Asie/Afrique

Haïti : le Canada complice!

La communauté internationale, et le Canada en particulier, serait en train de « perdre toute crédibilité » en Haïti, et ce, en continuant à soutenir le régime de Jovenel Moïse qui, pour une énième fois depuis le début de l’année fait face à un violent mouvement d’opposition populaire.
 
C’est ce qu’estime Solidarité Québec-Haïti qui appelle d’ailleurs Ottawa à cesser de soutenir le gouvernement en place, au nom des principes démocratiques qui sont chers aux Canadiens.
 

« La corruption est infiltrée à tous les niveaux dans ce gouvernement dont l’élection [en 2016] est contestée par la population », résume à l’autre bout du fil l’activiste Marie Dimanche à l’origine de ce groupe de pression qui s’est formé en février dernier. Le pays faisait alors face à une des grèves générales les plus importantes de son histoire.

 
Le scrutin de 2016, en plus d’un taux de participation de moins de 20 %, est reconnu par la communauté internationale pour avoir été entaché par de nombreuses irrégularités.
 
« Alors que la rue réclame la démission du président, le Canada doit entendre cette voix et accompagner cette demande en mettant fin à sa relation avec Jovenel Moïse », affirme Mme Dimanche.
Depuis près de deux semaines, les rues de la capitale Port-au-Prince sont sous tension. Des milliers de citoyens, à l’appel des partis d’opposition, sont descendus massivement pour réclamer la démission du président Jovenel Moïse, dont le mandat doit prendre fin en 2022. La pénurie d’essence, mais également l’augmentation de son prix, a donné du carburant à ce mouvement de contestation qui bloque l’ensemble des activités économiques et sociales.
 
« Le seul appui qu’a ce président pour le moment, c’est celui de la communauté internationale, résume le sociologue Jean-Claude Icart, chercheur à l’UQAM au sein de l’Institut d’études internationales de Montréal. La révolte s’amplifie dans un contexte de plus en plus difficile et tendu où tout peut déraper ».
 

Appel au dialogue

Haïti est placé actuellement face à une « situation dramatique et chaotique », a résumé l’ancien premier ministre et proche de l’actuel président, Evans Paul, cité par l’Associated Press.

 
Au début de la semaine, l’homme a rencontré en privé les représentants du Core Group, groupe des pays amis d’Haïti, dont le Canada fait partie avec la France, les États-Unis, qui, sans se prononcer sur le départ du président, ont appelé au dialogue entre les oppositions, le pouvoir en place et la société civile, a-t-il indiqué.
 
Le climat social se dégrade continuellement en Haïti depuis janvier dernier et la publication d’un rapport de la Cour des comptes sur le détournement des fonds du PetroCaribe prêté par le Venezuela à Haïti pour assurer le développement du pays.
 
D’anciens présidents et ministres sont ciblés par ces révélations qui font état d’infractions aux lois sur les marchés publics, de fraude fiscale, de contrats accordés sans description des travaux ni échéancier ou de dépassements de coûts sans factures explicatives.
 
Jovenel Moïse est mouillé par ce rapport. Les grandes manifestations de février réclamaient d’ailleurs sa démission tout comme une enquête publique. La présidence n’a acquiescé ni à l’une, ni à l’autre.
 
Politiquement, Jovenel Moïse semble dans l’impasse. Haïti n’a pas adopté de loi de finances, pour un deuxième exercice fiscal de suite, ce qui empêche toute planification économique et laisse présager un bilan financier catastrophique.
 
De plus, le Sénat n’a pas ratifié le choix de son nouveau premier ministre, Fritz William Michel, désigné en juillet dernier. L’homme est soupçonné d’avoir surfacturé l’État dans le cadre d’un contrat public et d’avoir acheté le vote de sénateurs pour faire passer sa déclaration de politique générale. L’Observatoire haïtien des droits humains (OHDH) a exigé sa démission en rappelant, dans une note publiée le 20 septembre, que « la corruption entrave le développement économique d’Haïti, compromet la démocratie, la justice sociale et l’État de droit ».
 

Élections reportées

 
Les élections législatives prévues le 27 octobre prochain devraient être reportées, faute de l’adoption d’une loi pour les encadrer.
 
Mercredi, une vingtaine d’écrivains haïtiens, dont Anthony Phelps, Yanick Lahens et Gary Victor, ont appelé le reste du monde à se préoccuper de la situation en Haïti, pour ne pas laisser Jovenel Moïse s’accrocher au pouvoir « au prix du sang du peuple, de la radicalisation et de la violence répressive », exposent-ils dans une lettre publiée dans le magazine français Le Point.
 

« Nous en appelons aux citoyens du monde. L’humanisme demande de choisir entre un peuple et un président, entre un peuple et ses bourreaux ».

 
Haïti est un des pays les plus pauvres du monde. Près de 60 % de la population vit en dessous du seuil de pauvreté, fixé en deçà de 2,41 $ par jour, selon la Banque mondiale. L’inflation a grimpé à 19 % en juillet et devrait dépasser les 20 % en octobre, selon les prévisions, soit un sommet depuis 2008. Cette mathématique va compliquer l’accès à des produits de base et accentuer les tensions.
 
Entre 2016 et aujourd’hui, sous le régime de Jovenel Moïse, le Canada a versé 702 millions en aide à Haïti pour des projets toujours en cours, selon les données officielles du gouvernement canadien, compilées par Le Devoir.
 
Source :  Microsoft.MSN

Robert Bibeau

Auteur et éditeur

4 réflexions sur “Haïti : le Canada complice!

  • Ça fait trop longtemps que Haiti est en proie à l’un des spectacles les plus cruels, les méprisants et les plus inhumains de la part de la communauté internationale, et ça fait trop longtemps que cette situation insoutenable, explosive et indigne envers ce pays et sa population est maintenue comme intentionnellement au milieu du continent Américain étant l’un des plus riche, sinon le plus riche de la planète ! et c’est abjecte et dégoûtant comme il n’y a pas de mots pour décrire cette non solidarité avec ce pays qui n’a plus aucune économie depuis le seisme meurtrier qui l’a frappé et détruit presque en entier !
    Pourquoi donc seul le Venezuela quand il pouvait encore se le permettre ait contribué à ce fond, et combien aurait-il pu contribué face aux besoins immenses de ce pays ou tout est à refaire ! Merci au Venezuela je veux bien, Mais voici le résultat, le peu qu’il a pu donner s’est envolé comme on s’y attendait justement car ce qui manque à ce pays c’est de rebâtir ces institutions avec l’aide de la communauté international pour instaurer un véritable état de droit qui soit comptable de toute aide ou accepter l’ingérence de la communauté international jusqu’au retour de l’équilibre et la reconstruction de l’économie si on voulait réellement aider ce pays !
    Haiti à besoin d’une conférence internationale ou siégeraient aussi bien ses représentants et ONG que les autres pays du monde avec comme projet d’établir un plan d’action qui couvre aussi bien les réformes institutionnelles que celles qui soit politiques et économiques si on est vraiment sérieux, qu’un fond international soit crée non pas avec des broutilles, mais quelques dizaines de milliards de dollars pour commencer et rebâtir le pays, le doter d’infrastructures, de ports, de routes et de services publics essentiels, en plus d’une véritable stratégie de formation et de qualification scolaire, et universitaire et technique en coopération avec les autres pays, et pourquoi ne pas en faire un hub maritime pour containers pour les états-unis et les caraïbes et les antilles, le doter de zones off shore pour le développement de commerce et de plateformes industrielles ou techniques et technologiques et l’aider à développer aussi bien le tourisme que les industries de service !
    Bref, face aux politiques migratoires racistes des états-unis et celles du Canada, et du Mexique aussi, ce pays qui ne fait rien d’autre que maintenir sa propre population dans la misère et barrer la route à ses voisins du sud de l’Amérique centrale et latine, aurait pu ouvrir ses coffres et ses frontières aussi pour quelques milliers de Haïtiens, tout comme ces îlots de luxe et de snobisme américaines ou britanniques et françaises dans le coin auraient pu ouvrir leur territoires à une main d’oeuvre qualifiée et abondante en Haiti ! mais tous, ne pensent qu’à entasser leurs milliards dans ces paradis fiscaux et exhiber sans complexe leurs richesses et leurs yachts de millionaires face à ces pauvres haïtiens qui crèvent de faim devant eux !
    Nous sommes au final tous interpellé face à la tragédie de ce pays tout comme on l’est face aux pays en guerre totalement sinistrés par celle-ci. Parfois il m’arrive de m’en vouloir devant un copieux repas aussi basique qu’il puisse être en ayant une pensée pour tous ces laissé pour compte, et ces affamés qu’on maintient dans la misère et la privation toute leur vie ! Si au moins il existait une mobilisation médiatique et dans les réseaux sociaux pour ce pays comme il se doit, je crois que les gens donneraient bien plus que ce que peuvent se permettre les états, mais là encore, on ne peut pas donner pour donner, il faut que la communauté internationale restaure l’état de droit et les institutions par la force si nécessaire et organiser la reconstruction pour que les dons aient un sens et aillent au bon endroit.
    Changer de président uniquement ne changera rien, et si ce pays est laissé à l’abandon encore pendant quelques années il ne sera pas étonnant de voir ce bilan sanitaire aussi bien que humanitaire bien pire que celui du séisme en fait s’aggraver encore plus ! je lance un appel aux bonnes consciences pour se mobiliser en faveur de la mobilisation des états et des gens ordinaires du monde entier pour ce pays ! et j’espère que les Haïtiens d’ici puissent mobiliser le Canada au moins pour faire promptement sa part !
    Enfin, la dernière conversation que j’ai eu à ce sujet avec un haïtien d’ici m’a laissé un arrière goût de désespoir, il m’a en fait expliqué comment les haïtiens d’ici sont eux même pris à la gorge et ayant toute la misère à joindre les deux bouts et combien l’individualisme et les problèmes de chacun absorbent ses compatriotes qui soient tellement désespéré pour leur pays qu’ils n’osent même plus en parler !

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    • Robert Bibeau

      @ SAM
      Il y a un mot très certainement que je n’endosse pas dans ton post = c’est celui D’INDIVIDUALISME
      Je connais bien Haiti et les haitiens et tu peux les accusés de toutes les calamités sauf d’individualisme
      On finit par le croire nous ici vivant en pays riche, tellement on ne comprend rien à ce qu’il vive la-bas. C’est plutôt une réaction biologique de survie et même dans la plus grande misère ils partagent leurs haillons avec leurs semblables. C’est une des sociétés les plus solidaires de la terre – c’est d’ailleurs la raison pour laquelle ce prolétariat n’a pas disparu malgré son histoire de misère inimaginable.
      Gloire au prolétariat haïtien résilient
      Un modèle pour l’humanité humiliée
      Robert Bibeau

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  • @ Robert
    Je n’accuse personne, ce ne sont pas mes mots mais ceux du chauffeur de taxi haïtien qui m’a ramené de l’aéroport qui a parlé d’individualisme…et si vous voulez des détails, il a même parlé des haïtiens Canadiens qui se construisent des maisons de luxe la-bas, mais qui n’en profitent même pas car selon lui, ils seraient dans les hôpitaux d’ici à se faire soigner d’on ne sait quoi ! il a en tous cas longuement abordé cet angle des gens de sa communauté qui espéraient vivre leur retraite là-bas mais n’y sont au final jamais allé !
    Par contre je n’ai pas besoin de lui pour savoir que des Haïtiens INDIVIDUALISTES et plein de pognon qui se la coulent douce ici et qu’il ne faut pas être devin pour deviner leur arrivisme sans se soucier de leurs propres familles! j’ai eu des Haïtiens pour collègues et amis et ils l’admettaient eux mêmes ! et je vous épargnerai de mentionner les boîtes de nuits et autres lieux mondains Montréalais ou ils ont leurs habitudes pour claquer plus de fric en une soirée que pourrait en gagner un travailleur haïtien en six mois ! l’Hôtel W et son  »lounge » branchés en sont un exemple parmi d’autres !
    Les haïtiens sont comme tout le monde, ils ont leur bonnes et mauvaises graines, et même s’il est vrai qu’en majorité ils sont très solidaires, c’est aussi une question de classes sociales, comme pour les autres peuples…bref. Merci de ne pas m’en vouloir, mais rien de ce que j’ai voulu dire dans mon premier commentaire autant que dans celui-là, n’accuse expressément cette communauté d’être moins solidaire qu’une autre…nous sommes juste assez pareils jusqu’à un certain point !
    Merci Robert.

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