Colloque sur les travailleurs des mines d’uranium d’Urgeiriça (Portugal)

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colóquio da urgeiriça (1)
Le colloque d’Urgeiriça (1)

Le colloque d’Urgeiriça

Par Arnaldo Matos

Partido Communista Dos Trabalhadores Portugueses (PCTP) 

http://www.lutapopularonline.org/

06.11.2016

Les Portugais savent qu’Urgeiriça est une localité de la paroisse de Canas de Senhorim, municipalité de Nelas, district de Viseu, connue pour ses mines d’uranium- Minas da Urgeiriça-explorées par la Société nationale de l’uranium (ENU) jusqu’à sa fermeture en 2001.  En 2009, l’usine contenait encore 400 tonnes d’uranium, dont 127 tonnes vendues à l’Allemagne seule. Dans les années soixante-dix du siècle dernier, avant la première guerre du Golfe, l’armée portugaise qui dirigeait l’usine vendit beaucoup d’uranium à l’Irak de Sadam Hussein et à l’Iran de Ayatollah Komeny dans un scandale politique qu’aucun responsable n’a encore voulu clarifier.

 Les conditions de travail dans les mines d’Urgeiriça représentent le plus grand crime commis à ce jour contre la classe ouvrière portugaise de tous les temps. En effet, la radioactivité de l’uranium et du radon, dont les effets cancérogènes mortels ont toujours été dissimulés aux mineurs et à leurs familles, avec la connivence de l’armée d’avril, des gouvernements auxquels Barreirinhas Cunhal et le PCP ont participé, et de leur consentement. Les centrales syndicales – Inter et UGT – sont responsables de la mort prématurée et inexpliquée d’environ deux cents travailleurs et de leurs familles.

En 1977, j’étais dans les mines d’Urgeiriça et de Cunha Baixa, dans la municipalité voisine de Mangualde, dénonçant ces crimes de l’armée d’avril, Álvaro Cunhal, du PCP et d’Intersindical devant les travailleurs de Minas, qui m’écoutaient un peu à ce moment-là, incrédule, étant donné la propagande adverse des social-fascistes du PCP dans la dissimulation du crime.

Sous la direction conjointe des anticommunistes Conceição Franco et Garcia Pereira, cette lutte pour préserver la santé des mineurs et de leurs familles a été totalement abandonnée dans notre parti à ce jour, alors que les effets mortels du cancer en masse se fait sentir sur les membres les plus jeunes des familles des vieux mineurs.

Les crimes commis contre les mineurs et leurs familles étaient si barbares que les administrateurs de la National Uranium Company dissimulaient non seulement aux mineurs les effets de la radioactivité de l’uranium et du radon, mais permettaient également aux travailleurs de prendre ses zuartes (costumes de travail) chez eux, baignés de radioactivité, pour que les femmes lave-les et sèchent dans les endroits où les enfants jouent souvent… La question du sort tragique des mineurs et de leurs familles victimes d’un cancer radioactif, à laquelle ils sont exposés depuis longtemps, n’a pas encore été pleinement résolue par le gouvernement et les indemnités dues n’ont jamais été versées.

Espérons que notre parti, désormais par l’intermédiaire du Comité régional du Massif central, reprendra le combat contre le cancer chez les travailleurs des mines d’Urgeiriça et de Cunha Baixa et leurs familles, car il en reste encore à ce jour des victimesde l’ ancien crime des capitalistes contre les ouvriers.

Parce qu’ils ne veulent pas laisser mourir la juste lutte des anciens mineurs d’Urgeiriça, nos camarades du Comité régional du Massif central ont appelé symboliquement à une réunion prolongée de ce Comité du parti pour Urgeiriça, le dimanche 6 novembre, afin de marquer le 99e anniversaire de la Grande Révolution d’octobre en Russie, avec un colloque-débat sur le véritable caractère de classe de cette révolution et les enseignements que le prolétariat mondial doit en tirer aujourd’hui.


 

L’importance et l’actualité du débat

 Connaissant les études auxquelles je me suis consacré ces dernières années sur le caractère de classe de la révolution d’octobre et sur son importance, le camarade Viriato, secrétaire du Comité régional du Massif central, m’a invité à venir à Urgeiriça et à me présenter devant ce comité. J’ai largement approuvé les conclusions auxquelles je suis parvenue et accepté de débattre de ces conclusions, ce que j’ai volontiers fait et que je résume maintenant, en particulier pour les lecteurs actifs de notre journal Luta Popular Online.

Dix camarades étaient présents et ont participé au débat avec enthousiasme. Un invité spécial, le camarade João Camacho, membre du Comité Central du Parti, s’est assuré, par un geste d’humilité et de dévouement remarquables, l’enregistrement, la photographie et l’enregistrement vidéo  de ce voyage de lutte théorique et idéologique.

Le débat sur le caractère et la nature de classe de la Grande Révolution d’octobre, dirigée par Lénine, ainsi que sur le caractère et la nature de classe de la Révolution de la nouvelle démocratie en Chine, dirigée par Mao Tse-Tung, fait l’objet d’un débat. Il est de la plus haute importance pour les prolétaires de tous les pays, car il est devenu évident que l’instauration d’un capitalisme d’État monopoliste en Russie et en République populaire de Chine ne peut être que directement liée à la nature des révolutions d’octobre de 1917 et 1949, respectivement, en Russie tsariste et en Chine semi-féodale.

Pendant longtemps, j’ai vu dans le maoïsme et dans la prétendue grande révolution culturelle prolétarienne les principes et les méthodes permettant d’empêcher l’instauration d’un capitalisme d’État monopolistique dans ces pays semi-capitalistes et semi-féodaux, tels que la Russie et la Chine, qui osaient procéder sous la direction du prolétariat, la révolution socialiste dans un pays ou un ensemble limité de pays, qui partageait avec le nouveau mode de production capitaliste, déjà dans la phase finale de l’impérialisme, le mode de production féodal alors en train de mourir.

Il était donc nécessaire pour moi d’étudier à nouveau Marx et Engels depuis leurs premières lignes écrites, pour comprendre pourquoi il n’était pas possible pour les travailleurs d’un pays semi-féodal de faire la révolution prolétarienne, pour établir le socialisme ou la dictature du prolétariat et pour atteindre le mode de production communiste, tout en dépassant à la fois le mode de production capitaliste et le mode de production féodal.

L’idée que les révolutions peuvent être politiques et idéologiques plutôt qu’économiques est la négation totale du matérialisme historique, comme nous l’a appris Marx.

Toutes ces questions théoriques me sont venues à l’esprit en 1975, lorsque Cunhal, le PCP et une partie des officiers militaires d’avril ont décidé à eux seuls de nationaliser l’industrie, les banques, les transports et le commerce et de forcer la réforme agraire en nationalisant la terre,  en tant que voie portugaise du socialisme, et je me suis opposé à cette ligne, dans la Grande salle des Actes du Presbytère de l’Université de Lisbonne, débordant de plus de deux mille personnes, en expliquant que ce n’était pas la voie au socialisme, mais la voie à suivre au capitalisme d’État monopoliste et à la place, exigeant la cession de la terre à des salariés ruraux et à des paysans pauvres et à un contrôle des ouvriers (et non du contrôle des travailleurs ou du peuple) sur l’industrie, la banque, les assurances et le commerce, communications et transports.

Aujourd’hui, je constate au bout de quarante et un ans que ma solution était incomparablement plus correcte que celles de Cunhal et de Melo Antunes, mais n’était toujours pas suffisante pour réaliser la révolution prolétarienne et progresser vers le communisme. La partie rurale, agraire et semi-féodale de la base économique de la société portugaise à cette époque devrait d’abord passer au mode de production capitaliste avant que la révolution prolétarienne puisse faire son chemin puis que le prolétariat puisse imposer sa révolution prolétarienne, le socialisme et, plus tard, le mode de production communiste.

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La révolution portugaise de 1383/1385

Nous avons dans notre histoire un cas assez parallèle à celui de la Grande Révolution russe du 25 octobre 1917 (7 novembre, selon le calendrier grégorien actuel, et donc son quatre-vingt-dix-neuvième anniversaire demain), un cas assez parallèle – a-t-il dit – lors de la grande révolution portugaise de 1383/85, qui a porté au pouvoir D. João, maître d’ Avis, renversé la grande noblesse portugaise pro-castillane, écrasé les envahisseurs des armées espagnoles à Aljubarrota et propulsé une nouvelle dynastie au pouvoir, la Dynastie d’Avis.

La révolution portugaise de 1383/85 a été promue, organisée, dirigée et payée, comme nous l’a montré Fernão Lopes dans deux de ses magnifiques livres, par la bourgeoisie naissante, regroupée dans la Casa dos 24 (Maison des 24), à Lisbonne et à Porto.

Politiquement, la révolution portugaise de 1383/85 est la première révolution mondiale de la bourgeoisie menée dans le cadre d’une lutte nationale.

Cependant, même s’il s’agissait d’une révolution politique bourgeoise, elle n’a pas réussi à installer la bourgeoisie naissante dans le domaine de l’appareil d’État existant, c’est-à-dire qu’elle n’a établi aucune dictature de la bourgeoisie, encore moins implanté le mode de production capitaliste.

 Malgré le triomphe d’une révolution politique bourgeoise, c’est une nouvelle noblesse qui a atteint le pouvoir de l’appareil d’État, est resté, bien qu’un peu de temps partagé, la dictature féodale et le mode de production féodal ont poursuivi leur développement normal. Le mode de production capitaliste n’est devenu dominant qu’au XIXe siècle   avec la Régénération (1851/1865).

L’exemple portugais montre que les révolutions politiques et idéologiques ne conduisent pas à des révolutions des modes de production économiques, mais découlent plutôt de l’évolution de ces modes de production. Mais c’est quelque chose que les marxistes savaient déjà ou devrions connaître: c’est le mouvement qui précède la conscience et non la conscience qui précède le mouvement. La conscience ne précède pas mais procède du mouvement.

Au moment de la révolution portugaise de 1383/85, il existait au Portugal une petite bourgeoisie capitaliste à des fins commerciales et une grande bourgeoisie d’artisans. Le mode de production capitaliste se trouvait alors dans la phase d’accumulation primitive.

Dans le chapitre 24 du livre I du Capital, Marx montre comment le mode de production capitaliste est lié à un processus violent d’exploitation de la production familiale, artisanale et industrielle, par lequel  le producteur direct est violemment séparé de ses moyens de production. Ainsi, une masse énorme de pauvres non occupés – les prolétaires – constitue une réserve de main-d’œuvre gratuite pouvant être incorporée dans leur main-d’œuvre par le capital salaure ou par le capital argent transformé en capital salaire, la seule forme de capital susceptible d’exproprier aux travailleurs la valeur ajoutée produite lors du processus de transformation de leur main-d’œuvre en biens (marchandise).

Dans la situation économique qui prévalait à l’époque de la révolution de 1383/85, le mode de production féodal dominait et le mode de production capitaliste était encore en phase d’accumulation primitive. Ainsi sont nés à la fois la bourgeoisie moderne issue des serviteurs du pays et le prolétariat moderne issu de l’accumulation primitive.

Ainsi, la première révolution politique bourgeoise portugaise non seulement n’a pas pu mettre, comment ne pouvait pas mettre,  fin au mode de production féodal, mais elle n’a pas non plus pu ni établir le mode de production capitaliste.

Le but d’un mode de production est d’assurer la reproduction de la société correspondante. En conséquence, le but du mode de production féodal est d’assurer la reproduction de la société féodale et le but du mode de production capitaliste est d’assurer la reproduction de la société capitaliste.

Ce sont les contradictions apparaissant au sein de chaque mode de production économique qui conduisent à la substitution violente de ce mode de production par le mode de production ultérieur.

Les révolutions politiques et idéologiques sont les conséquences, et non les causes, du développement des contradictions et de la lutte des contraires dans les modes de production économiques. Ils jouent néanmoins un rôle important: le rôle des sages-femmes dans l’histoire.

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Les thèses d’avril et le discours de la gare de Finlande

La Grande Révolution russe d’octobre 1917, qui aura lieu demain 7 novembre, a été célébrée pendant le calendrier actuel, le quatre-vingt-dix-neuvième anniversaire, pendant et à l’intérieur de la Première Guerre mondiale, une guerre inter-impérialiste centrée sur l’Europe et qui a débuté le 28 juillet 1914, date de l’assassinat de l’archiduc Francisco Fernando d’Autriche par le patriote serbe Gavrilo Princip à Serajevo, en Bosnie, et s’achève le jour de la Saint-Martin (le 11 novembre 1918), quatre jours après la révolution d’Octobre.

Comme on le sait, la Première Guerre mondiale a opposé deux blocs de grandes puissances impérialistes: la Triple Alliance, qui unissait l’Empire allemand, l’Empire austro-hongrois et l’Italie, entre autres, et la Triple Entente, qui unissait le Royaume-Uni, La France, l’empire russe, entre autres, comme le Portugal aux côtés de ces derniers alliés. À la fin de la guerre, les quatre grandes puissances impériales ont cessé d’exister: l’empire russe, l’empire allemand, l’empire austro-hongrois et l’empire ottoman.

Le 27 février 1917 (le 12 mars dans le calendrier grégorien actuel), en pleine guerre mondiale impérialiste, se déroula à Pétrograd, à l’époque la capitale de la Russie,  une révolution démocratique-burgeoise, conduit par le peuple en armes,  constitué par des ouvriers et des paysans, c’est à dire, par des soldats et des marins, qui ont conduit au renversement du régime tsariste semi-impérialiste et semi-féodal et à la mise en place d’un gouvernement bourgeois capitaliste.

À cette époque, Lénine et d’autres dirigeants bolcheviks du Parti ouvrier social-démocrate russe vivaient en exil en Suisse et s’organisèrent rapidement pour rentrer rapidement à Pétrograd afin de pouvoir participer personnellement à la révolution.

Dans ses Lettres lointaines (cinq, mais une seule a été publié), adressées à la classe ouvrière révolutionnaire de Russie, dans la Lettre d’adieu aux travailleurs suisses, puis dans ses Thèses d’avril, écrites dans le train qui rentre à Pétrograd mais rendu public le 17 avril 1917 seulement, Lénine insiste sur les principes fondamentaux de sa stratégie révolutionnaire: la déclaration unilatérale de paix, avec la suspension unilatérale et immédiate des opérations militaires par la Russie; réforme agraire; pain pour tous les travailleurs; la transformation de la révolution démocratique bourgeoise en une révolution socialiste prolétarienne, avec la prise complète du pouvoir par les soviets des ouvriers et des paysans armés (soviets des soldats et des marins).

Les thèses d’avril sont proclamées à haute voix par Lénine dans un discours prononcé devant une foule d’ouvriers armés et de paysans à la gare de chemin de fer Finlande à l’occasion de l’arrivée de Lénine et de ses dix-sept compagnon d’exile à Pétrograd.

La grande révolution russe d’octobre 1917 renverse le pouvoir capitaliste bourgeois de Kerenski et expulse son gouvernement du Palais d’Hiver sous le puissant bombardement des marins du cuirassé Aurora. Le Soviet de Petrograd s’empara du pouvoir politique entre les mains des ouvriers et paysans armés, décréta unilatéralement la paix et la suspension immédiate des opérations militaires, distribuant les produits alimentaires aux ouvriers et aux paysans, et quatre jours plus tard, la guerre mondiale impérialiste de 1914/ 1918 était terminée, avec la signature du traité de paix de Versailles.

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Mais la guerre civile en Russie soviétique a commencé

L’idée que la révolution prolétarienne socialiste puisse être partagée avec la révolution agraire paysanne contre le féodalisme, à savoir que deux classes exploitées et opprimées – ouvriers et paysans – par deux modes de production différents – capitaliste et féodal – peuvent coexister dans une dictature conjointe c’est la principale erreur de Lénine, en voulant  simultanément surmonter deux modes de production économiques distincts, sous la direction conjointe de deux classes, mais avec des intérêts antagonistes (ouvriers et paysans/serviteurs).

C’est cette erreur quant à la possibilité de construire le socialisme sous la dictature conjointe de deux classes aux intérêts antagonistes qui a conduit la première révolution démocratique-bourgeoise russe du 27 février à une deuxième révolution socialiste non prolétarienne, comme Lénine le souhaitait, mais démocratique russe bourgeois, du 7 novembre, qui a joué à tous égards dans une Russie semi-impérialiste et semi-féodale, hérité du tsarisme, du rôle de la grande révolution française du 14 juillet 1789, qui a conduit à l’établissement du mode de production capitaliste dans toute la Russie sous la forme d’un capitalisme d’État monopoliste plutôt que du capitalisme libéral qui a conduit à la Révolution française, suite à la prise de la Bastille.

Le développement économique russe de 1917, et en particulier l’existence simultanée de deux modes de production qui se combattent, ne permettrait jamais de transformer cette révolution démocratique bourgeoise en une révolution socialiste prolétarienne, dépassant un mode de production – le mode de production féodal – dont la transformation économique révolutionnaire n’avait pas encore eu lieu.

Mais c’est toujours Lénine qui, à lui seul, a anticipé sa propre erreur et a voulu la corriger; mais d’une façon tout aussi  faux.

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La Nouvelle Politique Économique (NEP)

 Les particularités de l’économie tsariste, avec un mode de production capitaliste déjà dans la phase impérialiste et un mode de production féodal, toujours dominant dans l’agriculture russe, ont conduit à des contradictions profondes et plus  aiguës avec la politique de nationalisation et de réforme agraire imposée pour la soi-disant révolution socialiste ouvrière du 7 novembre en Russie.

À cela s’ajoutait une guerre civile, soutenue par l’impérialisme européen, qui dura quatre ans jusqu’à la défaite de la révolte de Kronstadt, au cours de laquelle le peuple russe subit les plus grandes privations, à savoir la famine et le rationnement des provisions alimentaires.

Au dixième Congrès du Parti ouvrier social-démocrate russe (POSDR), réuni en 1921, afin de faire face à la situation économique difficile de la Russie, Lénine adopta une série de mesures politiques et économiques capitalistes bourgeoises, connues sous le nom de Nouvelle Politique Économique, NEP en acrostiche russe.

Ainsi, la liberté du commerce intérieur, la liberté des salaires des travailleurs, l’autorisation d’exploiter des entreprises privées, l’autorisation de capitaux étrangers pour la reconstruction du pays et l’autorisation pour les paysans de commercialiser librement leurs produits ont été rétablies,  outre le quota devant être acheté par l’État à un prix fixe.

Donc c’est arrivé à verifiquer une association de mesures économiques socialistes avec des mesures capitalistes et des mesures traditionnelles compatibles avec la production agraire féodale.

Cettes mésures politiques-économiques conçu et appliqué par Lénine, alors président du Conseil du commissaire du peuple de la République socialiste soviétique de Russie – Lénine est décédé le 21 janvier 1924 -, aidé à surmonter la crise économique dans laquelle la société russe avait plongé pendant la guerre civile, mais ils l’ont aidé à vaincre par les moyens et méthodes capitalistes bourgeois et non par les moyens et méthodes socialistes prolétariens.

Cela montre l’impossibilité de réaliser une révolution socialiste basée sur l’alliance de deux classes – ouvrières et paysannes – exploitées et dominées, chacune par des modes de production économique différents et antagonistes.

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Capital et révolution sociale

Or, la révolution socialiste d’octobre, bien que ce fût une soulèvement armé des ouvriers et paysans, n’était pas une révolution socialiste. En effet, sous le mode de production capitaliste, tout révolution prolétarienne et socialiste authentique ne peut pas, comme la révolution d’octobre, être au niveau politique, social et culturel, ni se limiter à la simple modification des formules juridiques des relations économiques de production. La révolution socialiste prolétarienne doit avant tout s’attaquer au mode de production économique capitaliste: elle doit d’abord s’attaquer au processus économique matériel par lequel  le capitaliste, par le biais du capital salarié, confisque à l’ouvrier le capital-plus value, et elle doit mettre fin à cette expropriation, qu’elle soit privée, publique ou étatique, afin de détruire le fondement même du mode de production capitaliste et de créer les fondements économiques du nouveau mode de production communiste.

Or, la révolution d’octobre en Russie, à l’instar de la nouvelle révolution de la démocratie en Chine, n’a jamais attaqué ce processus économique de la circulation des capitaux et n’a jamais remis en question l’appropriation privée de la plus-value, individuelle ou collective, de toute une classe ensemble ou un état.

De plus, dans le cas de la révolution d’octobre en Russie et de la nouvelle révolution démocratique en Chine, le mode de production capitaliste n’avait pas encore éliminé le mode de production féodal, car il coexisté dans les deux pays – disons – le mode de production capitaliste, déjà dans sa phase impérialiste, et le mode de production féodal ancien et mourant, en voie de disparition.

Aujourd’hui est définitivement connu – et Marx et Engels l’avaient déjà prévu – qu’il est impossible de mener à bien dans un pays et dans le même temps une révolution socialiste prolétarienne qui attaque simultanément les deux modes de production économiques.

Nous vivons dans cette phase de l’histoire qui est régie par le mode de production capitaliste, dans lequel  le pouvoir économique, politique et idéologique bourgeois est dominant, même s’il est parvenu à son stade final, celui de l’impérialisme mourant. C’est pourquoi une révolution politique prolétarienne ne peut pas survivre par elle-même dans un pays isolé, surtout quand cette révolution, comme cela s’est passé en Russie le 7 novembre 1917 et en Chine le 1er octobre 1949, n’a commencé que comme une révolution politique et idéologique, avant d’être une révolution économique, ce qui dans les deux cas en question n’a jamais été.

C’est toujours une conséquence du principe matérialiste dialectique fondateur: le mouvement précède la conscience. Et la conscience révolutionnaire vient du mouvement révolutionnaire.

Nous vivons sur une planète où l’impérialisme, stade suprême et ultime du capitalisme, s’est globalisé et mondialisé, c’est-à-dire qu’il est devenu dominant aux niveaux local et général. C’est maintenant que les guerres entre les grandes puissances impérialistes vont s’intensifier. Chacune de ces guerres aura aussi tendance à se généraliser, comme dans le cas de la guerre impérialiste pour la conquête du pétrole et des matières premières au Proche et au Moyen-Orient.

Cette guerre dure depuis plus de quarante ans et la tendance est à la mondialisation croissante. De ces guerres impérialistes vont finalement voir le jour les révolutions prolétariennes socialistes modernes, qui – oui – sont en mesure de permettre la destruction du mode de production capitaliste et d’établir le nouveau mode de production communiste.

 Arnaldo Matos

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Les droits d’auteurs de ce texte appartiennent aux instances concernées. Il est publié ici, sur un espace citoyen sans revenu et libre de contenu publicitaire, à des fins strictement documentaires et en complète solidarité envers son apport intellectuel, éducatif et progressiste.

Une réflexion sur “Colloque sur les travailleurs des mines d’uranium d’Urgeiriça (Portugal)

  • 4 décembre 2019 à 13 h 23 min
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    Merci pour la publication intégrale des thèses d’Urgeiriça, qu’on vu le jour
    pour la première fois quand mon camarade Arnaldo Matos, les proposa pour discussion et étude au colloque d’Urgeiriça.
    Le nom complet du parti est PCTP / MRPP. Pourquoi?
    Parce que le 18 septembre 1970, un groupe de militants marxistes, dans le contexte du mai 68 et de la lutte contre le révisionnisme, décida de fonder le Mouvement de réorganisation du Parti prolétarien (MRPP). C’est seulement en 1976, lors de la tenue du premier Congrès fondateur, que le PCTP – Parti Communiste des Travailleurs Portugais – a vu le jour et il a été décidé de conserver l’acronyme PCTP / MRPP, parce que les masses reconnaissant largement sa désignation d’origine – MRPP.
    Il est très probable que lors du I Congrès Extraordinaire du parti, le 18 septembre 2020 – date de son cinquantième anniversaire -, le nom changera, en plus des autres changements que le parti doit effectuer, à la lumière des thèses d’Urgeiriça.
    Luis Júdice

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