Je suis un leader… une question d'attitude (6)
CAROLLE ANNE DESSUREAULT :
J’ai souvent confondu l’estime de soi et la confiance en soi. Je comprends maintenant que l’estime de soi est la perception de ma juste valeur, de ma nature profonde. Une mauvaise estime de soi nous fait dire : Je ne vaux pas grand-chose.
Quant à la confiance en soi, c’est une connaissance de mes ressources nécessaires pour agir. C’est de me sentir à la hauteur et capable de relever des défis.
Si je tente de comprendre laquelle vient en premier, je crois que c’est l’estime de soi, l’image que j’ai de moi-même qui va construire ma confiance.
Voici le sixième article du livre Je suis un leader… une question d’attitude écrit par Yvan Gingras.
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L’ESTIME DE SOI ET LA CONFIANCE EN SOI
Un groupe de journalistes rencontrèrent un jour le joueur de baseball retraité des Tigers de Détroit, Ty Cobb, le joueur qui détient le record pour la meilleure moyenne au bâton de tous les temps, c’est-à-dire plus de 367. On lui demanda face au contexte du baseball des temps modernes, quelle serait, selon lui, sa moyenne. Ty Cobb répondit : « Entre 290 et 300. » Les journalistes voulurent en connaître la raison. Était-ce dû aux longs voyages ? Aux joutes maintenant disputées le soir ? Ou était-ce dû au haut calibre des lanceurs ? Ty Cobb répondit négativement à toutes ces questions, et ajouta « C’est parce que j’ai 70 ans ! » Voilà ce qu’on appelle avoir confiance en soi et en ses moyens.
Le principe de base de la confiance en soi
Quand on a confiance en soi, les preuves ne sont pas nécessaires, mais d’autre part, si on manque de confiance en soi, il n’y aura jamais assez de preuves pour nous rassurer et nous amener à croire en nous.
Pourquoi ? Parce que la foi et la confiance sont étroitement reliées. La foi c’est l’évidence des choses qu’on ne voit pas, la confiance sans réserve. La foi est basée sur le savoir, alors que le savoir est basé sur l’expérience. L’expérience nous mène à une prise de conscience. La conscience nous procure une plus grande compréhension et confiance en la vie ; ce qui éveille une plus grande confiance en nous et nous permet d’agir selon les principes qui régissent l’univers et de rendre notre vie plus facile.
Citons, à titre d’exemple, les principes d’action – réaction, de l’économie et du changement. Le principe d’action-réaction stipule que toute action de notre part (geste, parole, pensée) qui cause un impact négatif ou positif chez quelqu’un d’autre aura un effet de boomerang qui nous reviendra éventuellement. Le principe d’économie, qui est en relation étroite avec la précédente, s’énonce comme suit : soutirer le maximum de chaque effort que l’on fait tout en économisant le plus d’énergie possible. Quant au principe du changement, il nous enseigne que les conditions des mondes temps-espace changent constamment, il n’y a aucune stabilité — la dynamique positif-négatif.
Lorsque nous avons une compréhension juste de ces trois principes, il est évident que nous allons nous appliquer davantage à éliminer de nos vies les actions à caractère négatif, que nous allons chercher à bien faire ce que nous entreprenons sans « tourner les coins rond », et que, finalement, en résistant au changement, nous nous créons plus de problèmes que nous serions capables d’en imaginer.
La foi défie l’être humain d’aller au-delà de ce qu’il peut voir. Elle développe l’attitude de confiance selon laquelle les événements qui se produisent servent une cause plus élevée. Ils ont leur raison d’être, même si les apparences semblent indiquer le contraire. La foi nous rappelle que nous en savons plus que ce que nous avons appris ; qu’il nous suffit de regarder, d’écouter et de nous fier à la richesse intérieure qui est à l’œuvre en chacun de nous. Autrement dit, avoir la foi – c’est prendre pour acquis que le choix que l’on fait est toujours le bon. Manquer de confiance nous fait parfois faire des choix qui vont à l’encontre de nos désirs.
Par conséquent, ne pas croire est un manque de confiance en notre capacité d’apprendre, d’explorer, d’expérimenter, de comprendre et de savoir. La confiance conduit donc à la maîtrise et l’appréciation de nouvelles situations que nous expérimentons.
Avez-vous remarqué que lorsque les autres répondent pour nous à nos questions ne fait qu’entraîner d’autres questions ? Les questions surgissent comme des bulles à la surface de l’eau. On se sent inconsciemment étranger à la réponse, ce qui sème le doute. C’est le fait que ça ne vient pas de nous, ce qui confirme que la confiance vient de l’intérieur de soi et non de l’extérieur. Lorsque nous disons que nous avons confiance en quelqu’un, que nous pouvons nous fier à cette personne, la décision ne vient pas de l’individu en qui nous avons confiance, elle vient du fait que nous sommes persuadés de faire le bon choix. La même chose s’applique lorsque nous perdons confiance en quelqu’un ; nous sommes déçus par le fait de nous être trompés et non à cause de l’individu concerné.
Tous ceux qui ont réussi, peu importe le domaine, ont appris à penser au-delà des apparences et des idées reçues. Ils ont appris à penser par eux-mêmes. Donc, nous pouvons demander l’avis ou l’idée des autres, mais sans y accrocher notre chapeau pour autant. Nous faisons notre propre synthèse et prenons notre décision en conséquence, selon notre niveau de confiance.
Développer la confiance en soi et l’estime de soi
« La pire attitude qu’un individu puisse avoir après l’orgueil est une image négative de lui-même. » (10)
Cette affirmation met en lumière deux attitudes extrêmes par rapport à l’estime de soi. L’orgueil (image de la surestime de soi) est le contraire du manque d’estime de soi (image de la mésestime de soi). Le respect de soi est la perception juste et équilibrée de soi et non le contraire de l’orgueil (sauf pour des fins littéraires).
Voici quelques clés éprouvées pour bâtir la confiance en soi et l’estime de soi.
Éliminer l’argumentation
L’argumentation affecte l’estime de soi. Lorsque nos idées sont ignorées, nous nous sentons inutiles et incompétents. Si elles sont acceptées, certaines personnes s’éloignent de nous soit par jalousie, par envie, par colère, par menace, etc. Argumenter, qui est le fait de gagner son point au détriment de l’autre, c’est chercher à imposer son point de vue aux autres, ce comportement dénote un manque de confiance dans nos propres croyances ; un vrai gaspillage d’énergie.
Une façon de ne pas tomber dans le piège de l’argumentation, qui se situe sur le plan des émotions et non de l’intellect, en se sentant attaqué ou contrarié, est de dépersonnaliser le débat par l’analyse objective, en présentant non pas notre idée mais « une idée. » Puis, si nous voulons gagner encore plus le respect de nos collègues de travail, nous présentons non seulement l’idée, mais aussi les avantages et les inconvénients. Les débats prendront une toute autre allure. À la longue, on nous appréciera, ce qui contribuera à solidifier notre propre estime.
Dès que nous acceptons que nous vivons dans une réalité relative et non absolue, comme l’a prouvé Einstein, nous devons accepter que tous les points de vue ont la même valeur et qu’il est inutile d’argumenter. Le paradoxe à propos de la vérité, c’est que tout le monde pense la détenir, mais personne ne s’entend pour dire ce qu’elle est.
Lorsqu’on possède la vérité, on comprend que chacun possède la vérité selon son propre niveau de conscience et de compréhension. Il est donc inutile d’argumenter ou de nous disputer. Apprenons à dire : « Vous avez raison » et élargissons notre conception de la vérité, parce que la vérité évolue et prend sans cesse de l’ampleur. Si quelqu’un s’approprie une de nos idées, ne soulevons pas mer et monde ; la vie nous le rendra (loi action-réaction). Être en harmonie avec soi-même et créer l’harmonie autour de soi est plus important que d’avoir raison.
Accepter l’erreur
La vie n’est pas bâtie sur la somme de nos erreurs, mais plutôt sur notre succès provenant de notre capacité de reconnaître nos erreurs, d’en accepter la responsabilité et notre aptitude à les corriger.
Le mythe généralisé au sein de la société est qu’il faut éviter l’erreur parce qu’elle conduit à l’échec. Le seul problème avec cette façon de penser est que l’expérience démontre sans équivoque que tous apprennent à faire les choses de la bonne façon en tirant profit de leurs erreurs. Donc, l’idée juste n’est pas d’éviter l’erreur, mais plutôt de bien réagir face à l’erreur de sorte qu’on puisse apprendre de celle-ci et progresser. Il est bien de se donner le droit de faire des erreurs, ne serait-ce que pour l’idée géniale qui peut surgir à partir de ce qu’on vient de dire ou faire.
Ce qui compte ce n’est pas la destination, mais le chemin parcouru pour s’y rendre… C’est ce qui nous fait grandir. Une vraie erreur est lorsque nous répétons les mêmes erreurs sans arrêt. Pourquoi ? Parce que nous cessons d’apprendre. En tant qu’individu nous avons cessé de nous développer, d’évoluer.
« Le succès consiste à essuyer un échec après l’autre tout en conservant son enthousiasme, même dans les heures les plus sombres, » disait Winston Churchill.
Rechercher l’excellence plutôt que la perfection
On veut un emploi parfait, un couple parfait, un corps parfait, on cherche même des modèles à copier et ça ne marche pas. Vouloir la perfection, qui consiste à mettre l’attention sur les faiblesses et à se rebeller contre les limites naturelles, empêche la croissance de la créativité et de l’individualité. Une fois qu’on a mis de côté la poursuite illusoire de la perfection, on s’est libéré d’une source majeure de culpabilité et de peur. Alors, on se demande comment être heureux sans la perfection ?
Le succès ne se mesure pas par ce que nous possédons, mais plutôt par ce que nous faisons de nos possessions. Le succès est un concept personnalisé et varie d’une personne à l’autre. Si nous faisons ce que nous aimons, c’est réussir, le succès ! Par conséquent, être heureux et s’accomplir viennent de la richesse des expériences que nous avons vécues et non lorsque nous avons le sentiment d’être arrivés à destination. Le succès ne se mesure surtout pas en nous comparant aux autres, mais plutôt en nous appliquant chaque jour à faire de notre mieux. Il n’est pas nécessaire de tout connaître pour agir. « Tout connaître » constitue le piège du perfectionnisme. Ce qui est important, c’est d’agir au meilleur de nos connaissances, afin de connaître tous les aspects d’une situation. Cette attitude stimule l’initiative, la créativité et l’innovation.
L’excellence peut donc simplement se définir comme : faire un pas de plus… Cette définition rejoint tout le monde, depuis le clochard dans la rue, le jeune enfant à l’école, la mère de famille à la maison, le plombier, la personne handicapée, le bureaucrate, le gestionnaire, l’exécutif, le sportif et l’athlète olympique, tous sans exception. Faire un pas de plus signifie faire du mieux que nous pouvons en toutes circonstances. Nous ne serons jamais parfaits, mais nous sommes toujours perfectibles.
Travailler nos qualités
« À nourrir nos qualités, nos défauts meurent de faim. » Quelle belle pensée ! L’attention placée sur nos défauts nous empêche de partager nos talents. Il faut se rappeler que lorsqu’on nous demande d’exécuter un travail quelconque, nous sommes à la fois la personne qui a le plus à gagner et celle qui a le plus à donner pour ce travail. C’est du moins l’attitude à prendre. C’est à la fois valorisant, tout en nous gardant dans l’humilité. Le meilleur exemple pour démontrer ce point est la personne qui est appelée à former ou à enseigner dans une situation ; c’est toujours celle-ci qui en bénéficie le plus. Nous n’avons pas de défaut, nous n’avons que des qualités que nous n’avons pas encore développées. Ce qui se traduit par un défaut — faiblesse.
Bâtir sur du roc : notre vraie nature
L’image que l’homme se fait de lui-même est souvent affectée par les circonstances dans lesquelles il se trouve ; des circonstances instables, qui changent constamment, et qui sont infiniment variables. Ces circonstances créent des tensions. Les tensions arrêtent l’action, gaspillent l’énergie et surtout bloquent la volonté de réaliser. En grande partie, la tension est générée depuis l’intérieur ; elle provient d’un manque d’acceptation du « Soi » total que nous sommes. On a tendance à se percevoir avec des limites, imparfaits.
Une fois que nous nous écartons de la poursuite illusoire de la perfection, nous nous libérons d’une source majeure de culpabilité et de peur. Ces deux dernières créent des tensions inutiles et empêchent l’évolution en tant qu’individu total. On admire souvent les gens qui ont réalisé de grandes choses, les « gens à succès ». La vérité est qu’il y a plus de psychologie que de supériorité objective (moyens à leur disposition) derrière les réussites et les victoires de la plupart des gens qui accomplissent de grandes réalisations. Plusieurs personnes avec un minimum de talents réalisent leur but parce que le monde entier ne peut résister à leur importante confiance et vision.
En fait, on oublie souvent que la raison principale de la réussite de la plupart des « gens à succès » est due au fait qu’ils avaient un amour sans borne (passionné) pour quelqu’un ou quelque chose. Par le fait même, ils avaient un intérêt, ils se sont appliqués et ont ainsi développé leur talent. Faut-il ajouter qu’ils avaient une bonne estime d’eux-mêmes ?
« L’homme qui veut améliorer un être humain doit d’abord commencer par l’apprécier. »
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