Économie : propos lénifiants et réalités catastrophiques
Par Marc Rousset.
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Vendredi, le Dow Jones a fini en hausse de 1,2 % car on apprenait que l’économie américaine avait créé 266.000 emplois en novembre, contre 180.000 attendus, et que le taux de chômage officiel était retombé à 3,5 %. Lagarde, de son côté, n’a pour l’instant trouvé rien de mieux que de « verdir » le bilan de la BCE.
Si les actions ont augmenté de 25 % en 2019, après la reculade de fin 2018, c’est uniquement parce que la Fed a décidé de diminuer ses taux au lieu de continuer à les augmenter. Le mardi de la même semaine, on nous annonçait pourtant que l’indice mesurant la volatilité de la bourse new-yorkaise, le VIX, avait atteint son plus haut en un mois et demi. Et mercredi, en contradiction avec le vendredi, on nous avait annoncé que le secteur privé avait créé, en novembre, seulement 67.000 emplois, avec 85.000 emplois dans les services et une destruction de 18.000 emplois dans l’industrie de production.
Les informations en provenance du secteur bancaire, tout comme celles du secteur automobile en Allemagne, sont très préoccupantes. En France les dépôts bancaires représentent 2.185 milliards d’euros, tandis que le Fonds de garantie des dépôts et de résolution (FGDR) ne dispose que de 4,2 milliards d’euros, soit une couverture de 2/1000 pour les déposants français. Quant à la Deutsche Bank, au bord de la faillite, elle va être encore sanctionnée pour un blanchiment d’argent de 200 milliards d’euros dans le scandale « Danske Bank ».
UniCredit, le premier établissement italien, va de nouveau supprimer 8.000 emplois, après en avoir déjà supprimé 14.000 en deux ans. 51.000 emplois ont déjà été perdus en dix ans, dans le secteur bancaire italien, tandis que Société générale, Deutsche Bank et HSBC ont déjà supprimé, en 2019, plus de 52.000 postes. En fait, l’horizon des banques s’assombrit dans le monde avec les risques croissants de récession, la chute des taux d’intérêt et les taux négatifs, la guerre commerciale États-Unis/Chine et le protectionnisme grandissant.
Le Japon est un cas d’école de la folie économique contemporaine. La Banque centrale japonaise possède la moitié de la dette publique japonaise et 40 % des actions de la Bourse de Tokyo par l’intermédiaire de fonds d’investissement ! La situation, même si tout se passe entre Japonais seulement, est d’autant plus ubuesque que la dette publique représente 250 % du PIB japonais. Alors que la croissance sera seulement de 0,5 % en 2020, le Premier ministre Shinzō Abe ne trouve rien de mieux que d’augmenter les taux de la TVA et de continuer à bétonner inutilement le pays, avec un programme d’investissements de 200 milliards d’euros.
La Bourse de Wall Street monte alors que les États-Unis font face à une dette des entreprises sans précédent menaçant l’économie mondiale. La dette privée des entreprises américaines s’élève à 10.000 milliards de dollars, soit 47 % du PIB des États-Unis. Le FMI et le fonds d’investissement BlackRock sont d’autant plus inquiets que 50 % de ces obligations, contre seulement 17 % en 2001, sont notées aujourd’hui BBB, d’où des défaillances importantes à venir d’entreprises zombies en cas de récession.
L’agence Bloomberg précise que le montant des dettes dans le monde s’élève à 230.000 milliards de dollars (une somme trois fois supérieure à la production, qui est de 80.000 milliards de dollars), soit une somme d’environ 30.000 euros par être humain (100.000 euros pour un ménage de quatre personnes).
Les médias, les bulles boursières, les banques centrales laxistes et les dirigeants emprunteurs ne font que reporter la crise, mais seront dans l’impossibilité d’éviter le krach en cas de récession car tout le monde, partout dans le monde, est hyper-endetté. L’or est la nouvelle obsession des dirigeants des pays de l’Europe de l’Est, tandis que Bloomberg Intelligence promet de nouveaux sommets et que Trump songe déjà à augmenter de nouveau les dépenses ainsi que la dette publique aux États-Unis pour être réélu.