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LES FEMMES DANS LA CHINE D’AUTREFOIS ET D’AUJOURD’HUI (Henri Simon) IIIe partie

Par Henri Simon.

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Une loi sous le mode de production capitaliste

Il y a une loi élémentaire dans le capital, c’est que lorsque l’on fabrique des prolétaires, quelle que soit leur origine antérieure, pour en faire des exploités dans un cycle quelconque de production, on obtient la lutte de classe des exploités contre les conditions de leur exploitation, partant contre cette exploitation elle-même et contre la société dont elle est l’élément fondamental. Sans doute bien des migrantes pourraient reprendre les propos de l’une d’elles : « Je ne comprends pas la loi et même si je le faisais, qu’est ce que ça m’apporterait ? A quoi ça servirait d’aller se plaindre au Bureau du Travail ? Si vous voulez changer votre situation, la seule chose à faire est de chercher une autre usine»
 
La vision la plus courante de cette lutte de classe privilégie le refus ouvert de l’exploitation, la grève et toutes formes d’action jusqu’à l’émeute et les affrontements avec les forces répressives qui oeuvrent pour pérenniser cette exploitation. La Chine «moderne», paradis récent d’une exploitation capitaliste sans précédent et sans mesure n’échappe pas à ces actions collectives dont le nombre au fil des années ne permet pas d’en faire ici le recensement Le recensement officiel des «actions de groupe» de plus de 100 participants (70 000 en 2004, 87 000 en 2005) montre une progression de ces luttes qui ne se sont pas ralenties récemment. Beaucoup concernent des secteurs comme le textile, l’électronique, le jouet, etc. dans lesquels la main d’œuvre féminine atteint parfois 80% des effectifs. (75). En octobre 2004, 3 000 ouvrières d’une usine de composants électroniques de Shenzhen ont débrayé et bloqué la rue proche. Assez rapidement elles ont obtenu l’application du salaire minimum légal ce qui leur a garanti une augmentation de 170%. A la même époque, 7 000 travailleurs, en grande majorité des ouvrières manifestent à Xianyang dans le Shaanxi contre les restructurations qui les met sur le pavé.  Ces conflits collectifs ouverts ne concernent pas seulement les industries nouvelles fortes consommatrices de migrants et plus particulièrement de migrantes. Mais alors qu’une bonne partie de ces conflits sont en quelque sorte des combats d’arrière garde dans le développement capitaliste contre les restructurations, les privatisations des industries d’État et les nuisances de toutes sortes contre l’occupation insolente des terres paysannes, des ressources naturelles par une classe capitaliste avide de s’enrichir, les conflits de classe dans les nouvelles industries sont, d’une manière plus classique, dirigés contre les conditions d’exploitation du travail.
 
Il est difficile, dans ces dernières luttes, de faire la part de ce qui serait la participation des dongmei. Les récits de ces luttes qui peuvent nous parvenir d’une part ne mentionnent jamais, ni une participation quelconque des femmes, les grévistes étant étiquetés sous le titre de « migrants » ou de travailleurs, ni la manière dont la grève s’est déroulée et comment elle a été organisée.  Tout ce que l’on peut supposer alors est que vu l’importance des effectifs des femmes exploitées dans ces usines (qui dans les SEZ oscille entre 60 et 80% du total des travailleurs sur un site), les femmes sont obligatoirement un des éléments actifs centraux dans la lutte. Mais faute d’éléments, on ne peut rien dire d’autre.
 
Par contre, on peut avoir de temps à autre des détails sur ce qu’il est advenu de telles luttes, soit qu’elles aient réussi (76), soit de leur répression venant ou bien de l’extérieur par l’action de la police contre toute manifestation (se soldant parfois par l’arrestation des « meneurs » et leur condamnation à la prison) ou bien de l’intérieur par la répression patronale. Un exemple : dans un atelier, les ouvrières font grève toute une journée contre les conditions de travail, sans résultat autre que des « amendes » entre 100 et 200 yuans et le licenciement pour certaines d’entre elles.
 
Que la répression de telles luttes se déroule à l’intérieur de l’entreprise ou par une intervention extérieure des autorités locales, elle reste le plus souvent localisées et ne franchit pas les barrières administratives et médiatiques pour venir à la connaissance des autorités centrales. Cela arrive parfois lorsque une répression particulièrement inique et/ou l’ampleur des protestations fait sauter cette barrière et que l’autorité centrale se voit contrainte, par souci de son image politique, d’intervenir pour paraître imposer »une justice» aux autorités locales. Un des exemples récents a concerné les veuves de mineurs tués en novembre 2004 dans une des nombreuses catastrophes minières qui réussirent après d’énormes pressions locales à faire sanctionner par le pouvoir central les dirigeants de la mine et à obtenir une indemnisation (77). Mais de tels cas sont relativement rares.
 
Lorsque les exploités ne peuvent, en raison de la répression constante envisager de lutte ouverte, ils tentent d’utiliser tout ce qu’ils peuvent pour résister à leur exploitation. Ces résistances individuelles sont partie intégrante de la lutte de classe et, souvent, alors même qu’elles ne sont pas organisées collectivement posent, à cause de leur généralisation des problèmes sérieux dans le procès de production, contraignant le capital, non pas à prendre des mesures répressives, mais à procéder à des réformes, voire des concessions pour poursuivre son activité dans les conditions les plus profitables.
 
On a peu de précisions et seulement très parcellaires sur le combat sournois, individuel et parfois collectif dans de petits groupes dans des grèves perlées par exemple, ou de sabotage, mais bien sûr elle ne s’ébruitent nullement mais toute une partie de l’appareil répressif interne, essentiellement des amendes vise sans conteste à prévenir cette tentation de lutte. Un de ces moyens de défense individuel est la démission pour tenter de trouver un meilleur emploi.  La situation de l’emploi avec le développement exponentiel de l’industrialisation autorisait le fréquent recours à cette «course à l’emploi» ; tendance renforcée récemment par les mutations économiques et le développement d’emplois plus qualifiés et mieux payés. La pénurie de main d’œuvre que nous avons évoquée illustre cette mutation et permet aux exploités d’aller ailleurs pour «trouver mieux». (78). Il en résulte un turn over considérable L’usine Foxcom déjà évoquée avoue un turn over de 30% par an soit 70 000 travailleurs. Bien qu’il s’agisse souvent de travailleurs non qualifiés et facilement remplaçables, cette situation n’est pas sans gêner les patrons qui utilisent toutes sortes d’astuces, principalement financières pour empêcher les migrants de quitter leur emploi : rétention de la demande de démission, rétention des salaires (qui souvent sont payés avec retard ou irrégulièrement, ce qui permet toutes sortes de pressions). Est-ce que cette recherche du « meilleur emploi » est une quête inutile car tous les emplois se vaudraient d’une manière ou d’une autre ce qui contraint à un renouvellement constant de la migration ? Si l’on considère que depuis plusieurs années des plaintes se sont élevées sur un manque de la main d’œuvre dans le Sud de la Chine, particulièrement de migrantes, on peut penser que le développement d’emplois plus qualifiés et la compétition économique à l’intérieur de la Chine ( notamment l’ouverture de nouvelles SEZ) ont entraîné des déplacements de main d’œuvre vers les secteurs mieux payés ( relativement) et que par contrecoup, dans toute cette zone sud, la pénurie de migrants par contre coup contraint les entreprises à offrir de meilleurs conditions de travail ( toujours relativement).
 
Un autre élément semble jouer également un rôle dans cette pénurie de candidats à la sous-exploitation : le retour des migrantes vers les campagnes, non plus à cause de l’âge ou pour prendre mari, mais à cause de l’élévation du niveau de vie dans les campagnes. On voyait déjà parfois ce retour en raison de la dureté des conditions de travail qui rendait préférable la vie à la campagne, si astreignante soit-elle (surtout lorsque s’y ajoutaient les prélèvements financiers divers pour nourriture, logement et toutes les pénalités qui pleuvaient facilement dans le travail). La réduction des taxes agricoles et l’élévation des prix agricoles (en partie dues à l’agitation des paysans contre les exactions des pouvoirs locaux) ont augmenté sensiblement les revenus des familles des campagnes et rendu moins impératif l’exode principalement des filles et favorisé leur retour (79).
 

Les recours légaux et/ou tolérés

 
Aucune société n’est jamais statique. C’est particulièrement vrai pour la Chine prise dans le tourbillon d’un développement capitaliste enlacée dans le système productif mondial. Si la domination totalitaire du Parti Communiste reste la règle, cette domination, si elle favorise et garantit l’exploitation du travail dans les conditions que nous avons évoquées particulièrement pour les femmes, est soumise elle-même à cet impératif économique et doit, pour garantir cette exploitation, adapter toute la réglementation assurant cette domination aux besoins du capital et d’abord assurer le minimum de paix sociale, c’est-à-dire ouvrir quelque peu les règles antérieures et les conditions de sa domination. Dans les années 1980, toute contestation de ce qui était considéré comme la politique gouvernementale que ce soit au niveau national ou au niveau local pouvait entraîner une très dure répression, même dans ce peut vu d’ici assez anodin comme la pétition.  On peut penser que le développement postérieur de structures légales ou tolérées de contestation contre les abus divers de la domination du Parti est la conséquence de l’ouverture au marché international et de divers traités concrétisant des liens internationaux. Mais c’est surtout la conséquence de l’évolution économique qui a fait abandonner la sécurisation du « bol de riz en fer » et d’une développement effréné et incontrôlé du capitalisme entraînant à la fois des nuisances comme la pollution ou l’appropriation des terres et un abîme croissant entre les riches et les pauvres. On ne peut relater tous les incidents sérieux jusqu’à l’émeute, qui ont dans la période récente traduit ces résistances globales de la population locale dans son ensemble. Il est certain que les femmes y furent associées comme en témoigne la mort de deux femmes dans des affrontements avec la police lors de manifestations contre la pollution d’un ensemble industriel local.
 
Il paraît que le régime chinois est dans la hantise de la montée de Solidarnosc en Pologne prémonitoire de la chute du système soviétique. Sans aucun doute, la domination du syndicat unique ACFTU , annexe du Parti Communiste, reste totale et la formation de syndicats indépendant interdite et durement réprimée, mais on assiste au développement à la fois d’ouvertures timides de l’ensemble de la législation, à la tolérance d’organisations qui, sans se revendiquer comme syndicats visent à la protection des abus les plus criants. Et de telles orientations touchent plus spécialement les femmes. Il faut croire que les résistances ouvrières et les changements lents mais réels dans les mentalités et les mœurs ont atteint un point qui contraint les autorités du Parti à promulguer en décembre 2004 une nouvelle loi sur les droits des femmes qui reconnaît leur «autonomie personnelle et l’égalité des sexes » avec des protections notamment dans le travail. Mais , comme pour le Code du Travail Chinois, une telle reconnaissance sur le papier n’a de sens qu’autant que le rapport de forces l’impose.
 
En 1991 est créée une organisation Women Workers Commission  qui a des antennes dans le syndicat officiel : si son existence répond à des problèmes récurrents chez les femmes, ouvrières ou pas, l’existence d’une telle organisation officielle tout au plus peut intervenir dans les abus les plus criants et encore à la condition qu’ils sortent des limitations locales pour s’étaler à l’échelle nationale, ce qui est bien rare
 
En 1990 et 1993, des lois nouvelles ont ouvert des voies de recours classées sou l’étiquette PIL (Public Interest Litigation) qui permet des recours judiciaires individuels ou collectifs au-delà des sempiternelles pétitions. Ce qui ne veut pas dire qu’ils réussissent et ne sont pas exempts de risques pour ceux qui les présentent ou les défendent. Mais , cette possibilité de recours a développé, souvent dans le cadre des universités de centres de soutien dont certain concernent plus particulièrement les femmes : Centre for the protection of the rights of disavantaged citizens avec une section spéciale « femmes » ( université de Wuhan), Centre for women’s law studies and legal services ( Beijing University) , Centre for legal assistance to pollution victims, Research Centre for Women’s Development and rights ( Xian, Northwest Polytechnic University).A Pékin, s’est formée une « Migrant Women’s Club. Toutes ces associations dispersées hésitent à se fédérer pour rester indépendantes et ne pas tomber sous des tentatives de contrôle gouvernemental. Ce qui est effectivement le cas, l’Etat tentant de fédérer ces organismes sociaux dans un regroupement national « Government Operated Non Gouvernemental Organisation » (CONGO). Il y a bien une « Women’s Federation établie en 1949 mise d’abord à l’écart comme nous l’avons souligné en raison de la base paysanne du Parti, quelque peu réhabilitée en 1971, mais elle reste un appendice du Parti, une courroie de transmission et en aucune façon un organe de défense des femmes, encore moins des « dagongmei ». Comme le relevait un commentaire, d’une manière ou d’une autre, tous ces organismes oeuvrent au bénéfice de l’Etat Chinois et visent à atténuer, discipliner les tensions sociales (80).
 
On pourrait penser que la voie de recours des travailleurs en général et plus particulièrement des « dagongmei » contre les conditions de leur exploitation passe par les syndicats. L’ouverture au marché mondial n’a guère modifié sur ce plan le rôle du syndicat unique, émanation du parti l’ACFTU (All China Federation of Trade Unions). Au contraire, aussi bien dans les entreprises d‘État restructurées que dans les entreprises privées, le syndicat unique et obédient, là où il est présent, est un puissant auxiliaire de l’exploitation des travailleurs. Là où l’ACFTU est implantée, des Assemblées Générales des travailleurs peuvent exister. Créées en 1950, elles ont été réactivées en 1980, parfois utilisées pour régler des conflits internes dans la gestion de l’entreprise, ce qui pourrait marquer le signe d’une évolution (81).
 
Jusqu’à tout récemment, les migrants n’étaient pas admis dans l’ACFTU. Ce qu’une loi de 2003 a modifié mais on peut penser que cela ne changera guère quant à leurs conditions d’exploitation. Sans aucun doute la nécessité de garder un certain niveau de paix sociale a incité le gouvernement à promulguer aussi en juin 2007 une loi sur la réglementation du contrat de travail qui peut aussi faire l’objet de contrats collectifs, le tout sous le contrôle strict du syndicat ACFTU. Quelques usines auraient même établi des « conseils ouvriers » vraisemblablement des sortes de comités d’entreprise. (82). Comme pour le code chinois du travail, l’application de ces mesures dépend avant tout du rapport de force
 
En 2004 un « Premier Document Politique » évoque la « gestion de l’emploi en ville des paysans et leur accès aux services publics ». Ce qui assouplira effectivement leur régularisation de non- résidents dan les villes et leur accès éventuel aux services réservés jusqu’alors aux résidents. Les migrants et migrantes restent pourtant dans une situation paradoxale d’avoir des «droits» largement «reconnus» et légiférés par les autorités centrales mais pas du tout garanties quant à leur application sur le lieu d’exploitation, tout recours devant les autorités locales étant très difficiles et souvent même dangereux (83).
 

Des tentatives de créer des organismes indépendants de défense des migrantes

 
Des organisations de base tendent à se créer surtout dans la zone côtière du sud, à proximité de Hong Kong ; elle sont souvent l’émanation d’ONG ou d’annexes d’organisations extérieures basées à Hong Kong. En 1996 est formée une Chinese Working Women’s Network. Des deux fondatrices, l’une est une universitaire de Hong Kong, l’autre une migrante ayant travaillé en usine pendant trois ans. En 2004, cette organisation comprend 13 permanentes et 10 travailleuses militantes en Chine à Shenzhen. Pour tourner l’interdiction de créer des syndicats indépendants, ces militantes tentent de constituer un réseau communautaire de solidarité surtout orienté vers les « dagongmei » axant leur activité sur des point très concrets et pas immédiatement revendicatifs autour de quatre zones d’intérêt : le respect des droits légaux, contre la discrimination sexuelle, sur la sécurité et la santé dans le travail, sur des coopératives d’approvisionnement. Elles créent dans certaines villes industrielles des centres qui accueillent les migrants et impulsent des échanges. Elles parviennent à visiter les dortoirs (dont les occupantes peuvent varier entre 15 à 100) et tentent d’organiser des débats sur la quotidien autour d’une responsable, le quotidien le plus terre à terre : fourniture d’eau chaude, installation de ventilateurs dans les dortoirs, de téléphones pour pouvoir téléphoner au pays, comment rédiger des lettres aux dirigeants, comment faire des pétitions. Les questions de salaires et de conditions de travail ne sont abordées que beaucoup plus tard, si l’implantation a atteint une certaine dimension et audience, d’ailleurs sous la forme de pétitions au syndicat ou au Bureau officiel du Travail pour demander l’application de la loi. Parallèlement, une camionnette sillonne les rues le soir pour accueillir les femmes qui ont des « problèmes » (blessures, enceintes, etc..), 2 à 300 par nuit et peuvent les faire admettre dans un réseau d’hôpitaux. C’est un peu une travail de Sisyphe car trop de revendications amène des soupçons des autorités ce qui les oblige à interrompre leur activité et à aller porter leurs efforts ailleurs. En 2002, cette activité militante parallèle restait marginale touchant 80 000 femmes. En novembre 2004, elles ouvrent un centre fixe près une SEZ située près de lBao’an, l’aéroport de Shenzhen mais se rendent compte que les femmes ne peuvent y venir que rarement particulièrement parce qu’elles sont épuisées par leur travail (84).
 
Il peut paraître étrange que parmi les revendications posées par les migrantes figure l’installation de téléphones. L’explication en est simple mais un autre paradoxe concerne l’utilisation éventuelle pour une bonne part d’entre elles des produits (télés, portables et autre engins électronique de leur exploitation). Certainement leur maigre salaire leur interdit l’accès à ces moyens de communication « modernes ». Mais l’existence et l’utilisation de ces moyens pose un problème autrement important aux autorités chinoises qui touche la lutte de classe et est celui d’une connaissance et éventuellement d’une extension des luttes locales par la diffusion nationale hors du cercle étroit où les régime les enferme des luttes locales. Le contrôle étroit de cette utilisation par le Parti Communiste est très difficile et ne peut empêcher la diffusion de telles informations même s’il la rend difficile et parfois dangereuse. On ne peut négliger cet élément qui peut jouer, même au plan local, dans une certaine extension des luttes tout en restant conscient qu’en cas de risque majeur, le système capitaliste dispose des moyens rapide de blocage de ces moyens de communication directs.
 

Quel futur ?

 
Une bonne partie des matériaux aux quels nous nous sommes référés dans cette étude sont le résultat de recherches, analyses et activisme de femmes chinoises qui tentent de répondre, à propos des migrantes ( mais on peut aussi se la poser pour l’ensemble des prolétaires chinois), aux questions suivantes :

« Comment les migrantes ouvrières comprennent collectivement leur identité en terme de classe et de sexe ? Pourraient-elles être organisées en tant que nouveau sujet ouvrier qui émerge maintenant dans le Chine post socialisme d’État ?

 
Les efforts déployés pour tenter d’y répondre son sans aucun doute méritoires mais appellent d’autres observations.L’intervention des différentes organisations parallèles en faveur des migrants et migrantes, celle basées à Hong Kong ou les associations diverses de défense dans toute la Chine voient dans la créations de syndicats à l’occidentale la solution d’une amélioration de conditions de travail hors du commun. Inspirées pour une bonne part des ONG ou syndicats américains, ils ne peuvent (en raison de références historiques de telles interventions style Solidarnosc en Pologne) que susciter hostilité et méfiance des autorités chinoises. Mais le problème essentiel d’une amélioration des conditions de travail et de la créations de syndicats promouvant cette amélioration et jouant le rôle que l’on connaît en occident dans la fixation du prix de la marchandise force de travail, n’est pas dans les craintes politiques éventuelles, mais dans l’importance qu’une telle mesure prendrait dans le présent processus économique de la Chine au sein de l’économie mondiale.
 
Il est évident que la fraction du capital dont l’activité repose sur la plus value absolue ne peut accepter, ni un changement radical des conditions présentes d’exploitation du travail, ni la présence d’organes de médiation puisque seule compte son autorité absolue quant à la mise en œuvre de ces conditions. Différents facteurs que nous avons mentionné semblent pourtant signifier une évolution qui n’est pas tant due à la lutte de classe, mais à des facteurs économiques intrinsèques à la Chine. De tels facteurs touchent une augmentation du salaire des migrants et un transfert des industries de main d’œuvre des zones côtières vers l’intérieur, liés à des mouvements des migrants vers les emplois ou situations moins durs et plus bénéfiques.
 
Si une telle évolution prenait de l’ampleur, pour rester compétitif sur le marché mondial, les entreprises devraient quitter la zone d’exploitation en plus value absolue pour garder leur compétitivité en passant dans la zone de plus value relative impliquant l’introduction de nouvelles techniques de production de produits plus élaborés. C’est alors que les syndicats pourraient être introduits dans la fonction que nous connaissons ici. Cela entraînerait des conséquences non seulement politiques en Chine mais aussi dans les données de la production et du commerce mondial. données elles-mêmes conditionnées par l’évolution propre du capital mondial.
 
De toutes façons, la condition des migrantes ne changera pas du jour au lendemain, même si de tels mouvements économiques s’affirment dans une société en mutation rapide. Pour l’essentiel, aujourd’hui, leurs conditions d’exploitation restent celles que nous venons de décrire, même si un avenir plus ou moins proche ou plus ou moins lointain ne peut – sauf si éclatait une crise majeures du capital – que s’améliorer entraînant en même temps une évolution profonde des modes de vie et certaines formes d’émancipation dégagée plus ou moins de la tutelle des coutumes ancestrales et de celle du Parti Communiste.


 

Femmes chinoises -Notes

(75) China Labour Bulletin n° 85, 9/6/2007

(76) F alling through the Floor. Migrant women Workers Quest for decent Work in Dongguan – China Labour Bulletin, septembre 2006; A second wave of Labour Unrest in China Wong Kun Yan ( Hong Kong, 2005

(77) China Labour Bulletin n° 59, 12/2/2005
(78) Echanges n° 120, printemps 2007, p 16
(79) Financial Times 3/11/2004 ; Financial Times 4/1/2006 ; Le Monde 2/3/2006
(80)Perspectives Chinoises n° 90 juillet août 2006.
(81) Perspectives Chinoises n° 90 , juillet-août 2006
(82) China Labour Bulletin 29/6/2007
(83) Perspectives Chinoises n° 90, juillet-août 2006
(84) China as a World Factory , New Practices and Struggles of Migrant Women Workers – 2005 ; Standing up: The Workers Movement in China 200-2004 (China Labour Bulletin) ;The Chinese Working Women’s Network, Pun Ngai et Yang Lie Ming; Against The Current n° 130.
 

2 réflexions sur “LES FEMMES DANS LA CHINE D’AUTREFOIS ET D’AUJOURD’HUI (Henri Simon) IIIe partie

  • Bonjour !
    pourriez vous m’indiquer le lien de la 2e partie de cet article sur la condition féminine en Chine SVP ?
    En effet le lien proposé sur la Lettre ne fonctionne pas ( message d' »erreur »)
    Merci d’avance
    Yves Thebault
    La Réunion

    Répondre
  • Robert Bibeau

    @ Tous
    Attention – Attention
    La Partie II de ce texte de M. Henri Simon -en 3 parties- paraitra VENDREDI PROCHAIN – LE 27 SEPTEMBRE dans la présente section LES 7 DE L’HEXAGONE.
    Nous vous indiquerons les liens (hyperliens) pour chacune des parties.
    Merci de votre patience
    Robert Bibeau . Éditeur

    Répondre

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