La secondarisation de l’impérialisme français – analyse du déclin du capitalisme en France
Voici une analyse du déclin de la puissance impérialiste française. L’étude s’appuie sur des exemples pratiques et les soumets à la grille d’analyse matérialiste dialectique. Le texte fait le procès du Grand capital français décadent et des organisations politiques de droite comme de gauche qui ont parasité le mouvement ouvrier – d’abord émergent (1830-1968) – puis divergent et périclitant (1968-2017). Nous espérons que ce document serve de base à un débat franc et ouvert au sein des forces de la résistance populaire et prolétarienne. Le peuple français est encore un fois un exemple pour le monde. Robert Bibeau. NDÉ.
Effets externes et de la « nostalgie d’empire »
Les récents coups d’État en Guinée et au Mali, ladite « crise des sous-marins français » avec l’Australie, le retrait des troupes états-uniennes d’Afghanistan sans aucune consultation avec les « partenaires » de l’OTAN, les sorties de Macron sur l’Algérie qui cultiverait une « haine » officielle contre la France, etc., sont autant d’indices d’une aggravation de la crise qui caractérise l’impérialisme français sur la scène internationale. Les manifestations populaires de ces dernières années contre le franc CFA, contre les accords de partenariat Économique de l’Union Européenne, contre la présence militaire française au Sahel, celles en soutien aux nouveaux dirigeants à Bamako ou à Conakry après leurs coups d’États, etc., confirment que le processus de secondarisation de l’impérialisme français, déjà ancien, a atteint un seuil qualitatif nouveau.
Le capital financier français ne se résout, bien entendu, pas à cette secondarisation qui touche à la fois sa place en Europe face au concurrent-partenaire allemand, dans la zone Asie-pacifique où l’alliance avec l’Australie était jusqu’alors l’axe central de sa stratégie et en Afrique son pré-carré historique. Comme à chaque fois qu’il est en difficulté c’est autour de son État que le capital financier recherche de nouvelles perspectives. Aux effets externes de la secondarisation s’ajoutent en conséquence des effets internes à l’hexagone dont la prise en compte est indispensable pour comprendre la fascisation et ses nouveaux épisodes : loi sur la sécurité globale, loi sur le séparatisme, multiplication des interdictions d’associations et d’organisations, loi sur la responsabilité pénale et la sécurité intérieure, la gestion sécuritaire de la pandémie, etc.
Les débuts du processus de secondarisation de l’impérialisme français
La France fut avec l’Angleterre, un des deux centres hégémoniques impérialistes, jusqu’au sortir de la première guerre mondiale. Le discours officiel de chacune de ces puissances s’enorgueillissait du fait que « le soleil ne se couche jamais au sein de son empire ». Cet aspect commun ne signifie pas que ces deux impérialismes avaient la même physionomie. Chaque impérialisme se développe, en effet, dans le cadre de conditions historiques spécifiques correspondant aux configurations des rapports entre classes sociales et aux luttes des classes qui en découlent d’une part et aux caractéristiques de la ou des classes dominantes d’autre part. Trois caractéristiques distinguent selon nous ces deux pays au moment de l’apparition du mode de production capitaliste :
1) la chute du taux de natalité française qui « décline plus vite en France que dans le reste de l’Europe[i] » résume le démographe Hervé Le Bras ;
2) la participation de la paysannerie à la révolution française dont une des conséquences de conforter la petite paysannerie : « « La population agricole française n’a jamais été chassée de ses terres » résume l’économiste Jean Malczewski[ii] ;
3) La radicalité des luttes sociales issue elle-même des deux précédentes causes. En effet contrairement à l’Angleterre et à l’Allemagne le capitalisme triomphe en France par opposition à la grosse propriété terrienne. Autrement dit, pour simplifier, en Angleterre et en Allemagne les propriétaires fonciers se convertissent en bourgeois, en France ils s’opposent à la nouvelle classe en ascension et au nouveau mode de production qui la porte.
Marx souligne cette différence entre ces deux pays capitalistes pionniers et y voit l’origine de la « radicalité des luttes populaires d’abord et ouvrières ensuite : « Cette classe de gros propriétaires terriens alliée à la bourgeoisie, qui s’était formée du reste sous Henri VIII déjà, se trouvait contrairement à la propriété foncière féodale de la France en 1789, non en opposition mais bien plutôt en complet accord avec les conditions de vie de la bourgeoisie. D’une part, ils fournissaient à la bourgeoisie industrielle la main-d’œuvre indispensable pour l’exploitation des manufactures, et, d’autre part, ils étaient à même de donner à l’agriculture un développement adéquat à l’état de l’industrie et du commerce. D’où leurs intérêts communs avec la bourgeoisie, d’où leur alliance avec celle-ci[iii]. »
Il découle de ces héritages historiques un appel plus massif à l’immigration dans la composition de la classe ouvrière de France, une place plus prégnante de l’État dans le développement du capitalisme français, une place particulière de l’institution militaire en réponse à la radicalité des luttes sociales, etc., mais aussi une spécificité française dans la composition du capital. Dès le début en effet le capital bancaire prend une place prépondérante en France donnant ainsi un visage « rentier » au capitalisme français alors qu’en Angleterre il prenait plus nettement un visage « industriel ». Si tous les pays capitalistes développent le comportement « rentier » [ce caractère « rentier » est pour Lénine une des caractéristiques de l’impérialisme], celui-ci revêt précocement en France un niveau plus élevé qu’ailleurs. L’économiste Claude Serfati compare comme suit les deux trajectoires impérialistes anglaise et française :
La comparaison entre le comportement de la France et celui de la Grande-Bretagne, qui réalisaient la plus grande partie des exportations de capitaux (respectivement, 20 % et 42 % du total en 1913, loin devant l’Allemagne, 13 %), renseigne sur les physionomies nationales de l’impérialisme. En effet, les exportations de capitaux de la France, qui se sont considérablement accélérées à partir des années 1890, exhibent des caractéristiques différentes de celles de la Grande-Bretagne et de l’Allemagne. La préférence y est nettement donnée aux prêts plutôt qu’aux investissements directs dans la production[iv].
Analysant de manière comparative les impérialisme français et anglais, Lénine avait déjà souligné dès 1916 cette « spécificité » : « Il s’agit principalement [les capitaux exportés par la bourgeoisie française] de capitaux de prêt, d’emprunts d’État, et non de capitaux investis dans les entreprises industrielles. A la différence de l’impérialisme anglais, colonialiste, l’impérialisme français peut être qualifié d’usuraire[v]. »
C’est la première guerre mondiale [son coût économique et humain, les mutations géopolitiques qu’elle produit] qui enclenche le processus de secondarisation de l’impérialisme français. Pour des raisons différentes la jeune URSS et les USA de Wilson remettent en cause le colonialisme européen. Un mouvement nationaliste moderne [prenant le relais des insurrections paysannes depuis la conquête] se développe dans les colonies. La crise de 29 souligne le poids pris par les États-Unis dans l’économie mondiale. La gestion de celle-ci par le gouvernement états-unien [dévaluation du dollar de 40 % en 1933] dopa les exportations états-uniennes au détriment des économies européennes. Si les économies anglaise et états-unienne connaissent une rémission au milieu de la décennie ce ne fut pas le cas pour la France qui n’a toujours pas retrouvé son niveau de production de 1930 en 1938.
La réaction de la bourgeoisie française fut dans ce contexte de faire le « choix de la défaite[vi] » c’est-à-dire de préférer « Hitler au Front Populaire ». C’est par le biais de l’État et de l’armée [et non par une prise de pouvoir par une organisation fasciste] que se déploie la collaboration avec le nazisme. L’apparente apogée[vii] de l’impérialisme français [fêtant en grande pompe son centenaire en 1930] inaugure en réalité sa secondarisation d’abord au profit du nazisme puis ensuite des États-Unis. Même un De Gaulle qui se fera le défenseur de cette bourgeoisie usuraire contre le « péril communiste » en convient en 1963 : « Pour pouvoir continuer à dîner en ville, la bourgeoisie accepterait n’importe quel abaissement de la nation. Déjà en 40, elle était derrière Pétain, car il lui permettait de continuer à dîner en ville malgré le désastre national. Quel émerveillement ! Pétain était un grand homme. Pas besoin d’austérité ni d’effort ! Pétain avait trouvé l’arrangement. Tout allait se combiner à merveille avec les Allemands. Les bonnes affaires allaient reprendre. […] La Révolution française n’a pas appelé au pouvoir le peuple français, mais cette classe artificielle qu’est la bourgeoisie. Cette classe qui s’est de plus en plus abâtardie, jusqu’à devenir traîtresse à son propre pays.[viii] »
La compromission de la classe dominante française avec le nazisme ne pouvait qu’accélérer la secondarisation de l’impérialisme français au sortir du second conflit mondial. Le déclenchement de la guerre froide rend certes nécessaire le maintien de cet impérialisme mais à une place subordonnée. En échange du rétablissement de son empire colonial, celui-ci entre dans des rapports de dépendance et de domination avec les Etats-Unis. « Désormais, explique le journaliste du Monde Diplomatique Frédéric Langer, le capitalisme français ne cessera plus d’être l’auxiliaire d’une puissance étrangère. Il vivra des miettes de la machine de guerre allemande avant de tomber sous la domination américaine. Toute la politique du gaullisme sera de masquer cette réalité par des artifices, « quelquefois brillants », de propagande et de diplomatie, dans lesquels les possessions de la France outre-mer vont jouer un rôle capital[ix] ». Washington ne manquera pas de rappeler cette place seconde de l’impérialisme français en entravant ses nombreuses initiatives pour se réaffirmer à l’échelle internationale : en refusant de répondre aux appels d’aide de Paris au moment de la bataille de Dien Bien Phu, en condamnant l’intervention de Suez en 1956, en critiquant les premières tentatives françaises de se doter de l’arme atomique, en prenant langue avec le FLN pendant la guerre d’Algérie via des acteurs divers interposés [syndicats, journalistes, etc.][x], etc.
Ce rapport de forces visant à imposer la soumission atlantiste conduira à une mise au pas progressive de l’impérialisme français à partir de la présidence de Valéry Giscard d’Estaing qui trouve son aboutissement dans la réintégration de la France dans l’OTAN par Nicolas Sarkozy. En contrepartie à cette soumission, l’impérialisme français obtient la préservation de son pré-carré français et la mission de gendarme pour le compte de l’ensemble des « alliés » sur le continent africain. Ce faisant la spécialisation de la France dans l’industrie d’armement se confirme, de même que son caractère usurier de plus en plus condensé sur le continent africain.
Mondialisation et accélération de la secondarisation de l’impérialisme français
Nous en étions là avant que ne se réunifie l’Allemagne, que ne disparaisse l’URSS, et qu’émergent de nouvelles puissances émergentes. Chacun de ces évènements renforcera le déclin de l’impérialisme français. La réunification de l’Allemagne en 1990 change le rapport de forces interne à l’Union Européenne en sa faveur. Le fameux couple « franco-allemand » qu’aime à évoquer de nombreux politiques et journalistes masque mal la construction d’une Europe à plusieurs vitesses sous leadership allemand. La disparition de l’URSS diminue l’importance des concessions que les États-Unis devaient consentir à la France pour éviter qu’elle ne soit attirée vers une stratégie internationale plus indépendante. Le camouflet infligé par l’Australie, et les USA à propos des sous-marins français suivi dans la foulée de l’annonce d’une nouvelle alliance militaire réunissant ces deux pays et le Royaume-Uni [ANKUS[xi]] et excluant la France, soulignent que cette dernière n’est plus considérée comme indispensable dans la zone Asie-Pacifique. Enfin le développement de nouvelles puissances économiques émergentes élargit le champ des possibles des partenariats économiques de nombreux pays africains, sud-américain et asiatique brisant ainsi le face-à-face imposé avec Paris depuis les indépendances.
La France est indéniablement devenue pour toute ces raisons un impérialisme secondaire menacé jusque dans son « pré-carré ». Un impérialisme secondaire reste cependant un impérialisme dont la préoccupation première est de regagner le terrain perdu quitte pour cela à tenter des aventures dangereuses. Il est d’autant plus agressif que ses rentes sont remises en cause. En témoigne les interventions militaires française en Libye et en Côte d’Ivoire en 2011, au Mali et en Centrafrique en 2013, l’installation durable de l’armée française dans plusieurs pays du Sahel au prétexte de la lutte anti-terroriste, les derniers livres blancs sur la défense [2013 et 2017[xii]] et les lois de programmation militaire qui en découlent, etc. Ces lois de programmations militaires 2014-2019 et 2019-2025 insistent sur le développement d’une « base industrielle et technologique de défense performante », sur une hausse conséquente du budget des armées [3.8 milliards d’euros supplémentaires décidés en avril 2016 s’ajoutant au 162 milliards prévus initialement pour la période 2015-2019], sur une hausse durable de ce budget de 1.7 milliards d’euros annuel jusqu’en 2022 et de 3 milliards d’euros après 2023, sur le renouvellement du matériel des trois armées pour un montant de 173 milliards d’euros, sur un renforcement des capacités «d’opérations extérieures» [les fameuses OPEX][xiii], etc.
Soulignons également que depuis 2008 les livres blancs sur la défense deviennent des « livres blancs sur la défense et la sécurité nationale». Le changement de dénomination n’est pas anodin : « Le Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale, publié le 17 juin 2008 tire les enseignements des attentats du 11 septembre 2001. Il met l’accent sur l’effacement de la frontière entre les notions de défense et de sécurité nationale. Il définit une stratégie de défense destinée à apporter des réponses à « l’ensemble des risques et menaces susceptibles de porter atteinte à la Nation ».[xiv] » Autrement dit la lutte contre le terrorisme a été l’occasion de réintroduire la notion «d’ennemi de l’intérieur» justifiant l’intervention des militaires dans l’hexagone. Cette nouvelle logique est en fait un retour à la logique ancienne accordant à l’armée une mission de « maintien de l’ordre » au sein de l’hexagone.
C’est en vertu de cette mission que l’armée réprima la révolte des sans culottes en 1795, la révolte des canuts en 1831, les révolutions de 1830 et 1848, la commune de Paris, la manifestation du 1er mai à Fourmies en 1891, les grèves des mineurs en 1906, la révolte des vignerons du Languedoc en 1907, etc. Depuis le premier plan Vigipirate en 1991 la présence militaire dans nos rues, nos gares et autres zones publiques s’est banalisée. Depuis 2015 la présence de 7000 militaires dans l’espace publique « dans la durée » est annoncée et inscrite dans l’actualisation de la loi de programmation militaire de juillet 2015 avec la possibilité d’en adjoindre 3000 autres supplémentaires en cas d’« alerte ». Cette banalisation de l’utilisation de forces militaires dans l’hexagone c’est-à-dire la disparition de la frontière entre « défense » et « sécurité » pour des tâches de « sécurité intérieure » est le premier effet de la mondialisation ou la première réaction à l’accélération de la secondarisation de l’impérialisme français qui la caractérise. Il n’est pas le seul.
Le second effet est la préparation de plus en plus ouverte de l’armée à de nouvelles guerres de hautes intensités. Le nouveau chef d’État-major des armées nommé en juillet 2021, le général Thierry Burkhard ne s’en cache plus. Cet ancien légionnaire explique ainsi devant la commission de défense de l’assemblée nationale en octobre 2020 que « L’armée de Terre doit changer d’échelle et se préparer à des conflits plus durs, de haute intensité ». Précisant les conséquences de ce tournant stratégique il estime qu’un effort budgétaire conséquent est nécessaire pour « régénérer à la fois ses effectifs, ses matériels et ses stocks » car complète-t-il « dans un conflit de haute intensité, nous avons besoin d’une masse plus importante[xv] ». Nous ne sommes plus ici simplement dans le contexte d’une « lutte contre le terrorisme » mais dans celui d’une préparation d’une guerre entre États. La banalisation des missions militaires dans l’hexagone d’une part et la préparation à la guerre ouverte d’autre part s’ajoutent ainsi à la classique « mission » de « gendarme de l’Afrique ». Même secondaire l’impérialisme français reste un impérialisme, même blessé il reste dangereux.
Le besoin d’un « front intérieur » et ses conséquences
Cette nouvelle stratégie a bien sur un coût conséquent qu’il faut légitimer auprès d’une opinion publique de plus en plus en colère à l’égard des politiques d’austérité imposée depuis plusieurs décennies par les choix politiques néolibéraux. Par ailleurs une guerre de haute intensité suppose un « consentement à la guerre » de la part de l’opinion publique. Il convient donc de la fabriquer. Tel est le point commun à de nombreuses sorties médiatiques du gouvernement et du président de la République : innovation langagière avec le terme séparatisme et entrée dans la loi de celui-ci, multiplication des dissolutions d’associations ou de collectifs, ingérence ouverte agressive du président Macron dans les affaires intérieures de pays souverains comme le Mali, la Guinée ou l’Algérie, présentation de la Chine comme un potentiel ennemi, etc. La construction d’un « ennemi de l’intérieur » et d’ « ennemis de l’extérieur » se conjuguent pour tenter de légitimer la logique de guerre et son coût faramineux au moment même où le gouvernement poursuit la fermeture des lits d’hôpitaux et où il remet sur la table sa réforme des retraites.
La logique de guerre nécessite également la réaffirmation de l’autorité de l’État, de la nécessaire discipline face au péril, de l’exigence de l’unité nationale face au danger, de la « défense de la République » face aux « intérêts catégoriels », etc. L’autoritarisme qui s’est déployé dans la répression des gilets jaunes ou dans la gestion sécuritaire (militarisée) de la pandémie est en lien, selon nous, avec cet «arôme idéologique immédiat» que tente de produire le gouvernement dans sa stratégie de rétablissement de l’impérialisme français secondarisé. La logique de guerre extérieure est indissociable d’une logique de guerre intérieure. La première s’accompagne toujours d’une restriction des libertés démocratiques justifiées par les « nécessités de l’urgence ». C’est pourquoi l’erreur, encore trop fréquente, de dissocier l’international du national, l’anti-impérialisme et la défense des conquis sociaux et des droits en France, la lutte contre l’austérité et la lutte pour la paix, est mortelle pour les organisations prétendant défendre les intérêts des classes populaires.
Un autre effet de cette logique de guerre est d’accentuer la droitisation de la société et du champ politique par le bombardement idéologique ayant pour centre les idées de « danger » et de « péril » et par les figures de l’immigré, du musulman, du manifestant, du jeune de quartier populaire comme incarnation de ceux-ci. Le météorite Zemmour est une conséquence de cette droitisation nécessaire à la logique de guerre. La rapidité de son ascension est, bien entendu, le résultat d’une construction médiatique. L’association Acrimed résume comme suit la place de ce chroniqueur dans les médias pour le mois de septembre 2021 :
Du 1er au 30 septembre, on dénombre 4 167 occurrences de « Zemmour » dans la presse française (agences et déclinaisons en ligne des titres de presse comprises). Soit en moyenne… 139 par jour. Des occurrences cinq fois plus nombreuses qu’au mois le plus « fort » de l’année 2021 (juillet : 737 occurrences), alors que ces chiffres sont par ailleurs en (quasi) constante augmentation depuis 2016 (400 occurrences) : 566 en 2017, 1 105 en 2018, 2 057 en 2019, 1 432 en 2020 et en 2021… 7 123 […] dans la presse, Éric Zemmour n’est pas relégué aux notes de bas de pages. Au 30 septembre, la plupart des hebdomadaires de ce pays peuvent par exemple se targuer de lui avoir consacré la Une[xvi].
Si Zemmour est une construction médiatique, il n’est pas que cela. Nous ne sommes pas confrontés à une simple dérive du système médiatique emporté par la seule course à l’audimat et/ou la seule mode du sensationnalisme. Cette production médiatique n’est possible que parce qu’elle est soutenue par une fraction de la classe dominante, certes encore minoritaire, qui n’hésite plus à envisager l’hypothèse d’une séquence fasciste comme réponse à la secondarisation de l’impérialisme français. A chaque fois que cet impérialisme a été confronté à une crise de stratégie dans la défense de ses intérêts, sa classe dominante s’est divisée sur les solutions politiques à apporter pour relancer son offensive de reconquête. Dans ces situations plusieurs alternatives sont mises en chantier [et parmi elle l’hypothèse fasciste] afin de pouvoir palier à toutes les éventualités. Dans ces situations les diverses fractions de la classe dominante financent et promeuvent plusieurs forces politiques ou « leaders » comme potentialités de recours. La chose n’est pas nouvelle et le mouvement est enclenché depuis plus de quatre décennies. Force est cependant de constater une accélération du processus qu’il convient de tenter de comprendre.
Si aujourd’hui la « droitisation » du champ politique et médiatique est si forte et si rapide [en quelques années le champ lexical de l’extrême-droite est devenu dominant médiatiquement et politiquement] c’est, selon nous, en raison du cumul de différents facteurs:
1) une secondarisation accélérée de l’impérialisme français dans la dernière décennie ;
2) l’émergence d’une nouvelle génération anticoloniale en Afrique renouant avec les analyses anti-impérialistes même si souvent c’est encore dans une grande confusion ;
3) Une colère sociale dans l’hexagone désormais massifiée mais éparpillée par l’affaiblissement de longue durée de l’acquis historique qu’avait construit le mouvement ouvrier consistant à percevoir la réalité à partir de la notions (matérialiste scientifique. NDÉ) de «système d’exploitation et de domination»;
4) Un besoin de radicalité qui en découle en quête d’un canal d’expression et en crise d’orientation, de cible systémique et de direction;
5) L’entrée en radicalité de fractions non négligeables des «couches moyennes» (petite bourgeoisie pléthorique. NDÉ) touchées par la «déstabilisation des stables» (paupérisation et précarisation de la petite bourgeoisie des services. NDÉ) que constitue les politiques d’austérité (qui ne constitue que la caisse de résonnance et d’enregistrement du déclin capitaliste systémique. NDÉ) de ces quatre dernières décennies ;
6) La multiplication des clivages (sectarisation, à laquelle la gauche participe allègrement. NDÉ) au sein des classes populaires [en fonction de l’origine, de l’âge, du sexe, de la qualification, de la possession d’un emploi stable ou non, etc.] habilement entretenue par la classe dominante (soutenue par son cheval de Troie petit bourgeois infiltrée dans le mouvement ouvrier. NDÉ);
7) Une carence théorique et idéologique globale à penser ces clivages et à clarifier les conditions de leur dépassement (conséquence de la sectarisation et de la trahison réformiste de la bourgeoisie ayant infiltré les gauches. NDÉ) ; etc.
Parmi tous ces facteurs le dernier que nous avons cité nous semble revêtir une place particulière. En témoigne les difficultés récurrentes à penser les dominations de « classe », de « sexe » et de « race » comme constituant des facettes différentes du même système social capitaliste. En témoigne tout autant les difficultés à prendre toute la mesure la lutte contre l’islamophobie et à l’inscrire à l’agenda des mobilisations; En témoigne également les porosités toutes aussi fréquentes aux thèmes idéologiques diffusés médiatiquement et politiquement [séparatisme, racisme antiblanc, islamo-gauchisme, laïcité menacée, réunion non-mixte, etc.] dont la dernière expression fut la quasi-absence de mobilisation contre la loi sur le séparatisme et la dissolution du CCIF. En témoigne aussi les réticences à partir des révoltes sociales «telles qu’elles sont» dans l’attente d’un mouvement «pur idéologiquement» (sic) à soutenir. En témoigne plus globalement les dérives consistant à occulter la notion de système social global dans les analyses à un pôle et en réponse à l’autre pôle à développer une analyse essentialiste des classes populaires en général et de la classe ouvrière en particulier comme entité homogène conduisant à négliger les conditions de leur unification; etc.
La place particulière de ce facteur idéologique est un résultat (et non pas la prémisse initiatrice car l’idée formalise la réalité que l’action a déjà concrétisé. NDÉ). Il est en effet la conséquence de la séquence antérieure, celle démarrant dans décennie 80, dans laquelle une offensive idéologique de grande ampleur [encore largement sous-estimée aujourd’hui] s’est attaqué systématiquement à nos univers de pensée et d’action, aux mots et concepts élaborés par des générations de militants des luttes anticapitalistes, anticoloniales, anti-impérialistes, antifascistes, antiracistes, féministes, etc. A la faveur de la disparition de l’URSS c’est l’idée même de l’impossibilité d’une émancipation collective qui a été promue massivement et par de multiples canaux [modes universitaires, médias, fondations, etc.] par la classe dominante sous la forme des grilles de lecture postmodernes, culturalistes, parcellisantes, (nationalistes chauvines, sectaires et essentiellement idéalistes, véhiculées par le Cheval de Troie petit bourgeois infiltré par la gauche dans le mouvement ouvrier. NDÉ). Certes cette victoire idéologique de la classe dominante n’est ni définitive ni totale. Elle est néanmoins encore suffisamment prégnante, non pas pour empêcher les luttes sociales, mais pour les cantonner au mieux dans un «dégagisme» (nous dirions plutôt un RÉFORMISME qui permette de dévoyer – et de sectariser – diviser – segmenter – les forces de la résistance de classe. NDÉ) et au pire dans l’affrontement entre segments des classes populaires dont l’intérêt est pourtant de s’unir devant les périls qui s’annoncent : paupérisation massifiée d’une part et danger de guerre de «haute intensité» d’autre part.
[i] Hervé Le Bras, Singularité des vagues migratoires en France, Santé, Société et Solidarité, n° 1, 2005, p. 33.
[ii] Jean Marczewski, L’industrie française de 1890 à 1964 ; sources et méthodes, Cahiers de l’ISA, n° 179, novembre 1966, p. 115.
[iii] Karl Marx, Guizot, « Pourquoi la révolution d’Angleterre a-t-elle réussie ? ». Discours sur l’histoire de la révolution d’Angleterre, in Œuvres Complètes, Politique I, La Pléiade, Paris, Gallimard, 1994, p. 351.
[iv] Claude Serfati, Le militaire, une histoire française, Amsterdam, Paris, 2017
[v] Lénine, L’impérialisme. Stade suprême du capitalisme, Editions sociales, Paris, 1945, p. 58.
[vi] Annie Lacroix-Riz, Le choix de la défaite. Les élites françaises dans les années 30, Armand Colin, Paris, 2010.
[vii] Nous empruntons l’expression à l’historien Nicolas Baupré qui intitule le chapitre 9 de son livre « Les Grandes Guerres. 1914-1945 » : « L’étrange apogée de l’empire colonial français », Belin, Paris, 2012,
[viii] Alain Peyrefitte, C’était De Gaulle, Gallimard, Paris, 2002, pp. 387-388.
[ix] Frédéric Langer, L’impérialisme français : un impérialisme à part entière ? Le monde Diplomatique, Septembre 1978, p. 20.
[x] Irwin M. Wall, Les Etats-Unis et la guerre d’Algérie, Soleb, Paris, 2006, 463 p.
[xi] Acronyme de l’anglais : « Australia, United Kingdom et United States »
[xii] Depuis celui de 2017 les livres blancs s’appellent désormais « Revue stratégique de défense et de sécurité nationale ».
[xiii] La politique de défense au travers des lois de programmation militaire, Ministère de la défense, consultable sur le site vie-publique.fr.
[xiv] Ibid.
[xv] Philippe Chapleau, Comment l’armée française se prépare à des conflits de haute intensité, Ouest-France du 14 juillet 2021, consultable sur le site ouest-france.fr.
[xvi] Pauline Perrenot, Zemmour : un artefact médiatique à la Une, consultable sur le site acrimed.org.
ping portuguese : https://queonossosilencionaomateinocentes.blogspot.com/2021/10/a-secundarizacao-do-imperialismo.html
Bon, je viens tout juste de lire ce billet…a l’instant ! et je dois dire que si je partage une bonne partie de l’analyse sociale déclinée vers la fin… ou même a partir de cette idée de charger la grande muette ou l’armée française de sécurité intérieure… ce qui est évident et saute aux yeux depuis trois décennies…, je ne peux pas être d’accord avec tout ce qui s’est dit dans la première partie de l’analyse… notamment sur l’histoire, sur ce qui se passe en Afrique aussi, et sur la récente sortie de Macron surtout contre la junte d’Alger pour être plus précis… et contre les intérêts de l’Algérie au complet.
Tout d’abord historiquement, la France a traversé la première partie du 20ème siècle et jusqu’au déclenchement de la deuxième guerre, un peu comme une puissance coloniale et »progressiste » aussi et malgré tout…, et ne s’est jamais cachée de sa politique progressiste et »républicaine » à l’intérieur de ses frontières (dont l’Algérie faisait partie intégrante…même si empreinte de racisme et d’exploitation coloniale), tout en appliquant un modèle répressif et rétrograde à l’Extérieur de ses frontières…et dans ses colonies Africaines ou Asiatiques. la France, en cela, a cherché à perpétuer son empire jusqu’au bout et jusqu’à la défaite de Dien Bien Phu.
Bien que je doive admettre le point soulevé par l’auteur sur la nature rentière et »usuraire » de l’économie Française via ses banques nombreuses, il faut commencer par dire que la France au tout début du 20ème siècle était déjà un empire quasiment à terre, criblé de dettes, très inégal encore et faible sur le plan industriel et militaire, la France en effet ne voyait sa délivrance qu’à travers la colonisation et la course vers celle-ci entre nations Européennes, qui se fixa un peu lors de la conférence d’Algésiras de 1906 qui verra les efforts et visées coloniales de la France couronnées de succès contre sa rivale Allemande avec l’aide et l’appuis de l’empire britannique, sur son désir d’occuper le Maroc… cette défaite Allemande sera a l’origine responsable du déclenchement de la première guerre et de l’invasion Allemande de la France en 1914…. pendant que les états-unis demeuraient neutres et ne voulaient pas s’en mêler. Le Maroc, déja à l’époque constituait la pièce de choix et le rêve absolu de toutes ces puissances Européennes a qui il a donné du fil a retordre pendant des siècles ! son positionnement stratégique et son dynamisme économique, industriel et minier déjà depuis la fin du 19ème, par plusieurs capitalistes Européens, aussi éloignés que les grecs, et pas uniquement les Français et les allemands déja présent à Casablanca ou Agadir, les Italiens, les espagnols et les britanniques y menaient chacun de bonnes affaires et n’attendaient tous que la débandade du Sultan…déjà entamée sous leur initiative et celles de leurs consulats sur place… ils fournissaient des passe-droits depuis la deuxième moitié du 19ème siècle a tous les marchands et commerçants du Maroc, afin qu’ils ne paient pas d’impôts en leur délivrant un status de protégés… ce qui allait ruiner et vider les caisses l’état Marocain… et restreindre son emprise sur le territoire…. la Suite on la connait… depuis la signature du »protectorat » avec le Sultan du Maroc en 1912… la France descendra avec tout son poids et ses capitaux sur cette nouvelle »acquisition » pour espérer tirer de cette colonie un pactole qui faisait saliver tous les français de l’époque !
Sur les rapports de la France aux États-unis durant la période 1900 a 1938
la France donc, et principalement sa composante bourgeoise et industrielle, sous estimait encore pendant cette période d’avant deuxième guerre, l’indépendance et les capacités de l’économie Américaine… ou encore sa »pseudo » nation »républicaine » qui la menaçait de compétition… et où elle possédait pourtant et juste après les Anglais des intérêts en milliards, et des Français bien introduits auprès de ses milieux décisionnels… malgré que la France devait restituer une dette énorme aux USA depuis a fin de la 1ère guerre, car elle pensait qu’une pression exercée sur les colonies pour s’industrialiser et générer des capitaux, allaient combler ce déficit assez vite…mais c’est la crise de 1929 qui lui fera prendre conscience de la fragilité de son modèle économique traditionnel intra muros, et du modèle Américain tout autant, puisqu’elle cesse ses paiements de la dette Américaine en 1931, et donc la décidera dans ses calculs de devoir accélerer la cadence pour rebâtir un empire industriel et colonial aux quatres coins du globe. Et pendant qu’elle devait consentir des concessions sur le front social de plus en plus, qui seront couronnés par l’institution des congés payés en 1939, la reprise économique et industrielle foudroyante pendant le règne du parti nazi, bousculera encore une fois tous ses plans… lorsque pendant de la guerre d’espagne en 1936, elle se rendit compte de la supériorité Allemande dans l’aviation de guerre et l’industrie de la guerre…. ce qui la repoussera encore une fois a réclamer l’aide militaire de l’Amérique et enclencher une industrialisation militaire aussitôt que 1938… qui ne parviendra jamais a égaler la puissance Allemande sur ce plan au déclenchement de la guerre suivi de sa deuxième réoccupation…. un épisode noir pour la classe ouvrière française devant se mobiliser encore pour la guerre !
Sur ses relations avec l’Empire britannique (brievement)
la France donc ne se préoccupait plus que de sa rivale britannique, après avoir coupé les ailes de l’aigle Allemand et s’être assurée à l’issue de la première guerre de l’exclure définitivement du partage du gâteau colonial a tout jamais…! Sa rivale et alliée britannique avec laquelle elle partageait la manne du Canal de suez, et une multitude d’accords et alliances a travers le monde, finira par s’entendre avec elle sur un protectorat Anglais en Égypte contre celui de la France au Maroc, lui faisait miroiter l’opportunité de seconder l’apport en capitaux et en investissements dans les colonies britanniques, mais c’est l’intérêt grandissant pour la manne pétrolière et son intérêt stratégique qui determine la France a déployer des efforts énormes en même temps dans le secteur de la prospection minière et pétrolière dans toutes ses colonies qui allaient être couronnées d’échec en ce qui est du pétrole jusque la… un secteur qui a l’époque était dominé par »les Sept soeurs », exactement cinq compagnies privées Américaines, et deux Anglaises avec une participation hollandaise dans Shell…, c’est aussi l’époque de l’explosion et l’intérêt immense que revêt l’industrie chimique et des dérivés du pétrole…qui allaient ouvrir la voie inévitablement au consumérisme… mais dans les années 30, rien n’allait plus entre France et Empire Britannique qui faisait des concessions de taille déjà aux allemands du parti nazi, admirait son modèle, et lui consenti carrément une alliance Navale sur le développement de cette branche sous plusieurs prétextes, dont l’exploration et le volet scientifique…
Conclusion sur cette ère entre 1900 et 1938
l’Impérialisme français était déjà en déroute, les colonies ne suffiront pas a combler son déficit, les fortunes françaises pourtant allaient en grandissant et en multipliant leur patrimoine de plusieurs fois notamment via les banques qu’ils détenaient et les exploitations ou industries déjà bien établies dans les colonnies, et l’opinion publique française, autant que la classe des travailleurs, grondait déjà et était a bout en supportant en partie le parti communiste français, et les partis de gauche…et en réalisant aussi que l’accès à la manne coloniale était principalement l’apanage des privilégiés d’abord et avant tout ! c’est cet élitisme impitoyable et hiérarchisé depuis toujours en France, cette domination de classe despotique et intransigeante… qui fut responsable de l’effritement des intérêts de l’état Français, et de sa classe politique en collusion avec le grand capital… inconsciente et surtout incompétente pour comprendre l’intérêt de hisser le niveau social de la population et la livrant a un désintérêt presque et aux luttes sociales classiques.
Bref, la suite on la connaît… il faut aussi rappeler que les USA ont maintenu des relations avec Vichy jusqu’en 1942…, et ne ménageront pas la France d’après guerre, même s’ils lui consentirent un total de 5 milliards de dollars, la moitié en dons et la moitié en prêts a travers le plan Marshall, et en effaçant sa dette d’avant deuxième guerre qui s’élevait aussi a 2,5 milliard de dollars…! les USA et Roosevelt… exigeront de la France une décolonisation en Asie principalement… ensuite en Afrique…et rien de moins…comme ils feront d’ailleurs avec l’empire britannique pour lui réclamer un désengagement de l’Inde, du moyen et proche orient et de l’Égypte… a une époque où l’âge d’or et la domination du pétrole de la région devenait un élément capital de la guerre froide, et de l’économie tout court… un élement indispensable autant pour la reconstruction de l’Europe…que pour l’hégémonie Américaine.
Je me contenterai de ceci… car la suite on la connaît…notamment sur la décolonisation et la fronde et la fracture sociale qui allaient suivre en France… en 1965, la France ressemblait déjà à une économie de troisième ordre… son empire était éteint depuis Dien Bien Phu, et son prestige impérialiste aussi…
Sur les propos tenu par Macron
l’histoire n’est pas si simple… et les fils de cette histoire commencent à se dénouer… la France a un sérieux problème depuis 2013 avec l’Algérie, et les ambitions de cette dernière en Afrique depuis le démantèlement de la Lybie de kadhafi… coïncidant aussi avec une relecture de l’histoire ou un »révisionnisme » chez les élites et le grand capital Français… qui estiment n’avoir jamais pu solder les comptes avec Alger depuis l’indépendance de celle-ci qu’ils estiment encore providentielle !
Depuis le retour de Feu Bouteflika et son »intronisation » au pouvoir depuis son exil de la péninsule arabique il y a plus de vingt ans, et au lendemain de la décennie noire… quatre généraux principalement orientent les politiques d’Alger et veulent redorer le blason du pays trop entaché par la sale guerre contre le terrorisme… et comptent aussi parmi les principaux pilleurs de son économie de rente pétrolière et gazière avec les d’autres cadres de l’Armée et les anciens cadres du FLN, le général Smain Amari décédé en 2007, Mohamed Amari décédé depuis 2012, le général Nezzar (l’omnipotent), et enfin le fameux général »Toufik » Mohamed Lamine Médiene… l’assassin ou exécuteur de Boudiaf, et l’architecte des sales besognes au service de la junte, et des services de renseignements depuis toujours pendant et après la décennie noire… avec ses pairs et complices, se constituera ce qu’on peut appeler »l’État dans l’état…qui contrôle tout ou presque »… Bref, jusqu’au printemps Arabe encore, tout allait bien ou presque avec l’administration et l’armée Française officiellement du moins, et en même temps, un grand projet se dessinait avec Moscou et son nouveau Tsar, Vladimir Poutine…, il fallait depuis l’instauration de la paix civile, moderniser l’Armée Algérienne et la doter au plus vite de capacités de feu supérieurs, et lui permettre aussi de garder la main sur les affaires politiques et économiques du pays… mais il fallait aussi, tenter de dégager avec Moscou, des plans pour l’Afrique, et pour renforcer la prise économique sur l’europe à travers le gaz et le pétrole Algérien, y compris la France…, et le Russe plus tard…en commun accord, et dans une espèce de visée a long terme. Mais le déboulonnage violent et subite de Kadhaffi, allait rompre plusieurs liens avec la France, chose qui décida Alger a reconsidérer toute sa politique dans le Sahel et autour de ses frontières… Alger a tout simplement décidé de maintenir et renforcer, ce qu’elle avait déjà mis en place depuis la fin de la décennie noire, une branche de ses services de renseignements qui manipule les islamistes et les groupes armés..et se charge d’infiltrer les nouveaux qui se soient constitués au lendemain de la chute de tripoli. et depuis 2013 donc, le général Toufik en charge de cette autre sale besogne, concocte et réalise des opérations spectaculaires un peu partout au sud du pays et au delà de ses frontières au Sahel… son influence s’étend partout jusqu’à son clash inévitable avec Boutef et son frère très conscients de l’incurie de cet état dans l’état qui pèse de tout son poids sur la politique…. même si Boutef ne fait que s’attacher à la même stratégie des généraux, celle de réarmement massif et disproportionné face aux besoins du pays au profit de Moscou pendant toutes ces années, conforté par une croissance exceptionnelle des prix de l’energie jusqu’en 2014 !… bref, le général Toufik sera démis en 2015… et remplacé par son second Bachir Tartag, mais il conservera tout son pouvoir ou presque, face a ses nouveaux ennemis du cal Boutef et de son aile dans la justice qu’il contrôlait avant cette mise au placard…
Bref, jusqu’en 2019, la Russie de poutine elle, qui a dû créer sa première armée privée de toute son histoire, le groupe Wagner, très présente en Syrie et ailleurs, fera son entrée en Afrique et coordonera avec Alger au niveau de leur implication en Libye livrée a la guerre civile. l’éviction par la justice du général Toufik la même année avec le frère de Boutef et quelques autres, dont Tartag aussi, laissera un grand vide dans la gestion des affaires louches du Sahel et celle du Sahara occidental… qu’un général Gaid Saleh se hâtera de reprendre en main, et depuis son décès, le Général Chengriha….qui lui succèdera… et la tâche n’est pas simple… il faut maintenir le Sahara occidental au sommet des priorités, comme il a fallu construire des murs et remparts de sable défensifs et de contrôle de milliers de kilomètres qui longent tout le sud Algérien, barrer la route aux Sahraouis qui décident de deserter pour le Maroc (comme paru dans un récent article du Monde diplomatique), et ne pas hésiter a les descendre… autant que certains immigrants du Sahel et de l’afrique noire qui, dans le meilleur des cas, on renvoyait bredouille et pied faire demi tour pour leurs pays… dont parfois des femmes enceintes et des enfants presque, que les ONG retrouvaient par cohortes parfois, morts et décomposés dans le désert !
Ce qui est donc au coeur de l’attaque de Macron, n’est pas Abdelmajid Tebboune, le président marionette en exercice, mais toute la classe politique et la nouvelle junte militaire qui a hérité la gestion du pays, du Sahara et du Sahel ! avec un raz le cul de Macron sur le déploiement Russe du groupe Wagner au Mali, tenant les forces françaises en tenaille, et obligeant Macron a retirer toutes les troupes au lendemain du Putsch Malien, et de l’hostilité générale de la population Malienne, et surtout de l’hostilité prononcée d’Alger, qui demandait à Paris jusqu’en 2019 d’épargner certains terroristes au Mali…, et encore aujourd’hui lui dictait les limites de ses interventions sur le territoire Malien… en plus de toute la diplomatie déployée par Alger dans ce sens dans les autres pays du Sahel, en Mauritanie et ailleurs en Afrique.
Bref, jusqu’a date, avec la continuité du Hirak en Algérie, Alger et ses généraux, ont réussi a détourner une partie de l’opinion Algérienne contre le Maroc…qui a commis quelques »erreurs » comme sur l’indépendance de la Kabylie qu’Alger exploite a fond… et aux dernières nouvelles, se livre a une démonstration bidon d’une implication directe cette fois du Maroc et Israel pour armer la Kabylie et vouloir déstabiliser le pays… !! et ils se basent pour cela sur »facebook » et les liens présumés avec un Marocain, militant Amazigh exilé en Suède…qu’ils montrent a la télé, mais oublient de dire a l’opinion publique, que le type est un indépendentiste Rifain anti-Makhzen Marocain, un pro ind.pendance du PKK Kurde et de la Kabylie depuis toujours avec ses copains du même mouvement extrémiste… Bref, Alger prépare la guerre au pire des cas et si elle en doit en venir jusque la avec le Maroc, une guerre d’escarmouches sûrement, et médiatique qui chauffe dans les deux côtés aussi bien au Maroc qu’en Algérie, mais qui risque en effet de se transformer en conflit majeur et de grande intensité si Alger reçoit l’aval de Moscou et du groupe Wagner maintenant au Mali, et si elle arrive a convaincre Washington de la justesse de ses causes diverses… en contrepartie d’un gros cadeau aux américains… qui reste a inventer ! ….
Yallah je vais faire dodo moi…. j’ai pas que ça a faire… sinon j’arrêterai pas d’écrire jusqu’a l’aube ! :)))
Juste un petit rajout avant que j’oublie… lorsque récemment, Said Bouteflika parraissait en video conférence lors de son procès, et a menacé ou envoyé un message codé au général Toufik »je possède des secrets d’état et des révélations qui soient capables de déstabiliser l’état Algérien »… il voulait parler justement de l’état dans l’état, des combines de la junte avec les groupes armés au Sud du pays et au Sahel, des sommes faramineuses qui sont toujours alloués a cette junte, ou encore sa corruption dans les commissions dans les transactions faramineuses de l’armement, et enfin, tout ce qu’elle mijote à Tindouf et au Sahel depuis toujours… et qu’il faut suspecter avec la complicité de puissances étrangères et avec les mercenaires de Poutine cette fois ! il y a de quoi déstabiliser le pays il est vrai… si tout cela venait a se savoir… mais Said Bouteflika ne fait que jouer ses cartes contre Médienne, et avertir tout le monde… qu’il y a un sérieux risque que le tout leur pète a la gueule…du jour au lendemain… ou que leur propension a trop jouer avec le feu, maintenant avec la Russie dans le Sahel… ne risque pas de bien se terminer pour l’Algérie !
Salut Sam, Allah yaatik assaha,
Bonne analyse de la situation maghrébine, les Caporaux-Généraux d’Alger jouent leur dernier tour… en perte définitive …
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