ou étatique ? Pour ma part, si j’ai une entière sympathie pour le premier et une aversion pour le second née des différentes expériences du XXe siècle, je ne crois pas à la révolution qui ne peut être que violente ni à la capacité de tous, de devenir du jour au lendemain des experts de l’autogestion et totalement autonome et déterminé dans sa pensée politique. Je suis donc favorable à un processus de transition qui conserve quelques point de repères comme une forme de représentativité et une monnaie avec une possibilité de création réduite et donc d’un indicateur de richesse qui tienne compte des ressources naturelles, de l’investissement citoyen et du bien-être de la population.

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        • 1 janvier 2019 à 12 h 02 min
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          @ vous
          Notre désaccord provient d’abord de notre perspective fort différente
          Ainsi mes 40 années de militantisme gauchiste m’ont enseigné une chose avec certitude = je hais le sectarisme – le dogmatisme – l’esprit de clique de bande sous la gouverne de gourous ego-centré si bien que vous ne trouverez pas ici sur les7duquebec UNE LIGNE ou nous cataloguer LOIN de nous ces catégories que vous énumérez.
          Ainsi pour ma part personnelle je ne suis pas de vos catégories go-gauche de merde je suis et moi pas les autres prolétaire révolutionnaire et je me soumets aux intérêts de ma classe d’adoption.
          Ainsi je ne me donne pas le droit de décider pour ma classe de ce que sera notre société – ce sera leur décision collective à travers de multiples essais erreurs et démarche holistique multiple risquée difficile sans jamais de certitude et je serai avec eux à leur service avec les connaissances que je possède et que je partagerai, Tout sera préférable que la merde capitaliste dans laquelle nous vivons
          Pour la révolution j’ai peur que vos capacités de vous y opposer soit bien minime = la RÉVOLUTION VIOLENTE EST À MON AVIS INÉVITABLE QUOIQUE L’ON SOUHAITE QUOIQUE L’ON PENSE L’HISTOIRE NOUS L’ENSEIGNE
          mERCI POUR VOTRE POST
          Robert Bibeau

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  • 1 janvier 2019 à 17 h 55 min
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    @ Robert,
    Comment dois-je prendre votre réponse ? Je n’ai aucun souci du fait que vous choisissiez de ne pas vouloir vous enfermer dans une catégorie sectaire. Du reste, je vous rejoins là-dessus. Que vous ne vouliez pas décider pour ceux qui vous suivent est tout à votre honneur et me rassure quant à la convivialité du site dans la réflexion.
    En revanche je me demande comment prendre votre vocabulaire et le ton que vous m’adressez. Je ne m’attendais pas à cela sur votre site.
    Pour ce qui est de la révolution vous avez peur pour mes « capacités » à m’opposer à la révolution, et je vous remercie pour votre condescendance. Je suppose par là que vous pensez être beaucoup plus apte à déclencher la révolution. Je n’oserai pas avoir cette prétention.
    La révolution est inévitable, dites-vous. Certes, pourquoi pas et j’y aspire, ne vous méprenez pas sur mon compte. Le point de désaccord réside dans la méthode du tout « tout de suite avec violence » ou dans la transition « négociée ». Pour ma part, l’histoire m’a enseigné qu’après la violence, on se retrouve avec une dictature. Or, ça n’est à ça que j’aspire, d’autant que maintenant, on peut mettre des dictateurs en place en allant voter.
    Mais, j’en reviens à mon questionnement : vous parlez au nom de « nous » et vous parlez de « ma classe » alors même que vous ne voulez pas être enfermé dans une catégorie. Ma question reste donc entière.

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    • 2 janvier 2019 à 2 h 32 min
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      @ Jean-Luc
      Oublions mon ton agressif – je monte sur mes grands chevaux quand on me traite de go-gauche.
      1) Vous devez comprendre qu’en effet JE N’AI AUCUN POUVOIR – AUCUN CONTROLE SUR LA RÉVOLUTION PAS D’AVANTAGE QUE VOUS MAIS je crois et j’espère qu’elle surviendra nonobstant ce que nous en pensons vous et moi – elle est inévitable et je suis désolé qu’elle soit violente c’est la capital qui l’aura voulu ainsi
      2) le problème de la dictature subséquente – pas forcément inévitable – devra être traité en temps et lieux et personnellement je pense que de refuser la dictature des gourous de droite comme de gauche est un pas dans le bon sens
      3) OUI je parle de NOUS la classe prolétarienne immensément majoritaire et OUI je revendique farouchement l’appartenance à cette catégorie qui n’est surtout pas une secte du nom de CLASSE PROLÉTARIENNE L’AVENIR DE L’HUMANITÉ
      4) POUR CE QUI EST D’UN ÉVENTUEL PARTI PROLÉTARIEN RÉVOLUTIONNAIRE SUR PIÈCE EN TEMPS ET LIEUX AU COURS MÊME DE LA RÉVOLUTION PROLÉTARIENNE ET AUCUNE AUTRE JE VERRAI SI LA LIBERTÉ DE PAROLE ET D’ASSOCIATION EST ASSURÉE POUR Y ADHÉRER
      NOUS AVONS LE TEMPS D’ICI LÀ
      rOBERT BIBEAU

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  • 2 janvier 2019 à 17 h 53 min
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    Il y a toujours du décalage entre ce qu’on veut et ce qui arrive. Le capitalisme est en bout de cours dans une fuite en avant qui ravage tout et provoque de multiples crises : écologique, sociale, financière, sanitaire, démocratique, et aussi crises de la solidarité et des communs. Tout y passe. La crise la plus importante est désormais celle du réchauffement climatique qui met en péril la survie même de tout le monde des vivants et donc de l’humanité.
    À elle toute seule, cette crise appelle des changements radicaux obligatoires et inévitables. Et vu que les objectifs fixés à la COP21 ne sont, non seulement pas atteints mais que la production de CO2 a encore augmenté, ce qui s’envisageait pour le siècle prochain est désormais compté en dizaines d’années.
    Le capitalisme a jusqu’à présent su surmonté toutes les difficultés. Le communisme étatique n’a pas survécu sinon sous forme de parodies dissimulant mal un capitalisme conquérant. Et depuis, le capitalisme a su anesthésier la masse prolétarienne : les jeux, les réseaux sociaux, la surconsommation ont eu raison des syndicats. Et, cerise sur la gâteau, la grande pauvreté est en régression.
    Partout la révolution prend une nouvelle tournure car elle se tourne vers les nationalismes et les pouvoirs autoritaires. En France les Gilets Jaunes revendiquent légitimement et à juste titre tout en demandant de prendre leur part du gâteau capitaliste. Pourtant, je vois dans ces signes, des révoltes contre le système économique. En Union Européenne, ceux qui se tournent vers le nationalisme, le font en réaction contre la pression économique de l’UE. Christine Lagarde ne s’y trompe pas : depuis quelques mois elle fait des discours clamant que les peuples sont entrés dans une « ère de la colère » et elle appelle les puissants à en tenir compte tout en les boostant vers toujours plus de croissance. Elle a juste compris que les puissants avaient été pris la main dans le pot de confiture et qu’il fallait faire gaffe. Pas plus. Il faut juste se calmer pour reprendre de plus belle ultérieurement. Du moins c’est comme ça que je comprends ses interventions.
    La révolution suppose effectivement qu’on combatte les tentations dictatoriales et autoritaires de ceux qui règlent leurs comptes. Mais, dans le feu de l’action comment concilier violence et réflexion ? Quoi qu’il en soit, c’est effectivement comme cela qu’il faut appréhender la révolution.
    Ce que je crains, c’est que la levée des masses révolutionnaires se fasse moins rapidement que ce qui va advenir avec les catastrophes et les cataclysmes que le réchauffement va provoquer.
    En fait, nous sommes à un moment où les choses ont rarement été aussi claires car toute la planète est confrontée aux mêmes maux simultanément. Nous avons tout pour entrer en résilience, tirer profit de l’histoire, utiliser les moyens de communication qui permettent une collaboration constructive des esprits, et des peuples qui n’en peuvent plus. Mais voilà, est-ce bien cela que nous faisons suffisamment vite, bien et efficace ? Je doute qu’on ait vraiment le temps.
    Vous parlez d’une masse prolétarienne immensément majoritaire. Je pense de mon côté qu’il vaut mieux envisager les choses sous l’angle d’une population de vivants qui couvre la totalité des humains et des autres espèces. La lutte des classes est reléguée au second plan derrière le travail de restructuration de la terre et des écosystèmes. Les expériences communistes ont laissé des terres et des eaux totalement sinistrées. Preuve que le système politique n’avait pas intégré mère nature. Ce qui aurait certainement tout changé si cela avait été fait.
    Je pense désormais en termes d’économie collaborative, sociale, sanitaire et écologique.

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