La crise économique alarme la bourgeoisie qui désarme le peuple avec ses solutions réformistes
This article is available on this webmagazine in English-Italian-Spanish-Portuguese:
9.9,2019-Crisis-English-Italian-Spanish-Portuguese
Avec le déclenchement du Hirak, l’imminence d’une catastrophe économique se précise chaque jour avec plus d’acuité (Algérie). Et nos experts autoproclamés, apeurés, n’épargnent pas leur vénale intelligence pour se dépenser dans des propositions de sauvetage aussi hypothétiques que pathétiques. Pour nous dispenser leurs leçons libérales éculées qui ramèneraient l’Algérie aux temps faméliques reculés. Pour nous prodiguer leurs conceptuels cataplasmes afin de soigner le purulent marasme. Chaque expert y va de sa plume magique ou de son clavier informatique thaumaturgique, pour se livrer à des prestidigitations analytiques et recommandations économiques fantasmagoriques.
Tous ces « experts » font partie du gratin de la bourgeoisie algérienne, qui gratte du papier avec le même esprit prédateur et vénal que sa classe s’applique à gratter les richesses du pays. Aujourd’hui, avec le soulèvement populaire du 22 février, cette bourgeoisie est secouée par la crise politique et économique. Déboussolée par l’intensité de la crise, cette bourgeoisie affairiste et étatique algérienne se démène dans une angoissante agitation pour éviter le chavirement de son (esquif) Algérie. En vrai, pour sauver sa rentière parasitaire existence sociale.
Cyniquement, à l’époque de l’enrichissement inespéré de l’Algérie, où les milliards de dollars coulaient à flots par la grâce de l’enchérissement de cet or noir tiré des entrailles du désert par les braves travailleurs algériens, cette classe oisive flottait dans la mer de l’insouciance à bord de ses richesses matérielles achetées clés en main à l’étranger, sans se soucier du développement économique du pays. Sans se préoccuper de la dilapidation des milliards de dollars opérée par le mafieux régime.
Aujourd’hui, au moment où la conjoncture économique algérienne subit les tempêtes de la crise mondiale, aggravée par la crise politique, cette bourgeoisie algérienne, affolée par la dégradation du climat économique, s’emploie à se muer en experte pour nous livrer ses recettes économiques en vue de sauver l’Algérie de la banqueroute, de la débâcle, de la déroute. En vrai pour sauver son système. Car les classes populaires algériennes, depuis l’indépendance, sont confrontées à la banqueroute de leurs conditions sociales, à la débâcle de leur vie, à la déroute de leur Révolution de 1954.
À entendre ces thuriféraires du libéralisme, de simples résolutions politiques suffiraient pour enrayer la crise. À les lire, une futile élection présidentielle assainirait l’économie algérienne ; un dérisoire changement du personnel politique à la tête de l’État mafieux algérien parviendrait à freiner l’enlisement économique, la périclitation financière. Et régénérer ainsi une situation économique malmenée par l’effritement des cours du pétrole, unique source de revenus de l’Algérie. Leur naïveté est criante, leur ignorance navrante, leur duplicité affligeante.
En vérité, aucun pouvoir placé à la tête de l’État algérien, même constitué d’un personnel politique compétent et démocratique, élu librement au suffrage universel, n’inverserait la tendance actuelle de l’effondrement économique, même avec la meilleure volonté du monde. Il suffit d’observer la situation économique catastrophique du Venezuela. Et de nombreux autres pays, comme la Grèce, l’Argentine. Même les deux premières puissances économiques mondiales sont aujourd’hui embourbées dans une grave crise, exacerbée par des tensions commerciales, préludes à une conflagration armée généralisée.
Quoi qu’il en soit, qu’il s’agisse de l’option industrielle ou agricole proposée par ces experts, dans l’affolement et l’urgence, comme panacée pour développer enfin l’économie algérienne, aucune mesure politique ne peut modifier le cours de la crise, infléchir la tendance déclinante de l’économie. L’industrialisation ne se décrète pas (on connaît le résultat sous l’ère Boumediene). Pareillement pour l’agriculture, elle ne s’implante pas sur le sol algérien par un oukase. De toute manière, la Chine et quelques autres pays émergents, devenus les Ateliers du monde, pourvoient amplement à la consommation effrénée de la planète. Notamment aux besoins de l’Algérie.
L’obstacle, en matière de développement économique de l’Algérie, est paradoxalement économique. Dans une économie capitaliste mondialisée fondée sur le profit, sur la vente des marchandises produites, la saturation des marchés est déjà suffocante de pollution et alarmante de destruction écologique. En effet, la surproduction a atteint des proportions inégalées. D’où l’exacerbation de la concurrence entre les pays capitalistes pour écouler leurs produits toxiques. Dans cette guerre économique internationale impitoyable, seuls les pays capitalistes hautement développés tirent leur épingle du jeu et raflent l’enjeu. Les nations à économie développée anciennement établie disposent de ressources et de forces plus solides pour s’accaparer les marchés, grâce à la vente de leurs produits compétitifs à des prix défiant toute concurrence. Et ainsi évincer du marché les pays sous-développés, comme l’Algérie. En vérité, dans le cadre de cette économie capitaliste concurrentielle mondialisée, il revient moins chère à l’Algérie d’acquérir les marchandises à l’étranger que de les fabriquer sur son territoire. C’est l’imparable et implacable loi du développement inégal du capitalisme.
En outre, à notre époque, où des milliers d’usines à travers le monde ferment pour raison de faillite (mévente), avec comme corollaire un chômage massif endémique, la perspective pour l’Algérie, comme le suggèrent ces experts illusionnistes, de se lancer dans le développement industriel est illusoire, pour ne pas dire impossible. De même pour l’agriculture. S’il fallait développer ces deux secteurs, il eût fallu l’impulser au lendemain de l’indépendance, à cette période de prospérité économique au niveau international, de croissance soutenue. Aujourd’hui, la récession obère cette perspective de développement.
La solution n’est donc pas politique. Encore moins économique dans le cadre du système capitaliste enlisé dans une crise systémique mortelle. En réalité, sans rupture radicale avec le capitalisme, aucune solution n’est envisageable. Tous ceux qui ergotent sur les réformes à envisager uniquement dans le cadre de ce mode de production en putréfaction sont des menteurs éhontés. Les travailleurs et les classes populaires algériennes doivent se défier de ses experts au service du Capital. Faute de quoi, c’est la reconduction des mêmes classes dirigeantes dominantes, la perpétuation de la même misère pour les classes laborieuses algériennes.
Le salut du Peuple algérien (qu’il faut différencier du régime mafieux algérien et des classes bourgeoises parasitaires rentières), ne viendra pas de ces experts illusionnistes ou de ces « nouvelles » élites politiques recyclées, propulsées sur le devant de la scène médiatique à la faveur du Hirak. De ces escrocs de la politique, déconnectés des réalités sociales mais, par ailleurs, les yeux toujours rivés vers les cimes du pouvoir. Un pouvoir auquel ils prêtent leur machiavélique expertise pour le sauver du naufrage, notamment en offrant leurs vénaux et serviles services au travers de leur officine, ce Panel de crabes, catapultée par le régime moribond, pressé de hisser une nouvelle classe politique algérienne obséquieuse aux commandes de l’État.
Quoi qu’il en soit, le peuple algérien ne doit pas lutter abstraitement contre le système, contre les classes dirigeantes étatiques et politiques parasitaires. Encore moins contre l’armée populaire, qui peut devenir son allié au cours de sa révolution car c’est la seule institution moderne organisée apte à apporter sa logistique pour édifier une nouvelle société en rupture avec le capitalisme, surtout la seule structure capable d’éviter la dislocation des institutions étatiques aujourd’hui menacées d’éclatement, d’assurer la sécurité du pays. Le peuple algérien ne doit pas seulement lutter contre un système (abstrait) mais contre le système concret capitaliste.
Le peuple algérien, soulevé contre le régime depuis le 22 février, doit prendre concrètement son destin en main, s’organiser réellement en dehors des instances politiques parasitaires inféodées au régime et des récentes structures politiques bourgeoises « hirakiennes ». Le peuple laborieux algérien doit se structurer afin d’autonomiser sa lutte en vue d’instaurer son propre pouvoir démocratique dirigé par ses intègres représentants, au moyen d’une démocratie directe horizontale, dans le cadre d’une société égalitaire débarrassée du profit, de la marchandise, de l’argent. En un mot : d’une économie produisant pour la satisfaction des besoins sociaux et non le profit. En Algérie comme à l’échelle de la planète.
Mesloub Khider
Monsieur Khider,
Bien que je vous donne raison sur le fond, je dois avouer que je ne vois pas comment le peuple algérien pourrait continuer à s’assurer le soutien et l’alliance de l’armée ! serait-ce possible à travers les généraux qui en tiennent encore les ficelles et qui sont eux-même embourbé dans les profits de l’ex régime ? Je ne pense pas que vous l’approuveriez… et paradoxalement, votre article très bien écrit me semble répondre en même temps à toutes ces questions : c’est à travers un éveil et une reforme de fond en comble à la fois politique, économique, industrielle et agraire inévitables, et le retroussement de manches de tous, et l’emploi pour tous, que le peuple pourra manger et réaliser son auto-suffisance alimentaire et économique et s’extraire de l’économie de l’or noir qui ne lui a attiré jusqu’à date que misère, mafieux et autres disparités insurmontables.
Le capitalisme constitue encore hélas les limites de notre système planétaire, son plafond et ce à quoi la roue de l’histoire et l’évolution de la rapacité humaine à pu déboucher ! le communisme au final est une science trop intelligente, inaccessible et à encore à l’étude ou ayant besoin qu’on s’y penche sérieusement à travers le monde encore en tous cas, pour pouvoir se déployer concrètement au delà des frontières et du commerce tel qu’est en encore mené. Et de ce fait, aucun pays, il me semble, ne peut décréter de vivre à l’écart de ce système à l’intérieur de ses frontières et prétendre pouvoir y arriver ! encore moins en important des biens qui font le bonheur des capitalistes de tous poils en chine ou ailleurs ….
Ne me comprenez pas mal, Je vous donne raison sur toute la ligne, car ce que je dis simplement, est qu’il faudrait qu’on puisse définir et délimiter ce nouveau système et cette solution, identifier ses leaders s’il en faut, ses outils en tous cas et ses mécanismes afin d’atteindre ces objectifs. Et comme je disais ailleurs, ,les pays scandinaves sont entrain de financer des études depuis un temps déjà pour étudier la faisabilité d’un salaire unique pour tous, et contrer les conséquences de la robotisation à outrance, l’intelligence artificielle, la disparition des emplois, et les défis socio-économiques énormes de demain ! »le Capital » de Karl Marx n’a jamais été boudé ou ignoré par les universitaires même au sein des pays phares du capitalisme comme les états-unis, et continue de donner des insomnies aux économistes, sociologues, académiciens et autres dotés des meilleurs intentions à son égard ! car le communisme comme concept scientifique et économique et système, est justement plus important que la »révolution », c’est quasiment un débouché incontournable et inévitable même pour le capitalisme d’aujourd’hui…si on veut vraiment que la population mondiale mange à sa faim, et résoudre les nombreux défis socio-économiques de demain ! d’ailleurs, les économies occidentales ne sont plus ce qu’elles étaient, un bloc monolithique de »ouiouisme » au capital et ses dérives, aujourd’hui on y parle pour la première fois de »capital social » et de »capital humain » !
Espérons le meilleur pour le peuple algérien en tous cas, car il aura mérité son congé et sa »traite », après avoir longuement bataillé, et bataille encore pour sa dignité et ses principes.
Amicalement.
Veuillez excuser les nombreuses fautes de frappe… ou d’erreurs ! me suis relu… mais vous aurez compris le sens de mon intervention. Merci !