LE «PASSEPORT COVID» ET LE RETOUR DES «SORCIÈRES»!
En France, les manifestations contre le passeport Covid Manifestations de la résistance au pass-sanitaire dans toute la France – les 7 du quebec ont consolidé une base sociale initialement hétérogène avec un discours qui fusionne, à partir des anti-vaccins, du libertarisme réactionnaire, de la pseudoscience, du féminisme, de la conspiration, du nationalisme et de l’antisémitisme. Pas d’esthétiques néofascistes ou de carcamales gaullistes. Bien au contraire: beaucoup de travailleurs sociaux, des îles aux gilets jaunes et anarchiques et beaucoup de « France insoumise». Ils sont nombreux, mais ils ne cessent d’être une minorité excentrique, idéale comme ennemi cohésif du macronisme, qui peut ainsi profiter des galas rationalistes. Et pourtant, il s’agit d’un mouvement extrêmement significatif du moment historique et de la culture qu’il distille.
Table des matières
- Avant le « passeport Covid »: la résistance aux confinements
- Le féminisme, les pseudosciences et le retour des sorcières
- Sorcellerie, anti-vaccination et Covid
Avant le « passeport Covid »: la résistance aux confinements
De mars à mai de cette année, bien avant que le « passeport Covid » ne soit un sujet, lorsque le droit de réunion était limité aux cohabitants et aux petits groupes, une vague de flash mobs a traversé la France et a eu ses répliques en Belgique, aux Pays-Bas et – résiduellement – en Allemagne, en Italie et en Espagne. Une protestation musicale, artistique, prenant des espaces publics pendant quelques minutes semblait être le contraire du terrorisme négationniste qui montrait alors les dents aux Pays-Bas.
Les échos et les comparaisons avec le 15M étaient irrémédiables et la similitude esthétique des manifestants avec ceux indignés d’il y a dix ans et avec la base sociale la plus visible de ce qui l’a suivi étaient évidentes: les « nouvelles gauches » de Syriza, Podemos ou la France insoumise. Ce n’est pas un hasard si la chanson qui unissait ces flashmobs en dehors de « HK &les Saltimbanks ». Un thème précédent de ce groupe avait été utilisé par le parti de Mélenchon lors de la campagne 2012 et par «En Comú Podem» en 2015.
L’évolution esthétique a signalé un changement souterrain de l’emballage. Après l’offensive bannonite de l’été précédent, les États européens avaient fait leur jeu pour séparer les RN, Vox, Lega, Fratelli d’Italia et autres des expressions les plus dérangées de la petite bourgeoisie en colère. Les clins d’œil anti-vaccination ont disparu des discours parlementaires et des proclamations de Lepen, Abascal, Meloni et autres.
La séparation s’est toutefois traduite par une forme de légitimation et un moteur pour l’élargissement de la base sociale. Les anti-vaccins n’étaient plus soupçonnés d’être de simples pions d’extrême droite. Les anarchiques et les « alternativen » allemands ont rejoint le mouvement Querdenken (littéralement « Pensée latérale »). Alors que, dans toute l’Europe, les organisations féministes voulaient célébrer le 8 Mars dans la rue à tout prix et dans leurs arguments d’occasion, elles se sont rapprochées du déni de ceux qui protestaient contre les confinements.
Ce qui avait été une protestation hétérogène de différents secteurs de la petite bourgeoisie dans le déni commençait à se fondre dans quelque chose de nouveau et à consolider sa propre niche.
Mais il n’y a pas de fusion possible sans coïncidences et bases communes propres. Dans une classe avec des segments aussi différenciés les uns des autres que la petite bourgeoisie, il ne suffit pas de certaines aspirations et angoisses partagées pour qu’il y ait une confusion de perspectives idéologiques de l’ampleur que nous voyons sur le front contre le passeport Covid.
Historiquement, la colle qui les a réunis dans ce qui était alors le fascisme s’est présentée comme une refonte et une éruption de la mystique nationaliste… préparée et précédée d’une éclosion de mouvements de « changement de vie » visant à redéfinir les frontières entre vie privée et espace politique.
Le féminisme, les pseudosciences et le retour des sorcières
Le féminisme universitaire des années 1960 a largement articulé son discours sur une certaine définition – historiquement insoutenable – du « patriarcat ». Pour tenter d’établir l’idée que l’humanité avait déjà vécu sous un matriarcat généralisé et que celui-ci a été balayé par une révolte masculine mythique qui aurait instauré le patriarcat, il n’a même pas épargné les faux archéologiques sonnés (?)
Mais le féminisme du moment, bien que fondamentalement académique, n’était pas fort dans les départements d’archéologie, mais dans ceux de l’anthropologie, d’où pendaient jusqu’à récemment la grande majorité des départements universitaires consacrés à la génération de l’idéologie féministe. Je savais bien que ce qui importait n’était pas tant le test historique que l’instauration d’un mythe social.
Depuis les années soixante, le féminisme a distillé des tonnes de pseudo-histoire et de récits académiques-mythologiques pour instaurer un mythe fondateur de la résistance féminine au-dessus des classes à partir des sorcières historiques parmi ses élèves et disciples. Les sorcières seraient le dernier vestige matriarcal et leur persécution l’acte de naissance du monde d’aujourd’hui.
Il s’agit évidemment d’une version enneada du mythe bourgeois décimonien qui voit dans la Réforme protestante l’origine de la révolution industrielle et de la séparation des pouvoirs. Un mythe qui, à l’origine, poursuivait l’effort d’association du capitalisme à la vertu et à la volonté divine et qui servait à blâmer moralement les pays catholiques d’Europe et les colonies de leur propre arriéré, les condamnant à une place subalterne dans l’avenir du capitalisme. Au lieu de démanteler le racisme et le sectarisme sous-jacent, au lieu de l’affronter à la réalité historique de la naissance du capitalisme, le féminisme l’a fait en lui-même en gonflant un épisode géographique, économique et historiquement marginal, pour nier que le capitalisme était vraiment quelque chose de nouveau et le dissoudre dans un mode inexistant de production patriarcale qui aurait existé en permanence du Néolithique à aujourd’hui.
Les ingrédients d’une mythologie ont été donnés. Et de la mythologie à l’armatoste religieux moyen seulement un demi-pas de délire mystique. La troisième vague n’est pas loin. En effet, au cours des vingt dernières années, la presse britannique et américaine nous a montré avec une insistance croissante des praticiens de Wicca et des sorcières supposées actuelles comme des représentants d’une religion matriarcale-féministe à nouveau en hausse.
Et pour ne pas manquer de « vocations », la nouvelle génération de scénaristes venus de l’université à l’industrie audiovisuelle se sont appliqués à créer différentes potions de militarisme, de nationalisme et d’identitarisme féministe comme modèle pour les adolescents.
Sorcellerie, anti-vaccination et Covid
En Europe continentale, en Afrique du Nord et en Amérique, le mythe bruxellois coûte cher. Mais le délire, lorsqu’il répond à la logique interne de quelque chose qui, en fin de compte, est en train de devenir une idéologie d’État, trouve ses propres voies. L’ésotérisme en fait partie… et selon les études françaises, il va là où le féminisme est fort: chez les jeunes femmes féministes et les étudiantes à plein temps des deux sexes.
Cette résurgence de l’ésotérisme est en phase avec l’époque, particulièrement marquée par un besoin spirituel « que les religions traditionnelles ne peuvent plus satisfaire », explique Marianne Louise Jussian, qui a réalisé l’étude pour Ifop et Current Woman . « Les grandes religions monothéistes ne répondent plus aux attentes des jeunes, aujourd’hui inclusives, trop « woke » pour les cultes considérés comme conservateurs, sexistes ou homophobes en particulier », analyse-t-elle.
Ces croyances, parmi lesquelles l’astrologie se distingue, leur permettent donc de cultiver une dimension spirituelle tout en restant en ligne avec les valeurs qu’elles défendent. […] « Lorsque vous êtes étudiant, il est très pratique de créer un lien, car la plupart des jeunes sont dans une situation d’incertitude et d’anxiété. Alors, quand quelqu’un présente une vision du monde rassurante, il est vraiment tenté de les entendre. »
POURQUOI L’ASTROLOGIE GAGNE DU TERRAIN CHEZ LES JEUNES ET DANS LE DOMAINE FÉMINISTE. MAGAZINE MARIANNE.
En effet, le discours essentialiste féminin, légitimé sinon encouragé par la majorité du mouvement féministe et exacerbé par la pratique des «espaces sûrs» (c’est-à-dire séparés par le sexe), a ouvert la porte à toute une industrie de sorcières et de gourous. Comme nous le dit le même magazine.
Pour Mathieu Repiquet [du collectif « Fake Med », dédié à dénoncer les pseudosciences], ce « mouvement ne veut pas établir l’égalité des droits mais considère la femme comme une création divine totalement différente, qui n’a nullement la même essence que le mâle humain ». Un homme-mâle désigné comme oppresseur de la femme mais aussi comme destructeur de l’environnement et de la Terre Mère.
« Ces sorcières sont très proches des mouvements pseudo-écologiques, c’est un groupement entre la médecine naturelle et alternative, les mouvements animistes ou totémiques sur l’écologie », poursuit Mathieu Repiquet. Certaines sorcières revendiquent donc « l’écoféminisme »: un courant de pensée selon lequel les femmes et l’environnement sont victimes du patriarcat, c’est-à-dire du désir de domination des hommes, misogynes et capitalistes. […]
Le syncrétisme des sorcières s’exprime également dans des cercles de conversations féminines de plus en plus répandues, inspirés d’un best-seller américain sorti en 1997 et vendu à plus de 3 millions d’exemplaires: « The Red Tent » d’Anita Diamant (éditions Charleston, 2016). « Nous voyons beaucoup de femmes faire un recyclement professionnel en ce moment et aller vers une formation sur l’hypnose, la naturopathie …
Ils deviennent guérisseurs, druides, naturopathes. Ils organisent des stages chamaniques ou des retraites spirituelles… Comme toutes les pratiques de soins non conventionnelles, il prolifère beaucoup dans un sentiment de méfiance, voire de défiance, à l’égard de la médecine moderne. D’après mes remarques, je crois que beaucoup d’entre eux y croient sincèrement », explique Mathieu Repiquet.
Et comme preuve, selon un sondage Ifop pour Current Woman , « Les Français», 28% des Français d’aujourd’hui croient en la sorcellerie ou les sorts. Une progression de 7 points depuis 2001. Contrairement à l’idée populaire selon laquelle la croyance recule en Occident, cette étude d’opinion montre clairement que les spiritualités marginales et les consciences bénéficient d’une véritable mode populaire.
DU « SACRÉ FÉMININ » AUX PSEUDOMÉDICAMENTS: COMMENT LES « SORCIÈRES » ONT USURPÉ LE FÉMINISME, REVUE MARIANNE
Cette tendance de base à l’augmentation de la part de marché de YouTube des sectes, cultes et gourous avec la pandémie. Augmentation qui s’est en outre accompagnée d’un effort de ces personnages pour partager des publics et unir des discours.
Bien que le féminisme lui-même ne soit ni anti-médecine ni anti-vaccin, lorsque la mythologie est disséminée sur les connaissances scientifiques, celui-ci est en fait sapé. Et dans ce domaine, de l’affirmation des femmes comme sujet historique avec une histoire propre au-dessus des classes – qui est le déterminant de tous les féminismes– à la création ingénierie de mythologies sur mesure – des sorcières à «Le conte de la femme de chambre» – le travail de zapa du féminisme est brutal.
Sa contribution à la convergence dont découle aujourd’hui le mouvement contre le passeport Covid, et ce qu’il signifie historiquement, devient facilement évidente.
La Sorcière, sublime Prêtresse qui chantait le cantique de la Nature, l’inspiratrice des hommes, la grande consolatrice, Celle qui était la promesse et la miséricorde, Celle qui était la science et guérissait toutes les blessures, a été chassée du temple.
L’ignorance a pris sa place et s’est faite orthodoxie. Alors, que va-t-elle devenir ? Qu’elle le veuille ou non, la voilà destinée à l’œuvre sourde des conspirations et des massacres.
Après ce massacre de la Femme, qu’allait-il rester de la société humaine ?
Il restait la Nature avec ses éternelles lois. Il restait la Femme… Déesse sans autels, Reine sans royaume, qui n’ose avouer sa royauté,… mais la prend quand même !
Mais toutes n’étaient pas des femmes fortes, des sorcières. Il y avait aussi les femmes faibles et amoureuses de l’homme perverti. Celles-là vont au prêtre, et ce sont les riches, les joyeuses, les heureuses, celles qui plaisent aux séducteurs par leurs complaisances.
Mais les femmes fortes allaient à l’homme maudit, à celui que, par un paradoxe fréquent, le prêtre appelait « Satan », c’est-à-dire à l’homme vrai, grand et droit. Elles allaient donc au diable, elles se donnaient au diable, modeste, pauvre, déshérité comme elles.
Ce sont eux qu’on appelle les bons hommes, on les prend en pitié parce qu’ils n’ont pas l’astuce et l’hypocrisie des grands seigneurs de l’Église. Ces naïfs sont restés fidèles à l’antique loi morale ; aussi, comme ils sont ridiculisés, avilis, meurtris, les pauvres grands bons hommes, et hués par le peuple abruti ! Mais qu’importe à ces hommes ce qu’on dit d’eux ? il leur reste la vraie femme, la grande, c’est-à-dire tout, et c’est cela qui, finalement, les fera triompher.
Lien : https://livresdefemmeslivresdeverites.blogspot.com/2017/07/findu4emesiecledumoyenagealarevolution.html
Je ne partage pas cette analyse, faisant la part belle aux féministes comme seul moteur de l’Histoire et de la mobilisation anti pass obligatoire. Vous le remarquerez, elle concerne des pays étrangers : Grèce, Espagne, Italie. Pas la France.
Je pense au contraire qu’en France, la mobilisation anti pass obligatoire obéit à une construction de classes très « classique » : alliance des classes populaires et de la petite bourgeoisie dans la formation d’un mouvement contre le bloc bourgeois.
Mais cet article est intéressant, car il montre comment la petite bourgeoisie paupérisée redescend tout de même dans la rue, après 40 ans d’alliance avec la classe dominante afin de défendre l’immobilisme social : 1980-2020, formant ce qu’Emmanuel Todd appelle des sociétés comme “La Belle au Bois dormant”.
ping : https://queonossosilencionaomateinocentes.blogspot.com/2021/08/o-passaporte-covid-e-o-retorno-das.html
@ TOUS
Il y a du vrai dans ce texte dilatoire qui rate la cible qui devrait nous unir – surtout nous de la classe ouvrière révolutionnaire – contre notre ennemi commun du grand capital mondialisé. Ainsi, il est écrit que:
« une base sociale initialement hétérogène avec un discours qui fusionne, à partir des anti-vaccins, du libertarisme réactionnaire, de la pseudoscience, du féminisme, de la conspiration, du nationalisme et de l’antisémitisme. Pas d’esthétiques néofascistes ou de carcamales gaullistes. Bien au contraire: beaucoup de travailleurs sociaux, des îles aux gilets jaunes et anarchiques et beaucoup de « France insoumise». » TOUT CELA EST VRAI.
La petite-bourgeoisie en cours de paupérisation et de prolétarisation s’est beaucoup investie dans la Résistance aux préparatifs de guerre que constitue la pandémie.
Bien sur la petite bourgeoisie aborde cette lutte de classe de son point de vue de classe étroit, narcissique, réformateur, et même réactionnaire, mue par l’illusion que ce système qui les as momentanément avantagé peut encore leur permettre de singer les riches et leur mode de vie dévergondé.
Quand ils réaliseront que ce n’est plus possible – que le capitalisme ne leur offre plus d’autres choix que la misère et l’aliénation la petite bourgeoisie fera ses choix – embrigadée encore une fois dans les phalanges fascistes ou la voix de la Révolution prolétarienne.
Encore faudra-t-il que la voix révolutionnaire prolétarienne soit ouverte. Seul le prolétariat révolutionnaire peut ouvrir cette voix et ce n’est pas en restant assis sur la cloture de la gauche radicale – indifférente aux préparatifs de guerre bactériologique-sanitaire-viral orchestrée par le grand capital en perdition que le prolétariat ouvrira cette voix – cette brèche – dans le front-uni bourgeois.
Il n’y a pas d’autres voix possible que la Résistance farouche aux préparatifs de guerre virale sous toutes ses formes (confinements, couvre-feux, espionnage, traçage, répression, verbalisation, restrictions, pass-sanitaire, vaccination, violence en tout genre, etc.).
L’intensification de la lutte de classe présentement en cours mondialement déterminera, encore cette fois, si le prolétariat est à la hauteur de son destin révolutionnaire et si cette classe a appris à s’emparer du leadership de la révolution sociale.
Si pour une 3e fois consécutive le prolétariat se voix usurper son rôle dirigeant de la Révolution sociale radicale… ce sera parti remise car l’effondrement de la société du capital et l’édification de la société communiste prolétarienne sont inéluctables.
Robert Bibeau
Revenons sur ce féminisme petit bourgeois réactionnaire.
L’auteur écrit ceci : « le féminisme l’a fait en lui-même en gonflant un épisode géographique, économique et historiquement marginal, pour nier que le capitalisme était vraiment quelque chose de nouveau et le dissoudre dans un mode inexistant de production patriarcale qui aurait existé en permanence du Néolithique à aujourd’hui. » et l’auteur ajoute ceci » Et dans ce domaine, de l’affirmation des femmes comme sujet historique avec une histoire propre au-dessus des classes – qui est le déterminant de tous les féminismes– à la création ingénierie de mythologies sur mesure – des sorcières à «Le conte de la femme de chambre» – le travail de sape du féminisme est brutal. »
TOUT EST DIT
En effet, le féminisme et l’antiracisme petit bourgeois sont aujourd’hui ce que fut le national-socialisme et l’antisémitisme il y a 90 ans – des épouvantails justifiant le ralliement de ls petite bourgeoisie au camp du patronat et du grand capital.
D’ailleurs, l’auteur le remarque lui-même, ces idéologies sont devenues idéologies d’État bourgeois ce que le féminisme présente comme une de leur « conquête », l’une de leur « victoire »… La soumission à son bourreau de classe ne sera jamais une victoire… surtout si ce bourreau a le visage de sa victime.
Robert Bibeau.