L’ultime crise mortelle du capitalisme?
La théorie marxiste des crises du capitalisme
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2.09.2019-English-Italian-Spanish-PortugueseThe ultimate deadly crisis of capitalism (1)
Que la théorie marxiste ait été honnie, fustigée, raillée, déclarée mille fois agonisante par la pensée bourgeoise (ses intellectuels organiques : professeurs, politiciens, journalistes), n’est que l’expression normale d’une lutte idéologique menée par les tenants du capital.
Que la théorie marxiste ait été corrompue, falsifiée, altérée, dévoyée par les multiples courants du mouvement de gauche (partis réformistes, sociaux-démocrates, socialistes, révisionnistes, staliniens, marxistes-léninistes, maoïstes, gauchistes), cela fait partie aussi des vicissitudes du cours historique de la lutte des classes.
Mais aujourd’hui, la théorie marxiste des crises triomphe contre ses détracteurs
En effet, la crise actuelle du mode de production capitaliste vient nous rappeler combien toutes les théories économiques bourgeoises (désignées sous le titre pompeux de « sciences économiques ») forgées depuis deux siècles n’ont jamais pu obvier la récurrence des récessions et des crises profondes. Le capitalisme n’a jamais connu une période de prospérité permanente. Depuis sa création, il a été jalonnée par des cycles d’expansion et de dépression. Au reste, plus singulièrement, depuis plus d’un siècle, le capitalisme fonctionne sur le mode triptyque :
Crise/guerre/reconstruction.
En effet, au cours du 20ème siècle, à deux reprises, pour résoudre à sa manière impérialiste les crises économiques, il a provoqué deux Boucheries mondiales. Avec comme conséquences les destructions gigantesques de milliards de dollars d’infrastructures et le massacre de millions de prolétaires (20 millions au cours de la première et 60 millions au cours de la seconde).
A l’issue de la deuxième Guerre mondiale, après une période de moins de 30 ans de reconstruction (les fameuses Trente glorieuses, ainsi dénommées par les économistes bourgeois, mais permises grâce à une exploitation féroce des rares forces productives survivantes européennes et immigrées et par l’expansion impérialiste du mode de production), le capitalisme est de nouveau entré en crise dès le début des années soixante-dix. Depuis lors, toutes les solutions réformistes tentées pour juguler ou inverser la tendance n’ont pas freiné l’accélération et l’approfondissement de la crise. Avec comme corollaire la fermeture de centaines de milliers d’entreprises et le licenciement de millions de salariés.
Sans rentrer dans une analyse marxiste rigoureuse de l’origine de la crise actuelle, il n’est pas inutile de rappeler quelques fondements explicatifs des crises.
Le mode de production capitaliste repose sur l’extraction de la plus-value arrachée aux travailleurs, principale source d’accumulation. Mais sous l’effet conjugué de l’augmentation du capital constant de plus en plus performant (productif et non productiviste) et de la concurrence exacerbée, le profit moyen ne cesse de baisser. À ce stade de développement, la crise est déjà permanente. La contradiction centrale.
Enfin, le capitalisme porte en lui, depuis toujours, une sorte de morbidité congénitale : il produit de manière abondante une toxine que son organisme ne parvient pas à juguler : la surproduction (conséquence des hausses de productivité du travail salarié – et non pas du productivisme). le capital national fabrique plus de marchandises que son marché ne peut en absorber. A ce second stade, celui de la circulation des marchandises, la crise est permanente.
Aussi, pour poursuivre infailliblement son accumulation, son développement, sa valorisation, le Capital doit-il donc trouver des consommateurs hors de la sphère étroite des ouvriers et des capitalistes »nationaux » ou même continentaux (Europe – Amérique du Nord, etc.). Autrement dit, il doit impérativement se lancer à la quête (impérialiste) de débouchés (de marchés) en-dehors de son réseau initial (de son pays) représenté jadis par les nations colonisées, néo-colonisés-post-colonisés, etc, sous peine de saturation de marchandises invendues, entraînant l’engorgement du marché. C’est alors la crise de surproduction dans toute sa destruction – que les économistes bourgeois appellent LA GUERRE, ne sachant d’où elle vient (sic). A cet ultime stade, c’est la crise explosive, destructrice, la guerre commerciale d’abord et militaire ensuite.
Dernier subterfuge : pour pallier l’absence de solvabilité restreinte par les lois économiques inhérentes à ce mode de production, le capitalisme recourt au crédit. Aussi, depuis plus de 40 ans, le capitalisme use-t-il et abuse-t-il de ce palliatif. Dès les années 1970, le système s’est engagé dans une politique suicidaire du recours illimité au crédit. Conséquence : l’endettement des ménages et des États a explosé : il a atteint des sommes astronomiques. En vérité, ces dernières décennies, le capitalisme survit grâce au crédit. Mais ce remède est pire que le mal. Il accélère et accentue la maladie du capitalisme.
Pour illustrer notre analyse, adoptons cette image médicale : la dette est au capitalisme ce que la morphine est au malade condamné. Certes, en y recourant, le souffrant surmonte temporairement ses crises. Grâce à l’absorption permanente de sa morphine, sa douleur s’atténue et s’apaise. Mais peu à peu, la dépendance à ces doses quotidiennes augmente. Le produit, dans un premier temps salvateur, devient ainsi à son tour nocif jusqu’à l’overdose. Le stade de l’overdose financier se précise, se précipite. Le grand capital financier devient le principal danger mortel pour le système capitaliste. L’endettement et la spéculation financière vont achever le corps malade du capitalisme. Ce n’est pas la religion l’opium des peuples, mais la dette et le crédit.
Aujourd’hui, dans l’ensemble des pays développés, particulièrement aux États-Unis et en Chine, la crise économique s’aggrave. La désaffection de l’investissement industriel, pourtant seul source d’accumulation de la plus-value extraite du travail humain-salarié, s’accentue. L’activité principale du capitalisme est assurée par la sphère financière au moyen de la spéculation dans les bourses. Les investisseurs se sont totalement détournés de la sphère productive. Leur pactole n’est que pacotille que la go-gauche convoite bêtement. Laissez leur leurs milliards d’argent de Monopoly dont le prolétariat ne saurait que faire.
Baisse tendancielle du taux de profit, surproduction, endettement abyssal, guerre économique entre les multiples puissances, destruction d’usines, chômage endémique, tensions commerciales impérialistes : jamais le capitalisme, depuis la fin de la deuxième Guerre mondiale, n’a vécu une crise aussi grave. De toute évidence les tensions commerciales actuelles entre les principales puissances sont annonciatrices de conflagrations armées généralisées.
« Une épidémie qui, à toute autre époque, eût semblé une absurdité, s’abat sur la société, – l’épidémie de la surproduction. La société se trouve subitement ramenée à un état de barbarie momentanée ; on dirait qu’une famine, une guerre d’extermination lui ont coupé tous ses moyens de subsistance ; l’industrie et le commerce semblent anéantis. Et pourquoi ? Parce que la société a trop de civilisation, trop de moyens de subsistance, trop d’industrie, trop de commerce », Karl Marx.
Notre époque a ainsi ouvert un nouveau chapitre au sein de l’histoire de la déliquescence du capitalisme qui a débuté en 1914 avec la Première Guerre mondiale.
Une chose est sûre : actuellement, la capacité de la bourgeoisie à circonscrire et ralentir le développement de la crise par un recours effréné au crédit prend fin. Dorénavant, les secousses économiques et tensions commerciales vont se succéder sans qu’il n’y ait entre elles ni répit ni véritable relance. Et les soubresauts politiques survenus dans de nombreux pays, en France avec les Gilets jaunes, en Algérie avec le Hirak, à Hongkong, au Costa-Rica, constituent l’expression de cette crise systémique du capitalisme.
Quoi qu’il en soit, l’histoire récente de ces dernières décennies, jalonnée de crises économiques récurrentes, nous le prouve, surtout depuis la crise de 2007/2008 : la bourgeoisie est aujourd’hui incapable de trouver une solution efficiente et pérenne àlsa crise économique du système. Nullement parce qu’elle serait devenue soudainement incompétente mais du fait d’une contradiction insoluble. La crise du capitalisme ne peut pas être résolue par le capitalisme. Encore moins par les experts affidés et charlatans professeurs d’une « science » économique dépourvue de toute efficacité. L’économie est la seule discipline à être encore enseignée en dépit de ses défaillances et inexactitudes. Si la médecine scientifique actuelle avait provoqué autant de dégâts et de morts que l’économie, elle serait depuis longtemps interdite (façon de perler vous l’aurez compris – ce n’est pas la science économique bourgeoise qui a provoqué les crises économiques – cette science ne parvient même pas à expliquer les crises répétitives).
En vrai, la « science économique bourgeoise » est une discipline nécrologique : elle se contente d’étudier le nombre de cadavres productives massacrés par le capital ; le nombre d’usines fermées, le nombre de travailleurs mis au chômage. D’encenser la spéculation financière, cette sphère stérile de l’économie. De conseiller ses maîtres pour préserver leurs intérêts. C’est une « science » de la mort et non de la vie. C’est une « science » appelée à disparaître avec son système macabre.
Ce système mortifère est aujourd’hui en faillite. Une chose est sûre : le capitalisme n’hésitera pas à entraîner l’humanité dans une 3ème guerre mondiale (inéluctablement nucléaire), si on n’agit pas immédiatement pour l’anéantir. L’unique perspective à la crise de ce système, c’est donc d’abolir les fondements mêmes du capitalisme. Pour instaurer une communauté humaine universelle débarrassée de la marchandise, de la concurrence, du salariat, de l’argent, de l’État et des frontières.
Le capitalisme se meurt : pour le bien de l’humanité, aidons-le à trépasser.
Et la mauvaise nouvelle est que tout autre régime économique « autre que le capitalisme » dans le stade économique actuel et pire que le capitalisme.