Clara Barton, fondatrice de la Croix-Rouge
CAROLLE ANNE DESSUREAULT :
Quelle que soit l’époque de sa vie, soit dans sa jeunesse, à l’âge adulte, dans son troisième âge, toutes ses photos reflètent compassion, douceur, patience, dignité.
Voici une femme tout à fait remarquable qui, guidée par son intense désir d’aider les personnes en détresse, a fait de sa vie un immense monument de réalisation humaine et sociale, avec la patience et la constance des bâtisseurs de cathédrales.
Elle vient au monde à Noël en 1821 à Oxford dans le Massachusetts d’un père fermier et d’une mère ménagère. Les parents ont déjà quatre autres enfants, deux garçons, deux filles. Éduquée à domicile, Clara est une élève brillante, mais timide et repliée sur elle-même.
Un événement tragique va mettre en valeur ses qualités d’aidante. Son frère David – alors qu’elle est âgée de onze ans – tombe du toit d’une étable. Pendant deux années, elle le soigne et lorsqu’il se rétablit, elle se sent vide, inutile. Pour remplir ce vide, elle s’occupe des enfants d’une de ses sœurs et un peu plus tard elle apprend à lire et à écrire à des enfants de familles nécessiteuses. Elle devient par la suite enseignante.
Au début de la trentaine, elle occupe un poste de secrétaire à Washington au bureau des brevets, mais pour peu longtemps, car le Secrétaire de l’Intérieur, M. McClelland, fait chasser les femmes des bureaux du gouvernement. Avec un salaire diminué, elle poursuit un travail de copiste à domicile, toujours pour le bureau des brevets.
Elle quitte tout lorsque la Guerre civile éclaate pour se porter volontaire pour soigner les soldats blessés. L’armée manquant de ressources, Clara fonde une société pour ramasser du matériel médical. Elle doit lutter avec les bureaucrates mais finit par obtenir l’autorisation d’aller sur les champs de bataille pour soigner les combattants. Son engagement sur le front dure trois années. On la surnomme la Florence Nightingale américaine.
Le président Abraham Lincoln en 1865 lui confie la recherche des hommes de l’Armée disparus au combat. Elle retracera le destin de plus de 30 000 soldats, identifiera et nommera les tombes des soldats et entretiendra une correspondance avec les familles des soldats. Un ouvrage Numbering All the Bones de Ann Rinaldi décrit son expérience.
Bientôtm elle jouit d’une reconnaissance nationale. Elle donne des conférences dans tout le pays sur ses expériences de guerre. Elle trouve encore le temps de collaborer avec le mouvement pour le suffrage féminin, et aussi, devient une militante pour les droits civiques des Noirs.
En 1869, à l’âge de 48 ans, elle va se reposer en Europe. Une idée germe dans son esprit lorsqu’elle entend parler du projet d’Henri Dunant d’une organisation internationale humanitaire pour les blessés de guerre dans l’esprit de la Convention de Genève de 1864 (règles de conduite dictées par la Convention à adopter en période de conflits armés pour la protection des civils, des membres de l’aide humanitaire, des blessés ou des prisonniers de guerre).
Elle s’investit totalement lorsqu’éclate la guerre franco-allemande. Elle semble partout à la fois. À Strasbourg, elle prend soin de la population civile ; à Paris, elle organise des ateliers pour femmes afin de leur assurer des moyens de subsistance. L’empereur allemand Guillaume 1er lui décerne la Croix de fer à ruban blanc comme récompense civile.
De plus en plus, Clara Barton prend de l’expansion. De retour aux Etats-Unis quelques années plus tard, soit en 1873, elle consacre son temps à obtenir l’adhésion de son pays à la Convention de Genève et à la mise en place d’une organisation de la Croix-Rouge aux Etats-Unis. À ce moment, personne ne croit que le pays puisse connaître une épreuve comparable à la guerre civile, cependant, cette femme volontaire convainc le gouvernement du président de l’utilité de la Croix-Rouge pour d’autres catastrophes et crises humanitaires.
Après un travail laborieux et un ouvrage en 1878 qu’elle publie sous le titre « La Croix rouge et la Convention de Genève : ce que c’est » à l’attention de tous les citoyens et hommes politiques, enfin, la Croix-Rouge américaine est fondée le 21 mai 1881.
John D. Rockfeller la soutient financièrement pour l’établissement du quartier général de la Croix-Rouge à Washington à proximité de la Maison-Blanche. Évidemment, on confie à Clara Barton la présidence de l’organisation. Elle réussira quelques mois plus tard à obtenir la ratification de la Convention de Genève par les Etats-Unis.
À partir de ce moment, Clara Barton joue un rôle important comme représentante des Etats-Unis à l’étranger, entre autres, lors de la conférence internationale de la Croix-Rouge et de la Conférence internationale de la paix à Genève. Elle fait même ajouter un amendement précisant que la Croix-Rouge doit, outre les victimes de guerre, apporter son aide aux victimes de catastrophes en temps de paix.
Femme d’action, elle tient à se rendre sur le lieu des catastrophes ou de guerre pour venir en aide aux victimes. Inondations, tornades, épidémies de fièvre jaune ou de typhus aux Etats-Unis, famine en Russie lors de la guerre arméno-turque, aussi lors de la guerre à Cuba, la guerre russo-japonaise….
C’est grâce aux programmes qu’elle met en place que les victimes bénéficient de dons, non seulement de vivres, mais aussi de semences et d’outils pour leur permettre de retrouver leur autonomie le plus rapidement possible.
Vingt années de présidence de la Croix-Rouge assaisonnées de luttes de pouvoir internes l’épuisent et la font mettre fin à ses fonctions.
Ne croyez pas qu’elle sera inactive dans sa chaise berçante ! À 85 ans, elle fonde la première société nationale d’aide sociale.
Elle passe ses dernières années dans le village de Glen Echo dans le Maryland et meurt à l’âge de 90 ans. Elle souffrait de dépression.
En 1974, le gouvernement fonde le Clara Barton National Historic Site, un mémorial placé sous la sauvegarde du National Park Service qui célèbre sa vie et son œuvre. La grande maison de 15 pièces peut être visitée et l’on peut y voir en plus de son logement, le premier magasin et entrepôt de marchandises de la Croix-Rouge américaine.
Voilà un musée intéressant à visiter éventuellement.
Clara Barton fait partie du National Women’s Hall of Fame.
Elle me donne l’impression d’avoir accompli en une vie le travail de vingt personnes acharnées !
Sources
Wikipedia
Extrait d’un article de Robert Anthony