7 au Front

Johnson vs McIntosh un monument de papier de la suprématie blanche

Par Steven Newcomb ; Universitaire, juriste, chercheur et écrivain.

Auteur du livre Pagans in the Promised Land, Decoding the Doctrine of Christian Discovery  traduit par de larges extraits par Résistance71 et en version PDF {N°4} de 45 pages ► Païens en Terre Promise, décoder la Doctrine Chrétienne de la Découverte.

Sur ce blog tous les billets du même auteur ou en lien ► https://jbl1960blog.wordpress.com/?s=steven+newcomb

Comme nous le rappelait judicieusement raimanet par ce billet, en 230 ans d’existence sous sa forme constitutionnelle la Nation Exceptionnelle et Indispensable a mené 219 guerres d’agression. Alors que depuis octobre 1492 il fut simplement implicitement compris qu’aucune personne indigène traditionnelle ou nation ne devaient être autorisées à survivre en dehors de la chrétienté et de sa nation « blanche ». Et toutes les approches partagèrent le même narratif trompeur qui dépeignait le génocide comme une quête sacrée et un acte de charité profonde envers des êtres inférieurs. Comme le déclarait Jules Ferry en 1885 « les races supérieures ont un droit vis à vis des races inférieures ».

Comme quoi la connerie humaine n’a pas de limite…

~~~~▼~~~~

Résistance au colonialisme : La loi fédérale indienne comme « artifice abject de l’histoire » et apologie raciste de la suprématie chrétienne blanche (Steven Newcomb)

Suite d’une longue sage d’étude et de recherche historico-légale sur l’illégalité et l’illégitimité de l’empire sis sur des terres volées.

Un empire sans terre est un empire a terre. Le comprendre et sortir de la spirale de l’idéologie coloniale en se tenant main dans la main avec les peuples autochtones du monde opprimés et toujours colonisés sur les 5 continents, c’est se tenir sur le chemin de la véritable émancipation et du tsunami de la révolution sociale à venir.

~ Résistance 71 ~

URL de l’article R71 ► https://resistance71.wordpress.com/2017/05/30/resistance-au-colonialisme-la-loi-federale-indienne-comme-artifice-abject-de-lhistoire-et-apologie-raciste-de-la-suprematie-chretienne-blanche-steven-newcomb/

Johnson contre McIntosh un monument de papier de la suprématie blanche

Steven Newcomb | 23 mai 2017 | URL de l’article original ► https://indiancountrymedianetwork.com/news/opinions/johnson-v-mintosh-paper-monument-white-christian-supremacy/

~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~

Un éditorial du New York Times datant du 9 mai 2017 intitulé “Monuments of White Supremacy”, a pris note des voix du sud américain qui veut préserver les monuments érigés en honneur et à la gloire des états confédérés du sud des États-Unis. De tels monuments, a déclaré le NYT, représentent “l’idéologie confédérée” de la suprématie raciale blanche et le terrorisme racial. Typiquement, de tels monuments sont en bronze, comme la statue de Jefferson Davis, le président des états confédérés durant la guerre de sécession (NdT : appelée la guerre civile aux États-Unis), une statue qui a été très récemment descendue de son piédestal à la Nouvelle-Orléans.

L’éditorial en revanche n’a aucunement mentionné les autres monuments à la gloire de la suprématie blanche qui sont ignorés et laissés à l’admiration publique, comme par exemple le Mont Rushmore, qui est taillé dans la roche des collines noires sacrées des Lakota et dont l’architecte, Gutzon Borglum, était un membre du Ku Klux Klan, ainsi que la statue érigée en l’honneur du tueur d’Indiens Juan Rodriguez Cabrillo au Cabrillo National Monument de Point Loma en Californie.

Les monuments sous forme de statues sont évidents. D’autres à la gloire de la suprématie blanche sont aussi faits de mots sur du papier et se trouvent dans des livres de droit rendant compte des décisions judiciaires publiés par le gouvernement des États-Unis, ainsi que dans les institutions que soutiennent ces comptes-rendus. Les décisions, leurs transcriptions et les institutions sont des “monuments de papier”, faits de concepts, de pratiques institutionnelles et de politiques fondées sur des notions et des doctrines de la suprématie blanche et chrétienne. Ceci était le sujet de mon article de droit de 1993 : “The Evidence of Christion Nationalism in Federal Indian Law”, publié dans la revue du droit et du changement social de la facultév de droit de l’université de New York.

Aujourd’hui, 24 ans plus tard, les concepts et pratiques racistes religieux de la loi fédérale indienne des États-Unis utilisée contre les nations natives de ce continent, n’ont pas du tout changé. Les descendants contemporains des colons chrétiens blancs sont parfaitement heureux d’entretenir les idées de la domination et de la déshumanisation utilisées par leurs ancêtres et léguées à ceux qui vivraient dans le futur, qui est aujourd’hui.

Je dois me douter et assumer que le comité éditorial du NY Times n’a absolument aucun intérêt dans les efforts du démantèlement et de la déconstruction des monuments de papier dédiés à la suprématie chrétienne blanche, monuments tels que les rendus dans les affaires Johnson v. M’Intosh (1823), Tee-Hit-Ton Indians v. United States (1955), et City of Sherrill v. Oneida Indian Nation of New York (2005). Il est facile de critiquer le racisme d’une confédération sudiste qui n’existe plus ; mais ce qui est bien plus dérangeant est d’exposer les concepts et les idées injustes et déshumanisants de la loi et la politique fédérale indienne actuelle qui a pour effets les travestis de justice tels que ceux que l’on voit concernant Standing Rock, Oak Flat et bien d’autres endroits où les États-Unis affirment la “propriété” sur des terres natives autochtones, en se basant sur une doctrine légale de la loi fédérale indienne dont les racines ont leur source dans la “doctrine chrétienne de la découverte”.

Peut-être que le comité éditorial du NY Times n’est pas au courant de tels monuments de papier. Mais là encore, ce comité pourrait choisir d’éviter d’attirer l’attention sur le racisme religieux de la loi fédérale indienne de peur de mettre en question une pierre angulaire du système légal des États-Unis.

Les éditeurs du NY Times ont mentionné dans leur éditorial “un temps où les citoyens noirs n’étaient pas encore totalement humains aux yeux de l’État.” Le temps d’avant le 14ème amendement de la constitution sur la question de l’esclavage fut celui où les esclaves noirs étaient regardés comme des propriétés, une forme de propriété qui était taxée (fiscalisée) par l’état. Ils étaient vu comme n’étant ni citoyens ni pleinement humains. Mais ceci fut aussi une époque durant laquelle les États-Unis travaillaient ardemment à détruire par le génocide les nations autochtones originelles et à dominer et à déshumaniser les peuples natifs.

Dans leur éditorial, les rédacteurs du NY Times ont attiré l’attention sur “le fait que bien des citoyens soient hésitants” à abandonner ces “artifices les plus abjectes de l’histoire”. La même chose peut être dite de ces monuments de papier de la Cour Suprême des États-Unis, fondés sur la doctrine du “peuple élu sur une terre promise”, le vieux narratif de l’ancien testament biblique. Le gouvernement des États-Unis ne veut pas se détacher des doctrines fondées sur la religion et la suprématie blanche chrétienne, qui, jusqu’à ce jour, sont toujours regardés comme “la loi suprême de la terre” et toujours utilisés quotidiennement contre nos peuples et nations natifs.

Imaginez un peu que la Cour Suprême des États-Unis ait décidé que les descendants d’esclaves, bien que libres, n’aient “aucun droit à la propriété”. Supposez que cette décision soit toujours activement suivie par la Cour Suprême comme précédent aujourd’hui. La signification de cette jurisprudence hypothétique datant de l’ère de l’esclavage aurait ceci pour conséquence: Ce que les tribunaux américains et la cour Suprême des États-Unis ont décidé à cette époque au sujet des descendants d’esclaves a toujours cours aujourd’hui. Pourquoi ? Parce que tout précédent légal demande que quoi que ce soit fut considéré comme vrai à l’époque, indépendamment du fait que ce soit erroné, raciste ou totalement injuste, doit, en tant que sujet légal, être traité comme vrai aujourd’hui.

Le point important est celui-ci : Les États-Unis jusqu’à aujourd’hui, continuent à s’en remettre à des monuments de papier dans lesquels les tribunaux américains avouent ouvertement que lorsque des nations blanches chrétiennes “découvraient” des terres habitées par des nations non-chrétiennes (païennes) constituées de “païens, d’athées, d’apostats ou d’infidèles” bronzés, alors le nationalisme blanc chrétien se devait d’y régner suprême.

Le précédent légal américain tient toujours parce qu’il y a longtemps des chrétiens ont localisé des terres non-chrétiennes dans ce qui fut appelé “las Americas”, les nations natives n’ont aucun droit de propriété sur leurs territoires ancestraux traditionnels. D’après la loi religieuse raciste américaine, les peuples et nations natifs n’ont qu’un intérêt “aborigène d’occupation des sols” sur leurs territoires et non pas un “droit de propriété” , (White v. University of California, Ninth Circuit Court of Appeals, 2014). Il serait ainsi assez extraordinaire de voir le NY Times condamner le fait que les tribunaux américains utilisent toujours ces racistes “artifices abjects de l’histoire” contre les peuples et nations natifs et originels de ce continent.

~~~~▲~~~~

Vous pouvez lire le point de vue des Natifs sous la plume d’un autre juriste indigène Peter d’Errico sur ce qu’ils appellent eux La Loi Suprême de la Terre pour constater que ce n’est pas du tout la même chose. Comme ce billet qui traite de l’affaire Bundy à Malheur dans l’Oregon et par le biais du jugement Marshall (en 1823) dans l’affaire Johnson contre McIntosh qui a légitimé la doctrine chrétienne de la découverte.

Les premiers colons/envahisseurs/prédateurs sont venus sur ordre divin  pour envahir, traquer, capturer, vaincre et subjuguer tous les Sarrasins, païens et autres ennemis du Christ où qu’ils soient et de réduire leur personnes en esclavage perpétuel…

Puis il fut établi par le Capitaine Richard Pratt, fondateur de l’école pensionnat pour Indiens Carlisles, 1892, qu’il fallait « Tuer l’indien pour sauver l’Homme » et on ne peut que conseiller la lecture du Contre-rapport de la Commission Vérité & Réconciliation « Meurtre Par Décret » qui explique ce précepte totalement eugéniste et suprématiste notamment avec le rapport du prêtre Paul Durieu, remontant à 1864, et qui servi de base aux premiers pensionnats catholiques pour Indiens institutionnalisant sa méthode afin de détruire ou d’écrémer les « païens » ► MEURTRE PAR DÉCRET, version PDF {N° 1} de 58 pages.

Pour toutes ces raisons, il nous parait nécessaire et indispensable, de dire qu’aucun nouveau paradigme ne ce fera s’il n’est pas en lien avec les Natifs/Indigènes/Autochtones de la Terre sinon à faire perdurer le même schéma eugéniste et suprématiste, et l’on comprend tout de même que cela n’est pas possible…

Pour beaucoup d’entre nous, toujours plus nombreux ; Le salut de l’occident viendra des peuples qui briseront les chaines du colonialisme, ensemble !

Et l’avenir de l’humanité passe par les peuples occidentaux émancipés de l’idéologie et de l’action coloniales, se tenant debout, main dans la main avec les peuples autochtones de tous les continents pour instaurer l’harmonie de la société des sociétés sur Terre.

Une réflexion sur “Johnson vs McIntosh un monument de papier de la suprématie blanche

  • Steven Newcomb ;
    Issu de la culture native amérindienne (Shawnee, Lenape) ;
    Steven Newcomb est un universitaire, chercheur et écrivain Shawnee-Lenape. Il a étudié et écrit au sujet de la loi et de la politique fédérale indienne depuis le début des années 1980, en particulier l’application de la loi internationale aux nations et peuples indigènes. M. Newcomb est le directeur de l’Indigenous Law Institute qu’il a cofondé avec Birgil Kills Straight, un chef traditionnel et ancien de la nation Oglala Lakota. Ensemble, ils ont mené une campagne mondiale pour défier les documents impérialistes du Vatican datant du XVème siècle. Ces documents (bulles) eurent pour résultat la décimation des nations libres et originelles de la Terre-Mère et a ainsi privé la planète de façons de vivre respectueuses des écosystèmes et des enseignements sacrés.
    Le résultat de l’héritage de la chrétienté en matière de domination et de déshumanisation a été la quasi destruction de milliers d’années de sagesse spirituelle et écologique développée par nos nations originelles.
    Le travail de M. Newcomb a aussi servi de puissant contexte pour le documentaire : “The Doctrine of Discovery : Unmasking the Domination Code” réalisé et produit par Sheldon Wolfchild (Dakota) et coproduit par Newcomb, 2015.
    C’est pourquoi, j’ai réalisé cet important PDF ► https://jbl1960blog.files.wordpress.com/2018/04/comprendre-le-systc3a8me-lc3a9gal-de-loppression-coloniale-avec-steven-newcomb.pdf qui regroupe toutes les traductions en français de ces textes, extraits de livre, travaux de recherches, articles publiés par R71 qui le traduit depuis sa création, mais également mes traductions et publications depuis ma création.
    La présentation de ce PDF est là ► https://jbl1960blog.wordpress.com/2018/02/14/comprendre-le-systeme-legal-de-loppression-coloniale-pour-mieux-le-demonter-en-versions-pdf/ Ainsi que celui de Peter d’Errico, autre juriste issu, lui, de la culture colonialiste.
    Pour retrouver ces PDF et tous les autres ► https://jbl1960blog.wordpress.com/les-pdfs-realises-par-jbl1960/
    Je suis actuellement en production d’un tout dernier PDF sur ce sujet ► https://jbl1960blog.wordpress.com/2019/07/20/20-juillet-1969-20-juillet-2019-50-ans-pour-passer-de-heros-a-zero-par-r71-source-kevin-barrett-de-veterans-today/
    Si vous avez des infos complémentaires essentielles et originales n’hésitez pas à me contacter, je pourrais après étude les intégrer en lien, notamment sur l’Opération Paperclip.
    JBL

    Répondre

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

En savoir plus sur les 7 du quebec

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Continue reading