Derrière l'histoire d'al-Baghdadi
Par Serge Charbonneau.
Le fameux EI avait un nom à coucher dehors lors de sa création. Oui, un nom vraiment « anti-marketing » : EIIL : l’État islamique en Irak et au Levant ! Qui donc pouvait se rappeler de ce nom ? Un nom vraiment improductif pour s’incruster dans l’imaginaire des gens ! Un nom qui ne pognait pas et ne se retenait pas. En anglais ISIS : Islamic State of Iraq and Sham ! Ouf !
Le fameux « État », qui n’en fut jamais un, a été créé pour tenter de parvenir à contrer à l’ONU les vétos répétitifs de la Chine et de la Russie qui bloquaient la bénédiction onusienne.
Alors qu’il était impossible aux envahisseurs occidentaux de refaire le coup de la Libye, puisque le prétexte du dictateur sanguinaire qui tue son peuple ne prenait plus, on espérait, par cette nouvelle création de l’EI, mettre en place une meilleure stratégie pour pouvoir enfin aller bombarder la Syrie avec la bénédiction d’une résolution onusienne semblable à celle qu’on avait obtenue pour aller sauvagement bombarder la Libye.
Mais peine perdue, la Chine et la Russie ont persisté à dire un NON solide à toute résolution permettant le bombardement sauvage de la Syrie. Il était donc impossible de déclencher une guerre « juste » et « bien vu » au niveau international. L’ONU ne parvenait pas à donner le feu vert aux tueurs de l’OTAN parce que la Chine et la Russie s’opposaient FERMEMENT.
Il fallait donc bonifier le prétexte à une invasion « humanitaire » (sic).
On a donc fait le coup des égorgements aux micros-cravates.
Et ce fut – La découverte « soudaine » de l’atrocité ! – [1]
C’était pourtant depuis la Libye (début 2011) que l’on voyait sur internet les vidéos des atrocités commises par des fous qui filmaient fièrement leurs exploits et les mettaient en ligne (vidéos aujourd’hui totalement disparus de YouTube et d’internet). On voyait qu’en Libye des fous dangereux pendaient par les pieds des citoyens aux fenêtres des édifices ou aux arbres et ces fous égorgeaient ces pauvres gens devant la caméra avec de longs couteaux de cuisine.
On voyait des têtes se faire « littéralement » trancher au couteau de cuisine et jeter dans des égouts. On voyait des ATROCITÉS innommables, incroyables qui nous sidéraient littéralement devant notre écran. Et aucun de nos médias ne dénonçait ces abominations.
Par leur silence, nos ordures médiatiques se rendaient complices de ces sordides crimes contre l’humanité.
Les tueurs gueulaient du « allah wakbar » et maniaient le couteau. Nos hypocrites occidentaux se sont servis de ces fous pour assassiner le guide Mouammar Kadhafi et saccager la Libye qui est devenue aujourd’hui une honte pour l’humanité.
Nos tueurs aériens ont bombardé en ne se salissant pas trop les mains. Ils appuyaient des airs ces bêtes sauvages qui égorgeaient les gens ou les jetaient vivants du haut des édifices. Nos ordures médiatiques et politiques ont chaleureusement félicité le commandant québécois de l’OTAN [2] pour l’assassinat de tout un peuple et la destruction du Pays le plus florissant d’Afrique.
Puis…
Nos ordures médiatiques et politiques qui cachaient les atrocités commises par leurs complices de terrain ont eu l’idée d’utiliser ces atrocités cachées. En révélant celles-ci, la tâche de les cacher n’était plus nécessaire. De plus, ces atrocités pouvaient permettre une nouvelle stratégie médiatique afin d’obtenir le consentement à la guerre de Syrie. Donc, tout à coup, pour contrer les vétos chinois et russes, les grands médias au service de la promotion de la guerre en Syrie nous ont fait « »découvrir »» l’atrocité.
Mais on nous a fait découvrir une atrocité artificielle, jouée avec micro-cravate et haute définition [1].
Pour nous expliquer la HD et le scénario recherché, on nous « informait » des talents de communicateur du service des Communications d’un nouvel « État » (sic) médiatiquement émergent ! [3] On mettait le paquet sur l’atrocité du couteau sur la gorge, mais sans le sang et sans la tête qui roule, seule, indépendante du corps sur lequel elle reposait. Le nouveau ministère des communications de l’État émergent nous ménageait (!).
On utilisait la HD et le micro-cravate, mais on laissait tomber le sang et la tête qui tombe, lorsqu’enfin bien coupée. Une attention bien particulière pour préserver notre sensibilité. Mais bon… la dose d’atrocité se complétait par notre imagination en ébullition.
C’était atroce ! Il fallait « agir » contre ces sanguinaires mis à la Une, partout, sur tous les journaux et dans toutes les télés.
On allait ainsi chercher le consentement populaire à la guerre contre la Syrie en montrant de l’atrocité. Et on découvrait aussi une brave nouvelle coalition que l’on insinuait distincte des fameux « amis de la Syrie » qui eux n’avaient qu’un but : déloger Assad ( AVANT la création médiatique du fameux État (sic) islamique, il y avait « Les Zamis de la Syrie » [4] ).
La nouvelle coalition du « bien » n’avait donc pas pour objectif de déloger Assad, mais de vaincre ces brutes « nouvelles » (sic) qui égorgeaient. Les « bons » oubliaient Assad et voulaient maintenant aller en Syrie pour combattre ces nouveaux (sic) monstres ! Dès que la coalition contre l’EI fut acceptée par l’opinion mondiale, les vidéos nécessaires pour la convaincre (l’opinion mondiale) ont totalement disparu ! Le talentueux service des communications de l’EI qui brillait pour dégouter et effrayer la communauté mondiale cessa ses activités ! C’est drôle, n’est-ce pas ! Ces communicateurs qui avaient tant de talent pour mettre en ligne ces images de qualités qui nous faisaient vomir l’émotion ! En vacances ! Disparus !
Eh ! Ben !
Et ce fut la poursuite de la longue et surtout toujours infructueuse fabrication du consentement pour faire la guerre à la Syrie [5].
Une « nouvelle » coalition fut formée par tous les Pays dits « démocratiques » et qui ne sont pas sanguinaires comme les dictatures religieuses du Golfe persique, Qatar et Arabie saoudite en tête ! Ces pays AMIS qui décapitent pourtant allègrement et publiquement ! [6] C’était donc devenu la guerre non pas contre Assad, mais contre ces monstres de l’EI. Cependant, étrangement, suite aux interventions de cette nouvelle coalition du « bien » en Syrie pour lutter contre le nouvel EI, on constatait que les égorgeurs avaient le chemin de plus en plus libre vers Damas [7]. Leurs méfaits, au lieu de s’atténuer, s’accentuaient.
En septembre 2015, à la demande du gouvernement syrien, la Russie décide de s’impliquer [8].
En quelques mois, la progression des égorgeurs fut stoppée net. Puis peu à peu, les Russes avec l’armée syrienne et des alliés iraniens et du Hezbollah libanais reprirent un a un tous les territoires syriens. On concentra les égorgeurs à Idlib [9] et au nord de la Syrie et on gagna lentement cette sale guerre déclenchée et menée par des hypocrites de la pire espèce.
Eh ! Oui ! Nous en sommes à peu près là. Il y aurait encore bien plus à dire concernant l’actualité syrienne. Il y a, récemment, le retrait des troupes US (sauf pour la région pétrolière) fait par Trump qui scelle ainsi la victoire russo-syrienne. Et finalement ce récit hollywoodien de la mort de Al-Bagdhadi qui élimine l’un des prétextes majeurs à ladite guerre contre « le terrorisme ».
Mais regardons encore le passé pour éclairer le présent. Je vous invite à lire la description faite en 2014 de la composition du fameux EI tant promu par nos ordures médiatiques. « Qui sont les égorgeurs qui nous amènent à consentir à ce qu’on déclenche la guerre contre Assad ? [10]»
Je crois que le temps nous permet d’encore mieux savourer ce texte.
Merci de réfléchir, vous questionner et participer à éclairer la réalité et à dénoncer la propagande et les réelles atrocités.
Salutations,
Serge Charbonneau
Québec
P.S.: Eh ! Oui ! Le discours d’Hassan Nasrallah a été effacé du web ! Cela fait partie de l’histoire. Les manipulateurs d’opinion effacent tout ce qui détruit leur propagande.
Liste des liens:
[1] James Foley – La découverte « soudaine » de l’atrocité !
https://www.agoravox.fr/actualites/international/article/james-foley-la-decouverte-soudaine-156223
[2] Aujourd’hui, c’est le bal des assassins !
https://www.legrandsoir.info/aujourd-hui-c-est-le-bal-des-assassins.html
[3] Décapitations, exécutions de masse: la terreur façon Etat islamique
https://www.bfmtv.com/international/decapitations-executions-de-masse-la-terreur-facon-etat-islamique-829247.html
[4] Réunion des Amis de la Syrie
https://www.journaldemontreal.com/2013/10/22/reunion-des-amis-de-la-syrie
[5] La fabrication du consentement pour les bombardements en Syrie
https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/la-fabrication-du-consentement-156587
[6] L’Arabie saoudite décapite en masse
Le royaume sunnite a exécuté 37 personnes accusées de « terrorisme », dont 33 chiites. L’une d’entre elles a même été crucifiée post-mortem.
https://www.lepoint.fr/monde/l-arabie-saoudite-decapite-en-masse-24-04-2019-2309365_24.php
[7] Comment l’État islamique a progressé depuis six mois
La zone contrôlée par les jihadistes, à cheval sur l’Irak et la Syrie, s’est agrandie entre mars et septembre 2015. Et ce malgré les bombardements de la coalition internationale.
https://www.francetvinfo.fr/monde/proche-orient/offensive-jihadiste-en-irak/carte-comment-a-evolue-le-territoire-de-l-etat-islamique-en-six-mois_1086381.html
[8] Intervention militaire de la Russie en Syrie
https://fr.wikipedia.org/wiki/Intervention_militaire_de_la_Russie_en_Syrie
[9] Syrie: des centaines de djihadistes de l’EI transférés à Idlib
https://www.lefigaro.fr/flash-actu/2018/09/24/97001-20180924FILWWW00382-syrie-des-centaines-de-djihadistes-de-l-ei-transferes-a-idlib.php
[10] Qui sont les égorgeurs qui nous amènent à consentir à ce qu’on déclenche la guerre contre Assad ?
https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/qui-sont-les-egorgeurs-qui-nous-156735
PEPE ESCOBAR EN RAJOUTE SUR mondialisation.ca et accrédite la fantaisie de la guerre perpétuelle contre le terrorisme comme prétexte des interventions des puissances impérialistes au Moyen-Orient chaotique … Nous reviendrons sur cette théorie.
Voici M. Escobar :
« Il est mort comme un chien. » Le président Trump n’aurait pas pu écrire une phrase plus percutante alors qu’il se préparait pour son gros plan à la Obama ben Laden devant le monde entier.
Abou Bakr al-Baghdadi, faux calife, chef d’ISIS/Daech, l’homme le plus recherché de la planète, a été «livré à la justice» sous le mandat de Trump. Le chien mort calife est maintenant positionné comme trophée gagnant en politique étrangère en vue de la réélection de 2020.
Les scènes-choc de l’inévitable film ou série Netflix à venir – aussi inévitablement que la mort et les impôts – sont déjà écrites. (Trump : « j’ai vu ça comme un film ».) Le couard ultra-terroriste coincé dans un tunnel sans issue, huit hélicoptères de combat planant au-dessus, des chiens aboyant dans l’obscurité, trois enfants terrifiés pris en otage, le couard fait exploser un gilet pare-balles, le tunnel s’effondre sur lui et les enfants.
Une équipe médico-légale de premier plan qui transporte des échantillons de l’ADN du faux calife fait apparemment son travail en un temps record. Les restes de la cible auto-explosée – scellés dans des sacs en plastique – le confirment : c’est Baghdadi. En pleine nuit, il est temps pour le commando de retourner à Irbil, un vol de 70 minutes au-dessus du nord-est de la Syrie et du nord-ouest de l’Irak. Fondu au noir : nous sommes à la conférence de presse de Trump. Mission accomplie. Générique.
Tout cela s’est passé dans une enceinte située à quelques 300 mètres du village de Barisha, à Idlib, dans le nord-ouest rural de la Syrie, à seulement 5 km de la frontière syro-turque. Le complexe n’existe plus : il a été transformé en gravats pour qu’il ne devienne pas le sanctuaire (syrien) d’un Irakien renégat.
Le calife, en fuite, était arrivé dans ce trou perdu rural seulement 48 heures avant le raid, selon les renseignements turcs. Une question sérieuse est de savoir ce qu’il faisait dans le nord-ouest de la Syrie, à Idlib – un chaudron de type Donbass en 2014 – que l’armée syrienne et la puissance aérienne russe attendent le bon moment pour éteindre.
Il n’y a pratiquement pas de jihadistes de ISIS/Daech à Irbil, mais beaucoup de Hayat Tahrir al-Sham, anciennement Jabhat al-Nusra, à savoir Al-Qaïda en Syrie, des noms connus à Washington sous le nom de « rebelles modérés », dont des brigades turkmènes hardcore précédemment armées par des renseignements turcs. La seule explication rationnelle est que le calife aurait pu identifier ce coin perdu d’Idlib près de Barisha, loin de la zone de guerre, comme un passeport secret idéal pour passer en Turquie.
Les Russes savaient ?
L’intrigue s’épaissit lorsque nous examinons la longue liste de « remerciements » de Trump pour le raid réussi. La Russie vient en premier, suivie de la Syrie – probablement des Kurdes syriens, et non de Damas – puis de la Turquie et de l’Irak. En fait, les Kurdes syriens n’ont été crédités que d’un « certain soutien », selon les mots de Trump. Leur commandant Mazloum Abdi, cependant, a préféré vanter le raid comme une « opération historique » grâce à un apport essentiel des renseignements kurdes syriens.
Dans la conférence de presse, Trump, qui s’étendait quelque peu sur ses remerciements, a derechef félicité la Russie (« grande » collaboration), et l’Irak avait été « excellent » : le Service national des renseignements irakiens a ensuite commenté le coup de chance qu’il avait obtenu via un Syrien qui avait fait passer en fraude les femmes de deux des frères de Baghdadi, Ahmad et Jumah, à Idlib via la Turquie.
Les forces spéciales américaines n’auraient jamais pu parvenir à cette réussite sans des renseignements complexes des Kurdes syriens, des Turcs et des Irakiens. De plus, le président Erdogan accomplit un autre chef-d’œuvre tactique, en assumant son rôle de grand allié dévoué de l’OTAN tout en laissant les reliquats d’Al-Qaïda trouver refuge à Idlib, sous l’œil vigilant des militaires turcs.
Significativement, Trump a dit à propos de Moscou : « Nous leur avons dit : « Nous arrivons »… et ils ont dit : « Merci de nous avoir prévenus. » Mais, « ils ne savaient rien sur la mission. »
C’est irréfutable. En fait, le ministère russe de la Défense, par l’intermédiaire de son porte-parole, le général de division Igor Konashenkov, a déclaré qu’il ne disposait « d’aucune information fiable sur des militaires américains menant une quelconque opération visant à « encore une autre » élimination de l’ancien chef de Daech Abou Bakr al-Baghdadi dans la partie de la zone de désescalade d’Idlib contrôlée par la Turquie. »
Et sur le « nous leur avons dit » de Trump, le ministère russe de la Défense a insisté : « Nous ne savons rien sur une quelconque autorisation de vol pour des avions américains dans l’espace aérien de la zone de désescalade d’Idlib au cours de cette opération. »
Selon des sources de terrain en Syrie, une rumeur répandue à Idlib est que le «chien mort» à Barisha pourrait être Abou Mohammad Salama, le chef du Haras al-Din, un sous-groupe mineur d’Al-Qaïda en Syrie. Haras al-Din n’a fait aucune déclaration à ce sujet.
ISIS/Daech a par ailleurs déjà désigné un successeur : Abdullah Qardash, alias Hajji Abdullah al-Afari, également irakien et ancien officier militaire de Saddam Hussein. Il est fort possible qu’ISIS/Daech et une myriade de sous-groupes et de variations d’Al-Qaïda en Syrie fusionnent à nouveau, après leur division de 2014.
Qui prend le pétrole ?
Il n’y a aucune explication plausible à ce qu’Abou Bakr al-Baghdadi, pendant des années, ait joui de la liberté de faire la navette entre la Syrie et l’Irak, en évitant toujours les formidables capacités de surveillance du gouvernement américain.
Mais il n’y a pas non plus d’explication plausible à ce fameux convoi de 53 Toyota Hi-Luxes blanches flambant neuves traversant le désert de la Syrie à l’Irak en 2014, avec à bord des jihadistes d’ISIS/Daech qui brandissaient leurs drapeaux sur le chemin de Mossoul, échappant également aux satellites américains censés couvrir le Moyen-Orient 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7.
Et il n’y a aucun moyen d’enterrer le mémo de la Defense Intelligence Agency (DIA) des États-Unis fuité en 2012, qui nommait explicitement « l’Occident, les monarchies du Golfe et la Turquie » en tant que pays désirant une « principauté salafiste » en Syrie (opposée, de manière significative, à la Russie, à la Chine et à l’Iran – les pôles clés de l’intégration eurasienne).
C’était bien avant l’irrésistible ascension d’ISIS/Daech. Le mémo de la DIA était sans équivoque : « Si la situation se dégrade, il est possible d’établir une principauté salafiste déclarée ou non déclarée dans l’est de la Syrie (Hasaka et Der Zor), et c’est exactement ce que veulent les puissances qui soutiennent l’opposition, afin d’isoler le régime syrien, qui est considéré comme stratégique pour l’expansion chiite (Irak et Iran).
Il est vrai que le faux calife a été proclamé absolument mort au moins cinq fois, à partir de décembre 2016. Pourtant, le moment, aujourd’hui, est on ne peut plus opportun.
Les faits sur le terrain, après le dernier accord majeur négocié par la Russie entre les Turcs et les Kurdes syriens, montrent clairement que le rétablissement de l’intégrité territoriale de la Syrie est en bonne voie, lente mais sûre. Il n’y aura pas de balkanisation de la Syrie. La dernière poche qui reste à délivrer des jihadistes est Irbil.
Et puis, il y a la question du pétrole. Le film « il est mort comme un chien » enterre littéralement – du moins pour l’instant – une histoire extrêmement gênante : le Pentagone déploie des chars pour «protéger» les champs de pétrole syriens. C’est tout aussi illégal, selon toutes les interprétations possibles du droit international, que la présence même en Syrie de troupes américaines, qui n’ont jamais été invitées par le gouvernement de Damas.
Des négociants en pétrole du Golfe Persique m’ont dit qu’avant 2011, la Syrie produisait 387 000 barils de pétrole par jour et en vendait 140 000, soit l’équivalent de 25,1% des revenus de Damas. Aujourd’hui, les champs d’Omar, al-Shadadaddi et Suwayda, dans l’est de la Syrie, ne produiraient pas plus de 60.000 barils par jour. C’est pourtant essentiel pour Damas et pour le « peuple syrien » tant admiré à Washington – ce sont les propriétaires légitimes du pétrole.
Les Unités de protection du peuple (YPG), pour la plupart kurdes, ont en fait pris le contrôle militaire de Deir er-Zor alors qu’elles combattaient ISIS/Daech. Pourtant, la majorité de la population locale est Arabe sunnite. Ils ne toléreront jamais la moindre suggestion d’une domination kurde syrienne de long terme – et encore moins en tandem avec une occupation américaine.
Tôt ou tard, l’armée syrienne arrivera, avec l’appui de la puissance aérienne russe. L’État profond le pourrait, mais Trump, dans une année électorale, ne risquerait jamais une guerre ouverte pour quelques champs de pétrole illégalement occupés.
Au final, le film « Il est mort comme un chien » peut être interprété comme un tour d’honneur, et la fermeture d’un arc narratif qui languissait depuis 2011. Lorsqu’il a « abandonné » les Kurdes des Forces démocratiques syriennes, Trump a effectivement enterré la question du Rojava – à savoir un Kurdistan syrien indépendant.
La Russie est au pouvoir en Syrie – sur tous les fronts. La Turquie s’est débarrassée de sa paranoïa sur le « terrorisme » – toujours à diaboliser le PYD kurde syrien et sa branche armée, l’YPG en tant qu’émanations des séparatistes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) en Turquie – et cela pourrait aider à résoudre la question des réfugiés syriens. La Syrie est en passe de récupérer tout son territoire.
Le film « Il est mort comme un chien » peut aussi être interprété comme la liquidation d’un atout autrefois utile, parce que c’était un élément précieux de la corne d’abondance des USA, la guerre mondiale perpétuelle contre le terrorisme. D’autres épouvantails, et d’autres films attendent.
Pepe Escobar
Excellent survol.
Merci Pépé Escobar.
@ Serge
En complément de : http://www.les7duquebec.com/7-au-front/un-film-de-la-cia-il-est-mort-comme-un-chien-en-vedette-trump-et-al-baghdadi/