Le gouvernement de Macron croit trop au père Noël. Il se prépare à fêter dans les réjouissances sa victoire annoncée contre le mouvement des Gilets jaunes.  Il est en droit de se convaincre de sa victoire. Mais gare aux lendemains dgriserie politique démagogique : le réveil peut se révéler douloureux. 
 
S’il y’a décrue, la décrue subversive est à mettre sur le compte de la période festive de la fin de l’année. Ou aux tours de prestidigitations politiciennes consultatives actionnés par le gouvernement, ayant permis d’illusionner provisoirement le peuple ébaubi par ce lapin référendaire sorti mystérieusement du chapeau du pouvoir. Ce Lapin, symbole des engagements non tenus, des rendez-vous historiques délibérément manqués, dévoyés.  
 

A l’évidence, les masses révoltées (petits-bourgeois et prolétaires) en dépit de leur situation misérable, ont besoin également de s’offrir quelques cadeaux festifs et gustatifs pour reprendre des forces. Leur colère demeure intacte. Leur faim de justice sociale s’est encore creusée après des semaines de lutte toujours pas assouvie de victoire, toujours pas rassasiée de changement. 

Certes, le pouvoir marconien, saisi par un philanthropique sursaut d’humanité (sic), s’est résolu à distribuer quelques miettes monétaires sociales à la frange la plus nécessiteuse du peuple. En vérité, il ne s’agit nullement d’une reculade, mais d’une rebuffade. Car toutes les revendications économiques, sociales et politiques du mouvement n’ont pas été honorées, satisfaites. En revanche, le gouvernement de Macron a accordé une substantielle augmentation de salaires à ses forces de l’ordre, obtenue à la suite d’une seule journée d’action syndicale, en remerciement de leurs bons et loyaux sévices infligés au peuple révolté. En l’espèce, il s’agit d’une réelle augmentation des salaires des policiers. A la différence de la prétendue revalorisation de 100 euros octroyés aux smicards. En vérité, ces derniers n’ont pas bénéficié d’une réévaluation de leur SMIC, mais uniquement de l’attribution d’une Prime d’activité, par ailleurs susceptible d’être réduite ou supprimée à tout moment, c’est-à-dire une fois la pression de la révolte sociale dissipée.

De fait, les forces de l’ordre auront été les heureux bénéficiaires collatéraux de cette Guerre de Classes. Cette guerre sociale initié par le mouvement des gilets jaunes aura connu un inattendu et déroutant dénouement : maintenir le peuple toujours dans le dénuement ; permettre au pouvoir de conserver son cap pour sauver ses bourgeois monuments ; et accorder aux policiers une augmentation de leurs émoluments. Mais nous devons apprendre de cette expérience de lutte avortée. D’abord la classe ouvrière et prolétarienne doit parler pour elle-même et cessée d’être à la remorque de la petite bourgeoisie et ensuite la classe prolétarienne doit trouver le moyen de s’organiser en autonomie de classe loin des groupuscules petites-bourgeoises.

Ainsi, l’État français proclame souvent ne pas disposer de financements pour les besoins vitaux de la population. Mais parvient toujours à débloquer l’argent contre son peuple et contre d’autres peuples des pays envahis : notamment en augmentant considérablement les salaires de ses forces de l’ordre pour les remercier d’avoir maté la révolte du peuple, et en rallongeant en permanence le budget militaire pour soutenir ses interventions impérialistes aux quatre coins du monde. De façon constante, les deux piliers répressifs du pouvoir français sont pécuniairement gratifiés pour leur service rendu au capital. Mais ne vous en faites pas, ces hausses de  solde des mercenaires du pouvoir vont grever la dette et entrainer l’effondrement des finances de l’État bourgeois.

Au reste, à défaut d’alimenter les caisses des postes sociaux d’un « Fric de dingue » (sic) , l’État préfère bourrer les urnes de bulletins de vote référendaire limitatif et futile dans le cadre du RIC ridicule d’inanité, ce machin institutionnel de « débat démocratique » inventé pour désamorcer l’affrontement de classes et l’insurrection sociale. 

Ainsi, le RIC  permet au pouvoir de désarmer le mouvement, mais surtout de préserver intacte ses maîtres du Fric. Évidemment, les consultations citoyennes ne porteront pas sur les questions fondamentales relatives au pouvoir des financiers, banquiers, milliardaires, patrons, en un mot tous les représentants du capital, en vue de réduire considérablement leur puissance et leur nuisance par la diminution de leurs revenus et l’abolition de leur mainmise sur les institutions gouvernementales.  Ou encore mieux, pour leur retirer la propriété de leur capital.

Pour ce faireen vue de mettre en œuvre cette consultation, les Mairies (dépourvues à la vérité de tout pouvoir politique et économique, de tout moyen financier, dont la moitié des maires sont démissionnaires par découragement) sont invitées à organiser des consultations de la population pour recueillir ses doléances, ses trompe-l’œil délibératives.

En réalité, les cahiers de doléances vont tenter de prononcer les condoléances du mouvement, déposer dans l’urne funèbre ses authentiques initiales revendications économiques, sociales et politiques. Se livrer à la mise en bière référendaire de la révolte sociale du mouvement social, subrepticement inhumée dans le caveau de la démocratie bourgeoise charognarde

En outre, dans le même temps que l’État distribue ses carottes consultatives référendaires inoffensives au peuple pour le nourrir d’illusoires réformes sociales invisibles et incolores, il persiste à asséner aux récalcitrants révoltés précarisés les coups de bâtons démocratiques.

 

Qui plus est, l’armée veille au grain (gain) du capital, prête à réprimer la “populace” menaçante. Aussi, certains généraux en disgrâce (Villiers, Tauzin, Dary, Piquemal) fervents défenseurs de la patrie bourgeoise impérialiste, pour redorer leurs galons ternis, ont déjà endossé leur uniforme de combat pour grimper dans leur char putschiste en vue d’écraser la révolte du peuple, à l’instar du général de Gaulle, secrètement réfugié dans une base militaire située en Allemagne, disposé à lancer l’armée contre le mouvement gréviste de Mai 68. Voire, pour ses généraux généreux, afin de prendre les commandes du pouvoir afin d’instaurer une dictature militaire. Il semble que le capital a une peur infernal du prolétariat en cavale.

Aujourd’hui, selon le calendrier établi par le gouvernement aux abois, l’heure est à la concertation. Manière subtile de neutraliser la contestation. Cependant, le mouvement des Gilets jaunes ne doit nourrir aucune illusion dans cette consultation nationale initiée par le gouvernement des riches. Car cette consultation politicienne ne vise qu’à désamorcer l’affrontement social. Au vrai, en serviteurs dévoués des classes exploiteuses et possédantes, les dirigeants du pouvoir, en dépit de leurs postures modérées, tentent d’infléchir la radicalité prolétarienne de cette révolte petite-bourgeoise à l’origine au moyen de manœuvres dilatoires citoyennes, pour mieux reprendre l’offensive répressive une fois le mouvement jugulé et pacifié.

 

Du reste, à la faveur de la relative accalmie du mouvement, le pouvoir a commencé à dépêcher ses forces de l’ordre, ragaillardies par le relèvement de leurs soldes, sur les ronds-points pour démolir leur campement dressé depuis un mois afin de bloquer les axes routiers en vue de paralyser l’économie là où se mène le combat ultime. Illustration de cette démonstration de force, lors de sa conférence de presse à N’Djamena, siège africain de l’impérialisme français, érigé à la gloire des troupes néocoloniales œuvrant en Afrique, Macron a explicitement précisé qu’il ne lui reste plus que la Guerre comme solution à la Question Sociale.

De toute évidence, la consultation nationale diligentée par le pouvoir étatique marconien, représentant les intérêts des classes dominantes, constitue une diversion politique, une manœuvre machiavélique destinée à étouffer dans l’œuf l’insurrection sociale du mouvement des gilets jaunes. L’État de la puissance financière internationale ne compte aucunement satisfaire les revendications économiques, sociales et politiques du peuple de France révolté. Macron n’a pas été placé au pouvoir pour appliquer une politique sociale favorisant l’amélioration des conditions d’existence du peuple. C’est tout le contraire. 

Certes, le peuple veut la démocratie, mais sa démocratie. Aussi, S’il faut permettre l’émergence d’une authentique démocratie populaire horizontale, elle doit être portée par le seul peuple, mise en œuvre par l’ensemble du peuple laborieux et industrieux (le prolétariat). Cette démocratie populaire ne peut s’ériger que contre l’État des milliardaires, ces ennemis du prolétariat. Aussi, aucune négociation ne doit s’établir avec l’État des classes dirigeantes, par essence dressé pour dominer et opprimer la classe salariée. Aucune confiance ne doit être accordée au gouvernement soucieux uniquement de la préservation des intérêts des classes possédantes du capital social. 

Actuellement, doté d’une force mobilisatrice extraordinaire, soutenu par plus de quatre-vingt pour cent de la population, le mouvement doit déployer toute son énergie afin de s’organiser en dehors des institutions gouvernementales décadentes. Il doit s’efforcer de constituer des comités de Gilets Jaunes dans chaque commune. Procéder à l’élection de portes-paroles dans des assemblées locales, puis départementales, régionales, enfin au niveau national, portes-paroles massivement ouvriers des chantiers, ateliers, usines, transports, services et communications… la seule classe sociale apte à  créer un nouveau mode de production.

Ces portes-paroles, élus et révocables en tout temps, doivent établir une plateforme programmatique pour servir de cadre de constitution d’une RIP  (Référendum d’Initiative Prolétarienne) réservée aux seuls membres de la classe prolétarienne engagée dans la lutte. Ces RIP, opposés à ceux du pouvoir, doivent se développer à l’échelle nationale pour leur imprimer une légitimité populaire par-delà l’approbation du pouvoir. Et surtout contre le pouvoir, pour construire une institution légale opposée aux instances gouvernementales de la classe dominante.

Assurément, le mouvement des gilets jaunes, encore embryonnaire, demeure encore à l’état infantile sur le plan politique. C’est encore un nouveau-né enfanté dans la douleur par les contradictions de classes, les injustices sociales criantes et intolérables infligées par le capital. Mais grâce à sa force exceptionnelle, il fait preuve d’une croissance sociale prodigieuse. Après seulement quelques semaines d’existence, il a acquis de la maturité. De la popularité. Du haut de ses quelques semaines d’âge, il a su faire pousser des cheveux blancs aux classes possédantes, entrevoyant leur mort dans l’œil brillant de jeunesse de ce peolétariat en pleine renaissance ; du fil à retordre aux gouvernants saisis de frayeur devant la fraîcheur de ce mouvement juvénile doté d’une énergie combative vigoureuse ; des sueurs froides aux forces de l’ordre depuis longtemps assurées de leur supériorité répressive exercée en toute impunité.

Aujourd’hui, la peur a changé de camp. 

Mesloub Khider