La récession peut-elle se muer en dépression économique mondiale?
Par le Professeur Rodrigue Tremblay Source URL.
« C’était en 1932. J’avais alors 21 ans et je cherchais du travail pendant l’une des pires années de la Grande Dépression. Je me souviens d’une nuit sombre dans les années ‘30 quand mon père apprit la nouvelle, la veille de Noël, qu’il avait perdu son emploi. Être un jeune de ma génération, c’était sentir comme si notre avenir avait été hypothéqué à notre insu — et c’est une erreur tragique que nous ne devons jamais laisser nos dirigeants répéter. Les jeunes d’aujourd’hui ne doivent jamais souffrir des erreurs du passé. » —Ronald Reagan (1911-2004), acteur et homme politique américain, ancien gouverneur de la Californie et 40e président américain, 1981-1989, (lors d’un discours à la Nation, le 13 octobre 1982.)
J’ai grandi durant la Grande Dépression.
Je me souviens très bien ; le chômage dépassait 25% et même plus de 35% là où j’habitais. Un homme adulte devait travailler toute une journée, à raison de 16 heures par jour, pour un dollar. Je me souviens voir des centaines de personnes flâner, certains étaient venus du Nord juste pour trouver un climat plus chaud. Ils en étaient réduits à mendier, même s’ils avaient fait des études universitaires. Les gens n’avaient pas d’argent. Ils faisaient du troc ; ils échangeraient des œufs ou des cochons. C’était vraiment un autre monde. » — Jimmy Carter (1924-), 39e président américain (1977-1981), (lors d’un interview avec le journal St. Louis Post-Dispatch, le 4 février 2009, discutant de son livre “Une heure avant l’aube : Les mémoires d’un garçon de ferme“, publié en 2001.)
« La [Grande] Dépression des années 1939-1929 a été si sévère et si profonde, en plus d’être indument longue, parce que le système économique international a été déstabilisé par l’incapacité britannique et la réticence des États-Unis à assumer une responsabilité pour le stabiliser, en recourant à cinq mesures :
(1) En acceptant de garder un marché relativement ouvert pour les produits en situation de surproduction ;
(2) en avançant des prêts à long terme, d’une manière anticyclique, ou du moins sur une base stable ;
(3) en s’assurant que le régime des taux de change soit relativement stable ;
(4) en faisant en sorte que les politiques macroéconomiques soient coordonnées ;
(5) en agissant comme prêteur de dernier recours pour faire face à la crise financière, et en injectant des liquidités par des opérations monétaires de marché ouvert. » — Charles Kindleberger (1910-2003), historien économique américain et auteur de ‘La Grande Dépression de 1929-1939’, un livre publié en 1973, révisé et bonifié en 1986.
On peut dire que jusqu’à présent, les banques centrales et les gouvernements de la plupart des économies avancées ont agi correctement, pour empêcher que le blocage économique de larges segments de leur économie pour combattre l’épidémie de coronavirus, ne se transforme en un véritable désastre économique. Ils ont au moins sauvés les meubles. (sic)
Au niveau microéconomique, cependant, on ne peut cacher qu’il y ait eu quelques bavures coûteuses quand des programmes de remplacement des salaires ont eu pour conséquence de créer des pénuries de main-d’œuvre dans certains secteurs essentiels, comme ceux des centres hospitaliers et des résidences pour personnes âgées.
On observe dans plusieurs pays qu’une proportion élevée des décès causés par le coronavirus s’est produite dans des institutions qui souffraient d’un manque aigu de personnel. La contagion y est restée hors contrôle pendant des mois, suite au départ de travailleurs qui ont quitté leur emploi, en partie pour avoir droit à une allocation salariale gouvernementale spéciale de chômage. En effet, dans leur hâte d’injecter de l’argent dans l’économie, les gouvernements en ont distribué à des sociétés et à des personnes qui n’y avaient pas droit. — Dans l’ensemble, cependant, les principaux objectifs macroéconomiques semblent avoir été atteints et le pire semble avoir été évité.
Selon certaines évaluations, les gouvernements du monde entier comptent injecter quelque 8 000 milliards de dollars en mesures fiscales, à l’exclusion des sommes avancées par les banques centrales, pour empêcher un effondrement de leur économie. Il reste maintenant à savoir si cette injection massive de pouvoir d’achat suffira pour éviter qu’une grave récession ne se transforme en une dépression économique de longue durée.
Une baisse de 5 à 10% du PIB, et peut-être davantage, n’est guère hors de question en 2020
Les données préliminaires concernant la baisse du produit intérieur brut (PIB) au cours du premier trimestre de 2020 ne donnent pas une image complète des pertes économiques causées par le confinement et la fermeture d’entreprises. Pour le moment, aux États-Unis, on s’attend à une baisse de 4,8% du PIB au taux annuel. Cependant, le deuxième trimestre, lequel se termine avec le mois de juin, devrait montrer une plus importante perte.
C’est pourquoi, une contraction du PIB américain de l’ordre de 5 à 10%, pour l’ensemble de 2020, est certes possible, et pourrait même être dépassée, s’il survient une deuxième et une troisième vague d’infections au coronavirus à l’automne et à l’hiver prochain, comme certains experts le prédisent.
À quoi doit-on s’attendre au Canada? Le Fonds monétaire international (FMI) estime que le PIB réel du Canada pourrait subir une chute de 6,2% en 2020. Cela repose sur l’hypothèse que la majeure partie de la baisse se serait produite au cours du premier semestre de l’année, et qu’il y aura un rebond de l’économie au cours du second semestre, grâce à un déblocage économique progressif à compter de l’été. — Il se peut qu’une telle perspective économique soit trop optimiste. En effet, l’économie canadienne devrait souffrir un peu plus que l’économie américaine du blocage économique actuel, en raison de l’effondrement du secteur pétrolier relativement plus important au Canada qu’au États-Unis.
La grande importance relative du secteur des services
Il est important de comprendre que la structure des économies avancées modernes accorde une grande place à la production de services par rapport à la production de biens tangibles. De nos jours, la part des services dans la production nationale dépasse de beaucoup la production des secteurs primaire et secondaire de biens (agriculture, foresterie, mines, fabrication, énergie, etc.). Par exemple, le secteur tertiaire des services (services personnels aux consommateurs, soins de santé, éducation, commerce de détail et de gros, services financiers, tourisme, transports, médias, culture, etc.) représente 80% du PIB aux États-Unis, et c’est aussi là que l’on retrouve 80 pour cent des emplois.
Au Canada, en raison de l’importance du secteur des ressources, le secteur des services ne représente que 70% du PIB, mais il emploie environ les trois quarts des Canadiens.
Tout cela pour dire que la perte de production pendant le blocage économique est vraiment une perte qui ne sera pas entièrement récupérée lorsque l’économie rebondira. En effet, on ne peut entreposer des services.
On peut donc conclure d’une façon préliminaire que même avec un rebond économique important au second semestre de 2020 et avec une poursuite en 2021, comme de nombreux économistes anticipent, cela sera loin de compenser pour les dommages économiques importants causés par le verrouillage de l’économie pendant le premier semestre de cette année.
Aux États-Unis, une baisse de 5% du PIB réel pour 2020 dans son ensemble signifierait une perte de production d’environ 1,1 billion de dollars américains. Cependant, dans le cas d’un scénario plus pessimiste de baisse de 10% du PIB, cela pourrait se traduire par une perte de production de quelque 2,1 billions de dollars américains.
Au Canada, des pourcentages similaires entraîneraient une perte économique de 117 milliards $ CAN, dans le premier scénario, mais une perte de 234 milliards $ CAN, dans le deuxième scénario.
Un objectif de première importance : Empêcher qu’une déflation structurelle durable n’apparaisse
Parmi les responsabilités de première ligne des banques centrales et des gouvernements, en cette période de crise virale et économique, est de prendre les mesures nécessaires pour empêcher qu’une dangereuse déflation structurelle ne s’installe à demeure.
Une déflation structurelle ou maligne est causée par une demande insuffisante dans un environnement de surcapacité de production. Elle peut être la conséquence d’un vieillissement de la population. Il en résulte alors une pression durable à la baisse sur les prix et les salaires. Une telle situation économique se produit lorsque plusieurs secteurs (ex. marchés financiers, agriculture, énergie, mines, etc.) subissent une baisse des prix, quand une demande stagnante oblige les producteurs à abaisser leurs prix pour écouler leurs surplus de stocks d’inventaire.
Il en résulte une baisse dans les bénéfices et un déclin dans la demande de main-d’œuvre. À son tour, la hausse du taux de chômage fait chuter les salaires, et c’est alors qu’une dangereuse spirale de baisse des prix et des salaires peut se mettre en marche.
En effet, lorsqu’une économie se trouve confrontée à une baisse des prix des titres financiers, à des fermetures d’entreprises et à un chômage massif, les banques, les entreprises et les consommateurs les plus endettés subissent alors de lourdes pertes financières à cause du poids écrasant de leurs dettes. Cela peut conduire à des fermetures de banques, à des défauts de paiement, à des défaillances et faillites d’entreprises et à des saisies hypothécaires… ainsi qu’à une baisse additionnelle de la demande, des prix et des salaires. C’est dans un tel contexte déflationniste qu’une récession économique ordinaire pourrait se muer en une dépression économique qui enregistrerait des taux de chômage supérieurs à 20 pourcent, pendant plusieurs années.
Une déflation pourrait entraîner une désastreuse déflation des dettes
Quand une économie est surchargée de dettes, comme c’est le cas actuellement pour de nombreuses économies, une déflation structurelle peut sonner le glas au retour durable de la croissance économique. En effet, le talon d’Achille des économies est le niveau historiquement élevé d’endettement par rapport au produit intérieur brut (PIB).
Voici un bref aperçu des niveaux d’endettement aux États-Unis, à la mi-2019:
1- La dette totale des entreprises aux États-Unis (dette des sociétés non financières des grandes entreprises, dette des petites et moyennes entreprises, entreprises familiales et autres dettes commerciales) était de 15,5 billions de dollars, soit 72% du PIB américain.
2- La dette totale des consommateurs américains (cartes de crédit, prêts automobiles, prêts étudiants, hypothèques immobilières et autres dettes des ménages) était de 13,95 billions de dollars ou 65,2% du PIB.
3- La dette totale du gouvernement américain (dette non remboursée du gouvernement fédéral) était de 22,7 billions de dollars ou 106,1% du PIB.
En somme, le niveau d’endettement total des États-Unis, excluant le secteur financier, égalait l’an dernier environ 52 000 milliards de dollars, soit 243% du PIB pour une économie qui produit environ 22 000 milliards de dollars par an de biens et de services. C’est comme si un cavalier pesant 250 kilos chevauchait un poney.
Avec un déficit budgétaire fortement en hausse à hauteur de 3 700 milliards de dollars en 2020-21, et un autre déficit d’environ 2 000 milliards de dollars en 2021-22, la dette totale du gouvernement américain, à lui seul, pourrait facilement grimper à 27 700 milliards de dollars.
Hormis une menace inflationniste imminente, les gouvernements peuvent faire appel à la banque centrale pour que cette dernière fasse gonfler la masse de monnaie fiduciaire en monétisant les dettes gouvernementales. Cependant, les entreprises privées et les consommateurs surendettés n’ont guère ce luxe. Ils peuvent n’avoir d’autre choix que celui de faire défaut sur leurs dettes ou de réduire considérablement leurs dépenses.
Dans le contexte actuel, les conséquences économiques d’une telle déflation des dettes pourraient mettre un frein important à la forte reprise économique à laquelle de nombreux observateurs s’attendent, une fois la crise pandémique surmontée et un retour de l’économie à la normale.
Le marché des prêts corporatifs à hauts risques
Finalement, en plus de toutes les dettes publiques et privées ordinaires, les autorités devraient porter une attention particulière au marché des prêts corporatifs à hauts risques, un marché financier parallèle d’environ $1 200 milliards et qui a pris de l’importance au cours de la dernière décennie. Il s’agit d’un marché très peu réglementé.
Il met en cause des fonds spéculatifs et les prêts que ces derniers font à des entreprises déjà fortement endettées.
Cette catégorie de dettes n’est pas sans rappeler la crise des subprimes au cours des années 2007-2008, laquelle fut une des causes de la grande récession de 2007-2009. Ces prêts corporatifs à hauts risques pourraient être la première tranche de dettes à s’effondrer si la présente récession allait empirer.
Conclusion
Ce n’est pas souvent qu’un problème majeur de santé publique se juxtapose à un déclin économique majeur. Dans un tel contexte de crise à la fois sanitaire et économique, bien malin pourrait prédire avec certitude ce qui arrivera dans l’avenir.
C’est pourquoi, permettez-moi d’identifier trois scénarios économiques possibles : Un scénario optimiste à court terme, lequel suppose que tout se passe pour le mieux, tel que souhaité ; un scénario de stagflation à moyen terme, quand une pression inflationniste et une faible croissance économique vont de pair ; et, un scénario plus pessimiste, quand une déflation généralisée, de mauvaises prises de décision tant politiques que sanitaires, et un niveau élevé d’endettement font en sorte de plonger l’économie dans une dépression économique.
1- Le scénario optimiste : tout se passe bien, les mesures gouvernementales de soutien à l’économie sont suffisantes pour empêcher l’émergence d’une déflation structurelle et d’une dangereuse spirale de déflation des dettes. Le chômage revient à ses niveaux historiques. —Ce scénario repose sur l’hypothèse que la menace d’une contagion virale s’estompe de façon permanente et ne persiste pas pendant des mois, voire des années. Cela suppose aussi que les chaînes d’approvisionnement des entreprises se rétablissent sans problèmes et sans dangereuses guerres commerciales.
2- Un scénario de stagflation à moyen terme : la situation actuelle entraîne d’importantes pénuries dans certains secteurs de production ; les prix au détail grimpent et une certaine forme de rationnement localisé devient nécessaire. C’est le scénario de la stagflation. Le chômage demeure élevé.
3- Un scénario plus pessimiste : après des années d’irresponsabilité budgétaire et d’une forte accumulation de dettes, la récession économique actuelle se transforme en une véritable dépression économique mondiale et l’économie est aux prises avec un processus de déflation des dettes. Les gouvernements et les banques centrales répètent les erreurs des années ’30, à savoir poussent les taux d’intérêt à la hausse, laissent la masse monétaire se contracter, et adoptent des politiques commerciales protectionnistes. Le tout se combine pour transformer une récession économique en une dépression économique mondiale, avec pour conséquence que tous les pays sortent perdants. Un chômage généralisé se maintient au-delà de 20 pourcent pendant plusieurs années.
Au plan géopolitique, si on se fie aux déclarations intempestives de Donald Trump et de son administration (Pompeo, Kushner, Miller, etc.), lesquelles visent à établir un lien entre la pandémie du Covid-19 et les attaques de Pearl Harbor, on ne peut exclure la possibilité que les États-Unis soient tentés de déclencher une guerre, commerciale ou autre, contre la Chine et/ou contre l’Iran. Si cela se produisait, cela pourrait jeter de l’essence sur le feu et transformer une très mauvaise situation en une grande catastrophe économique, avec peut-être le danger de créer une inflation galopante, voire une hyperinflation monétaire. Quoique rares, de tels évènements sont déjà arrivés dans le passé.
Par conséquent, il est trop tôt pour crier victoire et penser que tout, au plan économique, reviendra à la normale, une fois que la crise virale aura perdu de son intensité et que le blocage économique aura été complètement levé.
— On verra.
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Bon je dois admettre tout de même que j’opte pour l’option numéro deux du billet, car l’option numéro 3 me semble un peu extrême même si fort probable hélas !
Ce billet m’a aussi inspiré une nouvelle, légère et sans prise de tête, écrite en premier jet, à même le champs de commentaire, qui résume un peu les propos de l’auteur du billet ! :)))
l’Économie occidentale ressemble depuis 20 ans à un gros paquebot immense qui prenait de l’eau de partout déjà depuis tout ce temps-là… avec des centaines de fissures et de brèches auxquelles sont affectées des équipes en permanence pour les colmater, les souder et limiter les dégâts, pendant que les machines sont en avance toutes, que les chaudières sont en surcapacité et qu’on fait tout afin qu’elles n’explosent pas elles aussi…afin de maintenir le paquebot à haute vitesse de croisière et affronter les tempêtes dans cet état incertain…et pendant ce temps sur le pont, c’est un autre monde qui semble s’agiter, les passagers de 1ère classe, les plus voyants et les plus chouchouté se trimbalent en bronzant, nagent dans la piscine et fument le cigare ou boivent du champagne ! Dans les étages et compartiments inférieurs, les passagers de 2ème, 3ème classe, mais aussi les pestiférés, les nouveaux immigrants, les réfugiés et les clandestins se marchent presque tous les uns sur les autres …et beaucoup ont les yeux rivés sur ce pont supérieur avec son beau monde auquel ils ne peuvent se rendre ou rêver d’y accéder ! Pendant ce temps, dans la principale salle de commandement, le capitaine et ses officiers qui n’ignorent rien du péril naviguant sur lequel se trouve tout ce beau monde, continue d’appliquer les directives de la compagnie et des investisseurs auquel appartient le paquebot : pas question de réduire les vapeurs, pas question de laisser fuiter les rumeurs sur l’état du bateau, le commandant de bord et son équipe ont la responsabilité aussi de faire croire à tout ce beau monde que tout va pour le mieux, et qu’on est capable de faire cinq fois le tour de la terre en voguant sur ses océans si on le voulait ! et de toute façon comme il n’y a nullement de destination, et que l’on est condamné à naviguer en rond éternellement, beau temps, mauvais temps comme on dit…
Surviendra alors ce que l’on craignait tous du fond de nos tripes : un grincement et un bruit immense de bris d’acier qui ne manqua pas de faire trembler tous les passagers et chavirer le paquebot sur un côté….ce fut je crois la crise de 2008 ! Pas de panique nous dira t-on, les équipes se sont relayées jour et nuit pour sauvegarder le navire ! en réalité elles ont dû découper des morceaux d’acier immenses de ses flancs, de ses structures portantes, de certains étages au complet qu’on a du condamner pour la cause, afin de souder cette grosse ferraille aux points névralgiques qu’on a détecté comme étant critiques, et aussitôt que 2009, on distribuait le champagne, le caviar, le saumon fumé et les cigares en 1ère classe…mais pas que…cette fois on a convié le commandant de bord et son équipe à la fête, et on leur a donné carte blanche pour accéder aux reserves d’alcool, de champagne, de vin et de produits de luxe, afin de ne pas trop les paniquer ! les passagers des 2ème, 3ème classes ont même eu droit aux restes cette-fois et à un menu spécial afin de ne pas trop déprimer ! et enfin, on a donné du boulot aux immigrants et réfugiés pour cirer les ponts, nettoyer, essuyer les vitres, faire le ménage des cabines…bref
Tout allait pour le mieux pendant un autre 10 ans jusqu’à l’éclatement d’une épidémie virale dans le paquebot, en même temps que l’acier et les matières pour colmater les nouvelles brèches dans la coque, pour réparer les chaudières et entretenir les moteurs viennent à manquer ! Craignant que l’épidémie touche le personnel naviguant, matelots, mécanos, soudeurs et autres main d’oeuvre, le commandant ou capitaine, en concertation avec d’influents aristocrates du pont supérieur prirent la décision de confiner les passagers, mais aussi les travailleurs et ne garder que le strict minimum aux machines, moteurs et entretiens de la coque …et les cuisiniers pour s’assurer que tout le monde mange et ne crève pas de faim. Le paquebot continua ainsi de naviguer pendant quelques mois, mais cette fois ses problèmes devenaient plus graves, certaines structures modifiées ou touchées auparavant commençaient à bouger carrément, des fissures apparaissaient un peu partout à l’intérieur comme sur la coque du paquebot, on avait jamais rien vu de tel ! et pour compliquer les choses, les techniciens spécialisés autant que les officiers ont forcé le commandant à recevoir leur rapport pétition signé dans lequel ils annoncent leur défaut de compétence en plus du défaut de matières et d’acier pour réparer le bateau ! Affolé et furieux, le capitaine s’en alla immédiatement sur le pont supérieur et convoqua une réunion d’urgence avec les principaux aristocrates et décideurs, investisseurs et autres magnats de la navigation et du business pour leur annoncer la nouvelle, mort de peur, tremblotant, la voix serrée et en sueur ! il implora leur conseil et leur pardon ! ces derniers, inquiets mais imperturbables et avec sang froid lui tapotaient sur le dos et lui demandèrent de se relever ! ils lui signifièrent l’ordre de jeter pas dessus bord tout matelot, technicien ou mécanicien ou officier qui refuserait de se plier à ses ordres ! ils lui demandèrent de vider deux autres étages ou résidaient les immigrants et les 3èmes classes et celui des réfugiés et clandestins juste au dessus des salles de machines, et confiner tout ce beau monde dans un magasin de matériel à l’arrière du paquebot, sans fenêtres ou hublots, sans lumière, et de percer quelques hublots pour y faire pénétrer un minimum d’air et de lumière, tout en mettant tous ces passagers sous surveillance, rationaliser leur bouffe et leur interdire de quitter leur quartiers jusqu’a nouvel ordre, et utiliser l’acier des deux étages ainsi libérés pour faire travailler les équipes jour et nuit à rafistoler le maximum de brèches et de structures menaçantes ! puis on lui servit un Grand Marnier »Cuvée du Titanic 1912 », un cognac d’une cuvée prestigieuse et rare signifiant qu’il devait maintenant jouer le tout pour le tout, sinon ce serait la fin du paquebot.. un peu comme le Titanic! le commandant avala son cognac d’une traite, esquissa un sourire cynique et s’en alla donc appliquer les ordres signés par les maîtres du paquebot !
Les officiers et les matelots qui écoutèrent le discours du commandant à son retour n’en croyaient pas leurs oreilles, non seulement le commandant leur demandaient de contrevenir aux règlements de sûreté de la navigation depuis toujours, mais cette fois tout en aggravant ces dispositions, il leur demandait de violer les règlements de sécurité des passagers, du personnel naviguant, du code du travail à bord et du code pénal en leur demandant de jeter par dessus bord tout opposant violent ou indiscipliné ! mais ils n’avaient en effet encore rien vu ! le Commandant possédait une garde loyale et armée d’officiers de reserve qui lui obéissait au doigt et à l’œil, composée d’une cinquantaine de mercenaires et anciens soldats, armés jusqu’aux dents, payés une fortune, et ne respectant aucun règlement, il s’empressa donc ce jour là de nommer parmi eux ces seconds et ses suppléants, fit rédiger l’ordre de mission et mobilisation en plus du grade de chacun et annonça à ses anciens officiers la nouvelle ! leur demandant désormais de n’obéir qu’à eux, et ne jamais venir ou remonter à lui sans passer par eux ! et pour faire valoir les nouveaux ordres leur sorta de sa poche un décret de l’état d’urgence sur le navire, qui l’autorise à prendre toutes les mesures qu’il leur a annoncé ce jour là ! et dans un silence de mort, il sortit un cigare de sa poche, l’alluma, puis s’exclama : Au travail maintenant !
Lorsque la nouvelle arriva enfin aux passagers de seconde classe, et qu’ils purent voir de leurs propres yeux comment on guida ces milliers de passagers de 3ème classe et des ponts inférieurs tous ensemble vers l’arrière du paquebot avec leurs valises, leurs bambins, leurs bruits et protestations des hommes ou cris des femmes et des enfants, une bonne partie d,entre eux devenait blême et se disait que si ça continue ainsi les prochains ce sera nous ! Alors que près de la moitié s’en félicitaient, certains portaient des toasts, chantonnaient, demandaient à l’orchestre de jouer un air joyeux et célébraient avec joie ce débarras de tous ces pestiférés auxquels on les a associé pendant longtemps. et Ainsi, de jour comme de nuit, les travaux avançaient dans un bruit de tonnerre, pendant qu’à l’arrière, immigrants et passagers de 3ème classe en venaient aux mains, aux insultes, aux guerres rangées entre eux, pour récupérer un espace, réclamer un accès aux toilettes ou douches communes, ou être servis des repas immangeables presque, sans saveur et sans consistance pour leurs enfants ! une véritable tragédie se jouait à l’arrière du navire, et grâce à la sagesse et au courage de quelques hommes parmi aussi bien les passagers de 3ème classe que les immigrants, on arrivait enfin à calmer les esprits, à faire comprendre à tous que nous sommes dans la même galère, et qu’il fallait maintenant arriver à percer une porte dérobée ou cachée dans la parois, afin de donner aux gens à tour de rôle la chance de sortir sur le pont arrière pendant la nuit, s’y dégourdir les jambes, respirer un bon coup, faire sortir les enfants et réfléchir à un plan de révolte ou de sauvetage ! au bout de deux semaines de travail forcé, ils y arrivèrent enfin et s’assuraient que personne ne pouvaient voir cette porte dérobée donnant sur un petit pont en arrière !
Le paquebot continua ainsi sa route bon an mal an pour des mois, l’été de cette année là fut particulièrement difficile à supporter pour les passagers confinés à l’arrière, pris entre un bilan lourd de morts du à la pandémie et d’autres de maladie, et celui de ceux rendu malades et souffrants, dont les enfants et les personnes à la santé vulnérable,…en plus de la malnutrition. Et quelque part durant l’hiver de l’année 2021, la nouvelle tomba comme un couperet ! le commandant et les passagers de première classe et ces officiers loyaux s’étaient réuni sur le pont supérieur, avaient rédigé un rapport et un décret ultime : ils allaient cette fois prendre possession de toutes les chaloupes de sauvetage, des denrées, de l’eau potable, de l’alcool, des biens de valeurs et de quelques matelots »serviteurs » aussi, et quitter le navire, sans dire un mot de plus sur la raison ! le commandant nommait donc ses anciens officiers afin de reprendre le commandement, leur signifia qu’ils seront libres de faire comme bon leur semble, et qu’ils étaient libres de garder l’état d’urgence ou pas ! et au courant de l’après midi de ce jour là, sorti de nulle part, un yacht luxueux et immense se positionnait sur le côté du paquebot, jeta quelques passerelles, et embarqua les aristocrates, en plus de remporter les chaloupes de sauvetages sans en garder une seule sur le paquebot ! au bout d’une heure, les passerelles étaient levées, et le yacht de plusieurs étages luxueux s’éloignait au loin !
Devant un tel spectacle, et sous la menace des armes des mercenaires du commandant personne ne put s’y opposer ou protester, mais tous y ont assisté impuissants, stupéfaits, retournés, choqués de tous les événements de cette journée-là ! En plus, ils avaient maintenant à peine de quoi tenir quelques jours en nourriture et eau potable, ils étaient pris d’une panique encore plus palpable que toutes les inquiétudes et les épreuves qu’ils ont pu supporter jusque là ! Au bout de trois jours de navigation à petite vitesse, et par une une mer calme, les occupants de l’arrière du navire avaient fini par rejoindre les ponts supérieurs, et après quelques querelles et menaces envers les passagers de seconde classe, ils se sont entendu d’occuper ensemble et partager le pont supérieur et celui de seconde classe, mais l’inquiétude était toujours là, les tensions aussi, certains voulaient se battre, d’autres voulaient se jeter par dessus bord, d,autres étaient déprimés et inconsolables…quand au soir de ce troisième jour, un clandestin, même pas immigrant, se hissa sur le pont, accompagné de quelques suppléants ou amis à lui et lorsque tout le monde se réunit étonné et curieux de savoir ce qui pouvait se tramer, il les fixa d’un regard perçant, la posture déterminée et avec une voix clair il prit la parole : Je m’appelle Mustapha, je suis originaire du Sahel, du désert, j’ai été clandestin sur ce navire et aujourd’hui je voudrais vous transmettre un message important ! les gens se regardaient, murmuraient des mots et chuchotaient entre eux en le regardant ! » Je suis en fait le porteur du message d’une femme qui a quitté ce navire avec le commandant et l’aristocratie ! Voici donc son message, je vous le lis à haute voix »
»Chers concitoyennes et concitoyens d’occident, je suis Hélène Maréchal, future épouse de Mustapha mon amant que je n’ai pu marier en Afrique et que j’ai embarqué cladestinement sur le paquebot »Occident », je suis aussi la fille de George et Marie-Anne Maréchal, industriels et propriétaires fonciers importants, mais ne souscrivant aucunement aux opinions et comportements abjects de l’élite, j’ai chargé Mustapha de vous lire mon message afin de vous annoncer que désormais des jours meilleurs sont devant nous maintenant ! l’idée des chaloupes fut celle de mon père afin de nous échapper du Yacht avec quelques amis fidèles à la cause du peuple, et que vous puissiez nous récupérer aux coordonnées ci-après au milieu de l’atlantique ! la bonne nouvelle est que vous n,avez plus à vous inquiéter, nous ne manquerons de rien, et nous réussirons à faire de ce bateau »l’Occident » un navire digne de ses idéaux, ses valeurs humaines, et des plus belles réalisations humanistes dont le peuple enfin libre peut rêver ! avec votre aide, celle de mon époux Mustapha et ses amis, des matelots et des techniciens et de vous tous selon vos capacités, nous transformerons ce navire, nous y avons assez d’acier et de matières pour en faire un paquebot qui non seulement répondra à tous nos besoins, mais nous y aménagerons désormais des jardins, parfois suspendus comme ceux de Babylone, nous y ferons pousser des vignes, des fruits, et tout ce dont nous avons besoin, et une fois que nous aurons réalisé notre rêve, en quelques mois à peine, nous vogueront à la rencontre des paquebots »Afrique », »Amérique », »Asie » et »Océanie » qui nous attendent avec impatience afin de célébrer ensemble notre libération, notre liberté et notre réussite… et pouvoir échanger nos biens, nos idées et nos projets pour le bien des peuples et de l’humanité ! Si l’idée vous plaît et que vous y souscrivez, j’ai l’honneur, sur la forte suggestion de mon mari d’être la femme qui vous guidera vers cet objectif dans un mandat de deux ans, et au bout duquel vous pourrez élire qui vous voulez, et Mustapha d’ailleurs soumettra à votre approbation le projet constitutionnel de »l’Occident libre et socialiste » que vous pouvez amender, modifier, discuter et enfin adopter à l’unanimité ! Si toute fois vous pensez qu’une autre personne serait mieux indiquée que moi pour ce premier mandat, je m’incline et vous rassure qu’il n’y a point de pouvoir dans cette position, il s’agit uniquement d’un leader, qui suit les ordres du peuple qui promulgue les lois, et qui est elu ou destitué par le peuple lorsque le peuple le décide et non pas lorsque les textes ou les élites comme hier le décidaient ! voilà donc, j’espère que vous êtes fin prêts à relever le défi, et vous verrez que c’est vous mêmes qui déciderez d’atteindre nos objectifs dans 3 mois, 6 mois, ou 9 mois, tout dependra de la volonté et le courage que nous y mettrons tous ! Je vous remercie d’avoir écouté mon message à travers mon époux, et je vous retrouve dans moins d’une journée au point de rendez-vous ! quant à l’aristocratie et son yacht, j’ai l’immense plaisir de vous annoncer que ce yacht ne tiendra pas quelques mois en mer, il couleront à la première tempête, ou ils reviendront vers nous en nous suppliant de les sauver dans quelques semaines, renonçant à leurs titres, leurs biens, leurs privilèges et acceptant nos conditions, mais il vous reviendra à ce moment de les accepter à bord ou les forcer à faire face à leur destin ! ils n’auront récolté après tout que ce qu’ils méritaient ! et si vous voulez mon opinion, même si on devait les sauver, ce serait à la condition de pouvoir les juger sévèrement pour ce qu’ils ont perpétré pendant des années et des siècles contre le peuple ! Merci à vous ! et soyons prêts à célébrer notre liberté ! »
HAPPY END :)))))
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