L’Afghanistan sur le chemin du déclin de l’Empire américain

La doxa officielle à propos de l’invasion de l’Afghanistan

This article is available in 5 languages on this webmagazine:
Editorial de Bibeau du 25 aout 2021

Nous connaissons tous les « Fakes news » américaines à propos de l’Afghanistan, refuge de Ben Laden et des mercenaires d’Al-Qaïda, une ONG terroriste financée par le Pentagone et les Émirats du Golfe pour mener la guerre de basse intensité contre l’Alliance impériale russo-chinoise.

 

Pour mémoire, nous reproduisons ci-dessous un condensé de la doxa propagée par l’industrie de l’information occidentale à la solde du Grand capital telle que rapportée par une militante féministe:

 

« Revenons brièvement sur les étapes de ce long conflit (20 ans). Après l’attentat des Tours Jumelles du 11 septembre 2001, les États-Unis envahissent l’Afghanistan pour traquer Osama Bin Laden (qui se planquait au Pakistan à proximité d’une base militaire. NDÉ). Depuis 1996, le Pays était aux mains des taliban, une secte fondamentaliste islamique, qui a été forcée de battre en retraite face à l’avancée militaire des États-Unis et d’autres Pays de l’OTAN, comme la France, l’Italie, l’Espagne, le Canada. Les taliban étaient dirigés par le Mollah Omar, qui prêchait une application stricte de la charia, c’est-à-dire de la loi islamique. Ils ont pris le pouvoir après la chute de l’Empire soviétique et la chute de la République démocratique d’Afghanistan. Toutes les conquêtes citoyennes faites par les femmes furent rapidement balayées («conquêtes» éphémères parce qu’imposées par une bourgeoisie étrangère à une population vivant sous des rapports sociaux féodaux. NDÉ). On leur a imposé l’usage de la burqa pour sortir de la maison, toujours accompagnées des hommes de la famille  (pratiques tribales féodales existant bien avant les talibans. NDÉ). Il leur était interdit de rire, d’étudier, de faire du bruit en marchant, sous peine de coups de fouet, de lapidation, de mutilations physiques (Fake news. NDÉ). Il était interdit aux hommes de se couper la barbe. On ne pouvait pas utiliser la radio, la télévision, aller au cinéma (l’électricité n’est pas disponible dans nombre de villages afghans et la télévision est un luxe inaccessible à la majorité de la population afghane. NDÉ). La musique et les arts étaient interdits partout (Fake news). Durant leurs cinq années de gouvernement, les taliban avaient accueilli les bases d’entraînement militaire d’Al Quaeda, une organisation terroriste dirigée par Bin Laden (commanditée par la CIA et les princes du Golfe persique. NDÉ). En 2001, les taliban ont été chassés de leurs postes de commandement et la coalition menée par les États-Unis a tenté d’instaurer la démocratie et de reconstruire l’Afghanistan («reconstruire» l’Afghanistan en bombardant les gens au cours des  mariages et des enterrements, dans les mosquées et les maisons de boue séchée, en bombardant les paysan(e)s dans les champs minés,  et en relançant la culture du pavot-héroïne pour approvisionner l’occident. NDÉ) en attendant le jour où les milices américaines auraient quitté le pays.» (1)  https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/afghanistan-les-origines-d-un-235173

 

Fin du conte de fées alambiqué que la gauche et la droite féministe ont eu mission de propager en soutien à l’invasion de l’Afghanistan féodal par l’impérialisme occidental.

 

Maintenant que les «milices américaines quittent précipitamment le pays», chassées par la Résistance populaire afghane (comprenant les talibans) les médias à la solde – ces chiens de garde du Grand capital – ont pour mission de propager de nouvelles «Fakes news» à propos de la débandade des occupants occidentaux.

 

Ainsi, un observateur s’étonne des «commentaires journalistiques dérisoires qui reprochent à Joe Biden de se comporter comme Donald Trump, et qui accusent Washington de renoncer à son hégémonie planétaire, et se livrent à une narration suggérant que les USA n’en ont pas fait assez, un peu comme ces bellicistes qui, durant la guerre du Vietnam, ne comprenant rien à rien, réclamaient davantage de troupes au sol et davantage de bombes sur le Nord-Vietnam. Comme si un surcroît d’impérialisme pouvait sauver l’impérialisme, et comme si vingt ans d’occupation militaire en Afghanistan, des dizaines de milliers de morts et des centaines de milliards partis en fumée n’étaient qu’un acompte, et qu’il fallait verser le solde!» (2)

 

Biden, Trump, Obama, Clinton, Bush même combat

 

Les Présidents américains ne font pas l’histoire, ils sont le produit de l’histoire. Joe Biden poursuit la politique militariste de Donald Trump qui lui-même poursuivait la politique belliciste d’Obama… la question qui nous confronte est de savoir : Pourquoi cette mise en scène rocambolesque à l’aéroport de Kaboul à ce moment-ci de la guerre que se mènent les deux superpuissances (États-Unis – Chine) ?

 

De l’aveu de l’État-major de l’armée américaine, la résistance afghane (comprenant les talibans) contrôle le pays depuis des années. Les troupes fédérées des puissances occidentales (OTAN) ne contrôlaient que leurs bases militaires et le palais présidentiel à Kaboul. Via ces bases militaires d’occupation, les puissances occidentales soutenaient les mercenaires afghans des différents clans (taliban, Alliance du Nord, EI, Al-Qaïda, DAESH, les forces gouvernementales afghanes, etc.)

 

La résistance afghane s’accommodait de cette entente tacite ou les yankees jouaient les gros bras et menaçaient la Chine et la Russie en contrepartie des dépenses mirobolantes pour maintenir les bases militaires, l’État fantoche à Kaboul et les 400 000 soldats de l’armée gouvernementale afghane constituée en grande partie de Partisans afghans (ce qui explique l’effondrement rapide de cette armée fantoche). Au cours des dernières années, les dépenses américaines constituaient – avec l’héroïne – les seules revenues de ce pays «libéré» par les «conquêtes citoyennes démocratiques et féministes» (sic). Ce pays exsangue dirigé par les seigneurs de guerre…les mêmes qui portent allégeance aux taliban entrés dans Kaboul (4 millions d’habitants) (3).

 

Pourquoi le retrait unilatéral et la débandade

 

Pas étonnant que les occupants occidentaux (OTAN) se soient retirés d’Afghanistan et que les Américains aient souhaité en faire autant depuis longtemps. Les talibans ne souhaitaient pas le retrait de cette corne d’abondance américaine et ils ont évité d’étendre leur présence militaire formelle aux capitales régionales et à la capitale des godillots afghans.

 

Cependant, la Résistance afghane (comprenant les talibans, Daesh, Al-Qaïda) refusait de se compromettre vis-à-vis la Chine et la Russie et faisait traîner les pourparlers jusqu’à ce que l’administration américaine comprenne que les talibans ne joueraient jamais les mercenaires contre l’Empire chinois. Ne lui restait plus que le retrait unilatéral et la débandade.

 

Surtout quand les Américains ont compris que les talibans menaient des pourparlers secrets avec les Russes et les Chinois dont l’Amérique était le dindon de la farce. (4) Les Américains ont alors précipité leur retrait de ce guêpier – ce «cimetière des empires» – ou ils s’enlisaient depuis des années. La Résistance afghane a alors cessé de simuler et a complété en trois jours la prise de contrôle militaire formelle de l’ensemble du pays. Depuis, la Résistance afghane (comprenant les talibans) supervise l’exfiltration des collaborateurs afghans. (5) https://www.voltairenet.org/article213760.html

 

Le reste n’est que mascarade bancale visant à dissimuler le déclin de l’Empire américain et son expulsion de la scène économique, politique et diplomatique de l’Asie centrale au profit de l’Alliance de Shanghai. Notez que cet abandon survient au moment du recul impérialiste sur l’ensemble du Proche et du Moyen-Orient ou La Russie et la Chine marquent régulièrement des progrès. (6) https://les7duquebec.net/archives/266408

 

Lutte de libération nationale et lutte féministe en Afghanistan sous le féodalisme

 

Ce ne sont pas la burqa, la Charia, l’Islam, les talibans, ou les seigneurs de guerre qui sont les sources de l’oppression de la femme afghane et de l’homme afghan. Ce sont les rapports sociaux de production féodaux qui écrasent ces populations paysannes (hommes et femmes) – qui oppressent ces ethnies du Moyen-âge – qui oppriment ces clans féodaux – ces sectes de mercenaires stipendiées par les puissances impérialistes occupantes.

 

Cette oppression de classes – cette aliénation sociale – ne changeront de forme, pour le travailleur et la travailleuse afghane, que lorsque ces archaïques rapports sociaux de production auront été abolis, c’est-à-dire quand le mode de production féodal aura été renversé pour être remplacé par le mode de production et les rapports sociaux de production capitalistes exploiteurs.

 

Malheureusement, comme l’ont prouvé toutes les luttes de libération nationale et toutes les révolutions sociales précédentes (1917, 1949, 1959, 1964, 1971, etc.) les populations vivant sous le féodalisme ne font pas l’économie d’une révolution bourgeoise (capitaliste ou socialiste) avant d’aspirer à la Révolution prolétarienne.

 

Une Révolution prolétarienne ne peut être le fait de l’aristocratie, des seigneurs de guerre, de la paysannerie, de la petite bourgeoisie, de godillots parlementaires, de capitalistes exploiteurs, de mercenaires exterminateurs ou d’un parti politique aussi gauchiste soit-il. La Révolution prolétarienne sera le fruit du prolétariat international.

 

Que les puissances impérialistes spoliatrices soient formellement chassées d’Afghanistan nous réjouit grandement pour le peuple afghan. Malheureusement, ces puissances occupantes continueront de comploter en sous-main et elles seront vites remplacées par de nouvelles puissances impérialistes et l’oppression des paysans afghans (hommes et femmes) se poursuivra le temps que l’Afghanistan, bientôt intégré à la zone d’influence impériale chinoise, ait complété sa Révolution capitaliste bourgeoise.

 

« Nous sommes en guerre » changement de la garde impériale

 

Pour conclure : on assiste dans ce coin du monde au changement de la garde impériale mondiale. Le peuple afghan, la paysannerie féodale afghane continueront de souffrir sous le joug des seigneurs de guerre à la solde de multiples puissances impérialistes occidentales auxquelles s’ajouteront désormais des puissances impérialistes orientales (Chine, Russie, Iran). Chacune de ces puissances impérialistes sponsorisant ses propres factions de mercenaires.  La vie de souffrance du peuple afghan se perpétuera pendant que le pays poursuivra son entrée dans le monde capitaliste du XXIe siècle qui préparera les conditions de la Révolution prolétarienne.

 

 


Notes

 

  1. https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/afghanistan-les-origines-d-un-235173
  2. https://www.legrandsoir.info/debandade-a-kaboul.html
  3. Afghanistan : mise en échec de l’impérialisme occidental – les 7 du quebec https://les7duquebec.net/archives/266408
    4. Afghanistan. Quelle est la suite ? Un gouvernement provisoire et une nouvelle constitution – les 7 du quebec https://les7duquebec.net/archives/266426
    7. https://lesakerfrancophone.fr/la-grande-bretagne-veut-que-la-guerre-en-afghanistan-reprenne
    3. Afghanistan: un pur bonheur – les 7 du quebec https://les7duquebec.net/archives/266496
    5. https://www.voltairenet.org/article213760.html

 

 

 

 

 

Robert Bibeau

Auteur et éditeur

18 réflexions sur “L’Afghanistan sur le chemin du déclin de l’Empire américain

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *