La grève du 5 décembre à Lyon (France)
Par notre correspondant à Lyon (France)
Le 5 décembre a vu une de plus grandes manifestations de travailleurs à Lyon. Comme d’habitude les estimations du nombre des manifestants ont varié de 21000 à 35000. Cela fait plus de 5 fois le nombre de manifestants qui s’opposa aux lois qui liquidèrent le Code du Travail français et qui, à l’époque avaient amenée plus de manifestants que toutes autres manifestations «traditionnelles» des syndicats.
Quand on parle des syndicats ouvriers il faut parler quasi exclusivement de la CGT (dans la région de Lyon) car les autres syndicats sont bien moins nombreux. Force Ouvrière, très lié à Lyon au POI, ne fait qu’amener quelques centaines de militants. Il y a la présence naturellement d’autres syndicats tels SUD et on voit même quelques individus portant le logo CFDT mais le gros des troupes ou sont de la CGT ou sont sans étiquette. A peu près moitié-moitié.
Cette fois-ci, il-y-avait nombre de manifestants non syndiqués, ou qui n’affichaient pas leur appartenance syndicale, des étudiants et des Gilets Jaunes dont le dernier carré était là avec leurs gilets et leurs mots d’ordre et chansons qui sont déjà devenues part entière des cris et slogans des manifestations de travailleurs. «On est là pour l’honneur des travailleurs et pour un monde meilleur» et «On ne lâche rien» s’entendaient partout.
Quelques Black Blocs qui ont « réussi » un gazage contre la foule compacte qui aurait pu se transformer en tragédie car les flics ont balancé des gazes très puissants parmi la foule qui avait du mal à s’en dégager sans risquer une bousculade. La presse locale, comme c’est toujours le cas, a mis en avant cette «violence des manifestants» selon la formule qu’elle avait pratiquée lors des premières manifestations des Gilets Jaunes. On aurait dit qu’elle n’attendait que cela. Les deux ou trois individus masqués qui leur ont donné le prétexte voulu et qui ont disparu par les rues latérales, semblaient aussi n’avoir que la tâche de provoquer la réaction assez brutale de la police pour détaler laissant la masse se débrouiller comme elle pouvait avec le gazage. Ou des inconscients, ou la manifestation d’une colère réelle ou l’activité des provocateurs sous ordres.
Tant la diversité des manifestants comme la décision de la Préfecture d’empêcher aux manifestants l’accès au centre-ville, comme ils le faisaient avec les Gilets Jaune a donné au défilé la forme achée et discontinue, bien qu’en moindre mesure, que les manifestations des Gilets Jaunes qui se voyaient interrompues par la police, arrêtées par des longs moments, gazées à profusion et chargées ou parce que les gilets jaunes changeaient de parcours ou par volonté de la police de conduire le défilé dans de lieux qui permettent sa plus sure répression et dissolution.
De même, les slogans de la sono CGT, surement par la volonté des militants qui la mettaient en œuvre (beaucoup des militants de base ont été influencés par la combativité des Gilets Jaunes) et passent par-dessus les atermoiements des Unions Locales qui ne faisaient que diffuser une musique sans contenu, à tout volume qui n’apportait rien, donc, les slogans étaient politiques et de revendications contre Macron qui étaient repris par les manifestants, ainsi que des slogans et chants, comme déjà dit, qui venaient de la «tradition Gilet Jaune». (1)
On voyait aussi quelques rares revendications écolo-friendly et une banderole pour dénoncer la répression au Chili. Les travailleurs chiliens encore et toujours sur la brèche.
Tout ceci a donné à la manifestation une autre allure que «la promenade syndicale» dont le noyau dur est habitué. Partie à 10h30, la manif a finie vers 15 heures après un parcours pointé par des gazages et des arrêts, presque une manif des Gilets Jaunes par la forme ou si on la regarde autrement, une manifestations CGT et autres syndicats avec un certain air de manif GJ.
Dans les autres villes, on a dû avoir eu bien plus de monde. Lyon, ville petite-bourgeoise conservatrice, ne s’est jamais caractérisée par le nombre de manifestants, donc si à Lyon a eu, disons, 5 fois plus de monde que lors d’une manif moyenne on peut penser qu’à Marseille, Toulouse et Paris et autres grandes villes il y a eu foule.
La presse, à la solde du pouvoir, donne les chiffres de début de parcours, (850 000 dans toute la France) toujours moindres d’au moins la moitié de participants quand ce n’est que le tiers car nombre des travailleurs se joignent après l’heure ou lors du parcours. Même l’immonde « Le Monde » admet 800000 manifestants au minimum. (2)
Même ainsi, elle donne des manifs de 5000 travailleurs dans des villes de troisième catégorie (il y a eu plus de 450 villes où il y a eu manifestations) ce qui est le chiffre d’une «bonne» manifestation «traditionnelle» à Lyon. Tous pensaient à la suite, à la continuation de la grève au moins jusqu’à lundi 9 et tous critiquaient les «promenades syndicales d’un jour» tout en ne sachant pas comment faire pour éviter que les dirigeants nous mettent devant le fait accompli et liquident le mouvement de colère de classe.
Le gouvernement a réagi affichant son provocateur « calme et détermination » face à la contestation de la réforme (liquidation) des retraites. Il s’est dit attentif au respect de l’ordre public (!!) . Le Premier Ministre aussi a insisté sur le caractère «pacifique» de la contestation. Cela montre mieux que n’importe quelle explication ou discours ce qu’ils craignent vraiment, la révolte ouverte, sans bornes des travailleurs.
Les cheminots, les agents d’Air France et les agents du Métro de Paris ont déjà décidé de continuer la grève.
Ceci est un premier rapport à chaud de mes impressions sur les manifestations contre la volonté des capitalistes de liquider la retraite par répartition et la transformer en une retraite par capitalisation que tout le monde rejette (66% de la population est contre selon les derniers sondages qui, naturellement, ne disent pas un mot su bourrage crâne pratiqué par les capitalistes pour faire accepter ce recul historique des droits des travailleurs en France).
Les fonds (ou régime) de retraite sont des économies (une portion du salaire régulier) que les travailleurs mettent de côté pour leur retraite. Les fonds de retraite n’appartiennent pas à l’État, ni aux employeurs, ni au capital financier qui n’ont que la mission de gérer ces avoirs, pas de les accaparer. Seuls les travailleurs (même pas les syndicats) ont le droit de décider des conditions de gestion, d’attribution et de répartition des fonds de retraite ouvriers – journaliers – employés. L’État employeur et l’État du grand capital : «Touche pas à nos fonds de pension – à notre régime de retraite» (NDLR).
Notes
- Autopsie du Mouvement des Gilets jaunes – Autopsy of the Yellow vests
Robert Bibeau 30 Commentaires Par Robert Bibeau et Khider Mesloub.
Septembre 2019. L’Harmattan. Paris. 18 euros. Se procurer le volume en français chez AMAZON, cliquez ICI
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AUTOPSY OF THE MOVEMENT OF YELLOW VESTS (1)
Bon rapport de la situation, peut-être le peuple arrivera–il à l’insurrection. Il lui faudra alors faire plus que la grande peur de 1789 qui amena l’abolition des privilèges. Comme en 1789 les exploiteurs devront fui ou mourir.
Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est, pour le peuple et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs.
http://www.louisgaiffe.fr/415494413
La mouette enragée a publié son rapport sur la grève du 5 décembre dans le boulonnais
https://lamouetteenragee.noblogs.org/post/2019/12/07/mobilisation-et-actions-dans-le-boulonnais/
Merci camarades