7 au Front

« Je suis un leader… une question d'attitude » (14)


 
CAROLLE ANNE DESSUREAULT
Voici le dernier article du livre Je suis un leader… une question d’attitude de Yvan Gingras.
Le thème de l’éthique me fait penser au philosophe Spinoza qui a recherché une hauteur dans ses pensées toute sa vie. L’éthique suppose nécessairement une prise de conscience, une lucidité sur nos intentions et nos actions. J’aime beaucoup les propos de l’auteur sur l’éthique. Développer l’éthique,  c’est devenir meilleur, être naturel, sans détours, audacieux et vrai.
Bonne lecture.

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ÉTHIQUE DE TRAVAIL
Un des buts de l’éthique est d’harmoniser le travail en élaborant une série de règles qui soient équitables pour tous. Tout de même, on peut observer des concepts d’éthique différents. Nous tenterons de percevoir au-delà de ce que les gens en général pensent de l’éthique, même si ce sont de très bonnes valeurs. Vous êtes un visionnaire en action…
Concepts d’éthique
On peut concevoir l’éthique à partir des traits de personnalité et de comportements : la personnalité extérieure (image) ou la personnalité intérieure (le caractère)
Éthique de personnalité : « Image publique, talents, habiletés techniques, attitude positive, stratégies de domination et d’influence, techniques d’influence, tactiques de communication. Bien que toutes ces qualités puissent être bénéfiques et utiles, elles doivent être considérées comme secondaires. En effet, elles permettent également la manipulation, la duperie, l’intimidation, l’impression de puissance, l’impression favorable (faire croire). Également, elles favorisent de diriger sans faire intervenir les sentiments et c’est si facile (pas d’écoute, pas de patience, pas d’esprit ouvert, pas de désir de compréhension). » (16)
Au bout de la ligne c’est la vérité d’Emerson qui ressort : « Ce que vous êtes résonne tellement fort à mes oreilles que je n’entends pas ce que vous dites. » Ou encore :         « Les gestes parlent plus que les paroles ».
Éthique de caractère : « Intégrité, humilité, fidélité, sobriété, courage, justice, patience, application, simplicité, modestie, croyance. L’éthique de caractère s’appuie sur des principes universels reconnus par tous, même chez les enfants en bas âge, ils sont innés : principe de justice, principe d’intégrité et d’honnêteté qui conduit à la confiance et à la coopération, principe de service — action pour le bien de tous, principe d’excellence — s’améliorer, principe de potentiel et croissance — permet d’exploiter nos talents à bon escient. » (17)
 Nous sommes tous conscients de façon innée de l’existence de ces principes, et nous tentons de réussir et d’être heureux en modelant notre vie sur ces principes, mais selon le niveau de conscience que nous avons individuellement. Et nous avons tous des niveaux de conscience différents. C’est ce qui explique les différences chez les gens, les peuples, les religions, les sociétés, les points de vue, les opinions…
Définition de l’éthique
Considérant l’éthique comme un code de conduite élevée, qui veut rejoindre l’ensemble d’un groupe ou d’une population, on peut la définir comme suit :
« L’attitude sans égoïsme, ce qui est bon pour l’ensemble, ce qui ne blesse personne et rend justice à tous ceux qui sont touchés. Les actions pour le bénéfice de tous. » (18)
Créer l’harmonie intérieure pour favoriser l’harmonie extérieure
Il est reconnu que chaque personne fonctionne depuis deux modes de pensée à la fois opposés et complémentaires, le mode de pensée créatif et le mode de pensée analytique. Il s’agit d’utiliser, de façon juste, les qualités reliées à ces deux modes, c’est-à-dire complémentairement et non isolément, ce qui créera un sentiment d’équilibre intérieur en nous.
Tableau 22 : qualités reliées aux modes de pensée créatif et analytique
 

CRÉATIF-RÉALISATEUR ANALYTIQUE-COLLABORATEUR
INTUITIF LOGIQUE
CRÉATIF ANALYTIQUE
SPONTANÉ SÉQUENTIEL
IRRATIONNEL RATIONNEL
SUBJECTIF OBJECTIF
EXPÉDITIF PAUSÉ
AVENTUREUX SÉCURITAIRE
PROGRESSIF MODÉRÉ
GLOBAL DÉTAILLÉ
COMPÉTITIF COOPÉRATIF

 
Pourquoi est-il nécessaire d’utiliser ces deux modes de pensée ? Parce que dans la vie, nous avons tous besoin à la fois d’assurance et de réceptivité, d’imagination et de logique, d’individualité et d’association, de rêve et d’action, d’autosuffisance aussi bien que d’interdépendance des uns des autres. Plus un individu, homme comme femme, progresse en conscience, plus il est apte à bien doser ces deux modes de pensée.
Ce sentiment d’équilibre s’appelle l’harmonie. Tant que cette harmonie intérieure n’est pas atteinte, d’aucune manière nous ne pouvons manifester ou mettre en action l’harmonie dans notre environnement (gens, lieux, événements). En fait nous obtenons une harmonie équivalente à l’équilibre de ces deux modes de pensée à l’intérieur de nous. Il en est ainsi, même si c’est difficile à admettre.
Lorsque nous agissons avec harmonie, nous n’avons pas besoin de code d’éthique ni de conventions. Ces codes de règles, provenant de cultures et organisations différentes, ne s’adressent qu’à des groupes de gens en particulier. L’harmonie a un aspect universel, donc plus puissant. En fait, le but des codes d’éthique et des conventions de travail est de mener à l’harmonie. Alors, si nous cherchons l’harmonie, nous trouvons l’harmonie. Mais si nous y mettons des conditions, nous y trouverons des obstacles. Et les obstacles sont toujours aussi grands ou petits que les conditions qu’on établit. L’harmonie ne cherche rien à l’extérieur d’elle-même. Elle est ce qu’elle doit être.
Alors, les qualités de leader à démontrer pour atteindre l’harmonie et qui rencontrent également tous les critères d’un « éthique universel » sont : être un exemple à suivre, la persévérance, l’intégrité.
 ÊTRE L’EXEMPLE À SUIVRE
Le Dr Albert Schweitzer déclara un jour : « Donner l’exemple n’est pas la chose la plus importante à faire pour influencer les autres. C’est l’unique chose à faire. » Une étude du Standford Research Centre a établi que 89 % de tout ce que nous apprenons est le résultat de ce que nous voyons, alors que 10 % est assimilé à partir de ce que nous entendons et 1 % s’apprend par les autres sens.
Une mère de famille qui vivait dans un petit village de montagne avait beaucoup de difficulté à discipliner son enfant pour qu’il ne mange pas de sucre. Elle parla de son problème avec son entourage, on lui recommanda d’aller rencontrer un vieux sage qui vivait plus haut vers les sommets de la montagne. Un matin, elle se décida et amena son jeune fils avec elle. Il fallait deux bonnes heures pour s’y rendre et beaucoup d’efforts.
Une fois arrivée, elle expliqua au vieil homme qu’elle voulait qu’il fasse comprendre à son garçon d’arrêter de manger du sucre pour préserver sa santé. L’homme les regarda tous les deux et dit à la mère : « Venez me voir à nouveau tous les deux dans 21 jours. » La mère, déçue, repartit avec son fils. Entre-temps, le jeune enfant mangea de plus en plus de sucre au grand désarroi de sa mère. La 21ième journée arriva finalement et avec son fils elle entreprit à nouveau sa montée vers la résidence du grand sage, avec les plus grands espoirs que ce dernier donnerait une leçon à son jeune fils.
Arrivés à la cabane où résidait l’homme, la mère et le fils se dirigèrent vers le vieil homme et elle le supplia, cette fois, de faire quelque chose pour régler la situation. Alors le sage regarda le jeune enfant dans les yeux et lui dit : « Jeune homme, cesse de manger du sucre ! » Puis ce fut le silence. La mère dit alors au sage : « C’est tout ce que vous avez à dire ? Vous auriez pu nous dire cela la première fois que nous sommes venus, ça nous aurait évité tous ces efforts pour se rendre ici. » Et le sage répondit : « Il y a trois semaines madame, je mangeais encore du sucre. »
Donner l’exemple est la plus grande qualité du leader. Quand nous prêchons par l’exemple, il faut démontrer de la discipline, de la patience, de la persévérance et du courage. Ce qu’un leader peut enseigner par la parole ne constitue qu’une parcelle de ce qu’il peut enseigner par sa façon d’agir et par sa personnalité. En d’autres mots, quelqu’un se qualifie à partager les qualités qu’il est capable de démontrer dans sa vie de tous les jours. Tout le reste s’appelle jouer un jeu, spéculation, théorie. En termes imagés, ça signifie : « Les bottines suivent les babines ».
Donner l’exemple, c’est avoir le courage de montrer ce que nous avons dans le cœur. C’est alors que non seulement nous montrons aux autres la route à suivre, mais nous les inspirons pour qu’ils aient le courage de suivre, à leur tour, ce qu’ils ont dans le cœur. Il faut s’aimer, avoir une bonne estime de soi et avoir confiance en soi pour donner l’exemple.
Donner l’exemple procure le respect. Et c’est contagieux, du fait que nous agissons de la même manière que nous aimerions que les gens se comportent à notre égard. Le leader a, entre autres, une loyauté à toute épreuve envers les individus qu’il dirige ; il ne tourne pas sa veste à la première anomalie. Il est toujours prêt à servir en cours de processus, il n’a pas peur de se salir les mains.
Être un exemple, c’est aussi savoir prendre sa place sans prendre toute la place. Le projet de l’entreprise est plus important que l’individu. Il faut en arriver à comprendre qu’en aidant à réaliser la mission de l’entreprise, nous réalisons nos propres objectifs.
Le leader a le contrôle de lui-même. Nous recherchons tous le contrôle. Si on ne le trouve pas chez soi, on cherche alors à l’exercer chez les autres. Les tyrans en sont un bon exemple. La peur les ronge. Donc, ils s’entourent d’une armée pour se protéger, puis sèment la peur chez ceux qu’ils dominent.
Donner l’exemple c’est aussi faire preuve de courtoisie, de tact et de bonne volonté, bref devenir le « modèle à suivre » au lieu de suivre un modèle.
LA PERSÉVÉRANCE
Persévérer signifie continuer, durer, ne pas se laisser abattre. Lorsqu’on lâche, on ne sait jamais à quel point on était près du but. C’est l’aspect le plus désolant, voire amer, de l’abandon en cours de route. En général, les gens qui lâchent vont se diriger vers des postes moins dynamiques et comportant moins de responsabilités. Il faut comprendre que rien qui en vaille la peine ne s’obtient facilement. Il y aura toujours des obstacles et des défis ainsi que des succès et des chutes. Le désespoir peut anéantir l’armée la plus puissante.
La persévérance est à la personnalité de l’individu ce que l’endurance est au corps physique. Si nous avons la persévérance d’apprendre, d’écouter et de faire confiance, alors nous avons les éléments pour nous aider à surmonter l’étourderie, l’imprécision et la vanité. La persévérance et une bonne disposition d’esprit nous permettant de pénétrer ce qui semble mystérieux, ce qui n’est pas facilement apparent à la surface.   « L’extraordinaire est toujours trouvé dans les profondeurs de l’ordinaire. »
La persévérance, c’est garder l’attention sur le but à atteindre et maintenir le momentum. Le leader, plus que tout autre, doit pouvoir supporter toutes formes de contretemps. C’est une façon de renforcer sa position et d’assumer ses responsabilités. La patience et la persévérance, au sens le plus fondamental, accompagnées d’une foi inébranlable malgré les difficultés, les délais et les faits apparents constituent des qualités essentielles et indispensables pour le leader. La déception causée par les retards ou délais successifs représente le test ou le fléau qui sépare le bon grain de l’ivraie, c’est-à-dire le leader authentique ou le désir de pouvoir.
C’est la tolérance, la patience et la persévérance qui nous permettent d’agir dans le meilleur intérêt de tous (harmonie), au lieu de satisfaire notre propre volonté (ego). La seule chose commune aux entrepreneurs prospères est la ténacité dont ils ont fait preuve. Les gens qui ne perdent jamais leur cible de vue ont un avantage énorme sur ceux qui se laissent distraire et qui ne suivent pas leur plan. Quand tout devient difficile, rappelons-nous que la ténacité nous permettra toujours de nous en sortir. Parmi tous les autres traits, la ténacité est le facteur le plus important pour déterminer qui en sortira gagnant.
Persévérer, c’est donc chercher à devenir meilleur plutôt que de souhaiter une vie plus facile ; c’est chercher à développer davantage nos talents plutôt que de souhaiter moins de problèmes ; c’est chercher à gagner plus de sagesse plutôt que de souhaiter moins de défis.
 L’INTÉGRITÉ
« Il ne peut exister d’amitié sans confiance, ni de confiance sans intégrité », nous dit Samuel Johnson. Abraham Lincoln avait répondu aux gens qui lui demandaient pourquoi il se présentait à la présidence des États-Unis, après neuf échecs à différents niveaux de l’échelle politique : « Je ne suis pas né pour gagner, je suis né pour être vrai. » Être intègre, c’est être ce que nous sommes peu importe où nous sommes et avec qui nous sommes.
« Vivre et agir selon notre vision la plus élevée nonobstant les impulsions qui nous poussent à faire le contraire. […] Il ne s’agit pas d’être parfait ou infaillible… nous pouvons seulement faire du mieux que nous pouvons… Être intègre c’est reconnaître ses faiblesses et faire appel à ses forces intérieures. » (19)
De façon plus pratique, c’est la façon de se comporter quand personne ne regarde; quand personne n’est là pour vérifier.
Le leader intègre met en pratique les deux règles de Mayburry, célèbre auteur, écrivain et journaliste américain : « Respecter tous ses engagements, et ne jamais porter atteinte aux autres ni à leurs biens. »
Le leader sait faire preuve de compréhension et ne cherche pas à blesser ; mais lorsque c’est nécessaire, il doit pouvoir appeler « un chat, un chat ». En cas de problème ou de conflit, il se doit d’être honnête avec chacun et de dire sans détour qui est le responsable ou ce qui en est la cause. La vérité se situe au-delà de l’esprit de conformité (orthodoxe). C’est le propre de la nature humaine de rendre suspect ou d’attaquer ce qui s’écarte de ses intérêts particuliers (que ce soit en affaires, en religion, en philosophie et en politique).
Le leader respecte la notion d’économie (pour le moindre effort fourni, on en retire le maximum de bénéfices). Cette notion n’autorise aucune médiocrité. En fait, l’économie est le contraire du gaspillage (temps, talent, etc.), de la négligence, du mauvais usage de tout ce dont on dispose. Le gaspillage dénote l’inexpérience, l’immaturité et l’inconscience. Par conséquent, le leader ne s’ennuie pas au travail. L’ennui au travail est fondamentalement une incapacité de percevoir ce qui anime ou pourrait animer l’entreprise (vision), un refus de progresser.
Le leader préfère les solutions simples et uniques, même si, malgré ses efforts, cela lui attire la critique des gens négatifs qui voudraient le faire passer pour un incompétent et incapable de comprendre les enjeux (jeux politiques). Lorsqu’on parle d’intégrité, il n’y a pas de règle de deux poids, deux mesures : ce qui est vrai reste vrai même si tous sont contre et ce qui est faux reste faux, même si tous sont pour.
Face à un obstacle persistant, l’homme intègre considère trois choses :

  • il s’empêche de blâmer les autres, surtout si on répare une faute (responsabilité) ;
  • il se retient d’agir trop vite en faisant preuve de patience ce qui lui permet d’effectuer les bons choix ; (discernement)
  • puis, il agira avec dignité et de façon équitable (harmonie).

Un être de conscience plutôt qu’un être d’émotion
Être un exemple, nous montrer persévérants et intègres fera de nous des êtres de conscience plutôt que des êtres d’émotion. Le tableau suivant nous relate les différences entre les deux.                          
                                                                                                                                                                                                                                                                                         
         Être de caractère                                      Être d’émotions
– Fait le bien, puis se sent bien            – Se sent bien, puis fais le bien
– Se soucie des autres                             – Se soucie de son statut
– Motivé par l’engagement                    – Motivé par l’intérêt
– Décide selon des principes                 – Décide d’après l’opinion populaire
– Perçoit des opportunités                     – Voit des difficultés
– Domine ses émotions                         – Dominé par ses émotions
– Crée le bon moment                           – Attend le bon moment
– Désire des responsabilités                 – Recherche des droits
– Partage ses connaissances                – Ne révèle pas ses «secrets»
– Se relève devant l’obstacle                – S’écroule devant l’obstacle
– Perçoit le potentiel des gens              – Voit les limites des gens
– Est d’humeur égale                             – Est d’humeur changeante
– Est un leader                                        – Suit le courant
 « Une machine peut faire le travail de 50 hommes ordinaires, mais aucune machine ne peut faire le travail d’un homme extraordinaire ». (20)
 
 
Sources :
Je suis un leader… une question d’attitude de Yvan Gingras.
www.coachingmanagement.ca

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