LA TRAHISON DE MITTERAND ET DU PARTI SOCIALISTE… et les positions ambigus du PCF
Recherche menée par Robert Gil
La situation politique en France est marquée par une vaste contradiction. La tradition révolutionnaire du prolétariat français a été une composante essentielle de la naissance et du développement du socialisme marxiste il y a un peu moins de deux siècles. La révolution d’Octobre a été puissamment soutenue par la classe ouvrière française et les principales luttes révolutionnaires en France au 20e siècle représentent de grandes expériences stratégiques du prolétariat international. Mais alors que le capitalisme mondial est déchiré par la montée de la guerre et la crise économique la plus profonde depuis les années 1930, aucune tendance politique en France ne lutte pour un renversement révolutionnaire du capitalisme par les travailleurs ni pour la construction du socialisme.
Les forces qui ont dominé la politique «de gauche» depuis 1968 sont profondément hostiles au socialisme et à la classe ouvrière. La colère de la population éclate face à la politique réactionnaire de guerre, d’austérité et d’attaques des droits démocratiques qui a été poursuivie par le Parti socialiste (PS) et ses satellites durant toute une période historique. Hollande lui-même a expliqué à des banquiers de Londres pendant la campagne électorale de 2012 que, « De nos jours, il n’y a plus de communistes en France. La gauche a libéralisé l’économie et ouvert les marchés à la finance et à la privatisation. Il n’y a rien à craindre ».
Pendant des décennies, le PS et ses alliés ont cherché à redéfinir la politique «de gauche» selon les préoccupations de sections aisées de la classe moyenne. Ils ont promu le soutien aux guerres «humanitaires» de l’impérialisme au lieu de l’opposition à l’impérialisme, le «dialogue social» entre les bureaucraties syndicales et la grande entreprise au lieu de la lutte des classes, l’islamophobie et le nationalisme au lieu de la solidarité ouvrière. Dans la mesure où ces forces peuvent prétendre représenter le socialisme, elles ne font que pousser des électeurs excédés vers le Front national néo-fasciste.
Le discrédit du PCF après 1968 n’ont cependant pas conduit à l’avènement d’un parti révolutionnaire ouvrier de masse, mais à celui du PS. Fondé lors de congrès à Alfortville et Epinay en 1969 et 1971, ce fut dès le départ non pas un parti socialiste, mais un parti du capital financier. Ce n’était pas non plus une réédition de la vieille SFIO. La construction d’un tel parti aurait été en soi une initiative réactionnaire car la SFIO était un instrument du capital: elle avait soutenu la Première Guerre mondiale, s’était opposée à la révolution d’Octobre, avait voté dans sa majorité pour Pétain en 1940 et mené la guerre d’Algérie. Mais le PS incluait des forces plus à droite encore.
Le PS a été conçu comme l’outil électoral de François Mitterrand, ex-responsable de Vichy et garde des Sceaux sous Guy Mollet, étroitement lié aux dirigeants de la police vichyste, comme René Bousquet, qui avaient organisé la Shoah en France. Le PS regroupait les restes de la SFIO, la Convention des institutions républicaines de Mitterrand qui abritait des forces du vieux Parti radical liées à Vichy, des forces sociales-catholiques telles de les partisans de la revue Esprit, et des intellectuels de «gauche», des ex-staliniens et des ex-trotskystes du Parti socialiste unifié (PSU). C’était un parti bourgeois recruté surtout dans l’appareil d’Etat, les médias et le corps enseignant. Le PS devait toutefois se faire passer pour «socialiste», alors qu’un puissant mouvement d’opposition se développait parmi les travailleurs et les jeunes, où le PCF et le mouvement trotskyste conservaient une influence substantielle.
Le but du PS, comme l’expliqua Mitterrand plus tard à des responsables américains, était de détruire la base électorale du PCF, devenir le principal parti «de gauche» et prendre le pouvoir. Il se présentait comme socialiste en critiquant le PCF et les crimes historiques du stalinisme révélés dans les années 1960 et 1970. Mais cette critique ne se faisait pas du point de vue de la classe ouvrière, en se fondant sur la défense par Trotsky de la démocratie soviétique contre la bureaucratie stalinienne ou sur une critique trotskyste du rôle contre-révolutionnaire du PCF. Le PS attisait l’anticommunisme et des illusions dans la démocratie bourgeoise.
Il a exploité le virement à droite d’un PCF assommé par la grève générale de 1968. Le PCF a réagi aux luttes révolutionnaires de 1968-1975 en signant un Programme Commun avec le PS et le bourgeois Mouvement radical de Gauche en 1972 et en répudiant la dictature du prolétariat lors du tournant «eurocommuniste» de 1976. Le Programme Commun qui tentait de se draper dans les acquis négociés par le Front populaire en 1936, a ouvert le chemin non à des avancées sociales, mais à toute une époque de guerre sociale contre les travailleurs.
Le PS s’est surtout appuyé sur la guerre faite au marxisme en France par de larges secteurs de l’intelligentsia. Les intellectuels «de gauche» qui s’étaient surtout déplacés du PCF vers le maoïsme après la guerre d’Algérie et le discours secret de Khroutchev avouant les crimes de Staline, sont allés encore plus à droite après 1968. Terrifiés d’avoir frôlé une révolution sociale, ils ont abandonné le flirt avec le marxisme qu’ils avaient mené sous l’égide du PCF, pour monter une campagne médiatico-politique en faveur du PS.
Diverses forces, des «nouveaux philosophes» comme Bernard Henri-Lévy au poststructuraliste Michel Foucault en passant par l’historien de la révolution de 1789 François Furet, ont attaqué le «totalitarisme» présenté comme le produit inévitable de toute révolution. Le concept du «totalitarisme» établissait un amalgame entre communisme, stalinisme et fascisme, mais ses adeptes ne visaient ni le fascisme ni les crimes de Staline. Ils n’attaquaient ni les ex-vichystes comme Mitterrand ou Bousquet, ni le génocide politique du Kremlin contre le marxisme. Ils attaquaient le communisme et le marxisme en avançant une critique droitière de la politique antidémocratique du Kremlin. Ils firent la promotion de dissidents libéraux russes réprimés par le Kremlin tels Alexandre Soljénitsyne. Passant sous silence les crimes de l’impérialisme, hostiles à une lutte des travailleurs soviétiques contre la bureaucratie stalinienne, ils jetèrent les bases théoriques d’un soutien «de gauche» à l’anticommunisme, à la restauration capitaliste en URSS et, plus tard, aux guerres «humanitaires» contre des pays ex-coloniaux dont on dénonça également les dirigeants comme «totalitaires».
En 1981 Mitterrand, arrive au pouvoir avec le soutien du PCF. Exploitant le mécontentement social dû à l’impact de la crise économique des années 1970 et à la politique d’austérité de Valéry Giscard d’Estaing, Mitterrand a promis de nationaliser de grandes entreprises et d’augmenter le pouvoir d’achat. Mais une fois au pouvoir, il a vite répudié son programme. Face à une fuite totalement prévisible des capitaux, il a refusé d’imposer des contrôles financiers et a proclamé un «tournant de la rigueur», attaquant les emplois et les prestations sociales.
La trahison par Mitterrand des promesses du PS a provoqué la colère et la désillusion parmi les travailleurs. Mais aucun parti ne luttait pour une politique révolutionnaire indépendante du PS, et cette opposition ne put finalement s’exprimer de manière organisée. Dans cette situation surréelle, où la séparation de classe entre les travailleurs et les forces privilégiées du mouvement étudiant et de l’appareil d’Etat devenait un gouffre, le mouvement ouvrier a commencé à péricliter. Les syndicats se sont effondrés, tout comme le nombre de leurs adhérents et l’intensité des grèves, et ils sont devenus un appareil corporatiste presque exclusivement financé par le patronat. La petite bourgeoisie radicalisée a bâti une série d’organisations contrôlées par le PS et ses alliés politiques, tels que SOS Racisme et les syndicats étudiants. Celles-ci ont servi à surveiller la population et au besoin à organiser des mobilisations limitées servant de soupape pour le mécontentement social.
Depuis, le PS n’a eu de socialiste que le nom … et le PC est toujours à la recherche de son identité !
Salut,
À propos de ton deuxième paragraphe : peu après 1968, en l’occurrence aux présidentielles de 1969, Ce n’est pas le PS (SFIO) qui domine à gauche, mais le PCF :
Jacques Duclos
Parti communiste 4 808 285 21,27 %
Gaston Defferre
Section française de l’Internationale ouvrière 1 133 222 5,01 %
Référence :
https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89lection_pr%C3%A9sidentielle_fran%C3%A7aise_de_1969
Bien à toi,
do
http://mai68.org/spip2 (site censuré par le pouvoir depuis le 22 janvier 2019)
Cet article explique bien l’erreur stratégique du PCF avec le programme commun qui a remis en selle le PS après 1969 , alors que Jacques Duclos avait fait remonter l’influence du PCF . La cause majeure du recul du PCF date en effet de 1968 où sous l’injonction du PCUS la direction de l’époque du PCF n’a pas voulu destituer De Gaulle et son système par peur d’un guerre civile . De Gaulle a su jouer de son antiaméricanisme pour permettre que le PCF ne prenne pas le pouvoir alors que la CGT tenait toutes les usines . On ne peut réécrire l’histoire mais on peut en tirer des leçons. Le capitalisme a des ressources avec tous ses apparatchiks bien payés au MEDEF et dans les médias, sa classe politique avait encore de la qualité sous les régnes gaulliste, giscadien et mitterrandien . Mais depuis les années 90 ce n’est plus le cas avec la génération nés après les années 50 comme les Sarkozy-Hollande-Macron qui n’ont connu que la belle vie dans leur jeunesse avec une carrière toute tracée. Les partis bourgeois comme le RPR(aujourd’hui les Républicains) et le PS sont devenus des partis sans racine populaire et des officines carriéristes pour les entreprises privées ou publiques. Le peuple devant l’austérité imposée par ces gens s’est progressivement retirer du vote ou pour une partie s’est mis à voter FN puisque le PCF participait à des gouvernements PS et gérait les villes – départements et régions avec le PS . Cette ambiguïté est encore à l’ordre du jour aujourd’hui d’où l’autonomie du mouvement populaire qui éclate avec cette expérience des Gilets Jaunes .
Pourtant la crise du capitalisme depuis 2008 s’est accentué et remet à l’ordre du jour dans les masses populaires l’idée d’une autre société plus fraternelle et égalitaire. Les communistes français et du monde entier sont devant leurs responsabilités historiques pour accélérer la fin du capitalisme avec la participation active et créatrice des masses(surtout de la jeunesse) qui se mettent en mouvement car elles ne supportent plus cette austérité permanente qui les entraîne dans la misère avec le chômage et le sous emploi . Nous en sommes là et l’avenir nous dira si la fin de L’URSS n’a été qu’un entracte dans le mouvement historique des sociétés vers la société communiste fraternelle et égalitaire. En tous cas une erreur stratégique à un moment de l’histoire des peuples recule de plusieurs décennies les évolutions nécessaires pour le bonheur des gens .
Après le siècle des révolutions « spontanées », la Subversion, que René Guénon appelait « antitradition » puis « contre-tradition », allait avoir la « chance » inouïe de trouver un « allié » puissant qui allait, jusqu’à aujourd’hui, user du droit d’intervention dans les affaires intérieures des autres pays : au nom d’un nouveau principe de solidarité internationale, celui des états nationalistes et démocratiques s’entr’aidant à secouer le joug des prétendues tyrannies traditionnelles. Jadis les hommes se sacrifiaient pour ce qu’ils aimaient. Aujourd’hui, rendus « libres » à la faveur de la démocratie, ils sont désormais contraints de se faire tuer au besoin pour le diable en personne ou pour l’intérêt du capitalisme, ce qui revient au même.
Le Marxisme, quant à lui, paraît défendre les travailleurs parce qu’il semble vouloir tout remettre au pouvoir de l’Etat afin d’assurer une meilleure répartition des biens et des fortunes, alors qu’en réalité son but est, en conquérant les masses ouvrières par la ruse, de tout accumuler entre les mains des puissances d’argent, dissimulés et camouflés derrière des partis politiques qu’elles contrôlent, qu’ils soient socialistes ou communistes.
Actuellement, nos vieux gouvernements socialistes, communistes et capitalistes sont sur un vieux rafiot vermoulu, et un iceberg est dans l’eau : que va t-il se produire ?
Je partage 5 sur 5 les analyses critiques contre Mitterrand développées dans cet article. Ayant moi même publié récemment quelques noms d’oiseaux contre le miteux, dans ma lettre politique indépendante.
J’ajouterai deux précisions.
1°)-« Grâce » à Mitterrand, la courbe du chômage qui était de 1 million de chômeurs en 1980 est passée à 2 millions en 1988. Et 2,5 millions en 1995. Donc, Mitterrand a laissé filer sciemment la courbe du chômage de +1,5 millions de demandeurs d’emplois. Ces chiffres, personne ne les cite de façon précise !
2°)-Il importe de pointer les morts mystérieuses de Coluche, Balavoine, Jean-Edern Hallier, juste au moment, où ces derniers posaient des problèmes à la Mitterrandie…