Imran Khan Niazi, maître d’œuvre du ravalement cosmétique du Pakistan

RENÉ NABA — Ce texte est publié en partenariat avec www.madaniya.info.

.

Le Pakistan paraît devoir opérer une révision déchirante de son traditionnel partenariat avec ses anciens complices de la guerre anti soviétique d’Afghanistan, l’Arabie saoudite et les Etats Unis, à en juger par les dernières décisions stratégiques d’Islamabad: le refus de participer à la coalition pétro-monarchique contre le Yémen et la fin de non-recevoir opposée au tandem saoudo américain de rééditer le schéma afghan depuis le Pakistan contre l’Iran.

Le ravalement cosmétique de ce pays à la réputation sulfureuse semble avoir été confié à un être paré des vertus du modernisme, séducteur et grand sportif, parfaitement à l’aise dans les cénacles internationaux. En somme un personnage à l’opposé des Barbus, imprécateurs: Imrane Khan Niazi, ancien champion du Monde de Cricket, par ailleurs ancienne coqueluche des nuits londoniennes, diplômés d’Oxford, issue d’une grande lignée pakistanaise et philanthrope.

Né le 5 octobre 1952, à Lahore, un des foyers de la jurisprudence islamique au même titre que l’Université égyptienne d’Al Azhar, dans la province du Pendjab, le fils d’Ikramullah Khan Niazi, ingénieur civil, descend par son père d’Haibat Khan Niazi, Général du Padishah de l’Inde, et par sa mère du poète-soldat Soufi Pir Roshan, inventeur de l’alphabet pachto. Cet ancien joueur international de cricket, qui mena l’équipe de son pays à la victoire à la Coupe du Monde en 1992, fondateur du Parti du Mouvement du Pakistan pour la Justice, assume depuis le 18 Août 2018, les fonctions de premier ministre du Pakistan. Il fait sa scolarité à Lahore dans un huppé collège «Aitchison College» au Pakistan avant de compléter sa formation au Royaume Uni où il intègre le «cours de philosophie politique et économique» du Keble College de l’Université d’Oxford, en 1972, où il côtoie Benazir Bhutto, l‘héritière du clan. Après sa retraite du cricket en 1992, et durant plus de quatre ans, Imran Khan se consacra entièrement à des activités philanthropiques. En 1991, il avait fondé le Shaukat Khanum Memorial Trust, une association caritative nommée en hommage à sa mère, Shaukat Khanum.

Imrane Khan Niazi est souvent décrit comme «populiste» et régulièrement critiqué pour son manque de régularité et son incohérence politique. Longtemps vu comme un libéral, il devient plus conservateur au fil des années et est même parfois vu comme un rigoriste religieux.

Pointé du doigt par l’opinion internationale pour sa fonction de base arrière et parrain du terrorisme islamique planétaire, en conflit latent avec l’administration américaine particulièrement depuis les menaces à peine voilées formulées à son encontre par Donald Trump de suspendre sa coopération militaire avec Islamabad, en désaccord avec l’ultra-bellicisme de son allié naturel saoudien notamment contre le Yémen, le Pakistan paraît tenter de se dégager de son ancienne fonction de «body guard» de la dynastie wahhabite pour se mouler dans une posture plus valorisante de partenaire stratégique de la Chine, la première puissance planétaire en devenir.

.

Le Mic Mac des Etats Unis à l’égard du Pakistan: Oussama Ben Laden et Abdul Qadeer Khan.

Donald Trump a ainsi menacé le Pakistan, en 2017, d’avoir «beaucoup à perdre s’il continuait à abriter des criminels et des terroristes», par allusion au réseau Haqqani, allié des talibans afghans et considéré comme liés aux services secrets pakistanais.

Ce faisant, le président américain a pris un risque diplomatique à double tranchant en critiquant ouvertement le Pakistan, conduisant cette puissance nucléaire à l’équilibre fragile à se rechercher de nouveaux parapluies internationaux. L’ambivalence américaine à l’égard du Pakistan paraît être le mode opératoire de la stratégie des Etats Unis envers son principal partenaire de la guerre antisoviétique d’Afghanistan. Cette ambivalence s’est matérialisée par le comportement du duo américano pakistanais à l’égard d’Oussama Ben Laden, le fondateur d’Al Qaida, un mouvement porté sur les fonts baptismaux par Washington et Islamabad, qui a trouvé refuge au Pakistan, dans un quartier résidentiel du Haut commandement de l’armée, mais assassiné par un raid américain au Pakistan à l’insu du plein gré d’Islamabad.

Il en a été de même du nucléaire pakistanais et de la diabolisation du père de la bombe atomique pakistanaise Abdul Qadeer Khan. Ce savant atomique pakistanais a été diabolisé par la presse occidentale accusé d’être le plus grand trafiquant international de matériel nucléaire à destination de «l’axe du mal», selon la terminologie du président néo conservateur George Bush jr: Corée du Nord, Libye, Irak, Iran. Mais le père de la bombe atomique ne paraît pas être le canard boiteux que la presse occidentale a voulu en faire.

Né en 1936 à Bhopal (Inde), passé à la postérité pour avoir été le théâtre d’une catastrophe écologique de la firme chimique Union Carbide, Abdul Qadeer Khan rejoint le Pakistan à l’accession de ce pays à l’indépendance en 1948. Au terme d’études universitaires dans le domaine scientifique, il effectue un stage dans un laboratoire anglo germano-néerlandais «Nederland UCN» chargé de construire des centrifugeuses. La légende avance qu’au terme de son stage Abdel Qadeer Khan emporte avec lui les plans des centrifugeuses pour en faire bénéficier son pays dans le domaine atomique.

A l’épreuve des faits, cette légende n’a pas résisté à l’analyse. Un ressortissant d’un pays musulman du tiers monde opérant dans un laboratoire de pointe d’un pays membre de l’OTAN ne saurait échapper à la double surveillance de l’Otan et des Etats Unis, particulièrement à l’apogée de la guerre froide soviéto-américaine, ni non plus aux services de renseignements des trois pays associés au sein du consortium: Le Royaume Uni, l’Allemagne et les Pays Bas.

Ce qui paraît plus vraisemblable est le fait que les Etats Unis ont sans doute fermé l’œil sur ce transfert de technologie nord sud, particulièrement en direction du Pakistan, à l’époque un pivot de la coalition musulmane pro occidentale, notamment durant la guerre anti soviétique d’Afghanistan (1980-1990), donnant ainsi la possibilité au Pakistan d’accéder à l’arme atomique «à l’insu du plein gré des Etats Unis». Pour faire bonne mesure, le Congrès américain a même été jusqu’à accusé le Pakistan de modifier des missiles antinavires AGM-84 Harpoon, livrées par les Etats-Unis durant la décennie 1980, pour supporter des charges nucléaires de faible puissance.

Durant la décennie 1990, le réseau Khan, directement issu des Khan Research Laboratories, un outil entièrement créé et administré par le savant, avait la sulfureuse réputation de monnayer son savoir-faire au plus offrant. Il aurait notamment vendu des plans d’armes nucléaires compactes, parfaitement adaptées aux moyens de lancement iraniens.

Le savant d’ailleurs avait lui-même reconnu avoir livré les secrets de sa bombe à la Corée du Nord, à la Libye ou encore à l’Iran, l’homme avait dû «confesser» ses fautes à la télévision publique pakistanaise. En fait, cette mise en scène paraissait surtout destinée à calmer la colère des Etats-Unis, avait choqué les Pakistanais, qui y avaient vu l’humiliation d’un héros national en ce que « le père de la bombe atomique pakistanaise» a eté l’homme qui «a donné aux Pakistanais un sens de l’honneur, de la sécurité, dans une grande réussite scientifique».

Assigné à résidence à son domicile d’Islamabad à partir 2004, Abdul Qadeer Khan a depuis lors retrouvé sa liberté et tout son prestige. Celui dont il avait joui auprès des Pakistanais, lorsqu’il avait fait de son pays, en 1998, la première nation islamique dotée de l’arme nucléaire.

Depuis son placement en résidence surveillée, les Etats-Unis n’ont eu de cesse de réclamer l’audition du savant, considérant sans doute qu’il pourrait compléter leurs informations sur l’état réel d’avancement du programme nucléaire iranien. Mais les présidents Pakistanais, tant Asif Ali Zardari que son prédécesseur, le général Pervez Musharraf, se sont toujours fermement opposés à l’audition de Khan par des services de renseignements étrangers.

.

Le triomphe électorale d’Imran Khan Niazi au Pakistan et ses conséquences sur la stratégie régionale.

La défaite électorale de deux protégés de l’Arabie saoudite en Malaisie et au Pakistan, en 2018, paraît devoir marquer le signe d’un progressif dégagement des grands pays asiatiques musulmans à l’égard du bellicisme wahhabite et de l’unilatéralisme forcené de l’administration xénophobe de Donald Trump, artisan du «Muslim Ban» et caution de l’annexion de Jerusalem par Israël.

Mahatir Mohamad (92 ans), ancien premier ministre (1981-2003), chef de la coalition de l’opposition Pakakan Harapan (Alliance de l’Espoir) a en effet vaincu son rival Najib Razzak, un protégé notoire des Saoudiens, alors qu’au Pakistan Imran Khan Niazi triomphait de tous les partis politiques traditionnels qui ont dominé la vie politique depuis l’indépendance du Pakistan en 1948, tandis que l’ancien premier ministre Nawaz Sharir, homme lige de saoudiens était incarcéré.

Franc-tireur de la vie politique pakistanaise, Imrane Khan Niazi a été élu sur fond d’une nouvelle crise économique avec fonte de la réserve des devises étrangères, une monnaie malmenée, un déficit budgétaire de 10% et des difficultés à payer les dettes et les importations.

Bien que soupçonné d’avoir bénéficié de l’appui en sous-main de la puissante armée dans sa quête du pouvoir, le triomphe électoral du chef du PTI, «Pakistan Tehreek-e-Insaf (Mouvement du Pakistan pour la Justice), a retenti comme un 2me camouflet à l’Arabie en Asie et dans la sphère musulmane après la victoire de Mahatyr Mohamad en Malaisie.

.

L’offre saoudo américaine de déstabilisation de l’Iran via le Balouchistan

Indice de la nouvelle orientation diplomatique d’Islamabad, le Pakistan, dans la foulée, a opposé une fin de non-recevoir à l’offre américano saoudienne de rééditer le scénario afghan contre l’Iran depuis la province frontalière du Balouchistan.
Riyad et Washington auraient proposé à Islamabad de créer un abcès de fixation au Pakistan depuis le Balouchistan, en vue de transformer cette province frontalière entre l’Afghanistan, le Pakistan et l’Iran en base arrière des djihadistes en même temps qu’un tremplin vers des menées hostiles contre la République Islamique d’Iran.

.

Imrane Khan, Le représentant de Qom à Islamabad

L’irritation de l’Arabie saoudite est telle que le quotidien saoudien «Oukaze» n’a pas hésité à qualifier Imran Khan Niazi de «représentant de Qom à Islamabad» par référence à la ville sainte chiite iranienne.

Le nouveau premier ministre pakistanais avait pourtant réservé sa première visite officielle au Royaume saoudien, le 20 septembre 2018, accompagnant son déplacement d’un geste de bonne volonté avec la remise en liberté de l’ancien premier ministre Nawaz Sharif, le protégé des Saoudiens au Pakistan.
Mais le fait que le ministre de la défense ne figurait pas au sein de la délégation pakistanaise et le discours œcuménique du nouveau premier ministre Pakistanais plaidant pour un règlement pacifique des différends inter-islamiques, notamment le conflit au Yémen et le contentieux avec l’Iran, ont confirmé le recentrage de la stratégie pakistanaise, en même temps que les réserves saoudiennes à l’égard d’un homme réputé pour sa personnalité tranchée.

  • Pour le locuteur arabophone, le compte rendu de cette visistedu journal libanais Al Akhbar, sur ce lien.

Parallèlement à la visite d’Imrane Khan en Arabie saoudite, le Pakistan a invité le Royaume à rallier le projet OBOR pour en faire le 3me partenaire stratégique de la «Nouvelle route de la soie sino pakistanaise», dans une tentative de d’Islamabad à conduire Ryad à opérer un recentrage de sa diplomatie et de prendre quelque peu ses distances avec l’OTAN.

Cet appel n’est pas resté sans écho. Ravalant ses réticences à l’égard d’Imran Khan, le prince héritier saoudien Mohamad Ben Salmane a débloqué vingt milliards de dollars au Pakistan dont dix milliards de dollars pour la construction d’une raffinerie pétrolière de l’ARAMCO, le géant pétrolier saoudien, la plus importante du monde, dans le périmètre du port pakistanais de Gawar.

L’annonce de cet investissement est intervenue le 17 Février 2019 à l‘occasion de la tournée du dirigeant saoudien aux grands pays asiatiques (Inde, Chine), membres du BRICS et leur associé pakistanais dans une démarche du prince héritier saoudien destinée à signifier à ses alliés occidentaux son mécontentement de l’ostracisme dont il est frappé de leur part depuis l’assassinat du le journaliste saoudien, Jamal Khashoggi, l’opposant décapité au consulat saoudien à Istanbul, le 4 octobre 2018.

.

Le projet saoudo-américain contre l’Iran: Les baloutches, des «combustibles de guerre», attisés par un MOCC .

Le projet saoudo-américain viserait à instrumentaliser les Baloutches iraniens comme «combustibles de guerre» sur le modèle des Pachtounes pakistanais en Afghanistan. Un MOCC (Military Operations Command Center), sur le modèle de la guerre de Syrie, serait chargé de maintenir en état d’incandescence cet abcès de fixation à la frontière irano-pakistanaise.

Poste de commandement conjoint installé aux deux extrémités de la Syrie, l’un à Antakia, l’ancienne Antioche, (Turquie) pour la région d’Alep, au Nord de la Syrie, l’autre à Amman, pour la région sud de la Syrie, le MOC était constitué d’officiers de huit pays, quatre de l’Otan (Etats Unis, Royaume Uni, France et Turquie) et quatre des monarchies suivantes: Jordanie, Arabie Saoudite, Emirats Arabes Unis et Qatar.

Avec pour mission la conduite des opérations et l’intendance: l’équipement en armes et en munitions, de même que le ravitaillement des groupements islamistes et leurs rémunérations.

En application de la «théorie des combats des chiens», conçue par Peter Galbraith, interface de la CIA auprès de Benazir Bhutto, l’ancienne premier ministre du Pakistan, le duo saoudo américain souhaitait exacerber les antagonismes sociaux de la zone frontalière de l’Iran sur la base des critères religieux et ethniques, comme ce fut le cas avec succès au Liban, en Yougoslavie et en Irak.

La théorie des combats des chiens de Peter Galbraith, sur ce lien

Islamabad a rejeté catégoriquement les offres réitérées de ses anciens alliés. Passant outre aux objections d’Islamabad, le tandem saoudo américain a favorisé la mise sur pied d’une «Armée de la Justice», mais, faute d’un appui logistique pakistanais, l’efficacité de ce groupement demeure aléatoire.

Usant de son arme favorite, la lubrification financière de ses coreligionnaires, le Royaume saoudien, comme à son habitude, a octroyé une forte subvention au Balouchistan en vue de développer son système éducatif, favorisant la construction d’un réseau d’écoles et d’institutions religieuses de rite «wahhabite», afin de doter la province d’un vivier aux combattants du djihad baloutche, comme ce fut le cas avec les «madrassas» pachtounes en Afghanistan

  • Pour le locuteur arabophone, ci joint le récit d’Al Akhbar sur l’offre saoudo américaine et le refus du Pakistan

Plus de trente millions de Pakistanais sont de confession chiite sur une population de 190 millions d’habitants, un levier démographique qui pourrait brider toute tentation du Pakistan de rééditer le schéma afghan, en faisant planer un risque de guerre civile à l’effet de compromettre son partenariat prometteur avec la Chine.

A propos de l’équation chiite dans le jeu des puissances régionales

Le Pakistan avait déjà opposé une fin de non-recevoir à une demande pressante du Royaume saoudien de se joindre à la coalition pétro monarchique dans sa guerre d’agression contre le Yémen, considérant, à l’instar des autres grands pays musulmans (l’Egypte et la Turquie, et plus récemment la Malaisie) que cette équipée accentuerait la destruction du Monde arabe et musulman et sa vulnérabilité.

.

Un «Monde post occidental», selon l’expression de Sergueï Lavrof, ministre russe des Affaires étrangères

Au-delà de ses récriminations à l’encontre de ses anciens alliés, le Pakistan a intégré dans sa stratégie les bouleversements survenus au plan de la géostratégie mondiale en un quart de siècle et le passage, trente ans après l’implosion de l’Union soviétique, à un «Monde post occidental», selon l’expression du ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrof.

A – L’Iran: un grand décideur régional

Pour la première fois depuis la fin de la II me Guerre mondiale, un axe de contestation de l’hégémonie israélo-américaine s’est constitué au Moyen orient, à l’initiative de l’Iran, promu désormais au rang de grand décideur régional, depuis sa remarquable performance militaire de la guerre de Syrie.
La transversale Moyen orientale de l’Iran met en mesure ce pays, -du fait de son réseau d’alliances en Irak, en Syrie, au Liban et au Yémen-, de porter la riposte «derrière les lignes ennemies» et de placer ses contestataires sur la défensive. L’Arabie Saoudite en a fait l’expérience au Yémen et au Liban, la France et les Etats Unis en Syrie, Israël en Syrie et au Liban
De surcroit, l’Iran est membre observateur du Groupe de Shanghai, le groupement des cinq pays du BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud). Un allié de choix pour un ensemble qui se propose de favoriser une ère multipolaire dans les relations internationales, en opposition frontale avec l’unilatéralisme occidental.
La visite de trois jours du général Mohamad Bakiry, chef d’état-major de l’armée iranienne, à Islamabad, effectuée en juillet 2018, dans le cadre de la «diplomatie défensive» de l’Iran, a été qualifiée par la presse arabe comme étant «la plus importante depuis 40 ans». Elle a débouché sur un accord de principe visant à la co production conjointe d’armes entre l’Iran et le Pakistan.

.

Pour aller plus loin sur ce thème

De plus, deux des pays membres du groupe de Shanghai sont de puissants voisins du Pakistan:

B- L’Inde:

Sans passif colonial, sans adversaire déclaré autre que le Pakistan, l’Inde constitue, au même titre que l’Afrique du sud, une référence morale de par ses conditions d’accession à son indépendance et de sa gouvernance, fondée sur le système électoral.
L’un des premiers pays musulman au Monde par la densité de sa population, qui compte autant de citoyens de confession musulmane que la quasi-totalité des pays arabes réunis, est aussi un «swinging state», un état pivot dont le basculement peut faire pencher la balance dans un sens ou dans l’autre
Son accession au 5me rang des puissances économiques mondiales devant son ancien colonisateur, le Royaume Uni, et la France, donne à l’Inde, au vu de ses atouts, une confortable marge de manœuvre.

C- La Russie: En marche forcée vers l’Eurasie.

A la recherche de son objectif, la constitution d’un blog géopolitique transcontinental qu’elle a désigné du terme de «l’Eurasie», la Russie a réussi le tour de force de maintenir de solides relations avec l’Inde, son ancien allié de la guerre froide, et le Pakistan, son ancien ennemi juré de cette période. Doctrine forgée par les géopoliticiens russes afin de dépasser le positionnement géographique de la Russie à cheval entre l’Europe et l’Asie, l’Eurasisme consiste à envisager une troisième aire géographique entre l’Europe et l’Asie.

L’Eurasie se composerait alors de la Russie et de la majorité des anciennes Républiques soviétiques (Kazakhstan, Turkménistan, Tadjikistan, Kirghizistan, Ukraine, Biélorussie, Géorgie, Arménie, Azerbaïdjan, Biélorussie et Moldavie). Cette théorie tient une place grandissante dans les pays cités, mais également en Turquie, en Iran ou en Afghanistan.

Gawar, le point d’achoppement de la stratégie saoudo américaine de l’Iran.

Le Balouchistan est une région d’Asie partagée entre trois pays l’Iran (Ouest), l’Afghanistan (Nord), le Pakistan (Est).
Situé au sud-est du pays, à la frontière avec le Pakistan et l’Afghanistan, le Baloutchistan est la deuxième plus importante province d’Iran, le Sistan-et-Balouchistan est l’une des 31 provinces d’Iran. Sa capitale est Zahedan. Sa population de 2,1 millions d’habitants. Sa superficie de 181.600 km.

Tout serait parfait, sauf que le projet saoudo américain pourrait avoir capoté du fait que le Balouchistan abrite le port de Gawar, le terminal du projet OBOR.
Ancienne possession du Sultanat d’Oman, cédée au Pakistan en 1959, Gawar, ville portuaire de la province du Baloutchistan, à une centaine de kilomètres de la frontière iranienne, est dotée d’un terminal pétrolier ayant vocation à faire office de ravitailleur énergétique de la Chine. Gwadar (« porte du vent » en langue baloutche) doit son élection à son emplacement stratégique, susceptible de lui valoir à long terme une place de choix dans le commerce mondial. La ville doit devenir la tête de pont du Corridor économique Chine-Pakistan (CPEC), un projet multiforme de 54 milliards de dollars, visant à relier l’ouest de la Chine à l’océan Indien via le Pakistan.

Le projet OBOR ou La nouvelle route de la soie de la Chine.

Grand projet économico-politique du président Xi Jinping, le projet OBOR consiste à tracer d’immenses routes commerciales, les unes traversant l’Asie par voie terrestre, les autres contournant le continent par voie maritime, d’où son nom officiel anglais d’OBOR – pour: One Belt (la ceinture océanique), One Road, (les infrastructures terrestres). Il permet de contourner le détroit de Malacca et de raccourcir de 1.000 km les lignes de ravitaillement de la Chine.

Corridor économique sino pakistanais de 3.200 km, son objectif est de désenclaver le Xinjiang en le reliant au port de Gwadar au Balouchistan, dans le sud de la Chine, à mettant directement en contact la 2me plus grande économie du Monde à l’Asie du sud et à l’Asie de l’Ouest (Moyen orient). Il permet de contourner le détroit de Malacca et de raccoucir le trajet de ravitaillement de la Chine de mille km.

Projet titanesque, OBOR concerne 68 pays représentant 4,4 milliards d’habitants et 40 pour cent du PIB mondial. Il va réduire de 10.000 km le trajet entre la Chine et l’Asie occidentale, au-delà l’Afrique orientale. 80 pour cent des importations pétrolières chinoises transitent par l’Asie du Sud Est.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *