Les vaccins peuvent faire disparaître le virus, mais pas la crise

Par Marc Rousset.

 

La Bourse de Paris a fini au-dessus des 5.700 points, ce vendredi, portée par les perspectives optimistes de reprise économique, suite à la vaccination. Wall Street a également clôturé sur des records, ignorant les mauvais chiffres de l’emploi américain. En décembre, 140.000 emplois ont été perdus, alors que les analystes tablaient sur 112.000 emplois créés. Quant à la folie Tesla, elle continue puisque l’action s’est approchée des 900 dollars, faisant d’Elon Musk l’homme le plus riche du monde, la capitalisation boursière de Tesla (834 milliards de dollars) représentant 80 fois celle de Renault et dépassant celle de Facebook.

 

Certains se pâment d’admiration devant les nouveaux cours record du Bitcoin, qui s’approche des 40.000 dollars, alors que d’autres peuvent y voir, au contraire, une preuve supplémentaire de folie spéculative. Le cours anormalement élevé du Bitcoin est un canari dans la mine, qui annonce des explosions à venir. Acheter du Bitcoin consiste, en effet, à acheter du rien, avec de la monnaie de singe des banques centrales créée à partir de rien. (Rien + rien = 0 = rien. NDLR).

 

Tous les boursiers dans le monde parient sur une forte reprise en été au plus tard mais, même si la pandémie disparaît, l’économie ne renaîtra pas, tel le phénix, de ses cendres. Il y a, déjà, 650.000 chômeurs de plus en France, soit 3 millions de chômeurs au total ; 25 % des Français seraient déjà dans la . En 2020, la France a perdu plus de 250 milliards d’euros de PIB, avec une dette qui a davantage augmenté. Viendra le moment où l’État retirera l’assistance respiratoire aux entreprises ; ce sera alors le temps des faillites et des destructions massives d’emplois.

 

La croissance, en 2021, peut très bien être proche de zéro, en France, avec des conséquences catastrophiques pour les finances publiques et l’endettement. Quant aux États-Unis, le marché du travail vient de retrouver son niveau du début des années 70, avec 60 % seulement de la population sur le marché du travail, au lieu de 67 % de 1990 à 2010. On assiste, en fait, à la destruction des classes moyennes, aussi bien aux États-Unis qu’en Europe, et lorsque les aides seront supprimées, il y aura des suicides et des descentes aux enfers effroyables pour un trop grand nombre de malheureux.

 

Bruno Le Maire ne partage pas l’analyse de ceux qui pensent qu’après une année 2020 catastrophique, 2021 sera fantastique. Il pense que « le plus difficile est devant nous : avec un virus qui persiste et qui mute, plus de faillites, de destructions d’emplois et d’incertitudes politiques ». Il pèche, cependant, par optimisme en prétendant croire que la France peut se redresser en 2021 et afficher une croissance économique de 6 %, sans augmentation d’impôts. (sic)

 

La dette de la France atteint, désormais, 120 % du PIB, soit une augmentation, en 2020, de 20 points (500 milliards d’euros), alors que celle de l’Allemagne est passée seulement de 60 % à 70 % du PIB. Comme d’autres États, la France émet de la dette qui est, en fait, achetée par la BCE. Le bilan de la BCE a explosé, à 7.000 milliards d’euros, soit 69 % du PIB, contre seulement 35 % du PIB pour le bilan de la Fed aux États-Unis. Cette augmentation bilantielle correspond aux augmentations de la masse monétaire. Il paraît impossible de faire le pari que les taux d’intérêt resteront à des niveaux aussi bas pendant des années. (Voir notre article sur la fabrication de capital fictif grâce à la dette illimitée https://les7duquebec.net/archives/261241. NDLR).

 

Jens Weidmann, le président de la Bundesbank, vient de déclarer qu’il ne fallait pas s’attendre à ce que la BCE maintienne les bas taux d’intérêt pour toujours, avec une mise en garde : « Nous ne prendrons pas en considération les coûts du service de la dette souveraine », ce qui signifierait la banqueroute immédiate pour la France et l’ et la fin du «quoi qu’il en coûte» pour . Il faudra donc bien rembourser les dettes. Aux États-Unis, les taux obligataires sont en hausse, à 1,06%, ce qui correspond à des anticipations d’inflation plus élevées.

 

Une autre source d’inflation sera l’augmentation de la très basse vitesse actuelle de circulation de la monnaie, après la fin de la crise sanitaire. On ne peut créer de la monnaie sans conséquence.

 

La crise ne finira pas en 2021 ; un retour de l’inflation est possible. Il n’y a, en fait, personne capable de prévoir, malgré le vaccin, ce qui se passera très exactement dans les mois à venir.

 

Robert Bibeau

Auteur et éditeur

8 réflexions sur “Les vaccins peuvent faire disparaître le virus, mais pas la crise

  • 17 janvier 2021 à 7 h 50 min
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    Toujours des analyses lucides à contre courant de la capitalisation boursière optimiste des GAFAM qui constitue en fait le symptôme que les autres secteurs (en cours d’effondrement) n’attirent plus le surplus de capitaux qu’il faut bien déverser quelque part… Tesla, d’Elon Musk, est une superbe pyramide de Ponzi !!!… Une grosse partie de la capitalisation boursière de Tesla (plus de 700 milliards de $ aujourd’hui pour 25 milliards de CA en 2019 et un résultat net négatif de 0,8 milliard en 2019 !!!!!) est effectivement condamnée à partir en fumée à relativement court terme… Mais il restera quand même quelque chose à Musk : sa « Gigafab » n°3 de Shanghaï achevée fin 2019 ! Que les investisseurs occidentaux soient prêts à acheter des actions aussi surévaluées montre à quel point la situation actuelle est jugée comme critique aujourd’hui sur les marchés de capitaux…. Bill Gates est aujourd’hui le premier propriétaire privé américain de terres agricoles ( 0,1 million d’hectares). Le fondateur historique des GAFAM retourne à la terre… C’est de son point de vue très intelligent devant la perspective d’effondrement de la société de consommation occidentale : beaucoup d’américains n’auront plus de quoi acheter un ordinateur (équipé d’un OS Microsoft…) et les chinois, qui ont commencé à évincer le hardware et le software US offriront une concurrence redoutable, mais les américains auront toujours besoin de manger (ou les chinois d’importer du soja). Avec 0,1 million d’hectares de terres agricoles aux USA (et sans doute pas les plus mauvaises), Bill Gates fera un gros propriétaire latifondiaire !… Il restera riche (même si beaucoup moins à l’échelle internationale…) C’est une manière d’investir une partie de sa fortune (qui vaut encore quelque chose tant que le dollar US n’a pas dévalué) dans des actifs qui vaudront toujours quelque-chose !

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    • 17 janvier 2021 à 12 h 18 min
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      @ VINCENT

      Merci pour ce commentaire précieux.

      EN EFFET: tu écris ceci :  » Bill Gates est aujourd’hui le premier propriétaire privé américain de terres agricoles ( 0,1 million d’hectares). Le fondateur historique des GAFAM retourne à la terre… C’est de son point de vue très intelligent devant la perspective d’effondrement de la société de consommation occidentale : beaucoup d’américains n’auront plus de quoi acheter un ordinateur (équipé d’un OS Microsoft…) et les chinois, qui ont commencé à évincer le hardware et le software US offriront une concurrence redoutable, mais les américains auront toujours besoin de manger (ou les chinois d’importer du soja). »

      Gate dévoile par ces achats de terre agricole l’imminence de l’effondrement systémique du mode de production capitaliste. Tu as raison de souligner que cette réorientation de son portefeuille d’investissement stratégique démasque la tactique du grand capital US face à la tournure que prend leur guerre concurrentielle dissimulée sous une guerre sanitaire meurtrière.

      Merci pour ta contribution à notre compréhension.

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      • 19 janvier 2021 à 9 h 39 min
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        De rien, camarade ! Tu as bien compris le sens des investissements de Gates, qui est décidemment très prévoyant, car il a aussi des billes dans ceci :

        https://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9serve_mondiale_de_semences_du_Svalbard

        20 millions de $ apportés via sa fondation… Des terres c’est bien, mais il faut les semences qui vont avec ! (surtout si ça lui permet aussi de contrôler l’approvisionnement d’une partie du Monde en nourriture)… Un projet établi au moment de la crise des subprimes pour « fournir une protection contre les pertes accidentelles de variétés dans les banques génétiques traditionnelles » « en cas d’accident ou de catastrophe régionale ou mondiale »…

        Et les bouleversements économiques et sociaux actuels sont cohérents avec la vidéo que je viens de t’envoyer (et que je poste ici du coup) : l’interview très instructive d’un économiste/énarque libertarien sur France Soir. Il ne dit pas tout, mais il en dit déjà beaucoup….

        https://www.youtube.com/watch?v=s559xMR2mpU

        A mettre en rapport avec mes derniers articles, notamment celui de décembre : « Sur les rails du Grand Reset : le petit train de l’horreur » : https://reseauinternational.net/sur-les-rails-du-grand-reset-le-petit-train-de-lhorreur/

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  • 20 janvier 2021 à 15 h 47 min
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    Un petit ajout sur la portée du Grand Reset :

    Voici l’interview très instructive d’un économiste/énarque libertarien. Il en dit beaucoup, mais on sent qu’il reste « sur la réserve » et qu’il en a encore (beaucoup) sous le talon…

    https://www.youtube.com/watch?v=s559xMR2mpU

    A mettre en rapport avec mes derniers articles, notamment celui de décembre : « Sur les rails du Grand Reset : le petit train de l’horreur »…

    C’est une interview donnée sur France Soir, un quotidien généraliste français (devenu média alternatif).

    Celui qui intervient se définit comme libertarien et ça a une grande importance. Pour sa simplifier, sa critique des épiphénomènes du capitalisme est assez réaliste, mais c’est une critique intrinsèquement petite bourgeoisie idéalisant le capitalisme de « libre-concurrence » caractéristique de l’époque pré-monopoliste. Les libertariens sont les dernier Mohicans des illusions de l’économie petite-bourgeoise (ce sont des libre-échangistes intégristes). Ils veulent réduire l’Etat à peau de chagrin, ne veulent aucune immixtion étatique dans les affaires économiques et croient aux « harmonies économiques innées » (sous le capitalisme)… Ce courant économique est contemporain de Marx qui l’appelait « économie vulgaire »…

    J’y ai fait quelques références dans un de mes premiers textes ciblant l’économiste altermondialiste Jacques Généreux, qui est devenu par la suite le conseiller économique de campagne de JL Mélenchon (« Front de gauche ») durant la dernière campagne présidentielle. Bien qu’étant un « texte de jeunesse », je n’ai pas trop à en rougir aujourd’hui. Cf. Altermondialisme – Attac – Jos� Bov� – Jacques G�n�reux – Les vraies lois de l’�conomie – Alternatives internationales

    Donc pour conclure, il pose un diagnostic intéressant du capitalisme financier actuel (qui recoupe les axes majeurs de mon dernier texte sur le Grand Reset), mais propose pour le remplacer de retourner au capitalisme pré-monopoliste… Ces mormons du capitalisme sont « rétro-compatibles » (hormis peut-être sur la question protectionniste qui révulse habituellement les libertariens) avec les aspirations souverainistes de la petite bourgeoisie occidentale en cours de déclassement… Le courant de pensée libertarien (revendiqué) est très faible en Europe (sauf peut-être en Suisse ou au Royaume-Uni), mais est très influent aux USA où le Parti libertarien fait environ 1% des suffrages et influence en partie les Républicains…

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