La Constitution « populaire » de 1793 en France
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11.11.2019. Constitution -English-Italiano-Portuguesa-Spanish
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Ce texte est le deuxième volet de l’article publié lundi 4 novembre 2019 sur le Webmagazine Les 7 Du Québec http://www.les7duquebec.com/7-au-front/de-la-republique-jacobine-a-la-dictature-thermidorienne/ , sous le titre De la république jacobine à la dictature thermidorienne. Les deux textes ont été publiés initialement dans un journal électronique algérien.
« Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est pour le peuple le plus sacré et le plus indispensable des devoirs », dixit Maximilien de Robespierre, à la Convention nationale, le 10 juillet 1794.
Partant du principe que toutes les expériences et œuvres politiques révolutionnaires (toute grande œuvre politique ou culturelle transcende les frontières et demeure intemporelle), par leur dimension universelle, appartiennent à l’héritage commun de l’humanité, particulièrement sa frange dominée (les classes opprimées), j’ai considéré qu’il est de mon devoir de porter à la connaissance des lecteurs, dans cet esprit intellectuel de partage du savoir et de souci didactique, pour compléter mon précédent article (1), la prodigieuse œuvre des grands révolutionnaires français désignés sous le nom de Montagnards (2), à savoir la Constitution du 24 juin 1793 : cette populaire Constitution délibérément ignorée de l’Histoire. Et pour cause. En dépit du caractère bourgeois de la révolution de 1789, par l’implication massive des classes populaires défendant leurs intérêts de classe, durant la phase d’exacerbation de la lutte insurrectionnelle au cours des années 1792-1794, ces classes populaires se sont érigées en force dominante leur permettant d’élaborer une Constitution démocratique sociale ; terrifiante d’égalité économique pour les riches ; comminatoire de libertés politiques populaires pour les dictateurs.
Parmi les différents articles de la Constitution, certains sont remarquables par leur portée révolutionnaire et leur maturité politique précoce. En effet, un siècle avant l’instauration de l’école obligatoire et gratuite par les lois 1881-82 de Jules Ferry, les Montagnards avaient inscrit ce principe dans leur Constitution populaire. Principe abrogé par la constitution aristocratique thermidorienne de 1795. De même, pour l’article 21, plus d’un siècle et demi avant l’institutionnalisation du régime de protection sociale (la fameuse sécurité sociale instituée seulement au milieu du XXe siècle), les Montagnards l’avaient inscrite dans la Constitution de juin 1793. L’article 21 stipule : « Les secours publics sont une dette sacrée. La société doit la subsistance aux citoyens malheureux soit en leur procurant du travail, soit en assurant les moyens d’exister à ceux qui sont hors d’état de travailler ». Principe supprimé dans la Constitution thermidorienne de 1795.
Pareillement, l’article 35 énonce que le peuple dispose du droit à l’insurrection en cas des violations de ses droits. Article 35 : « Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est pour le peuple, et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs ». Principe abrogé dans la Constitution de 1795.
Ainsi, le 24 juin 1793, la Convention a adopté et promulgué la Constitution de l’An I, la première Constitution républicaine française. Dans le préambule de la Constitution est énoncée la Déclaration des droits complétant celle du 26 août 1789. Assurément, la Constitution montagnarde de 1793 s’est singularisée par l’élargissement des droits. En effet, aux simples droits formels individuels bourgeois proclamés en 1789, la Constitution de 1793 a inclus les droits économiques et sociaux réels tels que le droit au travail, droit à la protection sociale, droit à l’instruction. Force est de relever que certains articles conservent une remarquable actualité.
Par ailleurs, en prolongation des dispositions économiques et sociales favorables aux intérêts des classes populaires, au plan politique la Constitution de 1793 a instauré le suffrage universel masculin, suffrage auparavant censitaire. Elle a adopté également des mesures constitutionnelles instituant une forme de démocratie semi-directe. Parmi ces dispositions figure cette loi accordant le droit à un dixième au moins des électeurs représentant la moitié plus un des départements de soumettre à référendum toute loi votée par le corps législatif. La nouveauté révolutionnaire de cette Constitution réside dans la concentration des pouvoirs au profit du corps législatif. Effectivement, la prééminence du pouvoir législatif sur le pouvoir exécutif est constitutionnellement consacrée. C’est au corps législatif que revient la fonction d’élire le Conseil exécutif (équivalent du gouvernement) sur une liste de noms, lisez bien chers lecteurs, présentés par les électeurs, autrement dit les citoyens. De sorte que le pouvoir exécutif émane directement à la fois du peuple et de l’Assemblée. Cela confirme que les périodes révolutionnaires marquées par la prééminence des classes populaires sont propices à l’effervescence extraordinaire de créativité politique, d’inventivité gouvernementale, d’audace militante et revendicative inégalées, d’exigence d’émancipation humaine radicale ; comme cela s’est produit lors de la Commune de Paris et de la Révolution russe.
Cependant, pour tempérer à regret notre enthousiasme, la France révolutionnaire jacobine étant engagée dans la guerre contre les monarchies d’Europe coalisées contre la toute jeune République, l’application de cette Constitution a été ajournée jusqu’au retour présumé de la paix. Néanmoins, malencontreusement, cette Constitution populaire n’a pas eu l’occasion de s’appliquer. Effectivement, Thermidor (3) a assassiné dans l’œuf la Constitution de 1793 et, singulièrement, toutes les espérances économiques et sociales populaires contenues dans cette Constitution.
Au reste, longtemps, au cours de l’histoire, malgré sa non-application, la Constitution de 1793 a joui d’un grand prestige parmi les révolutionnaires et les forces politiques de gauche, notamment au sein du mouvement ouvrier. Les mouvements révolutionnaires se sont longtemps réclamés partisans de la Constitution de 1793, des idéaux de justice et d’égalité contenus dans cette Constitution, qui demeure la plus démocratique jamais adoptée en France.
De toute évidence, dès la première lecture de la Constitution de 1793, on mesure la hardiesse et la radicalité de ce texte constitutionnel. Aussitôt, à la lecture des 35 articles, elle suscite l’admiration. Elle force le respect. Particulièrement pour ses dispositions relatives aux droits sociaux : droit au travail, droit à l’instruction (on est encore au XVIIIe siècle, une telle mesure est pionnière en la matière à l’échelle mondiale), droit à la protection sociale. Mais aussi particulièrement pour son fameux droit de résistance à l’oppression, accordant au peuple le droit légitime à l’insurrection contre un gouvernement violant les droits du peuple.
« Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est pour le peuple […], le plus sacré et le plus indispensable des devoirs ». Mais également particulièrement pour le droit de contrôle direct octroyé au peuple, pour la révocabilité des dirigeants, pour l’éphémirité et l’amovibilité des fonctions publiques. Plus de 230 ans après sa promulgation, cette Constitution demeure encore d’une brûlante acuité. Sans entrer dans une analyse scrupuleuse de ce texte constitutionnel fondamental, à considérer seulement certains principes radicalement démocratiques inclus dans cette Constitution emblématique, on peut postuler qu’elle demeure de nos jours encore une référence pour notre société car elle porte l’empreinte de son caractère de classe populaire et de sa dimension égalitaire.
Parmi les arguments favorables militant pour cette Constitution toujours d’une grande acuité émerge la prééminence accordée au corps législatif. En effet, la subordination du pouvoir exécutif devant le corps législatif est consacrée par ce texte constitutionnel. En matière de gouvernement, la Constitution de 1793 plaçait toute l’autorité réelle dans le corps législatif, émanation de la souveraineté populaire. Cependant, les pouvoirs du Corps législatif étaient bornés par les pouvoirs liés à la souveraineté populaire des citoyens.
De fait, les citoyens disposaient du pouvoir d’intervenir directement dans l’exercice du pouvoir législatif. Toute loi votée par le corps législatif n’avait qu’une valeur de proposition, car soumise ensuite à l’approbation tacite des citoyens. La loi devait être «sanctionnée» (c’est-à-dire acceptée) par les citoyens. Évidemment, les citoyens ne procédaient pas chaque semaine à l’organisation d’un référendum en vue de se prononcer sur la validité de la loi votée par le corps législatif. Le consentement des citoyens était tacite si la loi votée par le Corps législatif ne soulevait pas de contestations dans un délai de quarante jours. Dans le cas contraire, un vote devait être réorganisé. Et, dès lors, les citoyens partageaient avec leurs députés l’exercice du pouvoir législatif. Il s’agissait d’une sorte de « démocratie directe ».
En ces temps des crises politiques et économiques, des tyrannies financières et étatiques, des dominations des élites politiques inamovibles et des experts autoproclamés, des dictatures des pouvoirs exécutifs et présidentiels indéboulonnables, pour nous limiter à l’Algérie, il est du devoir du peuple laborieux algérien d’unir ses forces pour s’inspirer de cette expérience historique des classes populaires françaises de 1793, entrées en scène par la « gauche » en imprimant à leur soulèvement insurrectionnel une orientation « prolétarienne ». Aujourd’hui, il revient au prolétariat algérien de doubler le soulèvement populiste bourgeois actuel par la gauche en imposant son programme radical politique d’émancipation social en rupture avec le capitalisme.
Voici l’intégralité de la Constitution :
Constitution du 24 juin 1793. Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen
Le peuple français, convaincu que l’oubli et le mépris des droits naturels de l’Homme sont les seules causes des malheurs du monde, a résolu d’exposer dans une déclaration solennelle ces droits sacrés et inaliénables afin que tous les citoyens, pouvant comparer sans cesse les actes du gouvernement avec le but de toute institution sociale, ne se laissent jamais opprimer, avilir par la tyrannie ; afin que le peuple ait toujours devant les yeux les bases de sa liberté et de son bonheur ; le magistrat, la règle de ses devoirs ; le législateur, l’objet de sa mission. En conséquence, il proclame, en présence de l’Être suprême, la Déclaration suivante des droits de l’Homme et du citoyen.
Article 1. – Le but de la société est le bonheur commun. – Le gouvernement est institué pour garantir à l’homme la jouissance de ses droits naturels et imprescriptibles.
Article 2. – Ces droits sont l’égalité, la liberté, la sûreté, la propriété.
Article 3. – Tous les hommes sont égaux par la nature et devant la loi.
Article 4. – La loi est l’expression libre et solennelle de la volonté générale ; elle est la même pour tous soit qu’elle protège, soit qu’elle punisse ; elle ne peut ordonner que ce qui est juste et utile à la société ; elle ne peut défendre que ce qui lui est nuisible.
Article 5. – Tous les citoyens sont également admissibles aux emplois publics. Les peuples libres ne connaissent d’autres motifs de préférence, dans leurs élections, que les vertus et les talents.
Article 6. – La liberté est le pouvoir qui appartient à l’homme de faire tout ce qui ne nuit pas aux droits d’autrui : elle a pour principe la nature ; pour règle la justice ; pour sauvegarde la loi ; sa limite morale est dans cette maxime : ne fais pas à un autre ce que tu ne veux pas qu’il te soit fait.
Article 7. – Le droit de manifester sa pensée et ses opinions soit par la voie de la presse, soit de toute autre manière, le droit de s’assembler paisiblement, le libre exercice des cultes, ne peuvent être interdits. La nécessité d’énoncer ces droits suppose ou la présence ou le souvenir récent du despotisme.
Article 8. – La sûreté consiste dans la protection accordée par la société à chacun de ses membres pour la conservation de sa personne, de ses droits et de ses propriétés.
Article 9. – La loi doit protéger la liberté publique et individuelle contre l’oppression de ceux qui gouvernent.
Article 10. – Nul ne doit être accusé, arrêté ni détenu, que dans les cas déterminés par la loi et selon les formes qu’elle a prescrites. Tout citoyen, appelé ou saisi par l’autorité de la loi, doit obéir à l’instant ; il se rend coupable par la résistance.
Article 11. – Tout acte exercé contre un homme hors des cas et sans les formes que la loi détermine est arbitraire et tyrannique ; celui contre lequel on voudrait l’exécuter par la violence a le droit de le repousser par la force.
Article 12. – Ceux qui solliciteraient, expédieraient, signeraient, exécuteraient ou feraient exécuter des actes arbitraires seraient coupables, et doivent être punis.
Article 13. – Tout homme étant présumé innocent jusqu’à ce qu’il ait été déclaré coupable, s’il est jugé indispensable de l’arrêter, toute rigueur qui ne serait pas nécessaire pour s’assurer de sa personne doit être sévèrement réprimée par la loi.
Article 14. – Nul ne doit être jugé et puni qu’après avoir été entendu ou légalement appelé, et qu’en vertu d’une loi promulguée antérieurement au délit. La loi qui punirait les délits commis avant qu’elle existât serait une tyrannie ; l’effet rétroactif donné à la loi serait un crime.
Article 15. – La loi ne doit décerner que des peines strictement et évidemment nécessaires : les peines doivent être proportionnées au délit et utiles à la société.
Article 16. – Le droit de propriété est celui qui appartient à tout citoyen de jouir et de disposer à son gré de ses biens, de ses revenus, du fruit de son travail et de son industrie.
Article 17. – Nul genre de travail, de culture, de commerce ne peut être interdit à l’industrie des citoyens.
Article 18. – Tout homme peut engager ses services, son temps mais il ne peut se vendre, ni être vendu ; sa personne n’est pas une propriété aliénable. La loi ne reconnaît point de domesticité ; il ne peut exister qu’un engagement de soins et de reconnaissance entre l’homme qui travaille et celui qui l’emploie.
Article 19. – Nul ne peut être privé de la moindre portion de sa propriété sans son consentement, si ce n’est lorsque la nécessité publique légalement constatée l’exige, et sous la condition d’une juste et préalable indemnité.
Article 20. – Nulle contribution ne peut être établie que pour l’utilité générale. Tous les citoyens ont le droit de concourir à l’établissement des contributions, d’en surveiller l’emploi, et de s’en faire rendre compte.
Article 21. – Les secours publics sont une dette sacrée. La société doit la subsistance aux citoyens malheureux soit en leur procurant du travail, soit en assurant les moyens d’exister à ceux qui sont hors d’état de travailler.
Article 22. – L’instruction est le besoin de tous. La société doit favoriser de tout son pouvoir les progrès de la raison publique, et mettre l’instruction à la portée de tous les citoyens.
Article 23. – La garantie sociale consiste dans l’action de tous, pour assurer à chacun la jouissance et la conservation de ses droits ; cette garantie repose sur la souveraineté nationale.
Article 24. – Elle ne peut exister, si les limites des fonctions publiques ne sont pas clairement déterminées par la loi, et si la responsabilité de tous les fonctionnaires n’est pas assurée.
Article 25. – La souveraineté réside dans le peuple ; elle est une et indivisible, imprescriptible et inaliénable.
Article 26. – Aucune portion du peuple ne peut exercer la puissance du peuple entier mais chaque section du souverain assemblée doit jouir du droit d’exprimer sa volonté avec une entière liberté.
Article 27. – Que tout individu qui usurperait la souveraineté soit à l’instant mis à mort par les hommes libres.
Article 28. – Un peuple a toujours le droit de revoir, de réformer et de changer sa Constitution. Une génération ne peut assujettir à ses lois les générations futures.
Article 29. – Chaque citoyen a un droit égal de concourir à la formation de la loi et à la nomination de ses mandataires ou de ses agents.
Article 30. – Les fonctions publiques sont essentiellement temporaires ; elles ne peuvent être considérées comme des distinctions, ni comme des récompenses mais comme des devoirs.
Article 3 1. – Les délits des mandataires du peuple et de ses agents ne doivent jamais être impunis. Nul n’a le droit de se prétendre plus inviolable que les autres citoyens.
Article 32. – Le droit de présenter des pétitions aux dépositaires de l’autorité publique ne peut, en aucun cas, être interdit, suspendu, ni limité.
Article 33. – La résistance à l’oppression est la conséquence des autres droits de l’Homme.
Article 34. – Il y a oppression contre le corps social lorsqu’un seul de ses membres est opprimé. Il y a oppression contre chaque membre lorsque le corps social est opprimé.
Article 35. – Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est, pour le peuple et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs.
« L’idée d’un grand peuple se gouvernant lui-même était si noble qu’aux heures de difficulté et de crise, elle s’offrait à la conscience de la nation. Une première fois, en 1793, le peuple de France avait gravi cette cime, et il y avait goûté un si haut orgueil que, toujours sous l’apparent oubli et l’apparente indifférence, le besoin subsistait de retrouver cette émotion extraordinaire », Jean Jaurès, Discours à la jeunesse, lycée d’Albi, 30 juillet 1903.
Notes
- De la République jacobine à la dictature thermidorienne, publié sur le Webmagazine Les7duQuébec,le 04 novembre 2019. http://www.les7duquebec.com/7-au-front/de-la-republique-jacobine-a-la-dictature-thermidorienne/
- Pendant la Révolution française de 1789, les Montagnards ont formé un groupe d’hommes politiques républicains qui siégeaient à l’Assemblée législative et à la Convention. Les personnalités les plus influentes étaient Danton, Marat et Robespierre. Pour sauver la Révolution attaquée de l’intérieur (soulèvement vendéen) et de l’extérieur (première coalition), les Montagnards, bien que d’origine bourgeoise, ont accepté de s’appuyer sur les Sans-culottes parisiens. Pour cela, ils ont consenti de céder à une partie des revendications politiques, économiques et sociales des Sans-culottes. En outre, les Montagnards étaient appelés ainsi car ils siégeaient en haut de l’Assemblée.
- Se reporter à la note 1 de mon précédent article intitulé : De la République jacobine à la dictature thermidorienne, traitant du même sujet, publié sur le Webmagazine Les7duQuébec,le 04 novembre 2019. http://www.les7duquebec.com/7-au-front/de-la-republique-jacobine-a-la-dictature-thermidorienne/
Dès l’article 2 ça s’est mis à partir en couille …..
En fait, dès l’article 1, ça s’est mis à partir en ouille…
Article 1. : Le but de la société est le bonheur commun : Bien !
Le gouvernement est institué pour garantir à l’homme la jouissance de ses droits naturels et imprescriptibles = Si l’on prend la peine de lire Jean-Paul Marat, on comprend que cela est totalement impossible !
https://jbl1960blog.files.wordpress.com/2018/08/nouvelle-version-pdf-les-chaines-de-lesclavage-de-jean-paul-marat-1774.pdf
« Le Mal est dans la chose même et le remède est violent. Il faut porter la cognée à la racine. Il faut faire connaître au peuple ses droits et l’engager à les revendiquer ; il faut lui mettre les armes à la main, se saisir dans tout le royaume des petits tyrans qui le tiennent opprimé, renverser l’édifice monstrueux de notre gouvernement, en établir un nouveau sur une base équitable. Les gens qui croient que le reste du genre humain est fait pour servir à leur bien-être n’approuveront pas sans doute ce remède, mais ce n’est pas eux qu’il faut consulter ; il s’agit de dédommager tout un peuple de l’injustice de ses oppresseurs. »
Les chaînes de l’esclavage, c’est le premier développement, également antérieur à 1789, des positions révolutionnaires de Marat.
Quand on lit « Les chaînes de l’esclavage » que Marat écrivit une quinzaine d’années AVANT la révolution de 1789, on comprend qu’il était le véritable visionnaire de cette révolution, il avait la confiance du peuple, des sections communales, il avait la vision et l’aura pour faire court-circuiter le système étatique et le capitalisme en marche. C’était l’homme à abattre qui ne pouvait être guillotiné comme l’escroc Danton ou l’autocrate intègre Robespierre. Marat était la hantise de la bourgeoisie ayant accédé au pouvoir, son erreur pour moi et R71 notamment pour en avoir discuté et comme beaucoup en pareilles circonstances, il a voulu piloter le changement de l’intérieur, ce qui est im-pos-si-ble. Il aurait dû se retirer, se concentrer sur les sections en faisant diffuser « L’ami du peuple » partout pour consolider les sections sur tout le territoire. Le peuple aurait repris la barre. Marat savait que la « république » était un leurre oligarchique. Dans les chaînes de l’esclavage, il parle des « princes » (le livre se veut être l’anti-« Prince » de Machiavel…) parce qu’en 1774, il n’y avait que ça. À la lecture, il faut remplacer le mot « princes » par « gouvernants » et la vision s’élargit d’un coup…
C’est parce que de plus en plus nombreux nous pensons qu’il n’y a pas de solutions au sein de ce Système, qu’il n’est pas possible de le réformer, de l’intérieur, comme le croyait Marat, et parce que les psychopathes aux manettes depuis 1690 avec la famille Rothschild et la création de la City de Londres que nous savons être le cœur de l’Empire dont Macron est la parfaite créature pour réactiver le Plan qui est, une nouvelle fois de pousser le peuple vers une Révolution type 1789, alors que nous avons compris que le pouvoir nous a été retiré dès ce moment, mais surtout que rien nous empêche de le reprendre, en refusant, tout simplement, de cautionner l’infamie de cette escroquerie « démocratique » et en nous associant librement, en formant la fédération des communes libres.
C’est, nous le pensons, la seule issue véritablement démocratique, qui avait été initiée avec les sections communales entre 1790 et 1793 et qui fut mis à bas par les Jacobins bourgeois terrifiés de perdre le pouvoir oligarchique mis en place ► https://jbl1960blog.wordpress.com/2018/08/04/les-chaines-de-lesclavage-jean-paul-marat-1774-nouvelle-version-pdf/
C’est Jean-Paul Marat « L’ami du Peuple » qui avait écrit ceci ; Le gouvernement est l’ennemi du peuple
Il est une vérité éternelle dont il est important de convaincre les hommes : c’est que le plus mortel ennemi que les peuples aient à redouter est le gouvernement. À la honte éternelle des princes de la terre et de leurs ministres, presque toujours les chefs qu’une nation se choisit pour assurer sa liberté ne songent qu’à lui forger des fers ; presque toujours les mains auxquelles elle a remis le soin de sa félicité ne s’occupent qu’à consommer son malheur. Telle est l’ardeur de la soif de dominer que les hommes les mieux famés lui sacrifient jusqu’à leur réputation. Vous l’avez vu ce monstre autrefois populaire, jaloux de commander, oublier la justice, le devoir, l’honneur, presser continuellement le travail sur les impositions et le rétablissement du pouvoir exécutif, c’est-à-dire du pouvoir de la tyrannie, pousser le prince à n’accorder qu’à cette condition son consentement aux décrets de l’Assemblée nationale et à se montrer en despote. Vous les avez vus pareillement, ces hommes petits et vains que nous avons honorés de notre confiance, oublier au bout de quelques jours qu’ils dépendent de nous, s’ériger en tyranneaux, et pousser la folie jusqu’à vouloir maltraiter leur maître avant que l’Ami du peuple les remît à leur place.
Textes de Jean Paul Marat ► “L’Ami du Peuple” (extraits 1789-1792) dans ► https://jbl1960blog.wordpress.com/2016/10/29/aucun-gouvernement-nest-un-ami/
JBL
@ JBL
Le concept de DROIT que ce soit populaire, populiste, du peuple tout entier, de l’espèce humaine, des animaux, etc. est strictement social = c’est-à-dire collectif et non naturel – dans le sens d’originaire de la NATURE vu comme une abstraction immanente au-dessus des classes sociales.
Ainsi, le droit d’une fourmis travailleuses c’est de transporter les feuilles vers la fourmilière = un point c’est tout. Et le droit de la fourmis guerrière c’est de tuer tout insecte et toute fourmis qui n’assume pas son droit à travailler pour la fourmilière.
La race animale humaine se croit au-dessus de ces contingences pour la simple raison qu’elle se croit dotée de la raison = Voyez l’article UN où la convention proclame que LE BUT DE LA SOCIÉTÉ EST LE BONHEUR COMMUN (SIC) (:-))
Ce qu’il faut être petit bourgeois pour ergoter de telles fadaises
LE BUT DE LA SOCIÉTÉ HUMAINE EST D’ORGANISER, de PLANIFIER et de réaliser LA REPRODUCTION DE L’ESPÈCE HUMAINE envers et contre tout – y compris contre tout segment de l’espèce qui par ses actes met en péril l’atteinte de ce but ultime naturel et donc social.
C’est le fondement de notre croyance dans la mission de la classe sociale prolétarienne qui un jour devra balayer la forme sociale de la propriété et de l’État bourgeois qui mettent en péril la survie de l’espèce
Le reste n’est qu’élucubration d’intellos petits-bourgeois.
Robert Bibeau http://www.les7duquebec.com
Il est une erreur, une grave erreur que de dire sans valeur l’article 35 de la Constitution de 1793, voir l’explication sur :
http://www.louisgaiffefr/415494413 et spécialement le premier courrier
La dénommée Sevin Rey-Sahin est un crétine et une traîtresse, unelâche ! Elle a fait paraître en son nom et affirmé que l’article 35 de laConstitution du 24 juin 793 n’avait plus de valeur. Elle ne pouvait avoir qu’unbut, donner tort aux Gilets Jaunes, leur faire craindre les foudres de la loi pénale
parmi une bonne vingtaine dans lesquels je combats les médias aux ordres qui à la demande du gouvernement tentent de faire croire en la non-valeur de l’article 35.
Il y a une erreur dans le lien, veuillez lire http://www.louisgaiffe.fr/415494413
Et 100 ans plus tard, avec sa gouaille et une truculence bin Titi, qui m’a touchée tout particulièrement, née à Paname et parlant aussi bien l’argot que le verlan, c’est l’Émile Pouget, dit le Père Peinard qui naviguait sur la Grand Mare des Canards qui dénonça « Le Muselage Universel » ► https://jbl1960blog.files.wordpress.com/2018/07/textes-choisis-anarchistes-du-pc3a8re-peinard.pdf
page 32 ; Y a pas à tortiller : cette vaste blague de la souveraineté populaire est tombée rudement à pic pour nous faire perdre le nord. Sans elle on serait arrivé à comprendre que le gouvernement est une mécanique dont tous les rouages fonctionnent dans le but de serrer la vis au populo ; puis, avec deux liards de réflexion, on aurait conclu que le meilleur usage qu’on puisse faire de cette affreuse machine, c’est de la foutre au rencard.
On en serait venu à conclure que pour avoir ses coudées franches, pour vivre sans emmerdements, faut se passer de gouvernement.
Tandis que, grâce à l’embistrouillage de la souveraineté populaire, on a eu un dada tout opposé : on a cherché, — et des niguedouilles cherchent encore, — à modifier la mécanique gouvernementale de façon à la rendre profitable au populo.
Comme d’autres se sont attelés à la découverte du mouvement perpétuel ou de la quadrature du cercle, certains se sont mis à la recherche d’un bon gouvernement. Les malheureux ont du temps à perdre ! Il serait en effet plus facile de dégotter la boule carrée ou de faire sortir des crocodiles d’un œuf de canard que de mettre la main sur un gouvernement qui ne fasse pas de mistoufles au pauvre monde. (Comment ne pas penser au RIC)
Et encore page 37 ; Viennent ensuite les carrés des élus : celui des socialistes est le plus maigre ; celui des réacs le suit, puis celui des radicaux. Faisant la loi à tous ceux-là nous tombons ensuite dans le trou à fumier des opportunards et des ralliés : c’est eux les plus forts, et c’est eux qui gouvernent… et ils ne sont pas le quart des votards.
Et encore, foutre, faut-il pas crier trop haut qu’ils gouvernent ! Les 300 bouffe-galette qui représentent ces 2. 300.000 votards ont en effet à balancer les 270 birbes des diverses oppositions. Seulement, y a de tels mic-macs à l’Aquarium que la plupart du temps, les députés se fichent de l’opinion de leurs électeurs autant qu’un poisson d’une pomme.
Ils votent suivant les ordres d’un ministre ou les ordres d’un distributeur de chèques. De sorte que ces 2.300.000 andouilles qui ont voté pour des bouffe-galette de la majorité, n’ont — même pas eux ! — la veine d’être représentés selon leur cœur.
En dernier ressort, c’est une douzaine de crapules qui gouvernent la France : des ministres comme Rouvier, Bailhaut ou Dupuy, des distributeurs de chèques comme Arton ou des banquiers comme Rothschild. (Ce texte date de 1896 !)
Dans ► https://jbl1960blog.wordpress.com/2018/07/23/maj-du-23-07-19-des-textes-choisis-anarchistes-du-pere-peinard-en-version-pdf-gratos-offerte-par-la-mere-peinarde/
JBL
Et pour finir, même si Proudhon n’allait pas assez loin, son système fédératif est une sorte de compromis entre l’État coercitif et la société anarchiste complète ► https://jbl1960blog.wordpress.com/2018/07/16/lessentiel-de-pierre-joseph-proudhon-en-version-pdf/
On peut dire que Proudhon est un peu le « maillon » faible de la pensée anarchiste, car Proudhon s’est fait élire député, même s’il ne resta que 6 mois à l’Assemblée Nationale avant de démissionner, il n’en a pas moins cautionné le système électoral qu’il dénonçait fort bien et très justement pourtant ► https://jbl1960blog.files.wordpress.com/2018/07/9f7aa-proudhon.jpg
Reste que tous ces ouvrages sont à (re)lire, partager, diffuser car une très bonne introduction à la voie de « la société des sociétés » comme nous en affinons, sans cesse le process, individuellement d’abord, puis collectivement ensuite : Qu’est-ce que la Propriété ? Ou RECHERCHES SUR LE PRINCIPE DU DROIT ET DU GOUVERNEMENT, Premier Mémoire (1840) ► https://jbl1960blog.files.wordpress.com/2018/07/quest-ce-que-la-propriete-de-pierre-joseph-proudhon-1840.pdf
Notamment pour appeler à une grève générale, illimitée, expropriatrice et autogestionnaire ► https://jbl1960blog.wordpress.com/2019/10/03/rappel-de-lappel-a-une-greve-generale-illimitee-expropriatrice-autogestionnaire/ Pas taper sans lire, tout est (je l’espère) clairement énoncé…
Si c’est pour déclarer en Préfecture son intention de défiler entre Bastille et République et demander poliment le RIC à Macron = C’est comme pisser dans violon…
Aucune révolte n’est légale de toute façon !
JBL
@ TOUS
La question que m’inspire cet article = cette constitution bourgeoise idéaliste remplie de beaux mots fétiches comme droits, emplois, justice, nature, État, équité, égalité, liberté = EST POURQUOI N’A-T-ELLE JAMAIS ÉTÉ APPLIQUÉE – rendue LOI et constitution inviolable ? Pourquoi a-t-elle avortée et laisser de côté ???
Aussi tôt cette question posée j’entends la gamme des experts et analystes bourgeois m’expliquer que telle faction d’aristocrates – de marchands bourgeois – tel homme d’État en vue – Napoléon ou je ne sais qui – se sont opposés à une telle « perle » de constitution bourgeoise égalitaire.
Pour nous matérialiste prolétarien qui ne croyons pas que les grands personnages = les hommes individuellement = font l’histoire sociale, mais que ce sont les conditions objectives – matérielles – concrètes – collectives (sociales) qui font les hommes et leurs histoires – NOUS répondons que les moyens de production = les forces productives sociales n’étaient pas assez développé dans la France du XVIIIe siècle pour permettre d’édifier un tel État providence (même temporaire).
Il faudra deux siècles de développement des moyens de production et des forces productives avant que la société française puisse s’offrir de tels programmes sociaux, de telles superstructures – de telles rapports sociaux de production QUI, LA CRISE ÉCONOMIQUE S’INTENSIFIANT SONT aujourd’hui menacés – remis en question – attaqués et éliminés comme la révolte des Gilets jaunes l’a démontré
http://www.les7duquebec.com/7-au-front/les-gilets-jaunes-furent-pousses-par-la-crise-economique-systemique/
Ne pleurez pas cette constitution bourgeoise utopiste – puisque vous l’aurez finalement vécue pendant une quarantaine d’années (1950 – 1990) avant qu’elle se disqualifie face aux contingences économiques catastrophiques du capitalisme. IDEM pour nombre d’autres pays capitalistes (le Canada y compris)
Robert Bibeau