Invités

Révolte populaire en Colombie: entretien avec un correspondant sur place

Par Milton D’león. 

L’émission dirigée par Galia Aguilera, professeur, et Daniel Vargas, avocat spécialisé dans les droits de l’homme, avait pour invité spécial le correspondant au Venezuela, Milton D’león, qui s’est penché sur la situation en Colombie, où une rébellion est en cours et où les gens réclament la démission de Fuera Duque (Président de la Colombie)  et la fin des mesures de confinement, de couvre-feux et  de la misère dans laquelle ils vivent depuis des années. L’État bourgeois répond par la répression brutale.

 

Face à cela, Milton D’león, commente que « ce qu’il faut souligner, tout d’abord, c’est qu’en Colombie il y a une véritable rébellion des grands secteurs  des travailleurs, des paysans, des peuples autochtones et en particulier des jeunes, qui a fait exploser une situation au milieu d’une crise économique, sociale et sanitaire qui s’est aggravée avec la pseudo pandémie et les véritables mesures de confinement dément» (que Les7duquebec.net ont rapporté récemment: https://les7duquebec.net/archives/263741).

 

Mais ce n’est pas une situation nouvelle, mais une situation historique dans le pays qui resurgit avec les grandes manifestations du 21 novembre 2019, alors que des rébellions comme celle du Chili avaient lieu. https://les7duquebec.net/archives/263843  et : https://les7duquebec.net/archives/263491    C’est l’épuisement de l’exploitation, d’assujettissement économique et social et de tant de décennies de néolibéralisme capitaliste qui ne pouvait plus être toléré.

 

Dans ce cadre, la Colombie devient un pays où tous ces plans ont été imposés par une politique de terrorisme d’État, où le régime colombien, à travers les différents gouvernements, a imposé ses plans en profitant de la soi-disant guerre contre le trafic de drogue et de l’insurrection de la guérilla, où toute lutte sociale, toute protestation des travailleurs ou toute revendication des jeunes était considérée comme un foyer d’insurrection et donc fortement réprimée et soumise aux lois du terrorisme d’État, (vieille tactique qui peut être appliquée partout comme on le voit avec l’État d’Urgence permanent que nous subissons en Occident) contre lequel les jeunes et les travailleurs se sont rebellés, contre une situation insupportable, c’est ce que nous vivons en Colombie: https://les7duquebec.net/archives/263741

 

Pour compléter, la rébellion compte avec le soutien massif et la mobilisation et contre les mesures répressives que le gouvernement Duque applique. Ils ont dit que «73%, sinon plus, de la population colombienne est d’accord avec cet ensemble d’actions et d’arrêts» dans le cadre de ce que les dirigeants sociaux et syndicaux appellent la grève nationale en Colombie.

 

Il s’agit d’un soutien massif tel qu’il s’exprime dans certaines villes où l’épicentre se manifeste avec force à Cali, la troisième ville la plus importante de Colombie. Face à cette situation, la politique du gouvernement, après avoir tenté une réforme fiscale pour taxer les pauvres, a été celle de la répression directe, ils ont fait descendre les militaires dans les rues, ils sont même passés par-dessus la tête des maires des communes.

 

Il y a eu plus de 30 assassinats, 800 blessés, des centaines d’arrestations et des dizaines de disparitions, une réponse violente à laquelle le régime colombien est habitué. Les masses populaires ont décidé de combattre la réforme fiscale mais elles ont dit qu’elles voulaient davantage.

 

Il faut noter que les centrales syndicales ont appelé à une grève nationale qui a eu lieu ce 5 mai, nous avons interrogé Milton à ce sujet, et aussi sur la situation de la «gauche» en Colombie : « Le 5 mai il y a eu une nouvelle journée nationale de protestation dans le cadre de cette rébellion que nous signalons, il y a eu à nouveau de grandes mobilisations dans les principales villes du pays. La situation reste aussi marquée que la première fois, le 28 avril, lorsque plus de 600 municipalités sur les presque 1000 que compte la Colombie sont venues manifester. C’est une situation qui fait suite à cette dynamique spontanée, une série d’assemblées et de protestations territoriales se développent par le bas, par quartier et à partir de l’initiative des travailleurs de s’organiser dans la dynamique d’avancer dans des organisations auto-organisées pour une plus grande coordination de cette lutte.»

 

Ces appels sont lancés par le biais du commandement national de la grève composé des centrales syndicales et des mouvements sociaux, mais dans le cadre d’une situation où ce commandement est débordé par l’action populaire spontanée. Il y a une intervention de toutes sortes, le rôle du « centre-gauche », puisque la « gauche » est très faible, fondamentalement dans le porte-parole du candidat Gustavo Petro, l’un des candidats avec le plus de voix, a joué un rôle de recherche du dialogue, de faire sortir les gens de la rue et de tout amener sur la voie démocratique – électoraliste bourgeoise – de la négociation afin de désarticuler et liquider la révolte. Nous devons voir, car toute perspective est ouverte dans le cadre de cette situation.

 

Enfin, les hôtes ont invité le « public » (sic) à collaborer de toutes les manières possibles avec le peuple colombien. Briser le siège médiatique que la presse colombienne impose à la rébellion. Ils ont également invité le public à se joindre à la marche que le peuple  colombien organise ce vendredi, à 18 heures, sur la Plaza de la Revolución et à contribuer au fonds de solidarité pour l’achat de matériel médical destiné à soutenir les brigades sanitaires de Siloé, à Cali.

 

 

Robert Bibeau

Auteur et éditeur

3 réflexions sur “Révolte populaire en Colombie: entretien avec un correspondant sur place

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