Je suis un leader… une question d'attitude (8)
CAROLLE ANNE DESSUREAULT :
Hum ! Qui n’a pas essayé dans sa vie une tentative de justification, de blâme, de plainte afin d’attirer l’attention à soi et de se faire valoriser. Ces tentatives, malheureusement, ne conduisent nulle part sauf renforcer davantage le sentiment d’être inadéquat.
Ce sont des comportements parfois conscients, souvent inconscients, qui mendient une reconnaissance de soi.
Choisissons plutôt de faire des choix et non des compromis. Tout est dans l’intention. Je connais un exercice qui permet d’être libre même dans des choix fades, c’est le Je décide. Je décide d’aller à cette réunion familiale ou professionnelle qui ne me tente pas, parce que je sais que je ne serai pas bien si je n’y vais pas car les conséquences me troubleront. Le fait de décider de choisir entre deux résultats permet de mieux vivre une situation qui en réalité demande un compromis.
Cet exercice en est un de responsabilisation et il ouvre la voie vers la créativité et l’action.
Voyons ce que l’auteur de Je suis un leader… une question d’attitude nous dit sur le sens des responsabilités.
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LE SENS DES RESPONSABILITÉS (SUITE)
Le rôle de victime
Au lieu de se responsabiliser pour ce qui se passe dans leur vie, les gens qui agissent selon la conscience de masse (dite sociale), jouent le rôle de victime. Je dis jouer parce qu’ils ne sont pas des victimes. Personne n’est victime. Nous sommes les causes et effets de nos propres mondes. Le rôle de victime est une plaie sociale qui empêche une foule de gens de profiter de la liberté. Les différentes façons de manifester ce rôle de victime sont la culpabilité, le blâme, la justification, la plainte et le désir d’’attention.
La culpabilité a été mise de l’avant par plusieurs sociétés, même avant notre époque, tout simplement pour contrôler les gens. La pire chose à faire est de se sentir coupable et de commencer à s’autocritiquer et à se blâmer. La culpabilité relève de l’ego, « Pauvre petit moi… », et affecte l’estime de soi. La culpabilité nous empêche d’essayer quelque chose de nouveau dans la vie. C’est un sentiment qui est principalement dû à l’attachement à ce que les gens pensent, créant un blocage à la pensée et aux émotions et qui limite nos actions. Par exemple, le pourboire de 15 % au restaurant. Si nous sommes mal servis, nous allons tout de même donner le montant convenu de peur d’être considérés comme cheap ou encore ingrats. Également, il y a des situations où des gens tentent de nous faire sentir coupables parce qu’ils sont eux-mêmes frustrés dans leur vie.
La culpabilité engendre la peur et même dans certains cas la terreur qui mène à l’inaction. L’inaction nous indique que nous sommes soit dans le passé à cause des questionnements négatifs après les faits, ou dans le futur en craignant les conséquences de nos actions. Lorsque l’attention est portée sur le présent, la responsabilité suscite décision et action.
Le blâme est l’habitude de « trouver la faute ». Les experts de cette spécialité négative blâment l’économie, le gouvernement, le marché boursier, l’employeur, les employés, les gens au-dessus d’eux, les gens en-dessous d’eux, leur époux (se), leurs parents et n’oublient pas de blâmer la vie. Il y a toujours quelqu’un ou quelque chose à blâmer. Le problème, ce sont les autres, et non pas eux-mêmes, bien entendu.
La justification se produit lorsqu’on n’arrive pas à blâmer. Les gens vont tenter de rationaliser la situation qu’ils vivent en disant des choses du genre : « Ceci ou cela… n’est pas vraiment important » ou encore en utilisant des expressions comme : « L’amour est plus important que l’argent », en comparant deux choses qui n’ont aucun rapport entre elles, et qui, de fait, sont toutes les deux utiles, à la condition de bien s’en servir. En réalité, ceux qui cherchent à se justifier font habituellement preuve d’un manque de discernement.
Se plaindre est ce qu’il y a de plus destructif pour une personne. Pourquoi ? À cause de la loi universelle d’action-réaction qui stipule ceci : « Toutes pensées, paroles ou actions reviennent toujours à l’auteur avec la même intensité. » Alors, lorsque nous nous plaignons, nous le faisons évidemment à propos de ce qui ne va pas dans notre vie ; et puisque tout ce à quoi nous pensons attire des pensées identiques (loi action-réaction), alors, ça ne pourra qu’aller de mal en pis. Puisque se plaindre est facilement contagieux, il est de mise de s’éloigner des gens qui passent leur temps à se plaindre.
Le désir d’attention est le cadeau que retirent les gens à jouer la victime. À un certain moment, nous avons tous inconsciemment confondu l’attention avec l’amour dans le but d’être heureux. Toutefois, si c’est l’attention des autres qui nous préoccupe, cela veut dire que nous sommes à leur merci. Par le désir d’attention nous cherchons davantage à plaire aux autres qu’à nous-mêmes, parce que nous voulons leur approbation. Rechercher l’attention c’est en fait aimer quelqu’un à partir de ce que l’autre fait pour nous ; ce n’est donc plus inconditionnel, mais plutôt tourné vers l’ego. L’amour élevé est inconditionnel et détaché de considérations personnelles.
La culpabilité, le blâme, la justification, les jérémiades et le désir d’attention ont le même effet sur nous que des médicaments. Lorsque nous avons un mal de tête et que nous prenons une pilule, nous ne ressentons plus la douleur mais, en fait, le mal est encore présent. C’est la même chose pour notre irresponsabilité manifestée derrière ces comportements négatifs. Si nous sommes responsables, sentons-nous le besoin de se culpabiliser, de blâmer, de nous justifier ou de nous plaindre ? Le blâme, la justification et le fait de se plaindre sont de la colère déguisée ; ils font partie de la même famille. C’est un manque de tolérance. Et la colère, c’est accepté et reconnu scientifiquement, est une cause de cancer. Cette pensée d’Harold Klemp est très appropriée : « Chaque pensée, chaque mot, chaque action, purifie ou pollue votre corps. C’est très important, très puissant, parce que vous êtes en train de travailler avec votre état de conscience. »
Prendre des décisions et passer à l’action
Le meilleur remède aux maux que je viens de décrire est de passer à l’action. Bien sûr, il ne s’agit pas de partir à l’aventure les yeux fermés, sans considérer l’information à notre portée. Mais la peur de l’échec ne doit plus nous habiter, ou alors, comment allons-nous progresser ?
Un homme voulait se lancer en affaires et tentait de découvrir tous les moyens qui mènent au succès. On lui recommanda de rencontrer un vieux sage qui vivait en retrait, à l’extérieur de la ville. Il alla à sa rencontre et le supplia de lui confier les secrets du succès. Le vieil homme lui répondit : « Prendre des bonnes décisions. » La réponse était pleine de bon sens, mais l’individu répliqua : « Comment vais-je m’assurer de prendre les bonnes décisions ? » À ceci le sage répondit : « Par l’expérience, jeune homme. » « Mais comment vais-je acquérir mon expérience, je débute dans le monde des affaires ? » répliqua le jeune homme. Et la réponse vint sans hésitation de la part du conseiller : « En prenant des mauvaises décisions. »
Prendre des décisions est une clé indispensable pour tout leader. Lorsque nous décidons d’agir et que nous réalisons que c’est une erreur, nous sommes déjà plus sages qu’avant, parce que nous savons maintenant ce que nous ne devons pas faire, et nous allons de l’avant avec davantage de confiance.
Un échec est un succès si nous en retenons quelque chose. Nous apprenons de nos erreurs. L’absence de qualité totale ne révèle seulement que l’imperfection de notre nature. Alors, le résultat non souhaité — l’échec – ne constitue qu’une tentative. Autrement, comment serions-nous motivés à améliorer le monde qui nous entoure ? Imaginons un instant que tout ce que nous faisons est sans faute et parfait, comment alors, pourrions-nous mesurer notre avancement, notre évolution ? Par conséquent, l’attitude à prendre est : « Je vais essayer moi-même et voir si ça fonctionne. »
Thomas Edison a fait 99 tentatives avant de trouver le fonctionnement de l’ampoule électrique. Le colonel Sander a frappé à plus de 600 portes avant de vendre sa première recette. Expérimenter signifie décider, prendre des risques et accepter les échecs. La tolérance à l’échec permet de se centrer sur l’innovation. Une bonne tentative doit être appuyée, même si elle résulte en échec. C’est la marque de la persévérance. Dans son célèbre et bref discours devant des étudiants universitaires, Winston Churchill n’avait dit que ces trois mots : « Persistez, persistez, persistez. » Pierre Morency, conférencier québéquois, a bien saisi la situation : « Les gens qui ont du succès agissent, ceux qui aimeraient en avoir, réfléchissent. » Décider est l’expression de notre liberté !
La responsabilisation, ou l’imputabilité
Le leader est responsable pour le succès ou l’échec d’un projet, de l’atteinte des objectifs et du coaching des troupes pour parvenir à la réalisation ultime. C’est pourquoi le leader fait ce qu’il aime et ce pour quoi il est le plus qualifié. Toutefois, il doit faire preuve d’assez d’intelligence pour trouver des gens qualifiés pour le conseiller dans les disciplines où ils ont une expertise plus avisée que la sienne. Il cherche des suggestions de solution, et une fois qu’il en, il peut se diriger dans la bonne direction. C’est d’être totalement responsable que d’avoir assez d’humilité pour reconnaître qu’on ne peut pas tout savoir.
Il appartient au leader d’appuyer son équipe en tout temps dans les bons et les mauvais coups. Tout problème vécu par un membre de l’équipe devient son problème ; il doit s’en occuper. Lorsque le devoir nous appelle, nous prenons les choses en main. Souvenons-nous : nous déléguons l’autorité pas la responsabilité. Nous demeurons responsables ultimement. Le test du leader c’est de résoudre le problème avant qu’il ne devienne une urgence.
En résumé la responsabilisation – imputabilité :
- c’est refuser de se cacher derrière des excuses, des justifications, des analyses savantes ;
- c’est refuser de mettre le blâme sur les autres, de confier la décision aux autres dans les moments difficiles ;
- c’est d’accepter la pleine responsabilité de ses actions, pensées, paroles et choix, ainsi que des résultats qui en découlent ;
- c’est de faire des choix et non des compromis ;
- c’est prendre en main sa vie, sa destinée ;
- c’est respecter ses engagements ;
- c’est répondre de ses actes.
Voici une vieille anecdote qui démontre ce qu’est la responsabilité. Il y a plusieurs années, un fermier qui demeurait sur la côte Est américaine, mettait régulièrement des annonces dans le journal pour embaucher des aides de ferme. Les gens étaient réticents à travailler sur ces fermes situées sur le long de l’Atlantique. Ils étaient terrifiés à l’idée des énormes tempêtes qui rageaient depuis l’océan causant des dommages aux édifices et aux récoltes. Donc le fermier essuyait des refus plus souvent qu’autrement.
Finalement, un homme dans la quarantaine, mince et petit se présenta : « Êtes-vous un bon aide de ferme ? » lui demande le fermier. « Bien, je peux dormir tranquille lorsque la tempête fait rage. » répondit l’homme. Bien qu’embêté par la réponse, le fermier, désespéré à trouver quelqu’un pour l’aider, l’engagea. Le petit homme travaillait bien sur la ferme, occupé de l’aube jusqu’au crépuscule, et le fermier était pleinement satisfait de son travail.
Puis un soir, le vent hurla fortement vers les terres depuis les côtes de l’océan. Sortant à la hâte de son lit, le fermier s’empara d’une lanterne et courut aux quartiers de nuit où les aides de ferme dormaient. Il brassa le petit homme et cria : « Lève-toi ! Une tempête s’en vient ! Attache tout avant que ça s’envole au vent ! » Le petit homme se tourna dans son lit et dit fermement : « Non, monsieur. Je vous l’ai dit, je peux dormir quand la tempête fait rage. »
Furieux de cette réponse, le fermier fut tenté de le congédier sur le champ. Il se précipita dehors pour se préparer pour la tempête. À son grand étonnement, il découvrit que toutes les bottes de foin étaient couvertes de bâches. Les vaches étaient dans l’étable, les poules étaient dans les poulaillers, et les portes étaient fermées de façon sécuritaire. Les volets étaient bien fixés. Rien ne pourrait être soufflé par le vent. Le fermier comprit alors ce que son aide de ferme avait voulu dire, et il alla lui aussi dormir pendant que la tempête faisait rage.
Souvenons-nous que les gens ont sept fois plus de succès lorsqu’ils se savent imputables de leurs actions.
L’obstacle est la condition de la réussite
Il existe une loi universelle selon laquelle les obstacles sont les conditions de la réussite. En vente, on dit : « La raison pour ne pas acheter… est la raison pour acheter. »
L’aigle a pour obstacle l’air qui l’empêche d’aller plus vite et plus haut. Toutefois, sans l’air, il serait dans le vide et ne pourrait voler. L’obstacle constitue ainsi la condition pour réussir. Un jour, un jeune homme demanda à un vieillard : « Quel est le fardeau le plus lourd dans la vie ?» Le vieillard répondit : « Ne rien avoir à transporter. » Enfin, une maxime énonce : « Si vous désirez un arc-en-ciel, vous devez tolérer la pluie. »
Les gens ont tendance à se débarrasser de leurs problèmes et des responsabilités qui en découlent. Ce faisant, ils s’éloignent de la réussite. Si nous voulons établir rapidement notre leadership, appliquons-nous à résoudre les problèmes, à décider et à prendre nos responsabilités.
« La plus grosse erreur qu’un gestionnaire peut faire c’est de reculer devant une question de principes. » (13)
SOURCES :
www.coachingmanagement.ca
Livre Je suis un leader… une question d’attitude de l’auteur Yvan Gingras.