Le subterfuge de la stagflation : Le vrai désastre caché par la pandémie
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10.04.2021-English-Italiano-Spanish
Le débat est ouvert. Le surendettement des États, des entreprises, des individus consommateurs et travailleurs entraînera-t-il une vague catastrophique d’inflation ou de déflation ? Gaël Giraud annonce une crise déflationniste S’il y avait demain un krach boursier – inflation ou déflation? – les 7 du quebec. Notre collaborateur Marc Rousset annonce une tempête inflationniste: Entre l’inflation et la banqueroute, les États choisiront l’inflation – les 7 du quebec. Dans un récent billet, Marc Rousset récidive Dette : 100.000 euros par Français. L’inéluctable inflation – les 7 du quebec. Dans l’article qui suit, Brandon Smith prévoit plutôt une vague catastrophique de stagflation… Qui a raison ?
Inflation : Accroissement excessif des instruments de paiement (billets de banque, capitaux-actifs et obligations) entraînant une hausse des prix et une dépréciation de la monnaie (s’oppose à déflation). L’inflation entraîne la baisse du pouvoir d’achat des consommateurs et la dépréciation du salaire des travailleurs, qui, s’ils sont surendettés ne parviennent plus à rembourser leurs emprunts et sont jetés à la rue.
Déflation : La déflation est un gain de pouvoir d’achat de la monnaie qui se traduit par une baisse du niveau général des prix. La déflation entraîne la baisse de la valeur des actifs (actions et obligations) et la dévalorisation du capital constant, du capital fixe.
Stagflation : La stagflation est la situation d’une économie qui souffre simultanément d’une croissance économique faible ou nulle et d’une forte inflation (hausse des prix). Cette situation est souvent accompagnée d’un taux de chômage élevé, d’une baisse du pouvoir d’achat, bref, c’est l’effondrement de l’économie. Exemple: le Venezuela aujourd’hui. L’Allemagne des années vingt.
L’article de Brandon Smith lève le voile sur la présente fadaise pandémique pour expliquer l’effondrement économique que provoquera inévitablement les confinements déments qu’imposent plusieurs gouvernements. Robert Bibeau. Éditeur. https://les7duquebec.net
Par Brandon Smith − Source Alt-Market.
Dans l’actualité économique récente, les gros titres sont dominés par les inquiétudes concernant la hausse des rendements obligataires. L’augmentation des rendements obligataires est le signe d’une possible flambée de l’inflation et, logiquement, les médias appellent la Réserve fédérale à relever les taux d’intérêt afin de prévenir cette inflation.
L’augmentation des rendements obligataires signifie également que les investisseurs disposent d’une alternative compétitive aux actions, deux facteurs qui pourraient déclencher une chute des marchés boursiers.
Si l’on étudie l’histoire réelle du crash boursier pendant la Grande Dépression, on constate que ce sont les hausses de taux d’intérêt de la Réserve fédérale qui ont causé et prolongé le désastre après avoir créé un environnement d’argent facile et bon marché tout au long des années 1920. L’ancien président Ben Bernanke a ouvertement admis que la Fed était responsable en 2002 dans un discours en l’honneur de Milton Friedman. Il a déclaré :
En bref, selon Friedman et Schwartz, en raison des changements institutionnels et des doctrines erronées, les paniques bancaires de la Grande Contraction ont été beaucoup plus graves et généralisées que ce qui aurait normalement été le cas lors d’une récession. Permettez-moi de terminer mon exposé en abusant légèrement de mon statut de représentant officiel de la Réserve fédérale. Je voudrais dire à Milton et Anna : à propos de la Grande Dépression. Vous avez raison, nous l’avons fait. Nous sommes vraiment désolés. Mais grâce à vous, nous ne recommencerons pas.
Cela soulève alors la question – inflation ou déflation ? La Fed va-t-elle « le refaire » ?
Probablement pas exactement de la même manière, mais nous verrons bientôt des éléments d’inflation et de déflation sous forme de stagflation.
La banque centrale a créé un cercle vicieux et beaucoup (dont moi-même) pensent que la Fed a délibérément créé ce nœud gordien. Toutes les banques centrales sont liées entre elles par la Banque des règlements internationaux (BRI) et la BRI est une institution globaliste à part entière. Le programme globaliste cherche à déclencher ce qu’ils appellent le « Grand Reset », une réforme complète de l’économie globale et du capitalisme en un seul système socialiste global… géré par les globalistes eux-mêmes, bien sûr. (sic)
À mon avis, la Fed a toujours été une sorte de kamikaze institutionnel ; son travail consiste à s’autodétruire au bon moment et à faire sombrer l’économie américaine avec elle, tout cela au nom de la diffusion du culte de son idéologie globaliste. La seule inconnue pour l’instant est de savoir comment ils vont s’y prendre pour saboter l’économie. La banque centrale continuera-t-elle à laisser l’inflation faire exploser le coût de la vie aux États-Unis, ou interviendra-t-elle avec des taux d’intérêt plus élevés et permettra-t-elle aux marchés boursiers de s’effondrer ? Dans les deux cas, nous serons confrontés à une grave crise économique dans un avenir proche.
L’augmentation de l’inflation signifie-t-elle une reprise économique ?
Les économistes traditionnels affirment souvent que l’augmentation des rendements et de l’inflation est une « bonne chose ». Ils affirment que c’est un signe de reprise économique rapide. Je ne suis pas de cet avis.
Si « inflation » et « reprise » étaient identiques, il n’y aurait pas eu d’effondrement économique total en Argentine en 2002, en Yougoslavie en 1994 ou à Weimar en Allemagne au début des années 20.
Je ne vois pas de reprise. Ce que je vois, c’est la dévaluation rapide du pouvoir d’achat du dollar en raison de l’impression massive de monnaies du fait des mesures de relance. La Fed et le gouvernement américain achètent une poussée à court terme de l’activité économique, mais à un coût caché. C’est une condition que l’indice du dollar ne commence même pas à prendre en compte, mais qui est évidente dans les prix des biens et des produits de base nécessaires.
Gardez à l’esprit que tout cela est fait au nom de la réponse à la pandémie. La pandémie est l’excuse ultime pour la destruction active de l’économie américaine. Les mesures de relance se sont traduites par le lancement aléatoire d’argent par hélicoptère, des milliards étant siphonnés principalement par les grandes entreprises et par la fraude. Les personnes qui réclament un chèque de 2 000 dollars au gouvernement n’ont aucune idée que l’aide sociale aux entreprises se poursuit depuis un an, avec des milliards de remboursements d’impôts rétroactifs. Toute cette impression d’argent va causer des dégâts quelque part. On ne peut pas l’éviter.
Il ne s’agit pas de la pandémie
Mettons d’abord les choses au clair : La pandémie n’est PAS la raison de cette vague de stimulations. La pandémie a très peu nui aux entreprises américaines. Ce sont plutôt les confinements qui ont fait le plus de dégâts. (Ce que nous répétons depuis une année et trois confinements déments. NdÉ)
Pensez-y un instant : les gouvernements fédéral et des États ont écrasé l’économie par des mesures de confinements, puis ont proposé comme solution, de vastes mesures de relance. Ce qui, à son tour, détruit la stabilité financière et génère une inflation rapide des prix. Les États et les comtés conservateurs qui ont refusé de fermer leurs portes se remettent beaucoup plus vite que les États gauchistes qui ont imposé des restrictions draconiennes à leurs citoyens. Pourtant, les confinements n’ont rien fait pour arrêter la propagation de la Covid-19 dans les États bleus. Ainsi, les confinements n’ont apporté aucun avantage perceptible pour le public, mais elles ont donné à la banque centrale une parfaite justification pour éroder davantage le dollar.
Cette inflation des prix qui en résulte est quelque chose à laquelle même les États rouges ne peuvent pas échapper. Par exemple, les prix des logements augmentent rapidement au-delà de la bulle du marché de 2006. Cela est dû en partie au fait que des millions de personnes participent à une migration qui est peut-être la plus importante aux États-Unis depuis la Grande Dépression. Tous ceux qui en sont capables quittent les grandes villes pour s’installer dans les banlieues et les zones rurales. Mais les prix des maisons ont aussi l’habitude historique de gonfler en même temps que la dévaluation de la monnaie. Le coût de l’entretien et de la rénovation d’une vieille maison, ou de la construction d’une nouvelle maison, augmente à mesure que les prix des produits de base comme le bois d’œuvre enflent.
Et les prix du bois d’œuvre sont certainement en train de monter ! Les prix du bois d’œuvre ont augmenté d’au moins 110 % par rapport à l’année dernière, et ont grimpé jusqu’à 10 % en une semaine.
La location de maisons n’échappe pas non plus à l’inflation, car la hausse des coûts d’entretien des propriétés oblige les propriétaires à augmenter les loyers. Les seuls endroits où les loyers diminuent sont les grandes villes que les Américains cherchent à fuir, comme New York et San Francisco.
L’inflation de ce qui est plus qu’un simple logement
La majorité des produits de base continuent de connaître une inflation générale des prix. Les prix des denrées alimentaires et de l’énergie ont augmenté au cours de l’année dernière. Les gouvernements accusent une fois de plus la pandémie et les « tensions sur la chaîne d’approvisionnement », ce qui était peut-être une affirmation crédible il y a neuf mois, mais plus aujourd’hui. Tout est fait pour cacher le fait que toutes ces mesures de relance ont des conséquences inflationnistes catastrophiques pour le petit peuple.
La dévaluation du dollar est la plus visible en termes de biens importés. En d’autres termes, il coûte plus cher d’acheter des biens en dehors des États-Unis lorsque la valeur du dollar baisse. Et comme la majorité des commerces de détail américains sont approvisionnés par des producteurs étrangers, cela signifie que les consommateurs américains moyens subiront le plus gros des conséquences inflationnistes. Le stress et la colère du public seront élevés.
Les confinements en raison de la pandémie ne sont qu’une excuse
C’est pourquoi le confinement en raison de la Covid-19 doit se poursuivre et la machine à propager la peur de la pandémie doit rester active. Les globalistes ont besoin d’un événement de couverture pour le Reset et ils doivent garder les citoyens sous contrôle, et la pandémie peut être blâmée pour à peu près tout. Je pense que c’est la raison pour laquelle nous voyons déjà les médias faire l’apologie de l’existence des « mutations du virus de la Covid-19 ». Ne soyez pas surpris si l’administration Biden tente de mettre en place un confinement national au cours de cette année au nom de l’arrêt de la propagation d’un variant de la Covid-19 « plus mortel« .
Peu importe que les précédents confinements aient été inutiles et toutes les données montrent que le maintien de l’économie ouverte est une politique supérieure. On pourrait croire que la logique est complètement absente, mais il y a une raison très logique à ce qui se passe dans l’esprit des globalistes.
La stagflation entre en jeu à cause des pertes dans certains secteurs de l’économie, du chômage élevé et de l’incapacité des salaires à suivre les coûts.
Il y a le démantèlement continu du secteur des petites entreprises, qui, une fois encore, je crois, est détruit délibérément. Ce n’est pas une erreur que les petites entreprises aient été principalement ciblées comme « non essentielles » pendant les confinements. Ce n’est pas non plus une coïncidence si la majorité des prêts PPP COVID-19 ont été accordés à des sociétés de grande envergure alors que les petites entreprises n’ont presque rien reçu. Le secteur des petites entreprises est en train de disparaître, ne laissant que le secteur des corporations pour subvenir aux besoins des consommateurs.
C’est peut-être la raison pour laquelle les Démocrates sont si catégoriques sur l’augmentation du salaire minimum fédéral à 15 dollars de l’heure. Les salaires augmentent déjà en fonction de la demande du marché et de la région. Le travailleur non qualifié moyen aux États-Unis gagne environ 11 dollars de l’heure. Il n’est pas nécessaire que le gouvernement intervienne, sauf s’il a des arrière-pensées.
Un salaire minimum de 15 dollars risque d’écraser ce qui reste des petites entreprises, et seules les sociétés qui reçoivent le gros des fonds de relance pourront se permettre de payer les travailleurs au taux supérieur. En outre, dans plusieurs années, le gouvernement pourrait prétendre avoir « pris des mesures » pour lutter contre la stagflation en augmentant les salaires. Mais un salaire minimum de 15 dollars est plus utile à l’establishment à court terme car il brouille les pistes sur la question de l’inflation.
Les prix vont continuer à augmenter en raison de la dévaluation du dollar, mais les médias et le gouvernement diront que cela n’a rien à voir avec le dollar et que cela a tout à voir avec le fait que les entreprises augmentent les prix en rayon pour compenser l’augmentation des coûts de la main-d’œuvre.
La plus grande menace dans l’histoire de la société américaine
Je soupçonne que l’establishment fera tout ce qui est en son pouvoir pour détourner l’attention du public de la plus grande menace de l’histoire de la société américaine – la bombe à retardement de la stagflation. S’ils admettent son existence, alors le public pourrait s’y préparer, et ce n’est pas ce qu’ils veulent. Si les Américains décentralisaient leurs économies locales, soutenaient les petites entreprises locales plutôt que les grandes surfaces, se mettaient à produire des biens de première nécessité, et s’ils commençaient à développer des alternatives monétaires comme des monnaies locales adossées à des produits de base… alors ils seraient en mesure de survivre à une crise financière nationale.
En fait, je garantis que toute communauté, comté ou état qui prend ces mesures sera immédiatement visé par le gouvernement fédéral, ce qui révèle encore plus la vérité : l’establishment veut que le public souffre. Ils veulent un désastre économique. Ils ne veulent pas que les gens aient la possibilité de prendre soin d’eux-mêmes. Ils ont besoin de gens effrayés, désespérés et malléables, ou ils ne réaliseront jamais leur agenda de Grand Reset.
Brandon Smith
Traduit par Hervé pour le Saker Francophone
salut robert
Je prépare un article sur les questions que tu poses, pour te faire patienter, cet article ancien
La météorite de l’ hyperinflation fonce sur la planète ?
sur le site spartacus
@ Robert,
Inflation ou stagflation, c’est la même galère dans le contexte actuel, Marc Rousset ne se contredit pas avec l’auteur de cet article…. ce dernier que je suspecte d’ailleurs de syndrome de panique avec »effets spéciaux » typiquement yankee :))
Moi je suis prêt à parier que ce scénario catastrophe attend plutôt l’Europe, et moindrement l’Amérique du Nord, un future plan Marshall pour sauver l’Europe serait à prévoir d’ailleurs…, et je me base pour dire cela sur le fait que l’Amérique du Nord table sur un tiers de son économie qui elle est en super forme comme elle entretient la même proportion de la population, un tiers aussi dans un un niveau de vie qui dépasse de très loin ceux des deux tiers restants… alors qu’en Europe, c’est tout au plus un maximum de 10% de l’économie Européenne qui s’en sort encore bien et tente de résister encore à l’effondrement !
De plus, je traduis cette notion de »grand Reset » avec laquelle on arrête pas de nous rabâcher les oreilles, par une restructuration profonde et sans précédent historique de l’économie occidentale, qui se traduit d’ailleurs par des chamboulements tragiques sur le plan social et se déroule déjà sous nos yeux depuis l’année dernière et n’attendra pas une »échéance » à venir comme un apocalypse pour se produire comme le croient certains !
Oui mon cher Robert, l’Avenir appartient aux riches, aussi sinistre et choquant que cela puisse sonner a nos oreilles, et le recours à l’économie planifiée pour les pauvres est sur quoi va déboucher tout ceci !
et je peux t’assurer que les nombreux petits petits cons qui se la pètent en ce moment précis avec leurs patrimoine immobilier et en épargne de toutes sortes déjà constitué l’ont parfaitement compris et regardent le reste de la population comme »des perdants », ils savent que l’hyperinflation ne les affectera guerre (a t-elle affecté les riches de 1929 et 1930 d’ailleurs ?!) et ils ne se préoccupent que de prochaine baraque à acheter au bas mot dans la moyenne du Million et demi de dollars a deux millions (pour les plus raisonnables), de gadgets comme les autos a 150K (une pour monsieur et une autre pour Madame s’il vous plaît) ou les bateaux, de résidences secondaires (dans le coin de Granby et plein d’autres petits paradis pour les québécois), d’achat et de stockage de l’Or et de l’Argent… Ils n’ont jamais été aussi assurés et confiants qu’en ce moment et considèrent cette période en dépit de toutes ses incertitudes comme une occasion historique pour doubler ou tripler leur assets ou patrimoine ! la seule et unique chose qu’ils redoutent c’est la révolution des affamés, la guerre civile ou »les nouvelles variantes de la Covid 19 » …. bref, y’en a qq uns que je connais, je ne les ai jamais vu autant aux anges que maintenant !
Les gouvernements de chercheront jamais a détruire les riches… au contraire !
Un texte que je partage pour l’ essentiel. G/Bad
Marx et Keynes, les limites de l’économie mixte. P.Mattick
http://www.bellaciao.org/fr/spip.php?article121426
de : Nemo3637
mardi 18 octobre 2011
> Economie-budget > Littérature-Philo-Livres
4 commentaires
Marx et Keynes, les limites de l’économie mixte – Paul Mattick, éditions Gallimard, 2010. Lecture et commentaires. Nemo3637.
Paul Mattick (1904-1981)
L’auteur conjugue ici l’homme d’action et le penseur. Né en Allemagne, il participe très jeune à la Révolution allemande de 1918. Jeune ouvrier, membre de la Ligue Spartakiste, représentant au Conseil des apprentis chez Siemens, il rejoint ensuite le KAPD, organisation communiste conseilliste. Il participe dans les années 1920 à des combats insurrectionnels de rue et à des grèves appelant à l’expropriation et à la reprise en mains de l’outil de travail par les salariés. Il échappe de peu à l’exécution sommaire et aux tentatives d’assassinat des sbires de la République de Weimar. Face à la montée du nazisme, au déclin du mouvement révolutionnaire et à la reprise en mains du mouvement ouvrier par les sociaux-démocrates, il émigre aux Etats-Unis en 1926 où il reprend son métier d’ouvrier tourneur. Il adhère aux IWW (1) et collabore activement à des revues de communisme de conseils (2).
Paul Mattick fait partie, avec entre autres Karl Korsh, Anton Pannkoeck, Herman Goerter, de la « Gauche Allemande » née de la critique du léninisme. Ils reprennent notamment l’analyse de Marx pour l’appliquer à la Révolution russe et voient dans les bolchéviques une direction capitaliste d’état suppléant à la carence de la bourgeoisie russe dans le processus d’accumulation du capital. C’est cette nature du capitalisme, qu’il soit libéral ou d’état que Mattick tente d’expliquer dans son œuvre.
Après avoir semblé se retirer de toute activité politique après la Seconde Guerre mondiale, Mattick analyse dans les années 1960, un sursaut révolutionnaire possible. Il reprend alors certains de ses ouvrages et les complète.
Appelé en français « Marx et Keynes, les limites de l’économie mixte »,- traduction de Serge Bricianer – le livre parait dans une première édition chez Champ libre en 1972. Fruit d’une longue réflexion commencée en 1929, il était paru dans sa version originale en 1969 aux Etats-Unis. Il a donc été réédité en français par Gallimard en 2010. Il s’agit en fait de plusieurs articles fondamentaux publiés par Mattick depuis les années 1930. S’il ne faut pas cacher que ces textes sont souvent arides, leur lecture, ramenant aux fondements de l’analyse marxiste, comme la théorie de la Valeur, reste indispensable pour comprendre les rouages de l’économie et la crise actuelle.
Capitalisme libéral et capitalisme d’état
Pour Mattick il y a un lien entre les conceptions keynésiennes et le « socialisme d’état ». Dans les deux cas c’est l’Etat qui intervient dans l’économie en vue de réguler l’accumulation du capital.
On connait l’idée maîtresse de Keynes qui est de faire intervenir l’autorité publique par une injection massive de capitaux dans l’économie. Mais l’injection monétaire, si elle peut modifier apparemment le caractère du système, ne résout pas, à terme, la question de l’accumulation. Certes la sphère financière s’accroit. Ce qui provoque un danger que Keynes avait lui-même perçu.
Quant à la mystification du capitalisme d’état affublée du nom de « socialisme » elle est mise à jour dès les années 1920 quand Mattick et ses camarades démontrent ce qu’est la Valeur à l’intérieur des sociétés qu’elles soient libérales ou capitalistes d’état. Lénine et Trotski, puis Staline, cherchent avant tout, par le travail obligatoire, à exploiter la plus-value et le sur travail des ouvriers, gage, selon eux de « développement » (3).
Mattick met aussi l’accent sur la concentration du capital qui entrave tout développement régulier, qui ne fait qu’appauvrir de façon inexorable des régions entières du globe, réduite à fournir des matières premières aux prix décidés par les impérialistes. Il remarque la propension dans les pays ainsi exploités à susciter des alternatives totalitaires calqués sur le modèle bolchévique russe, baptisées « socialistes » où une caste ou un parti se devrait se suppléer à l’absence d’une bourgeoisie nationale
Et aujourd’hui, il est vrai, après la chute du Mur de Berlin, gisant sous le couvercle de la poubelle de l’Histoire, la faillite idéologique et politique des « rouges-bruns », soutenant hier Ceaucescu et les Khmers rouges, puis Khadafi ou la Syrie au nom d’un anti-impérialisme de circonstance, se trouve avérée.
Mais il n’en était pas de même dans les années 1960, époque de « guerre froide » médiatisée de façon manichéenne sous la forme de deux blocs antagonistes qui sont en fait l’affrontement de deux empires.
Le compromis fordiste, prélude nécessaire au keynésianisme.
Les crises ont toujours secouées le système capitaliste. Et c’est au moment même où l’on commençait à chercher à enterrer Marx, dès la fin du XIXe siècle que les plus graves secousses ont commencé à se produire (4).
Mais tant qu’une possibilité d’expansion est envisageable on ne voit pas pourquoi le système sombrerait.
La première Guerre mondiale, comme toutes les guerres, aurait pu permettre un nouveau démarrage. Mais il est entravé par deux crises graves. La seconde, celle de 1929 ne s’achevant qu’avec la Seconde Guerre mondiale. C’est dans cet entre-deux guerres que Keynes aura donc son mot à dire.
Pour parvenir à un degré d’exploitation du travail maximum en vue d’une accumulation convenable de capital, il convenait tout d’abord de briser la résistance du mouvement ouvrier. La tuerie de la guerre avait certes déjà fauché nombre de militants parmi les meilleurs. Mais la Révolution russe, vécue comme une espérance, donne un nouvel espoir à la classe ouvrière, même si cette espérance se révèle d’un caractère fallacieux. Car les sociaux-démocrates – réformistes ou « révolutionnaires » (5) – qui l’encadrent vont de fait entériner le modèle bernsteinien (6) et accorder leur démarche revendicative avec la proposition de développement capitaliste.
Né dans les années 1920 aux Etats-Unis, c’est ce que l’on a appelé le « compromis fordiste ». Alors qu’ils n’avaient été jusqu’à présent que des producteurs, les salariés devenaient à présent consommateurs, ayant « le droit » de racheter les produits de leur travail qu’ils pouvaient, qu’ils devaient consommer. Après s’être équipé lui-même (industrie lourde, chemins de fer etc… le Capital équipe donc le Travail (biens de consommation). Le moteur de l’économie se modifie en même temps que l’idéologie dominante pénètre le monde ouvrier (7). Ce « compromis » , sous l’égide des Etats bourgeois démocratiques, est accepté par les sociaux-démocrates qui, désormais, s’appuieront sur des revendications quantitatives sans remettre en cause le système lui-même (8).
En contrepartie également toute critique radicale dudit système se verra marginalisée par les représentants syndicaux ou sociaux démocrates eux-mêmes, devenus rouages intermédiaires du système (9).
Le fordisme est un pendant politique dans le mouvement ouvrier à la vision politico-économique keynésienne.
Et Keynes est arrivé.
Keynes, comme Marx, est un critique des théories classiques et libérales de l’économie. Mais il conçoit son rôle comme salvateur du capitalisme alors que Marx œuvre à sa destruction. Cependant cette présentation de l’auteur du Capital est réductrice. Elle sou tend que l’objectivité de Marx peut être mise en question puisqu’il ne mettrait dans la balance que ce qui va dans le sens d’une hypothèse pré établie. Cette présentation de Marx, dernier penseur conséquent de l’économie politique, oubliant sa démarche scientifique et rationnelle, est aussi vieille que celle du penseur allemand. Elle vient en grande majorité de gens qui n’ont pas lu son œuvre – comme Keynes ! – et qui la déforme en interprétant certains de ces aspects. C’est ce que fait l’auteur de la « Théorie Générale » qui réduit la critique marxiste à une vision ricardienne.
Contrairement à ce qui a été souvent affirmé, Keynes n’influença que fort peu la politique américaine du New Deal. Il faut attendre le second New Deal – 1933-1935 – pour qu’on s’en inspire quelque peu. La crise, génératrice d’une terrible misère, rebondit inexorablement en 1937. Elle sera exorcisée non par Keynes mais par la Seconde Guerre Mondiale.
Mais le nouvel essor du capitalisme après la fin de celle-ci fut présenté comme un succès du keynésianisme.
Injection de masse monétaire par la puissance publique, politique de l’emploi et des revenus, nécessité de régulation monétaire à l’échelle internationale…. Certes l’Etat était intervenu. On adoptait des nouvelles règles, de nouvelles politiques censées réguler les marchés.
Mattick concédait que l’intervention de l’Etat avait transformé le capitalisme et prolongé son existence. Mais clairement ce furent la guerre et ses énormes destructions qui rétablirent la rentabilité du capital et relancèrent la machine économique et non les politiques keynésiennes.
Et c’est bien la théorie de la valeur-travail qui reste la méthode d’analyse clé même après l’intervention de l’Etat dans l’économie.
L’auteur de « Marx et Keynes » est bien conscient de l’influence de l’Etat visant à favoriser la consommation, à jouer, par exemple, sur les taux d’intérêt. Mais la crise de rentabilité du capital perçue dès la fin des années 1970 pouvait-elle ainsi être surmontée ? Les déséquilibres mortifères du système peuvent-ils être modifiés ? Dans la logique du système rien n’est changé répond Mattick.
L’échec du keynésianisme
Le problème de l’accumulation du capital était perçu par Keynes. Et c’est cette question qui fait l’argumentation de Paul Mattick. Il démontre que ce n’est pas l’accroissement de l’intervention de l’État qui était la cause des problèmes du capitalisme privé mais, qu’au contraire, c’était bien les difficultés dans la production de profit dans le secteur privé qui justifiaient l’interventionnisme.
Les limites de l’économie mixte sont inhérentes à l’accroissement de cette intervention. L’augmentation de la production sociale induite par les fonds publics a une incidence sur la rentabilité totale du capital. Ces fonds sont en effet prélevés sur les profits du secteur privé, ou financé par la dette. Mais la production générée par les commandes de l’Etat n’est pas, à court terme, productrice de nouveaux profits. Il s’agit simplement d’une redistribution des profits totaux au bénéfice de tout ou partie des capitalistes. Cette vision des choses trouve confirmation dans l’évolution du capitalisme moderne. L’intervention de l’Etat s’est généralisée. Elle est devenue indispensable, seul moyen de maintenir l’emploi et un certain équilibre social.
Mais les déficits de l’Etat, en période de récession, sont-ils absorbés par la relance privée de production de profit ? Cette « grande idée » keynésienne n’a jamais été confirmée par les faits, bien au contraire !
La relance, depuis la seconde guerre mondiale, s’est accompagnée d’un accroissement de la dette publique jugée longtemps nécessaire et sans danger.
Mattick pointe le fait que « les conditions qui rendaient cette solution efficace sont en voie de disparition ». Les crises montrent que le jeu du marché menace la survie du capitalisme, ce que Keynes reconnaissait lui-même. Mais elles montrent aussi que l’interventionnisme n’améliore en rien les fondements de la rentabilité du capital. Preuve en est aujourd’hui le niveau atteint par la dette souveraine entravant le fonctionnement financier du système. Le navire capitaliste navigue alors de Charybde en Scylla, entre la réduction du déficit et l’aggravation de la récession et du chômage, preuve in extremis de la faillite du scenario keynésien.
La récession actuelle ne permet plus de rejouer ledit scenario comme dans l’après-guerre. Alors que partout la baisse tendancielle du travail apparait clairement, on ne voit quels pourraient être les nouveaux marchés permettant une véritable relance par un retour de l’emploi et donc une nouvelle phase d’accumulation. Le commerce international s’affaiblit. La seule perspective est l’aboutissement à des soubresauts dus à l’interminable jeu de dupes de la financiarisation.
Produire et consommer en Chine n’est-ce pas là la planche de salut ? Ce n’est pas sans ironie que l’on contemple les ébats pleins d’espoir de ceux qui hier vilipendaient la dictature du capitalisme d’état et qui aujourd’hui couvent d’un œil mouillé de bienveillance le régime totalitaire chinois qui a su si bien allier contrôle de l’Etat, prise en compte des besoins du marché international…et donc la sur exploitation des travailleurs ! Cependant la tentative d’accumulation du capital en Chine même prend l’aspect d’une crise financière à l’échelle du pays. D’autre part la sur exploitation des individus et de l’environnement ne sont pas sans provoquer des révoltes dont on peut penser qu’elles finiront par mettre à bas le totalitarisme au grand dam de nos importateurs. (10)
Mort du keynésianisme et tendance à la financiarisation, ultime stade du capitalisme.
Paul Mattick disparait en 1981, tout juste au moment de la remise en cause du keynésianisme par les dirigeants capitalistes. Et peu avant la Chute du Mur de Berlin qui sanctionne elle aussi une faillite du capitalisme d’Etat. Il n’aura pas l’heur de voir un peu plus tard s’accélérer l’effondrement du système capitaliste tout entier.
La baisse tendancielle du taux de profit est remise à l’ordre du jour. Et c’est d’ailleurs ce qui avait fait revenir Mattick dans le militantisme. Il analyse alors en même temps la possibilité de conditions propices à une critique radical du système. Ce sont des thèses qu’il va développer dans des articles et dans les comités de chômeurs qu’il anime.
L’analyse de la baisse tendancielle du taux de profit est-elle fondée ? Bien des analystes et penseurs la mettent en question (11). Nous n’entrerons pas ici dans un débat primordial. Mais nous nous permettons de donner cependant notre « intime conviction » qui va dans le sens de la démonstration de Mattick. Si le profit n’était pas sans cesse remis en question, pourquoi les grandes entreprises sises dans les pays anciennement industrialisés, auraient-elles conçues des délocalisations de la main d’œuvre à grande échelle ? C’est bien le coût du travail qui détermine ledit profit. A partir de 1979 on constate un retournement monétariste qui tient son origine dans la conséquence d’un manque de rentabilité du Capital à l’échelle internationale. L’heure était venue de se débarrasser de Keynes. « Libéraliser » veut dire alors trouver les moyens de sortir le capitalisme mondial de sa crise de rentabilité.
N’a t-on pas trouvé la bonne voie quand les performances de la sphère financière deviennent si vite spectaculaires ? En 1986 elles avaient progressé de 130% soit une croissance dix fois supérieure à l’économie réelle des pays de l’OCDE. !
Mais le découplage entre l’économie réelle et la sphère financière a rapidement généré des crises et des « bulles » se succèdent vite à un rythme inquiétant. La première, réponse au « libéralisme-bienfaisant -retrouvée » et donc à la financiarisation, date d’octobre 1987. Quelques discours et une confiance sans faille dans le bien fondé du « laissez faire laissez passer » laissaient déjà voir néanmoins, pour seul horizon, des dévalorisations financières en chaîne.
Les déficits publics s’accroissent et le système bancaire des grands pays capitalistes subit alors des coups de boutoir de plus en plus sévères (12). Les restructurations se succèdent visant à éponger les créances « douteuses », qui sont en réalité les anticipations de profit et de spéculation impossible à réaliser.
Les représentants du capitalisme mondial (13) ne remettent en rien de « l’ordre » en abolissant toute règle qui entraverait le fonctionnement « libre » des marchés. Pour retrouver les « meilleurs rendements » on a certes abouti, grâce à la « bienfaisante concurrence », à un décloisonnement en chaîne de la sphère financière. Mais du même coup tous les établissements bancaires sont alors voués à la contamination par les fonds « douteux » auxquels ils sont liés.
Et aujourd’hui, malgré une faillite avérée du système financier, seuls quelques naïfs, malheureux « apprentis sorciers », peuvent croire encore en un sursaut, un retour en arrière au temps paisible où les banques et institutions financières verraient à nouveau leurs activités recentrées. Car ce n’est pas par hasard que le Glass Steagall Act a été remis en cause aux Etats-Unis. En France ce fut la loi bancaire de 1984 qui mit fin à la distinction entre banques commerciales et banques d’investissement. Etablissements de crédit et maisons de titres voient ensuite leurs frontières s’abolir à travers la réforme des Bourses de Londres et de Paris. Le système bancaire est aussi réglé à l’échelle européenne par les différents traités, dont celui de Maastricht et les accords de Bâle III. L’intégration des secteurs bancaires et financiers nationaux s’en trouve accéléré, rendant sensible à l’ensemble les conséquences de faiblesses avérées et cachées de tout un système (faillite de la Grèce).
Au risque de passer pour « un dogmatique invétéré » nous terminerons ici ce paragraphe par une citation tirée de la revue bordiguiste Invariance – l’auteur en est sans doute le déconcertant Jacques Camatte – où l’on se réfère judicieusement à Marx :
« Au cours de la crise, tout le capital fictif s’effondre. Elle indique que la production capitaliste n’est pas arrivée à dominer la loi de 1a baisse tendancielle du taux de profit, ou, ce qui revient au même, que la crise n’est qu’un moyen catastrophique pour surmonter cette contradiction. Elle est parvenue à dominer la loi sur 1a base de laquelle elle s’est développée (loi de la valeur) mais elle ne parvient pas à s’assujettir celle qui la régit. C’est pourquoi cette loi de la baisse tendancielle du taux de profit est « la plus importante de l’économie politique et elle est la plus essentielle lorsqu’il s’agit de comprendre les rapports les plus difficiles. Du point de vue historique, elle est aussi la loi 1a plus importante. C’est une loi qui, malgré sa simplicité, n’a jamais été comprise jusqu’à ce jour et encore moins exprimée de façon consciente. » (Fondement, t. 2, p. 275).
« 4.2.22. –Avec l’accroissement du capital et donc de la productivité du travail, toutes les entraves au procès de valorisation, que le capital n’a pas supprimées mais englobées, deviennent des moyens de valorisation : la rente foncière (agraire οu des terrains à bâtir), les limites nationales avec le protectionnisme, etc… Cela veut dire, en définitive, essor considérable de la spéculation. Autrement dit, arrivé à un certain stade de la dévalorisation, le capital ne peut la fuir qu’au travers de la spéculation et en devenant capital fictif. »
Extrait de la revue Invariance, Thèses de travail 1969 »
Et après ?
Paul Mattick explique pourquoi le keynésianisme ne fut qu’une tentative de la classe capitaliste pour sauver provisoirement son système. La phase d’expansion, au détriment d’une grande partie de la planète et des populations, après la Seconde Guerre mondiale a pu faire illusion, laissant penser que le capitalisme libéral était la « fin de l’Histoire » et que l’en se retrouvait donc bien à l’abri d’une crise mortelle. Cette vision est aujourd’hui remise en question par les faits. Non seulement le modèle économique s’effondre mais les institutions que les dirigeants capitalistes prétendent promouvoir et respecter, nous enjoignant par exemple, à « bien voter », sont clairement violées à l’échelle européenne par ces mêmes dirigeants. Les contradictions s’exacerbent. Et la révolte populaire gronde de tous côtés.
L’analyse de Mattick nous aide à y voir plus clair, nous donne des clés. Le renversement de la société capitaliste « d’économie mixte » en vue de la reconstruction collective d’un mode nouveau de fonctionnement est plus que jamais à l’ordre du jour. Cette transformation est moins un choix idéologique qu’une nécessité pratique. C’est le message essentiel de Paul Mattick, penseur et combattant.
1. Industrial Workers of the World, syndicat révolutionnaire nord américain, né en 1905. Persécuté, il réussit à subsister et même à se développer au cours de ces trente dernières années. L’un de ses adhérents le plus fameux aujourd’hui est sans doute Noam Chomsky.
2. Il collabore, avec d’autres penseurs de la « gauche allemande » à nombre de petites publications de communisme de conseils comme Living Marxism ou News Essays.
3. « Mais Trotski ne se demandait même pas comment on pourrait s’y prendre pour mesurer objectivement la « productivité du travail individuel ».En pratique, il y avait entre les rémunérations des diverses sortes de travaux des différences analogue à celle que présente la grille générale des salaires en système capitaliste , lors même que les salaires étaient fixés par le gouvernement, et non plus par le marché du travail. L’enrégimentation complète s’étant cependant révélée impossible, elle fut bientôt replacée par un mélange de rapport s de marché et de planification, de contrainte directe et indirecte, et de méthodes de mesure en argent ou en nature, ayant pour effet de soustraire le processus de production et de distribution sociales à la régulation par la loi de la valeur, sans aboutir pour autant à une économie socialiste ignorant la valeur. » Paul Mattick, Marx et Keynes, Gallimard 2010, p.386.
4. Après avoir commencé à se réjouir de « l’erreur » de Marx concernant la propension aux crises phénomène qui fait l’essence même du capitalisme, les penseurs bourgeois voient se succéder dès la fin du XIXe siècle et le début du XXe siècle deux graves crises économiques.
5. Par social-démocratie nous entendons ici les partis dits « socialistes » et les partis dits « communistes ».
6. Edouard Bernstein est un théoricien socialiste, contemporain d’Engels qu’il rencontra. Il prônait une action principalement réformiste. Par ses analyses il influença aussi bien les partis sociaux démocrates que des partisans du syndicalisme révolutionnaire et Sorel lui-même
7. Le « camp ouvrier » avec ses modes vestimentaires, ses conduites, sa morale, disparait alors. A la fierté d’être prolétaire, succède la honte, la volonté de se fondre dans le modèle bourgeois, costume-cravate, cheveux courts raie sur le côté au volant de sa nouvelle voiture…. L’exploitation devient donc totale : âme et corps se doivent d’appartenir au système. Et toute possibilité d’organisation radicale contre lui, sans les sociaux-démocrates qui sont devenus les seuls interlocuteurs acceptables, est rapidement marginalisée, considérée comme criminelle.
8. A l’électoralisme promu par les leaders politiques de droite ou de gauche, répondait, très répandu, l’abstentionnisme politique, mot d’ordre des organisations ouvrières syndicales d’avant 1914. Cette participation au « jeu électoral bourgeois » est tout au contraire encouragée, même par les « communistes » qui participent, en France, à toutes les élections à partir de 1932.
9. Le vieux syndicalisme révolutionnaire est marginalisé, éliminé, non seulement par les capitalistes mais par les cadres syndicalistes réformistes et les sociaux démocrates. Cependant la fin du compromis fordiste et l’échec du keynésianisme tue la sociale démocratie, la laisse vide de sens, sans véritable raison d’être car n’ayant aucune alternative à la société capitaliste telle qu’elle est, où aucun réformisme n’est plus possible. Du même coup l’alternative que portait le syndicalisme révolutionnaire retrouve des couleurs…
10. Sur l’évolution économique et financière de la Chine voir « Le Monde » du 04/10/2011 « Et si le moteur chinois calait lui aussi » de Brice Pedrolatti, où l’on s’aperçoit que les « pyramides-Ponzi » ont fait des émules dans le Céleste Empire. Voir aussi l’article de François Leclerc, « La Chine contaminée » du 11/10/2011 sur le Blog de Jorion
11. Mattick aurait trouvé une nouvelle inspiration à travers la lecture de Henryck Grossman (1881-1950) économiste polonais. Cet auteur qui revenait sur la question de la baisse tendancielle du taux de profit a néanmoins été critiqué et ses arguments ont été contestés. Cependant l’auteur de « Marx et Keynes » n’y fait pas référence ici, se bornant à reprendre les analyses et les citations de Marx lui-même pour étayer sa démonstration.
12. Cet article est rédigé début octobre 2011, dans l’attente d’une crise bancaire systémique en Europe….
13. Ces dirigeants ou VIP, semblent, si l’on se fit à la tonalité des échanges qui peuvent avoir lieu au sein de certains groupes ou coteries, comme le « groupe de Bilderberg », accepter la faillite du système sans qu’il y ait possibilité de le réformer. De façon irréaliste ,ils tablent sur un nouveau départ, quitte à ce qu’ils se fassent sur des décombres et la misère générale. Peu leur importe que le système d’exploitation de l’homme par l’homme prenne la forme de l’antique servage du moment qu’il se maintienne d’une façon ou d’une autre et que le Profit soit possible !. Mais comment ne pas déceler une attitude mortifère signe de décadence de la pensée libérale, dans la conduite desdits dirigeants ?
@ G.Bad
Franchement il y a rien a redire, Merci…. et encore Merci mon brave pour ce commentaire ou billet rédigé en 2011 déjà et qui mettait les points sur i de manière magistrale !
d’autant plus que les petits rajouts légers et actualisé à ce billet sont encore plus éclatants de vérité, sur la Chine impérialiste exploitatrice des ouvriers, ou sur la Syrie aussi lorsque vous dites : »Et aujourd’hui, il est vrai, après la chute du Mur de Berlin, gisant sous le couvercle de la poubelle de l’Histoire, la faillite idéologique et politique des « rouges-bruns », soutenant hier Ceaucescu et les Khmers rouges, puis Khadafi ou la Syrie au nom d’un anti-impérialisme de circonstance, se trouve avérée. »
et conséquemment, je trouve que le plus grave problème ou danger qui nous guette dans la bonne compréhension du monde aujourd’hui, provient de ceux-la même « rouges-bruns » qui tentent de nous intoxiquer et nous imposer encore et toujours une idéologie trompeuse de guerre froide entre les blocs d’hier…n’ayant plus lieu, et ayant plutôt fait place à un axe impérialiste, un ordre oligarchique et une idéologie politique hégémonique opérant cette fois sous couvert de vieux slogans d’hier afin de mieux catalyser les foules nationalistes et assurer la continuité de systèmes mafieux et opaques entre les mains d’oligarques Russes ou du Parti communiste Chinois ou encore des Cartels Américains des armes, de conservateurs – républicains et ou encore de faux gauchistes démocrates….etc
Personnellement, j’aimerais rajouter juste quelques points qui sautent aux yeux :
1 – La mutation profonde des élites : Alors que les élites d’hier et du début du 20ème siècle étaient principalement issues de milieux bourgeois ou aristocratiques, de souches féodales ayant hérité le pouvoir financier, les industries et le commerce, détenant le savoir aussi, et cultivant et développant leurs relations strictement dans les mêmes milieux aisés et proches des cercles du pouvoir politique…. cette donne a évolué de manière radicalement opposée depuis la fin du siècle dernier et ne fera que s’accentuer jusqu’a date ! aujourd’hui, ce sont les enfants et les petits enfants des prolétaires d’hier qui dirigent une grosse partie du capitalisme…. et je dirais même qu’un Henry Ford lui même en était le principal précurseur aux états-unis de cette mutation, lui le fils d’agriculteurs modestes et du petit patelin perdu, devenu ouvrier machiniste et ayant bossé là-dedans pendant des années avant de déboucher sur son destin que l’on connaît. !
Cette mutation des élites j’insiste n’est pas rien du tout ! et elle ne serait pas passée inaperçue aux yeux de Marx si elle se confirmait et explosait comme plus tard ! car elle explique en partie le continuité du capitalisme et sa prise en charge par les enfants du peuple recherchant leur revanche sociale ! Encore aujourd’hui, les plus vils capitalistes qui soient d’ailleurs, en occident ou même chez nous dans les pays arabes, sont en fait les rejetons (hommes et femmes) des »castes sociales inférieures » d’hier, dont une partie se dirigera vers le travail syndical ou militant ou droit de l’hommiste ou environnementaliste, vers les professions des sciences humaines, de la littérature, de l’enseignement et de la fonction publique aussi, et une autre partie, fort douée avec des aspirations plus bourgeoises se dirige elle vers les carrières scientifiques avec un certain prestige, ou carrèment vers les carrières de la haute autorité policière et sécuritaire, ou enfin les carrières pointues de l’expertise comptable, la gestion et l’administration, voir dans les partis de droite et aux côtés du patronat !… et si le phénomène est moins perceptible dans un pays comme la France ou la qualité d’enseignement en général fut de tout temps assez égalitaire et »républicain »… et calibré rigoureusement sur le mérite… le phénomène est beaucoup plus frappant dans le reste du monde y compris dans le tiers-monde et surtout en Amérique du Nord…
Ce phénomène explique aussi en partie l’éclatement du prolétariat d’hier et d’aujourd’hui, sa division et sa déroute certaine ! Aujourd’hui la majeure partie du prolétariat se préoccuper d’autres choses, elle aspire a devenir riche tout simplement ! elle prend pour modèles des noms célèbres et des autodidactes, »self made man », et autres »success stories » qui foisonnent chez le peuple ! »si lui ou elle ont réussi, il n’y a pas de raison que je ne le fasse pas moi-même », Aujourd’hui le capitalisme permet les fortunes les plus invraisemblables dans des secteurs considérés comme marginaux, les esthéticiennes et les maquilleuses et tout ce milieu de la »beauté, et l’esthétique’, les herboristes et les médecines douces, les huiles essentielles et les nutriments a la mode, les pseudo spécialistes de remise en forme et de fitness, les fabricants de confiture délicate bio ou de chais pas quoi qui s’exporte en quantité en Chine ou en japon… les producteurs agricoles sous labels bio ou chais pas quoi… bref, j’y vient dans mon prochain point !
2 – l’Espoir de richesse promise par le néo capitalisme en conjonction avec le consumérisme ou ce qu’on peut appeller l’offensive historique du néo capitalisme numérique ! le néo capitalisme est numérique et »léger » il a confié les problèmes et les soucis des profits à grande échelle, ceux des structures lourdes, et de la logistique aux grands groupes industriels, aux gros paquebots de l’industrie et leur patronat bourgeois et aristocratique, et s’est incrusté »light’, et leger chez le peuple cette fois, et y fait des ravages ! le modèle d’affaires d’un géant comme Amazon, plus riche entreprise mondiale qui vent tout juste cette semaine son premier projet de syndicalisation, repose en effet sur des réseaux classiques d’industriels de gros calibre, mais aussi et en majorité sur des PME en pleine croissance qui fournissent a sa clientèle la majeure partie des biens de consommation. Aujourd’hui un groupe comme Amazon, tout comme d’ailleurs ses pairs de plateformes de réseaux sociaux de google, espèrent se démarquer et ont réussi a le faire en investissant la petite PME, le consommateur »oublié » d’hier, le plus petit patelin inaccessible sur la planète entière avec pour objectif : VENDRE ! ils ont réussi a créer des néo millionaires partout sur la planète grâce au commerce électronique, et aux plateformes des réseaux sociaux sur des modèles encore plus bidon que les capitaux fictifs des banquiers ! Ce »modèle d’affaires » est d’ailleurs on ne peut plus aiguisé même si en apparence il apparaît comme »facile » de prime abord ! les dits »influenceurs », youtubeurs, stars d’instagram, ou commerçants d’Amazon, qui sont parfois aussi jeune que leur 18 ans, sont en réalité des entrepreneurs sans état d’âme, des soldats du capitalisme et de ces géants de l’Internet, pour lesquels ils bravent tous les jours les »interdits » et démolissent les conventions sociales afin de toucher a leur but, celui de faire du fric et s’en remplir les poches auquel ils sont accro ! Ainsi les Youtubeurs ou stars d’instagram ou autres facebook qui réunissent des centaines de milliers d’abonnés ou des millions pour les plus forts, peuvent recevoir des chèques avoisinant le 20.000 euros très couramment par mois pour poster quatre ou cinq vidéo au contenu parfois complètement nul, ou trompeur, avec aussi peu que quelques centaines de milliers de visionneurs, le tout étant numérisé avec les outils publicitaires comme Ad sens ! Nous assistons alors a la naissance d’autres phénomènes encore plus malades, comme la transformation des millions de chômeurs ou de prolétaires en consommateurs effrénés de contenu multimédia à la base totalement trompeur et mensonger… ou alors qui relève de la culture du rêve et des illusions… avec très peu de contenu véritablement utile !
toutes les marques et toutes les industries du capitalisme du 21ème siècle se sont jeté sur les plateformes Internet dans l’unique but de développer des modèles de commercialisation et de communication des plus révolutionnaires afin de transformer justement la population mondiale en consommateurs et rien d’autre ! il est inutile de préciser que cette conquête des prolétaires et des paysans, des chômeurs et des laissé pour compte a l’échelle mondiale est en soi une »révolution » du profit du capitalisme comme on en a jamais imaginé ou effleuré l’esprit ! d’autant que ces plateformes dites sociales ont très intelligemment intégré le »militantisme » politique cette fois sous toutes ses formes, et même les plus radicales, tout en le diluant dans le consumérisme !!! le Résultat est on ne peut plus dévastateur : il est possible aujourd’hui d’orienter une révolution politique prolétarienne ou populaire a travers les réseaux sociaux afin qu’elle n’atteigne jamais ses objectifs et qu’elle ne se retourne jamais contre le capitalisme, mais que ces véhicules de communication servent les intérêts de ceux qui investissent agressivement ces plateformes dans un but d’orientation politique quelconque, populiste, ou brun-rouge ou autres comme de droite…. cette dernière étant la plus dominante !
3 – la mutation de l’état en appareil répressif et de gardien du capital et de ses nouvelles variantes : le Résultat de l’offensive numérique du néo capitalisme sur le monde a fait que l’État y a vu une occasion rêvée de pouvoir revenir en force sur la scène politique, puisque cette révolution numérique ne permet plus ce qu’on appelait hier encore une »état faible » ! tous les états ont pris du galon, et sous couvert d’égalité numérique pour toutes les couches et classes sociales on saisi cette opportunité au vol pour repositionner l’appareil étatique au centre de la machine néo libérale et néo capitaliste et dominer les masses qui hier encore leur échappait par millions ! … je ne développerais pas plus afin de pas être long !
4 – Enfin, Quels perspectives futures avec des économies décomposées comme maintenant ? : Si il y a lieu de parler de problèmes majeurs de dettes publiques qui s’accumulent, de capitaux fictifs aussi et de recours massif a la planche a billet et d’hyperinflation, il convient de noter que les gouvernements occidentaux et non pas les tiers-mondistes sont tout de même capables de contrôler l’inflation a travers la plus value générée par la nouvelle économie numérique et par certains dinosaures de l’industrie chez eux. La baisse du profit brut de l’ancienne plateforme lourde des secteurs primaires et secondaires est aujourd’hui compensée par les alternatives technologiques capables d’absorber en partie les chocs et d’ouvrir de nouveaux débouchés a travers un consumérisme généralisé, celui de l’économie numérique ! mais jusqu’à quand ?! personnellement à ce que je vois, pour un autre demi siècle a ce rythme ! et si l’europe est beaucoup moins lotie a ce sujet puisque son économie lourde est elle en grande difficulté, ses banques aussi, ce n’est pas forcément le cas d’une Amérique du nord qui table sur des secteurs plus prometteurs primaires ou secondaires, comme les ressources naturelles, le brut ou le gaz et les mines, et ensuite les grosses entreprises du secteur secondaire… et les nouvelles technologies. ce qui m’a fait dire plus haut dans mon premier commentaire que l’Europe surtout celle du sud est sur le point de réclamer un second plan Marshall massif cette fois, et que les américains se jetteraient dessus pour rétablir leur secteurs financiers et industriels tout en excluant la Chine autant qu’ils le peuvent !
Pour l’instant, les riches ont encore quelques décennies de beaux jours devant eux, surtout en Amérique du nord, et c’est l’économie planifiée qui attend les deux tiers de l’Amérique du nord et de l’Europe ! et par économie planifiée, comprendre, économie rationalisée et austère, poid fiscal important, et contraintes sécuritaires en plus de pratiques opaques et favoritismes a l’égard de ceux qui veulent s’en sortir !
Merci G.Bad pour votre billet – commentaire !
correction paragraphe 2 : le modèle d’affaires d’un géant comme Amazon, plus riche entreprise mondiale qui vient tout juste cette semaine de faire avorter son premier projet de syndicalisation (pas de syndicat chez amazone, la dernière tentative a échoué) ils s’en félicitent….
En complément d’information : http://spartacus1918.canalblog.com/archives/2021/04/11/38915021.html
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