7 au Front

La crise économique systémique après la crise sanitaire au coronavirus

Les plumitifs en position de combat

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Les thuriféraires, plumitifs, analystes et économistes de tous poils, se rangent désormais en ordre de bataille afin de programmer l’opinion publique en prévision de l’après pandémie – cette période de récession économique  terrifiante qui suivra l’épidémie et le confinement, qualifiée par Donald Trump de «remède pire que le mal», et qui  terrassera l’économie capitaliste mondialisée (1). Lisez ce que les «experts» affrétés par l’Oxford Economics racontent :

 

«La reprise économique mondiale pourrait être assez rapide une fois que le coronavirus sera sous contrôle, selon les analystes de la société d’analyse britannique Oxford Economics, qui ont analysé l’impact des épidémies à court terme sur la croissance économique mondiale». Ils ont pris l’exemple de l’épidémie de pneumonie atypique SARS de 2003 et la pandémie de grippe porcine de 2009, et ont conclu qu’après avoir enregistré une baisse à court terme, l’économie mondiale avait connu une reprise rapide et importante (2).

 

«Les craintes sociales se sont accrues avec l’augmentation des cas d’infection, mais elles ont rapidement disparu une fois que les épidémies ont été contrôlées», ont indiqué les analystes (sic). Oxford Economics prévoit que la propagation du coronavirus s’arrêtera au cours du second semestre, puis le taux de croissance du PIB mondial pourrait atteindre 5%. «L’Histoire montre que l’économie se remet rapidement, même après de graves chocs. Pour l’instant, nous attendons encore une reprise importante au cours du second semestre, après le premier qui était terrible», concluent les experts d’Oxford Economics, les champions de l’imposture économétrique.

 

Les analystes britanniques gardent le silence sur deux vecteurs que les larbins politiciens et leurs patrons, les financiers et les banquiers tétanisés, ont lourdement manipulé pendant la crise du coronavirus (Covid-19). Au cœur d’une crise financière – monétaire – pétrolière – boursière –, marquée par un endettement abyssal des États bourgeois, des entreprises et des particuliers, les banques centrales ont émis et prêté, sans aucune garantie, plus de 5 000 milliards de dollars de monnaie de singe, rajoutés au 1,800 milles milliards de dollars de dettes publiques et privées empilés depuis la pandémie de grippe porcine de 2009. Pire, cette émission de bons du trésor spécieux, a été opérée alors que la moitié de la population mondiale était productivement à l’arrêt, condamnée au confinement, dans une phase de surendettement sur fond de consommation anémiée.

 

Bref, rien ne va plus sous l’économie reclus. Pepe Escobar en rajoute : «Des sources bancaires new-yorkaises m’ont dit la vérité: le risque systémique est devenu beaucoup plus grave en 2020 qu’en 1979, 1987 ou 2008 en raison du danger extrêmement accru de l’effondrement du marché des produits financiers dérivés de 1,5 quadrillion de dollars (1,5×10^24). Comme le disent mes sources, l’histoire n’avait jamais rien vu de tel que l’intervention de la Fed via l’élimination, peu comprise, des réserves obligatoires des banques commerciales, déclenchant une expansion potentiellement illimitée du crédit pour éviter une implosion du marché des produits financiers dérivés résultant d’un effondrement total des matières premières et des marchés boursiers à travers le monde» (3).

 

Voilà un vecteur inédit – une primeur dans l’histoire économique du capitalisme, ce que Donald Trump, le milliardaire perspicace, a qualifié de «remède pire que le mal». En effet, vous pouvez tout vous permettre sous le capitalisme monopoliste étatique, sauf de casser la production des profits et la distribution des dividendes.

 

Ce qu’un simple milliardaire comprend aisément, un analyste de renom comme Patrick Artus est incapable de le saisir. Et voilà le pamphlétaire spéculant sur l’avenir menacé de la variante néo-libérale du capitalisme moribond.

 

L’Artus spécule et s’interroge : «La crise du coronavirus va très probablement provoquer le retour à des chaînes de valeur régionales, au lieu de chaînes de valeur mondiales, c’est-à-dire présider à la déglobalisation-démondialisation des économies réelles.  Une hausse durable des dépenses publiques de santé, d’indemnisation du chômage, de soutien des entreprises, donc la fin de l’austérité budgétaire, là où elle était installée (Europe) et la croissance de la concurrence fiscale. La compréhension de ce qu’il faut que l’Etat intervienne pour définir et développer les industries stratégiques (pharmacie, aussi Nouvelles Technologies, énergies renouvelables…).  La compréhension (même aux Etats-Unis) de ce que toute la population doit bénéficier d’une protection sociale convenable». Tout ceci signifie bien la fin du «capitalisme néo-libéral» qui avait choisi la globalisation-mondialisation, la réduction du rôle de l’État et de la pression fiscale, les privatisations, et dans certains pays la faiblesse de la protection sociale (4).

 

C’est justement là que le bât blesse.

 

Le capitalisme néolibéral, global et mondial, n’est pas un choix du grand capital international, non plus que la réduction d’un certain type d’intervention de l’État, le déploiement des paradis fiscaux, les privatisations, et le report, à la charge directe des travailleurs, des dépenses sociales, sanitaires et médicales. Cette forme de capitalisme d’État libéral-laxiste pour les travailleurs, mais interventionniste en faveur du capital, est une nécessité, le destin inscrit dans les lois inexorables de la production et de l’accumulation de la valeur sous le capitalisme libéral ou dirigiste…faisant osciller la pendule de l’État bourgeois du pôle gauche – dirigiste – de l’État providence en période de «Take off» ou de reprise de l’accumulation. – Ce sont des périodes historiques de félicités pour les gauches embourgeoisées qui sont alors appelées à gouverner, sous protectorat financier, les destinées des sociétés «nationalisées» –. Invariablement, le système s’enfargeant dans ses contradictions, dans ses louvoiements entre ses moyens de production surabondant et ses forces productives trop performantes ; ses marchandises en surcapacité et des marchés surendettés et anémiés, le pôle droit de l’État providence est appelé à la gouvernance. En annexe nous présentons une synthèse de l’analyse de la firme Nataxis qui explicite la phase présente de cette crise du capitalisme et ce qui a préparé le crash appréhendé.

 

Les tactiques du capital ne peuvent masquer sa stratégie à long terme

 

Ce balancement du pôle gauche – dirigiste – au pôle droit – laxiste – de l’État capitaliste-fétiche ne remet jamais en cause l’impérative nécessité  stratégique de la monopolisation – globalisation – mondialisation des moyens de production, de commercialisation, de communication, et en définitive des moyens d’accumulation – valorisation du capital. C’est pourquoi nous avisons le prolétariat international de se préparer à résister mondialement aux périodes de restriction, de convulsion, de répression et de récession économique qui suivront le confinement qui nous paraitra bien bénin à comparer aux «remèdes» qui nous seront infligés pour sauver ce mode de production moribond. Déjà la petite bourgeoisie de service dans les médias bourgeois stipendiés est à l’œuvre afin de préparer l’opinion à se résigner, à rester confiner entre le loyer et l’atelier. Bien entendu que l’État bourgeois profitera de cette opportunité pour resserrer son emprise sur le prolétariat par l’entremise de la «Corona-dictature»  pour briser toute résistance populaire https://les7duquebec.net/archives/253823 (5).

 


ANNEXE

 

Nataxis,  notre interprétation de la présente crise est la suivante :

 

  • il y a excès mondial de capacité de production, dû essentiellement à la globalisation et à l’investissement très important (relocalisation) dans les pays émergents;
  • l’excès de capacité devrait normalement faire baisser la profitabilité des entreprises ; en réaction à cette évolution, les entreprises ont essayé de réduire les salaires, d’ou, dans beaucoup de pays, le recul de la part des salaires dans le PIB, qui amplifie l’insuffisance de la demande par rapport à la surcapacité de production-commercialisation. Les grandes entreprises essaient de devenir leader dans leur secteur d’activité́ afin de bénéficier de marges d’oligopole;
  • l’excès de capacité de production pousse les États à mener des politiques non coopératives visant à accroître le taux national d’utilisation des capacités et de valorisation du capital mondial: stimulation du crédit par les politiques monétaires très expansionnistes, d’où les bulles spéculatives sur les prix des actifs, l’excès d’endettement et les crises boursières comme indices des crises d’accumulation-valorisation systémiques; accompagné de la sous-évaluation du taux de change (de la valeur réelle de la monnaie nationale) dans les pays émergents. Ce qui pénalise les salariés locaux, travaillant pour des salaires de misère. On perçoit ici combien le marché de travail et de la main-d’œuvre est complètement intégré – globalisé – mondialisé.

Les États bourgeois sont confrontés :

  • à la situation de surcapacité relative de production;
    • à la compression des salaires mise en place par les entreprises et par l’État fétiche.

Il y a donc à la fois excès d’offre de biens et services (marchandises) et insuffisance de la demande. Confrontés à cette situation, les États mettent en place des politiques non coopératives de soutien de la demande, afin d’essayer d’éviter l’arrêt du processus d’accumulation – valorisation ce que les économistes appellent la sous- utilisation des capacités de production.

Ces politiques prennent la forme :

  • avant la crise, des politiques monétaires expansionnistes visant à stimuler la demande intérieure par la stimulation du crédit. Ceci a conduit à la très forte progression de l’endettement aux États-Unis, au Royaume-Uni, au Canada et dans la zone euro hors Allemagne, avec des taux d’intérêt faibles par rapport aux taux de croissance. Depuis la crise de 2008 la stimulation de la demande est réalisée à partir des déficits publics et du crédit gratuit ou presque;
  • dans les pays émergents, les gouvernements essaient de corriger la sous-utilisation des capacités de production-valorisation du capital en stimulant les exportations par la sous-évaluation de leurs devises. Il y a ainsi maintien de cette sous-évaluation grâce à l’accumulation de réserves de change en dollars dans les pays émergents d’où le yuan cherche à l’expulser), ce qui permet bien à ces pays de gagner des parts de marché à l’exportation l’objet de la guerre commerciale en cours.

Nous interprétons donc les politiques de soutien du crédit dans les politiques de l’OCDE et de sous-évaluation des taux de change dans les pays émergents comme des politiques non coopératives de réponse à l’excès de capacité mondial de production et de baisse des salaires par les entreprises, visant à redresser le taux d’utilisation des capacités productives (de valorisation du capital en définitive) d’un pays au détriment  des autres pays.

Ces politiques interagissent pour générer une énorme croissance des liquidités mondiales, qui est à l’origine des crises puisqu’elle a fait apparaître :

  • des bulles financières (actions, immobilier), qui vont ensuite exploser;
  • l’excès d’endettement qui a déclenché en 2007-2008 une nième crise financière.

 


Notes

 

  1. https://www.msn.com/fr-ca/actualites/monde/le-président-trump-a-toujours-la-cote/ar-BB12cMOs?ocid=spartandhp
  2. Source : SPUTNIK
  3. https://lesakerfrancophone.fr/les-etats-unis-et-la-chine-sont-ils-pieges-dans-une-guerre-hybride
  4. Patrick Artus. Public Natixis FlashEconomie30mars2020-
  5. https://les7duquebec.net/archives/253823

 

Robert Bibeau

Auteur et éditeur

9 réflexions sur “La crise économique systémique après la crise sanitaire au coronavirus

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