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La propagande par le sport spectacle

Camarades- n ‘ayant pour le moment que peux de temps pour écrire et alimenter le site, je vous livre aujourd’hui deux documents critiques sur le sport. En effet les mouvements de gauche ont complètement abandonné toute critique du sport et il est grand temps de reprendre cette critique qu’avait si bien mené Jean Marie Brohm sociologue et philosophe français, né le 14 décembre 1940 à Mulhouse.

 

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La propagande par le sport
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Le culte sportif (consensuel et toujours contrôlable) en place de la plus haute culture critique (générant obligatoirement l’antagonisme et le conflit), voilà l’objectif du Sport Spectacle.
paru dans lundimatin#66, le 22 juin 2016
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Un lecteur de lundimatin nous a fait parvenir ces curieuses méditations, qu’on aimerait avoir en commentaire audio en regardant les matchs de l’Euro 2016.


La superstition du Sport Spectacle et ses idolâtres

Superstition est un terme utilisé par « la vraie religion » pour désigner les fausses croyances, fétichismes variés, idolâtries foisonnantes et autres animismes, etc., en gros « l’irrationalité ». Mais si « super-stition » signifie, étymologiquement, se placer au-dessus ou en dehors du monde ou de la réalité, alors la superstition suppose la croyance en un au-delà « spirituel » quelconque – comme le fétiche, sexuel ou politique, qui permet de survivre, etc. Dans ces conditions « superstition » désigne bien « l’être sportif », l’être de celui qui est en dehors de lui-même (littéralement : aliéné), mais englué par la réalité si prégnante et devenue magique, et qui se croit autonome à la manière du Baron de Münchhausen. Fausse croyance, sans doute, fausse conscience certainement (l’autonomie étant une illusion), la superstition du Sport mobilise cet existential d’agenouillement qu’est la croyance et ses dérivés : espérance, optimisme, enthousiasme, joie.
Impossible de vivre sans croire. Mais à croire à quoi ?


Le Sport spectacle est un simulacre.


Le Sport Spectacle est une simulation et une stimulation, une canalisation et un égarement, une voie autorisée, plus encore recommandée, pour les égarés, ceux qu’on a mené dans l’impasse.  Aussi pour analyser le Sport faudrait-il commencer par étudier le roman des égarés.
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Quelle désespérance génère le Spectacle Sportif ? Car le sport n’est ni un jeu, ni une fête (il simule tout cela), ni, surtout pas, un carnaval, avec son inversion ponctuelle des rôles. Le sport est une mascarade : le défilé grimaçant des rôles (re)commandés, attendus, reconnus.
Le Sport fait partie des grandes manipulations étatiques (afin de maintenir les choses en l’état) et des plus banales : le diviser pour régner. Il s’agit d’une forme « post-moderne » de nationalisme ; un quasi-nationalisme, si l’on entend bien par « nationalisme » une construction étatique érigée avec le matériau « peuple »[1]. Le nationalisme est populaire, le sport est populaire. Il s’agit d’un Sport monté en Spectacle, évidemment, comme les grandes messes nationalistes avec leurs défilés paramilitaires, la concentration des masses géométrisées, les chants totémiques, etc.
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Reste à comprendre comment on peut « faire peuple » ou « faire masse », reconfigurer, gérer à l’imaginaire, manipuler au mytho-Nomique (la mythologie du sport), contrôler par du spectacle (du décorum et des rituels), mobiliser par des slogans ou des hurlements, etc.
Et, par exemple, pour faire « post-moderne »[2], agencer la plus grande boîte de nuit universalisée, le plus gigantesque tripot.
Cette manipulation des hommes comme un matériau, exige une grande industrie, une immense troupe structurée en corps collaborateur, l’industrie du Spectacle (cadres et techniciens, journaleux et « créatifs » pubards, promoteurs et producteurs, vedettes et seconds rôles, etc.). Cette industrie n’est-elle pas aussi honteuse que l’industrie de l’armement ? Et aussi rentable ? Ce sont, du reste, les mêmes oligarques d’état qui dirigent les deux.
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Pourquoi le Sport Spectacle s’agence-t-il de manière économique ?

Parce que le sport est d’abord une question économique. Ce qui veut dire une question politique.
Le sport de compétition (souvent professionnalisé ou étatisé) est un élément fondamental de l’ordre économique (du capitalisme). Il est nécessaire de l’envisager comme miroir, métaphore et pièce fonctionnelle de cette économie (du) capitalisme.
Historiquement dérivé des formations militaires, il prend au 20e siècle une position centrale, tant dans les régimes dits démocratiques que dans les régimes (dits) totalitaires – qui ne sont que des capitalismes autoritaires « extrêmes », pressés et militarisés, là où apparaît le plus simplement possible l’usage machiavélique du « nationalisme ».

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A — Indiquons, pour commencer, quelques éléments de l’analyse critique.

 — Le Sport comme miroir et métaphore ; Sport et corruption.
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Les trois éléments fondamentaux de l’économie : pillage (colonisation), corruption (dévalorisation de toutes les valeurs en valeur comptable) et sexe (mise en vente des marchandises vivantes « à sex-appeal », prostitution généralisée), sont concentrés dans le Sport et exhibés comme modèles. Du Sport Spectacle. Le Spectateur sportif. Du « sportif » métaphore du « petit travailleur discipliné » [bien entraîné] et du Sport métaphore de l’entreprise (« qui gagne… car est la meilleure… »). Le Sport comme vitrine tayloriste.
Le « sportif » monté comme « homme-sandwich »
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Le déploiement fasciste du Sport. Le Sport nationaliste (et chauvin). La propagande sportive.
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Quand les États-Unis « récupèrent » les « meilleures méthodes » des (ex) Pays de l’Est. Les humains chimiquement modifiés.
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— Le Sport comme métaphore industrielle (et industrialiste).
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Où se cache le Travailleur-Soldat ? Le capitalisme nouveau contient, sans dépassement, le capitalisme disciplinaire et « l’universalise ». Il étend la discipline à la totalité de la vie (affective, psychique, intellectuelle, imaginaire — le passage du type ancien au type nouveau correspond à « la colonisation de l’imaginaire », au totalitarisme économique). Travailleur-Soldat et Touriste-Consommateur sont deux figures emboîtées unifiées par le Sport Spectacle.
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— Corruption, dopage, le laboratoire des HCM : du Sport comme champ « d’expérimentation socio-psychologique » post-fasciste. Au miroir des Hooligans.
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Le business mafieux des J.O. (et autres concentrations) et la « grande fête du Sport ». Hoodlums « sportifs ».
https://youtu.be/Sj7DdMTgejU
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— Sport, Médias et Propagande.
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Entertainment, entraîneurs et entraîneuses. La grande discussion sur la taille des jupes des tenniswomen.
Commençons par deux citations de Freud :
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« On sait que l’éducation moderne fait grand usage des sports pour détourner la jeunesse de l’activité sexuelle : il serait plus juste de dire qu’elle remplace la jouissance spécifiquement sexuelle par celle que provoque le mouvement, et qu’elle fait régresser l’activité sexuelle à une seule de ses composantes auto-érotiques. »
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« Ce qui subsiste de créativité individuelle en dehors du processus technique du travail se limite aux hobbies, aux bricolages de toutes sortes, aux jeux. Il y a, bien entendu, l’authentique création politique, artistique, littéraire, musicale, philosophique, scientifique, mais il n’est guère probable qu’elle soit acceptée comme l’apanage de tous, dans ce que l’on nomme « la meilleure des sociétés ». Il reste alors le sport, les amusements et les marottes. »
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Freud lance l’idée du Sport comme « nouvel opium du peuple ».

De nos jours, tout est mis sur « un même plan » : le beaujolais nouveau et la recherche scientifique, le sport et l’art. Pensons au thème publicitaire du « socialisme » municipal à Lyon : OL et ONL, Olympique Lyonnais et Orchestre National de Lyon.
Cet aplatissement est le signe distinctif du populisme protofasciste.
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Et le « même plan » n’est autre que celui de la mise en équivalence monétaire et de l’imposition de la valeur monétaire, et donc du comptable, du calculable, de l’abstrait, comme seule valeur, et donc comme « valeur morale ».
S’opère alors la éduction de l’éthique à l’économique qui peut servir de définition au « capitalisme éthique » (« cultural capitalism »). La finalité du management post-moderne est d’inculquer mentalement (de substituer à toute forme d’éducation) que l’unique valeur est comptable et ainsi de massifier (uniformiser en termes numériques).

Le Sport tient une place essentielle dans ce projet anti-démocratique.
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La résolution de la grande question de la mesure de la productivité des services (surtout quaternaires) passe par l’imposition de normes a priori. Ces normes sont essentiellement des contraintes de temps mais se présentent et se mobilisent comme des règles « morales » (néo-religieuses), par exemple de participation ou d’adhésion à un esprit de corps. Ainsi « l’individualisme froid » est-il tourné en « collectivisme chaud », c’est-à-dire en « peuple » composé religieusement. D’où l’importance des « corps » et de leur production. Le Spectacle Sportif est l’exhibition des « corps » disciplinés, entraînés et la démonstration du rôle central de « l’esprit de corps » et de la puissance de la discipline organisationnelle.
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Le Sport est donc profondément « réactionnaire », puisqu’il « conserve » dans le capitalisme nouveau les impératifs du capitalisme plus ancien (emboîtement dont nous avons parlé). Mais il est également « moderne » puisqu’il est une pièce essentielle du Spectacle, le grand montage de la propagande, par l’exemple sportif démultiplié, pour la « morale de l’entreprise », idéologie de « la concurrence juste », corporatisme des « fédérations » présenté comme « humanisme », « culture de la virilité », manipulation du fétichisme et infantilisation, taylorisme intégral, compétition, efficacité, rendement, étalon de l’entraînement, sport comme travail « bien fait », sportif de base dans la position de l’OS tayloriste soumis à l’OST…
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Propagande de type nouveau pour un comportement de type ancien, puisque le Sport « conserve » la figure du Travailleur-Soldat, juste décalée dans le domaine du « jeu »… qui n’est plus du tout ludique !
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Le management post-moderne a trouvé aujourd’hui son terrain d’élection et de déploiement idéologique dans l’apologie cynique du sport comme opium de masse. Reprise technologisée du modèle fasciste ou soviétique d’enrégimentement bio-politique et présentée ironiquement comme le top de la « modernité ». Récupération d’un modèle disciplinaire qui est typique du néo-machiavélisme du management politisé et idéologisé en martelant que nous sommes à « la fin » de la politique et de l’idéologie !.
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Le Sport doit être relié à la propagande pour « l’esprit d’entreprise » et s’analyse donc comme le cœur du management des loisirs (« domaine des loisirs » qui est lui-même une éducation de masse au management).
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Effectuons alors une excursion dans « l’esprit d’entreprise » pour découvrir son homologie au Sport vu comme idéologie et le réseau des renvois en miroir entre « entreprise » (une équipe qui gagne) et « esprit d’équipe ».
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« L’esprit d’entreprise » est un ersatz de religiosité : fidélité, dévouement, désir de faire corps, etc. Il légitime l’exigence autoritaire de créer du « collectif artificiel » dans un monde supposé individualiste. L’artificialité du design politique de l’entreprise est déplacée et cachée par le renvoi à une supposée « naturalité » (« nécessité ») des « bandes » dont le Sport d’équipe donne le modèle, présenté comme « humaniste ».
L’entreprise étant une entité non-démocratique voire anti-démocratique (justement pour fabriquer du collectif), la soumission des loisirs à « l’esprit d’entreprise » pose un problème politique ; c’est là qu’intervient l’idéologie du Sport, « de la force par la joie », ou de la discipline joyeuse et humanisante. D’où cet ensemble de renvois illimités en miroir de l’entreprise (des équipes qui gagnent) au sport (des meilleurs concurrents).
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L’entreprise est un lieu politique et un pôle de la domination. Le management est un mode d’exercice de cette domination ; il renvoie toujours à la « pensée politique » du « comment contrôler ». Le taylorisme est la forme classique du management en ce qu’il manifeste directement la volonté autoritaire de discipline, de surveillance et d’embrigadement (de séduction). On voit alors simplement l’homologie au Sport. Mais le « miroir du Sport » est censé « légitimer » l’autorité, l’obéissance, l’entraînement.
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Plus encore le Sport est une école de la quantification (on y apprend « sur le tas » la comptabilité). Le manager (l’administrateur, le président, etc.) est celui qui utilise cette capacité (socialement et politiquement instituée) de transformer le non-quantifiable en élément comptable (en se désintéressant des « rebuts ») ; ou qui est capable de ramener les grandes aventures affectives à du consommable périssable, qui fait donc fonction de censeur new-look (se présentant comme « anti-censeur » !) au nom du « populaire », du « goût populaire ».
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Le Sport a bel et bien cette fonction de neutraliser tout ce qui, dans le domaine culturel ou politique pouvait encore ressembler à de la création : « respecter les règles », « être fair-play », voilà le cri de la propagande politique sportive.
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Les clubs de foot dans les filets du sport business.
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Toujours plus ; telle est la logique dévastatrice qui mine le football. Rien ne semble pouvoir arrêter cette course au profit qui se solde, à la sortie, par des pertes, en particulier humaines.
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D’où vient l’argent du football ? De la télévision, bien sûr !
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Le modèle qui fait rêver certains, c’est le football anglais, géré « comme une entreprise », pour reprendre l’expression chère à Jean-Michel Aulas, le PDG de l’OL (Olympique Lyonnais), partisan de l’entrée des clubs français en bourse. Mais quel est le bilan du foot business ? Tous, ou presque, les clubs européens côtés ont vu leur valeur boursière dégringoler… En France, nul ne peut s’aligner sur ces pratiques, mais tous s’en inspirent. À preuve, la défiscalisation d’une partie des salaires des joueurs, récemment votée par l’Assemblée Nationale. Désormais, les footballeurs les plus célèbres bénéficieront d’un « droit d’image ». Résultat : 30% de leurs revenus ne seront plus versés comme salaire, mais sous forme de redevance, ce qui permettra aux clubs et aux joueurs concernés de ne pas verser de contributions sociales.
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Le culte sportif (consensuel et toujours contrôlable) en place de la plus haute culture critique (générant obligatoirement l’antagonisme et le conflit), voilà l’objectif du Sport Spectacle.
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— Le problème des liens entre Sport et Management.
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Analyser les liens qui unissent (1) la « marchandisation du temps libre » (« industrialisation des loisirs » ; « professionnalisation du sport », « appropriation privée des espaces communautaires publics », etc.) et (2) le renouvellement post-moderne du management.
Analyser le rôle du Sport dans la nouvelle idéologie managériale.
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Analyser la commercialisation complète de la culture et sa constitution monétaire hétéronomique comme double enjeu : (a) comme modalité particulière de « résolution » de la crise économique, (b) comme rétorsion aux projets de « libération » de l’emprise économique. Encore une fois, montrer que le Sport (à partir de son institution fasciste) tient une place centrale dans le dispositif de « remise en ordre » du circuit monétaire.
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En quoi le contrôle totalisant de la consommation (et la définition, réduction, de l’homme comme consommateur) est-il l’aboutissement de la constitution d’un système monétaire achevé ? Comparer ce contrôle du « Spectacle intégré » à celui, expérimental, du « Spectacle concentré» des totalitarismes expérimentaux, tentant de « guider » l’activité humaine, en la con-formant par in-formation.
Comparer le rôle des J.O. de Berlin (1936) et celui des J.O. d’Atlanta, par exemple.
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Analyser l’extension des loisirs soumis à la logique économique (et à celle de la corruption sportive) comme une « fuite en avant », comme la « nécessité » pour le management de s’étendre à la totalité de la vie.
Insister sur deux exemples importants :
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L’indistinction « public » / « privé » ; tout ce qui est « privé », ce que nous appelons d’ordinaire la « vie quotidienne », est aujourd’hui soumis au contrôle public ou offert en spectacle, télé-poubelle et reality shows. Le Spectacle sportif résulte de la convergence des fêtes commerciales permanentes et démultipliées et du sécuritaire le plus obsessionnel.
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B — Puis formulons quelques développements nécessaires pour répondre aux questions qui se posent quant au Sport.
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Plaçons l’analyse critique du sport dans l’espace plus général de « l’économie politique du temps libre ».
L’autolimitation de l’État (par l’État) est un acte politique de l’État ; cette autolimitation cache le redéploiement idéologique et le passage à un « capitalisme intégral » dont la fonction « culturelle » (c’est à dire d’intégration religieuse ou de propagande) est « gérée » par l’État.
Le « post-moderne » peut être considéré comme la récupération et la technologicisation de toutes les « innovations » fascistes. Le « post-moderne » est l’état du capitalisme hyperindustriel et hypertechnologique : l’industrialisation du contrôle psychique. La fabrication industrielle des « consommateurs ». L’ère de la propagande « scientifique ».
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Le contexte de « la guerre froide » et la course à la récupération des projets révolutionnaires.
Le concept de Tittytainment (Entertainment, Infotainment, Divertissement) ou la « massification » du divertissement. Massification, vulgarisation, abrutissement. 
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Le contrôle total par la « libération » totale : tel est le noyau du « post-modernisme ».
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Le contrôle TOTAL (intégral, psychique, religieux) des masses ; le paradoxe « du contrôle par la libération » est résolu dès que l’on comprend que ce contrôle total repose sur une définition unilatérale de la « liberté », dans les termes dirigés de « la liberté du commerce ».
L’objet du contrôle est la production du « consommateur » (en place du « citoyen »).
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« L’économie du temps libre » est une pièce essentielle de cette production ; appareil idéologique et biopouvoir. Le seul « homme libre » est le « consommateur riche », instauré comme modèle absolu.
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De la corruption de la « liberté politique » en « puissance économique ». Du citoyen au consommateur ; du civisme à la relation économique; citoyen (étudiant), usager, client, touriste. De la névrose à la psychose.

Consommation, clientélisme, fidélisation, tourisme, sport, spectacle (entertainment ou infotainment, la nouvelle propagande) sont des éléments politiques de maintenance du circuit.
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L’économie du temps libre doit être envisagée comme une zone de « gentrification » dans un monde qui redécouvre l’esclavage, la servitude et les diverses formes de « travail désaffilié » aussi bien que l’évanouissement du droit définissant le « travail socialisant ». Le loisir mercantilisé et publicitaire possède toujours une face grimaçante, celle des soutiers et des prostituées. Il représente un « état technologique avancé » de la manipulation directe de la jouissance (bien avant le désir et a fortiori le besoin : le loisir [se faire plaisir] est un impératif surmoïque télé-commandé cf. Videodrome de David Cronenberg[[3]])
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Le tourisme de masse est un élément symptomatique du nouvel âge du capitalisme. Capitalisme achevé (effectif) prenant le contrôle de la pensée, générant l’administration totale spectaculaire par des moyens post-fascistes, essentiellement la propagande massive dont participe « l’économie des loisirs », l’ancien encadrement idéologique.
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Il est impossible d’analyser le tourisme sans analyser le système économique dans son ensemble. Si le premier capitalisme était « purement économique » (et marchand), si le second était « industriel et technologique » et exigeait un ordre national-étatique en état de marche militaire, et donc constituait une « société capitaliste » ou une « société de nations capitalistes », le nouveau, hyperindustriel, arrivant au contrôle de la pensée, devient essentiellement idéologique (symbolique, immatériel ou post-industriel) et se constitue en civilisation à base religieuse, avec une Église munie des moyens technologiques de la télé-diffusion.
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Si ce que nous examinons dans cette section (temps libre, loisirs, culture, tourisme, sport) se résume sous le titre de TITTYTAINMENT, alors cette industrie est l’activité paradigmatique du capitalisme nouveau.
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Le Ministère de la Joie est le plus immense appareil religieux de tous les temps ; son équipement techno-scientifique (à base de psychologie sociale manipulatrice ou de « communication scientifique »), hérité des expériences fascistes, lui permet d’annihiler toute forme d’éducation démocratique. Le scandale permanent que représente « la Télévision » (comme Appareil idéologique de masse) ne sera jamais suffisamment dénoncé.
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Capitalismes de types anciens ou nouveaux ne constituent pas des « stades » historiques mais des emboîtements. Les divers types coexistent ; même si se dessine une tendance « contre-révolutionnaire » impliquant toujours plus de surveillance, plus de technologies du contrôle (depuis les expériences fascistes), jusqu’à l’objectif de l’auto-surveillance et du consensus religieux (de la croyance partagée et indiscutable). Fabriquer du consensus, tel est l’objectif de la 1re industrie du capitalisme nouveau (le Tittytainment, l’immense appareil de propagande).
Chaque type maintient le précédent en lui apportant des aménagements ; par exemple et très grossièrement, le type nouveau “post-industriel” renvoie le type “industriel” en périphérie et fracture radicalement l’espace en zones séparées.
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Le « temps libre » cache un enjeu décisif qu’il convient de dévoiler.
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Quel est l’enjeu décisif recelé par la question de « l’économie du temps libre » ?
Rien d’autre, et rien de moins, que celui de la « démocratie ».
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Et, exactement, de « la démocratie à venir », ou de son anti-thèse réalisée « le despotisme économique » (avec ses manipulations sportives).
Ce qui permettra de répondre à la grande question, celle de l’attribution des spectacles sportifs par des fédérations internationales gangrénées par la corruption : il n’y a aucun étonnement à avoir, sur ce sujet de l’attribution des JO (ou de toute autre épreuve mondiale) à la Chine ou à la Russie ou à quelque autocratie esclavagiste.
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Suivons l’exemple de la Chine et des JO (2008)
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La Chine étant un grand nouvel arrivant dans le club des capitalismes, il est nécessaire de le fêter avec ferveur ! À l’envers l’engagement entier de la Chine dans le barnum des JO (corruption incluse) est un signe clair et rassurant de choix pour le capitalisme. En sus, l’existence d’un tel nouveau capitalisme autoritaire, dénué des droits démocratiques, ne peut avoir qu’un effet bénéfique (en termes de discipline, de menace, de peur) pour tous les autres.

Concluons par un « choix » :
SOIT :
Le projet démocratique des Lumières et son centre : la plus haute culture pour se hausser « à l’humain », à hauteur de la compréhension du monde.
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L’activité esthéthique pour embellir le monde (pour que « l’homme construise l’histoire »).
La culture de l’autonomie politique, puisque la seule « activité humaine » est l’activité politique de la création permanente et artistique de mondes démultipliés. L’homme est le seul créateur de mondes.
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La politique est l’affaire de chacun et ne peut être professionnalisée ou séparée. Le temps libre consacré à la politique devient l’essentiel de la vie (contre la « valeur (du) travail ») et ne peut supporter aucune contrainte économique, ni directe, par l’obligation au travail, ni réciproque, par le divertissement mercantilisé.
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SOIT :
L’obscurantisme populiste et son centre : l’anti-autonomisme post-fasciste, technicien ou sportif, technocrate, expertocrate, spécialiste professionnel, etc.
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Le divertissement programmé comme marchandise périssable.
Le « laisser-aller » du flâneur hédoniste, touriste, qui laisse se déployer l’hétéronomie radicale, allant de l’autoritarisme au despotisme, puis au nouveau despotisme religieux.
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La possibilité de « l’activité libre » est instantanément corrompue par le commerce (du et comme) divertissement ; la politique, devenant oligarchique, se transforme en branche industrielle, professionnalisée, et jumelée à l’industrie du spectacle. La démocratie est corrompue en oligarchie dès que l’usage du « temps libéré » est de nouveau soumis à la contrainte économique, par l’autre côté du moulinet du circuit, par la consommation, par la réduction du « libre » en consommation.
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Le divertissement consommable, vendable, prédigéré, ready-made, la foire généralisée, correspond à un renforcement extrême de la division du travail, où le loisir apparaît comme un travail de professionnel et le travail des « services de loisirs » apparaît, lui, réciproquement, comme une involution vers un néo-servage.

Terminons par une méditation autour de JJ Rousseau et de son affirmation de la nécessité « d’une religion civile » pour déployer une « république populaire ».
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Qu’est-ce que « la religion civile » d’une « république mercantile » ?
Le capitalisme, ayant compris la leçon de Rousseau, a cherché à se donner un fondement religieux stabilisé (une idéologie, un dogme, un catéchisme, une église, une école, etc., tout cela pour fabriquer « un-peuple ») et finalement l’a trouvé dans la consommation (après avoir essayé le travail, dans les capitalismes de types plus anciens). D’où cette religion populiste du divertissement sportif dans l’église consumériste. Avec les vedettes « sportives » du Spectacle néo-ecclésial.


 
Références 


Revue Quel Sport ? de critique du sport.
N° 12/13, mai 2010, Football, une aliénation planétaire.
N° 25/26, juin 2014, Football, la colonisation du monde.
[1] Sur ce sujet du nationalisme, renvoyons à l’ouvrage indispensable de Benedict Anderson, Imagined Communities, Reflections on the Origin and Spread of Nationalism, Verso, 1983, new edition 2006.
[2] Attraper directement sous la ceinture !
[3] L’étude des films de David Cronenberg est hautement recommandée, comme illustration. Il serait intéressant d’étudier les thèses du Pr. Brian O’Blivion (in Videodrome) : “The battle for the mind will be fought in the video arena, the videodrome. The television screen is the retina of the mind’s eye. Therefore, the television screen is part of the physical structure of the brain. Therefore, whatever appears on the television screen emerges as new experience for those that watch it. Therefore, television is reality, and reality is less than television.”

 



Bastamag : « Le football reste un instrument d’émancipation et un creuset de résistance face à l’ordre établi »
Russie et CEI, Société, Sports 0

 

LR: Mickaël Correia auteur de « l’histoire populaire du football » qui se fait partie de cette gauche intellectuelle qui fait l’éloge de la force créatrice du foot, sur des positions de rupture avec la critique marxiste traditionnelle du sport? Ces considérations révisionnistes, curieusement, ne cite jamais Jean-Marie Brohm et les nombreux rédacteurs de la revue « Quel Sport » et leurs importants travaux qui ont pendant des décennies marquer ce champ théorique. D’un point de vue intellectuel, ce procédé est très contestable, à gauche il est intenable.
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Le football est une « peste émotionnelle » car comme toute maladie épidémique, elle contamine massivement, son intoxication permet de banaliser les comportements les plus vulgaires et mêmes les plus violents, elle est émotionnelle car totalement irrationnelle – regarder des milliardaires courir derrière un ballon – elle relève de la pulsion viscérale et collective induisant des phénomènes d’identification aliénée, conduisant à des comportements comme ceux d’une « meute » souvent raciste, sexiste, nationaliste ! Il y aurait des « supporters » de gauche, il y a aussi des poissons volants…
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Par les temps qui courent, dans ce domaine comme dans bien d’autres où le révisionnisme et le relativisme font des ravages, Marlène Schiappa cite Marx, les défenseurs du football reprenne Antonio Gramsci « le royaume de la loyauté humaine exercé au grand air » en parlant du football populaire dans l’Italie des année 20, quand de jeunes pauvres voyaient dans le football, un opportunité de promotion, avant qu’il ne s’impose comme cette industrie mafieuse mondialisée, si naturellement exploitée par les puissants. Une petite piqûre de rappel s’impose à tous les « gauchistes » amateurs des tribunes vociférantes qui leur donne à eux aussi, la « chair de poule » Et le cerveau qui va avec ? ont-ils oublié que « Glorifier les malheureux pauvres diables revient à glorifier le merveilleux système qui fait d’eux ce qu’ils sont », comme l’écrivait Theodor Adorno qui n’était pas un révolutionnaire. Les éléments de la controverse dans un vieil article du monde ci-dessous.
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Une certaine gauche intellectuelle fait l’éloge de la force créatrice du foot
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Basta!, 15 juin 2018
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Avec ses joueurs « millionnaires » et les sommes astronomiques brassées, des droits télé au marketing, le football serait devenu le parangon de tous les maux du capitalisme. Ce n’est pas la Coupe du monde, qui s’ouvre sous les bons auspices du régime autoritaire russe, qui apportera un démenti : rien n’arrête le foot-business. Cela ne doit pourtant pas faire oublier tout un pan de l’histoire du foot : le jeu de passe collectif n’est-il pas né dans les usines contre le jeu individualiste des aristocrates anglais ? Le dribble n’a-t-il pas été inventé au Brésil par les joueurs noirs pour se soustraire à la violence des joueurs blancs ? Dans un ouvrage passionnant, Mickaël Correia raconte cette « Histoire populaire du football ». Le gazon vert et ses tribunes peuvent-ils encore se rêver en terrain de contestation et d’alternatives ? Entretien.
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Basta ! : Raconter le football comme outil de transgression et d’émancipation apparaît aujourd’hui surprenant, presque « contradictoire » diraient certains alors que l’argent domine le haut niveau et que la Coupe du monde est organisée par un régime autoritaire. D’où vous est venu cette idée de livre ?
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Mickaël Correia [1] : On dit toujours que ce sont les gagnants, ou tout du moins les dominants, qui écrivent l’Histoire. Dans le cas du football, il existe une histoire officielle, jalonnée par les grandes compétitions aux mains des fédérations, avec ses équipes de légende et ses héros mythiques tels Pelé. Cette histoire met en avant un football d’élite et véhicule une certaine vision du foot, celle d’un simple divertissement marchand, d’une culture de masse, avec toujours la même rengaine : « Le foot c’est juste du sport, ce n’est pas politique. » 
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Je voulais me pencher sur le football en tant qu’objet social et culturel, explorer sa dimension politique. Écrire une histoire « par en bas » du football, c’était d’abord remettre en avant un foot qui est pratiqué au quotidien, dans les petits clubs amateurs comme dans la rue, par des millions de joueurs et de joueuses. C’est surtout démontrer que ce sport a été un creuset de résistance face à l’ordre établi, qu’il reste un instrument d’émancipation pour les différents groupes sociaux opprimés à travers l’Histoire : les ouvriers comme les peuples colonisés, les femmes comme les jeunes précarisés ou encore les Palestiniens.
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Vous racontez comment différentes luttes se sont appuyées sur le football, avec certains exemples parfois méconnus, à l’image du rôle du football dans la rébellion zapatiste au Chiapas. Quelle expérience vous a le plus étonné ?
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Le football a souvent accompagné les grandes luttes sociales. En Angleterre, durant la Première Guerre mondiale, les ouvrières qui travaillaient d’arrache-pied dans les usines d’armement – d’où leurs surnoms de « munitionnettes » – ont profité d’une domination masculine moins prégnante – du fait de l’absence des hommes, alors sur le front – pour s’émanciper. Elles ont demandé à pouvoir pratiquer le football, le loisir de leur père, frère ou mari. Près de 200 équipes d’ouvrières-footballeuses ont vu le jour ! Ces pionnières du foot féminin vont devenir extrêmement populaires : en 1920, plus de 50 000 spectateurs assistent à Liverpool à un match de deux équipes de munitionnettes ! C’est une histoire totalement mise sous le tapis. Elle a pourtant nourri la première vague féministe, mouvement alors notamment conduit par les militantes suffragistes. Ces footballeuses ont fait preuve de beaucoup d’opiniâtreté et de courage face aux moqueries et réticences des hommes et des fédérations de football.
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A partir de 1981, au Brésil, le club de São Paulo, SC Corinthians, va se muer en étendard de la contestation de la junte militaire, au pouvoir depuis 1964. Le directeur sportif et quelques joueurs mythiques, comme Sócrates, Casagrande ou Wladimir, instaurent des pratiques d’autogestion et de répartition équitable des bénéfices au sein du club – une révolution dans le foot brésilien de l’époque, alors très autoritaire. Rapidement, le club incarne un laboratoire populaire de la démocratie, d’autant plus qu’il brille à l’échelle nationale. Là aussi, l’impact sur la société est important. À travers les Corinthians, le peuple brésilien finit par se demander : « Si l’autogestion et la démocratie directe fonctionnent dans le football, ce milieu si encadré par les militaires au pouvoir, pourquoi cela ne marcherait-il pas à l’échelle de la société ? » C’est ainsi qu’un immense mouvement anti-dictature, Diretas Já, finit par converger avec cette équipe, au point qu’on retrouvera Sócrates en tête de cortège des grandes manifestations de 1983-1984. La mobilisation mettra fin au régime militaire en 1985.
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Quant au Chiapas, les militants zapatistes utilisent le football comme un langage universel. Le sous-commandant Marcos mobilise régulièrement le foot dans ses écrits, afin notamment de traduire via des métaphores la stratégie politique des zapatistes face au pouvoir central mexicain. Le foot est aussi utilisé pour susciter de nouvelles formes de solidarité. À Mexico, des matchs sont organisés pour populariser leur combat. Des militants internationaux se rendent dans les communautés zapatistes pour pratiquer le foot – dont l’artiste Banksy, qui après une partie de foot au Caracol de la Realidad, y peindra une fameuse fresque pro-zapatiste. Le club italien Inter de Milan, via l’emblématique joueur argentin Javier Zanetti, se fait également le relais de la résistance zapatiste via un programme de solidarité avec les communautés chiapanèques.
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La lutte des supporters contre la répression policière et judiciaire, dès les années 1980, est aussi un pan de l’histoire sociale complètement oublié. Ils sont pourtant le premier groupe social à être massivement surveillé, fiché, et pour lequel on a créé un arsenal juridique spécifique. Depuis vingt ans, les supporters constituent les cobayes des mesures liberticides et des violences policières que de nombreuses franges de la population subissent aujourd’hui.
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N’est-ce pas anachronique, aujourd’hui, d’évoquer le football comme vecteur de revendications ? Où trouvez ces espaces actuellement, en France et ailleurs ?
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Le football est plus que jamais un vecteur de contestation. Peu de gens le savent, mais les supporters de foot ont joué un rôle fondamental durant les Printemps arabes de 2011 ou lors du mouvement Gezi de 2013, à Istanbul en Turquie. En Égypte, les premiers slogans hostiles au régime autoritaire de Moubarak sont entendus dans les stades du Caire, où les supporters ont subi dès 2007 une féroce répression policière pour leur contestation dans les tribunes. Ces derniers ont élaboré des pratiques d’auto-défense face à la police. Lorsque le mouvement révolutionnaire égyptien a éclaté, en janvier 2011, ces supporters sont devenus le « bras armé » de la défense de la Place Tahrir. Au point que nombre d’observateurs ont pu dire : « Durant l’occupation Tahrir on s’est souvent cru au stade ». Aujourd’hui encore, les tribunes, tout particulièrement en Algérie, restent le seul espace de liberté totalement autonome pour la jeunesse maghrébine. Libérées du carcan étatique et familial, elles sont le lieu où l’on peut se forger une vraie culture politique et clamer son aversion au régime en place.
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En France, un rapport de force est actuellement en train de s’établir entre les institutions sportives – c’est-à-dire la Fédération (FFF), la Ligue (LFP) et les directions des clubs – et les supporters. Face aux investisseurs qui n’appréhendent le foot que comme un vulgaire produit économique, les supporters défendent un football populaire, ancré dans l’histoire sociale de leur club. Ils revendiquent entre autres des places à tarifs abordables ou encore la possibilité d’animer les tribunes avec des fumigènes. Ils veulent être considérés comme des acteurs démocratiques à part entière sur la scène footballistique et, comme des syndicalistes, ils n’hésitent pas à se mettre en grève des tribunes.
De manière plus générale, on voit que l’imaginaire du football irrigue peu à peu le mouvement social. Le désormais très répandu slogan « ACAB » [All Cops Are Bastards, ndlr] est issu des tribunes anglaises des années 1980. Durant ce printemps 2018, l’un des mots d’ordre les plus populaires parmi les étudiants en lutte n’était-il pas « Contre toutes les sélections sauf celle de Benzema » ? Le clapping [quand des dizaines de personnes frappent dans leur main au même rythme, ndlr] et les fumigènes, deux attributs de la culture « stade », sont également de plus en plus pratiqués dans les manifestations.
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En proposant une vision alternative et politique du football, vous vous positionnez à l’opposé d’une certaine lecture, plutôt élitiste ou condescendante, parfois portée à gauche et chez certains universitaires, comme les théoriciens de l’anti-sport. Pourquoi cette gêne à l’égard de l’objet « football » ?
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Dès le début du 20ème siècle, le mouvement ouvrier français débat de la place du football dans la société. Certains y voient une école de la compétition, affirmant que le foot efface, derrière le maillot, la division de classe. D’autres, au contraire, émettent la volonté de créer des équipes de foot rouges pour soustraire les ouvriers des clubs d’usine et donc du giron patronal. Pour eux, le foot peut être un espace d’apprentissage de la coopération et de l’entraide mutuelle. Ces réflexions vont donner lieu à un véritable mouvement sportif ouvrier, avec la création notamment de la Fédération sportive et gymnique du travail (FSGT) en 1934 – qui existe toujours – et comptera jusque 100 000 adhérents durant les années 1930.
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Toutefois, après-guerre, la gauche française se distance du football. A part quelques exceptions comme Albert Camus, Pier Paolo Pasolini ou Jorge Semprun, peu de figures intellectuelles de gauche revendiquent leur amour du ballon. Avec mai 68 émerge une théorie critique du sport dans les milieux d’extrême-gauche, portée par quelques sociologues freudo-marxistes dont Jean-Marie Brohm. Ceux-ci voient dans le sport, et encore plus dans le foot, une idéologie à la fois capitaliste et fascisante, un mode de gouvernement mais surtout un nouvel opium du peuple.
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Le problème avec cette théorie, aussi séduisante soit-elle, c’est qu’elle est incroyablement méprisante envers les amoureux du foot, qu’ils n’estiment être qu’une vulgaire « masse d’aliénés ». Ils oublient aussi qu’en dehors du spectacle marchand, le foot est d’abord une pratique « pauvre », où un simple ballon suffit pour se divertir. La puissance politique du football réside dans le fait que c’est à la fois un langage corporel et une pratique très simple, facilement appropriable par tous et toutes. Cette théorie anti-sport ne fait pas la distinction entre l’idéologie sportive, véhiculée par le pouvoir et ses institutions, et l’éthique populaire du jeu, où le moteur premier est le plaisir et le goût de rivaliser avec l’autre. Or le plaisir est souvent le premier pas vers l’émancipation…
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Votre ouvrage permet aussi de remettre en perspective l’évolution de ce sport, notamment le fait que les joueurs professionnels n’ont pas toujours été les rois du marché. Par exemple, en mai 68, il existe un mouvement parmi les footballeurs pour participer à la grève générale et dénoncer les « contrats à vie », considérés alors comme de « l’esclavage moderne »…
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Dans les années 1960, un footballeur professionnel est lié par contrat jusqu’à l’âge de 35 ans à son club, autant dire jusqu’à la fin de sa carrière. En 1963, l’illustre Raymond Kopa lance un pavé dans la mare en affirmant qu’avec ce « contrat à vie », les joueurs sont des esclaves et que le footballeur professionnel est « le seul homme à pouvoir être vendu et acheté sans qu’on lui demande son avis ». En parallèle, le journal Le Miroir du Football, plutôt proche de l’extrême gauche, fait depuis 1960 une critique sociale du football. C’est à cette époque qu’on voit l’irruption d’une logique productiviste dans le football français, où le résultat final compte plus que le spectacle et la joie de jouer. Est également dénoncé le népotisme de la FFF où le secrétaire général, Pierre Delaunay, a hérité du poste par son père.
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Quand Mai 68 éclate, ces journalistes partagent les aspirations politiques de ce mouvement qui lutte contre toute forme d’autorité et pour plus de démocratie directe. Avec une poignée de joueurs amateurs, ils occupent le siège de la FFF durant cinq jours, hissant même sur sa façade une banderole « Le football aux footballeurs ». Quelques mois plus tard, ils obtiendront en partie gain de cause avec la mise en place d’un contrat à durée librement déterminée pour les joueurs professionnels, ainsi que l’élection du secrétaire général de la Fédération. Depuis, le monde amateur est aussi un peu mieux représenté au sein des instances dirigeantes, même s’il reste de vrais progrès à accomplir au sein de la FFF.
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A quel moment s’opère le tournant décisif qui fait du football actuel un étendard du capitalisme mondialisé ?
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La retransmission des matchs à la télévision, et donc la naissance des droits TV, à partir des années 1960 puis l’arrêt Bosman en 1995, qui permet la création d’un marché international du footballeur, sont des moment-clés du foot-business. Il s’agit plus d’une continuité logique de l’histoire que d’un tournant décisif : capitalisme industriel et football ont toujours été intimement liés, tout simplement car ils sont nés en même temps.
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En Grande-Bretagne et dans l’ouest de la France, on pratique depuis le Moyen-Âge des jeux populaire de ballon où se confrontent les villages. Ce football sauvage, qu’on appelait la « soule », a été accaparé, domestiqué et codifié par l’aristocratie britannique pour en faire un sport moderne et standardisé en 1863. Il est alors appréhendé comme une arme pédagogique pour inculquer à la jeunesse bourgeoise les valeurs nécessaires à la révolution industrielle et à l’entreprise coloniale : l’esprit d’initiative, la division du travail, l’obéissance au chef, le virilisme, la combativité, l’exploit individuel. Rapidement, le football sera diffusé dans les usines par le patronat qui voit dans ce sport un moyen de contrôler ses travailleurs pendant leur temps libre, d’éviter qu’ils se pervertissent au pub ou, pire encore, qu’ils se syndicalisent.
Dès les années 1880, on assiste à un phénomène totalement contradictoire qui est à la source même de tous les paradoxes du football actuel : d’une part, les capitaines d’industries créent les premiers grands clubs de foot, les financent et mettent en place les premières compétitions à des fins purement lucratives. D’autre part, le football devient un des terreaux de la culture ouvrière : assister au match chaque week-end, supporter le club de son quartier ou de son usine renforce chez les travailleurs le sentiment de fierté et d’appartenance à une même communauté ouvrière. Ce sentiment nourrit la conscience de classe et sera le catalyseur de nombreuses luttes sociales.
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Comment doit-on interpréter l’attribution record des droits TV du championnat de France de Ligue 1, pour plus d’un milliard d’euros, au groupe espagnol Mediapro ? N’assiste-t-on pas là à une sorte de bulle financière ?
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Cette attribution démontre une fois de plus comment le football se transforme en simple produit financier, en investissement lucratif qui permet de conquérir de nouveaux marchés, notamment la Chine pour laquelle on commence à adapter les horaires de matchs, au grand dam des supporters. Les droits TV, ainsi que l’inflation des transferts et des salaires de footballeurs, font qu’effectivement, depuis cinq ans, une multitude de journalistes sportifs et d’économistes prédisent l’explosion de cette bulle spéculative.
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Nous sommes exactement dans le même contexte qu’avant la crise financière de 2008. Tout le monde sait que le marché est complètement irrationnel et économiquement hors-sol mais chacun spécule au maximum en attendant l’effondrement. En début d’année, la vente des premiers lots pour les droits de retransmission 2019-2022 de la Premier League anglaise, véritable locomotive du foot-business mondial, ont été pour la première fois à la baisse, ce qui est un très mauvais signe avant-coureur.
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Le clivage entre un football de droite et un football de gauche existe-t-il ?
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Je dirais plutôt que les stratégies de jeu peuvent avoir une dimension politique. Au début du football, les aristocrates jouaient de façon rude et individualiste : passer le ballon à un coéquipier était un aveu de faiblesse. Quand les ouvriers se sont mis à pratiquer le foot, ils ont développé un jeu de passes, qu’ils voyaient comme un acte altruiste au service du collectif. Leur système de jeu, qu’on appellera par la suite le passing game, incarnait sur la pelouse l’esprit de solidarité et d’entraide qui régnait au sein des usines et des communautés ouvrières.
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Cette stratégie, basée sur la passe courte, la construction collective et le jeu offensif, connaît son âge d’or dans les années 1950 notamment via l’équipe nationale hongroise – on parlait même à l’époque de « football socialiste ». Une philosophie de jeu que l’on retrouve aujourd’hui au sein du FC Barcelone, depuis le passage de Pep Guardiola, ou chez des entraîneurs comme Maurizio Sarri au Napoli et Thomas Tuchel, qui, paradoxe suprême, vient d’être embauché au PSG.
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En opposition, un jeu beaucoup plus terne et défensif est apparu à partir des années 1960 avec la montée en puissance des exigences de rentabilité financière chez les investisseurs. Le résultat doit primer sur la beauté du jeu, et toute notion de prise de risque sur le terrain est évacuée. L’objectif est de sécuriser la victoire. En France, l’idéologue de cette rigidité a été Georges Boulogne, un homme fasciné par la discipline militaire et inspiré par les travaux d’Alexis Carrel, un biologiste célèbre pour ses thèses eugénistes…
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Au-delà du jeu, certains gestes peuvent également avoir une portée politique. Au Brésil, quand les Noirs découvrent le foot dans les années 1920, la société brésilienne est encore extrêmement raciste. Durant les matchs, il n’est pas rare de voir les footballeurs blancs harasser rudement les joueurs noirs devant un public – et un arbitre – complètement indifférent. C’est ainsi que naît le dribble, que les Noirs vont pratiquer pour esquiver les agressions physiques des joueurs blancs. Le dribble, qui est aujourd’hui une pratique essentielle dans le football brésilien, met ainsi en scène la condition même du colonisé : pour exister sur le terrain comme dans la société, il doit se soustraire à la violence du colon.
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Dans cette même logique contestatrice, que peut-on attendre de la coupe du monde en Russie ? Faut-il la boycotter ?
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Les logiques marchandes et les enjeux financiers sont tels qu’on va davantage assister à un show digne d’un parc d’attraction qu’à une compétition sportive. Certes, dans l’absolu, le boycott massif aurait été la meilleure réponse aux dérives de la FIFA et à l’autoritarisme du régime de Poutine… On peut espérer quelques brèches dans ce spectacle si policé. Début juin, le match amical Israël – Argentine a été annulé. Ce match, qui devait se dérouler à Haïfa, a finalement été déplacé à Jérusalem, dans le prolongement de l’inauguration de l’ambassade américaine… et de la mort d’une soixantaine de Palestiniens tués par l’armée israélienne lors de manifestations. Selon certains observateurs, cette annulation pourrait être l’amorce d’un vaste mouvement de boycott, à l’image de celui opéré contre le régime de l’apartheid en Afrique du Sud dans les années 1970.
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Cette coupe du monde en Russie voit aussi l’arrivée officielle de l’arbitrage vidéo en compétition internationale. Qu’en pensez-vous?

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L’arbitrage vidéo vient briser la dimension dramaturgique et l’incertitude propres au football. C’est un outil numérique qui signe la fin de l’imprévu et de l’erreur, de l’humain en somme. Une compétition dans un stade est un spectacle où joueurs, arbitres, staff des clubs et supporters partagent un même moment durant 90 minutes. Avec l’arbitrage vidéo, on assiste en somme à une intrusion supplémentaire des interfaces technologiques dans nos rapports sociaux, à l’instar de l’omniprésence des nouvelles technologies notre vie quotidienne.
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Place au jeu, désormais : votre pronostic ? Qui ferait un beau vainqueur pour cette nouvelle édition ?
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Malgré leur inconstance, les Bleus ont leurs chances au vu de la qualité des joueurs. Mais au foot, onze footballeurs de talent ne suffisent pas pour gagner ! Il y a un esprit d’équipe à cultiver pour l’emporter sur le terrain. Sans vouloir rejouer l’illusion « Black-Blanc-Beur » de 1998, je trouve qu’une victoire de la France, dont nombre de joueurs sont issus de l’immigration et des quartiers populaires, serait un joli pied-de-nez aux actuels délires identitaires et anti-migrants… C’est symbolique, certes, et ce serait bien vite récupéré par le pouvoir en place, mais ce serait tout de même une parenthèse salutaire au sein de ce climat délétère.
Recueillis par Barnabé Binctin
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En photo : Sócrates et d’autres joueurs du SC Corinthians de São Paulo (Brésil) /DR

 

 

2 réflexions sur “La propagande par le sport spectacle

  • Sam

    En effet le foot est dangereux  »psychiquement » et socialement, c’est une drogue, tout comme le football Américain et le Hockey en Amérique du nord… c’est une  »pratique qui véhicule son propre système de valeurs » avant d’être un sport, et que l’on hisse au rang de standard social dans toutes les cultures machistes et phallocrates ou autant les parents, que l’école, que la rue aussi et le quartier… essaient d’inculquer aux jeunes garçons, et maintenant aux filles aussi, pour  »prouver et développer leur masculinité et virilité » , leur violence aussi, c’est à dire leur capacité de s’affirmer face aux autres via la violence qu’ils soient capables de leur faire subir, et lorsque les écoles professionnelles de cadets les prennent en main encore ado et les acceptent, ce concept devient un outil de promotion sociale hors du commun, et c’est aussi donc, l’une de premières écoles du machisme qu’on impose aux  »mâles » dès l’enfance afin d’affirmer et aiguiser leur sexisme et leurs préjugés de genre sexuel, et leur bourrer la tête de valeurs tordues un peu comme si on leur disait : »Si tu veux être un homme, et si tu veux vivre comme un homme, tu devra t’en sortir dans cette première étape et phase de la construction d’un adulte  »equilibré ».. ou encore  »abouti » et  »normal » et apprendre  »à être respecté » par les autres, autant, les femmes, que les hommes !

    D’ailleurs lorsque vous le comparez aux arts martiaux par exemple, c’est le jour et la nuit, et beaucoup d’enfants que l’on inscrit en arts martiaux très jeunes, ne pourront s’empêcher de jouer au foot en même temps et aussi souvent que l’occasion se présente avec leur jeunes voisins, camarades de classe, et équipes de quartier lorsqu’elles existent…

    Moi en tout cas, j’ai décidé un jour, par moi même, et du jour au lendemain et sans crier gare, en une nuit, d’arrêter cette drogue…! lorsque j’étais ado, je me faisait trop de violence, j’étais un hooligan a la maison, et avec les copains, le foot prenait toute la place dans toute ma vie, je pouvais m’énerver en regardant les matchs nationaux ou ceux de la champion’s league ou de la coupe du monde et ne pas arriver a dormir la nuit a 12 ou 13 ans ! car hyper excité ! je pleurais et devenait violent si quelqu’un disait du mal de mes idoles et joueurs nationaux, ou allemands ou brésiliens, etc…et ‘était bien avant le  »star système » qui a suivi et transformé les joueurs en milliardaires ! et comme j’avais une soeur plus âgé que moi qui jouait dans l’équipe locale officielle de Volley ball, et rapportait des médailles et des coupes a la maison, c’était la seule que je  »respectait vraiment ! et pour moi, le reste ne comptaot pas :))) et donc un matin, juste après avoir joué un grand match de quartier la veille, un match hyper violent, ou beaucoup se sont fait casser et broyer les chevilles, d’autres ont pris des coups de tête dont la violence et le bruit se faisaient entendre comme des bruits de balles de fusil quasiment… avec l’éco du petit terrain où l’on jouait… je me suis dit assez c’est assez… surtout que même au niveau scolaire, ça n’allait plus… et personne en réalité ne m’a incité à arrêter… je l’ai décidé par moi même, face a toute la violence qui me cernait de partout, et celle des mecs de mon âge ou plus âgés qui allaient trop loin dans ce créneau… et depuis… j’ai pu enfin respirer et vivre comme un ado normal ou a peu près ! :)))

    Cette décision d’arrêter d’adorer le foot et le pratiquer comme un malade… (bon j’ai tout de même continué a jouer très peu, lorsque les équipes étaient  »civilisées »…)… ma valu aussi beaucoup de distanciation des autres,  »les meneurs »… et presque un irrespect de la part des organisateurs de matchs au lycée… et j’étais pas le seul… mais la encore, j’ai dû déployer d’autres  »stratégies » pour  »préserver » le respect qui m’était dû comme mec de mon âge… allant jusqu’à devoir intimider ou menacer de violence tout autre jeunot qui me démontrait de l’irrespect a cause de ma distanciation du foot ! car il faut dire, je n’avais même plus besoin de me battre et en venir aux mains avec un harceleur, le foot et la culture du foot m’avaient appris mentalement, comment exercer une violence psychologique inouïe sur mes adversaires ou ennemis et comment les persuader que je suis autant bourré de violence qui soit prête a exploser en tout temps…! et juste cet exercice simple et que je maitraisait a fond… pouvait dissuader quiconque et les plus  »sauvages » pour vouloir m’affronter ! ils se disaient ce mec est encore plus détraqué que nous si on continue de le provoquer ! car il faut dire que le foot que j’ai pratiqué plus jeune, ne venait jamais sans des bagarres mémorables entre garçons, violentes et sans pitié… au point qu’il vous arrivait d’apprendre a se battre tout seul a un contre trois ou quatre… car lors d’une bagarre comme ça aussi jeune que 12 ou 13 ans, du moment que vous appreniez a encaisser les coup et garder votre concentration, vous pouviez asséner des coups sans pitié a vos trois ou quatre assaillants, qui avaient de quoi les  »impressionner » et les dissuader de fuir alors que vous êtes tout seul… bref, j’ai été a la bonne école comme on dit… mais plus tard, a 16 ans lorsque j’avais arrêté tout ça… j’était transformé, complètement, et j’avais 25 ou 30 posters de chanteurs et groupes de rock, pop collés aux murs de ma chambre… j’avais définitivement changé de cap… et retrouvé une vie  »normale d’ado » rangé ou presque …:)))

    Les parents devraient méditer quels sports et quels pratiques apprendre a leurs jeunes enfants d’ailleurs s’ils veulent leur rendre service plus tard ! le foot est la drogue des  »parents » déséquilibrés.

    Merci pour ce billet fort instructif !

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